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SOLS
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L’ÉDAPHOLOGIE est le chapitre de l’écologie [cf. ÉCOLOGIE] qui concerne les propriétés de la couche superficielle de notre globe, laquelle sert de support à toute l’activité biologique.

Si l’on considère les surfaces, c’est le concept de terrain qui domine, la surface étant caractérisée soit par le relief (en pente, plat, vallonné), soit par la nature des matériaux qui la composent (argileux, calcaires), soit par ses propriétés (perméables, imperméables). Le matériau qui constitue le terrain est la terre . Elle se définit par sa composition granulométrique (argile, sable, limon), sa nature (calcaire, argileuse, humifère), ses propriétés (acide, alcaline, plastique, cohérente). Par extension, on applique aussi le mot «terre» à une surface couverte de cette terre (par exemple, la terre est cultivable ou arable). Mais, si l’on considère la surface comme un support, c’est alors le concept de sol qui apparaît. Pour l’ingénieur, le sol est avant tout une roche meuble et la mécanique des sols intéresse le génie civil. Pour l’agriculteur, c’est la couche de terre travaillée, par opposition au sous-sol qui ne l’est pas.

Suivant les conceptions modernes, le sol est envisagé comme un système. Il se caractérise en effet par un ensemble de couches, ou «horizons», et celles-ci traduisent la dynamique qui a présidé à sa formation (pl. I). Mais, une fois le profil constitué, les différents horizons vont imprimer certaines modalités aux phénomènes qui peuvent se manifester dans ces milieux. Il en résulte des interactions qui justifient à nouveau l’application de la notion de système à l’étude des sols.

L’étude de ces dynamiques peut être abordée de différents points de vue, et les articles de cet ouvrage consacrés à ce sujet en sont des exemples caractéristiques. Pour le pédologue, au plein sens du terme, qui étudie l’ensemble des matériaux, c’est l’aspect géochimique qui domine [cf. PÉDOLOGIE]. Les études pédologiques conduisent à l’établissement de cartes qui représentent la distribution des types de sols sous forme de surfaces relativement homogènes (pl. II). Envisagées d’un point de vue pratique, ces surfaces apparaissent comme des terrains, alors que chaque horizon peut être considéré comme constitué par une terre.

Mais tous les phénomènes biologiques qui se déroulent dans le sol sont assez largement déterminés par les propriétés physiques, étant donné que les activités biologiques – non seulement celles qui intéressent les micro-organismes, mais aussi celles qui concernent la faune et les développements des racines des plantes supérieures – sont liées à la présence d’air et d’eau. En considérant le sol comme un filtre, on peut faire commodément la synthèse de ces propriétés physiques et mettre en évidence leurs conséquences biologiques. Ce sera le propos d’un premier article de G. Monnier, qui montrera plus loin par quels moyens on peut modifier ce filtre pour qu’il présente des propriétés satisfaisantes. Il faudrait d’ailleurs rattacher à cette étude celle du contrôle de l’humidité par le drainage ou l’irrigation, qui a été abordée ailleurs (cf. EAU - L’eau en agriculture).

Si les propriétés physiques concernent les conditions permettant l’existence d’une activité biologique, les propriétés physico-chimiques assurent la nutrition minérale des êtres vivants. R. Blanchet rappelle que, par la capacité de fixation des anions et des cations, le sol constitue un réservoir qui est exploité par les racines des plantes, soit parce qu’elles sont en contact direct avec les surfaces adsorbantes, soit parce que des mécanismes tels que le mass flow ou la diffusion assurent le transfert des éléments nutritifs vers les racines. Les données dégagées par cette analyse représentent les éléments du diagnostic de la fertilité [cf. FERTILITÉ DES SOLS].

L’utilisation des sols par l’agriculture ne va pas sans inconvénient. Les réserves d’éléments minéraux servant à l’alimentation des plantes s’épuisent [cf. ENGRAIS]; les propriétés physiques peuvent se dégrader; la terre dépourvue de végétation peut se trouver entraînée par l’eau ou par le vent: c’est le problème de la conservation des sols ; qui sera abordé du point de vue de la lutte contre l’érosion dans le dernier article de cet ensemble.

Enfin, une dernière préoccupation s’accentue: c’est la pollution de ce milieu, tant par l’emploi de divers produits de traitement que par les retombées non contrôlables de métaux lourds et de substances diverses venant de l’atmosphère (pluies acides). On prend en compte le «pouvoir épurateur» des sols. C’est la faculté qu’ils ont, soit par absorption, soit par adsorption, de retenir les éléments en solution. Cela permet d’atténuer les points de concentration des éléments nuisibles dans les eaux, ou mieux encore de les réexporter par la surface, grâce à l’absorption par les végétaux. Les services responsables de la qualité de l’environnement et de l’agriculture étudient activement ces problèmes. Comme autre souci récent, il faut signaler le changement d’affectation des terrains du fait du développement des activités non agricoles, villes, industries, transports. Non seulement les surfaces occupées sont perdues pour l’agriculture et la conservation de la nature, mais elles peuvent également être à la source d’une dégradation des zones voisines (cf. «La transformation des terres», no spéc. de Recherche-Environnement , ministère de l’Environnement, Paris, 1982).

Ces quelques considérations doivent permettre de relier les différents sujets présentés ici puisqu’en définitive ils ne font que souligner les aspects complémentaires d’une même réalité: le sol, support d’une activité biologique.

Encyclopédie Universelle. 2012.