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décoller

décoller [ dekɔle ] v. <conjug. : 1>
• 1382; de dé- et coller
I V. tr. dir.
1Détacher (ce qui est collé). Décoller un timbre-poste, une vignette. Pronom. Affiche qui se décolle. P. p. adj. Étiquette décollée. Oreilles décollées, qui s'écartent de la tête. — Méd. Ne plus adhérer. La rétine s'est décollée.
2Fig. et fam. Décoller qqn, ne plus le coller, l'importuner. Il ne nous a pas décollés une minute (cf. Lâcher les baskets).
II V. tr. ind.
1Fam. S'en aller, partir. Il ne décolle pas d'ici. Pas moyen de le faire décoller.
2Se détacher de... (au pr. et au fig.). quitter. Skieur qui décolle du tremplin. L'avion décolle de la piste (cf. ci-dessous III, 2o).
Sport Se détacher des autres concurrents dans une course, etc. Le cycliste a décollé du peloton.
3Fig. Décoller de la réalité : quitter le réel pour l'imaginaire (cf. ci-dessous III, 4o).
III V. intr.
1Fam. Maigrir. Ce qu'il a décollé, depuis sa maladie !
2(1907) Quitter le sol, en parlant d'un avion (opposé à atterrir). s'envoler. L'avion de New York vient de décoller.
3(1962; d'apr. l'angl. amér. to take off) Fig. Prendre son essor économique; sortir d'une phase de stagnation, du sous-développement. « Un plan capable de faire “décoller” les économies africaines » (R. Dumont). Par ext. Discipline, science qui décolle.
4Fig. Quitter le réel pour l'imaginaire, sous l'effet de la drogue. Il commence à décoller ( 2. planer) .
⊗ CONTR. Coller. Recoller. — Atterrir. Sombrer.

Décoller quitter le domaine de la réalité pour celui du rêve, de l'imaginaire.

décoller
v.
rI./r v. tr. Séparer, détacher (ce qui était collé). Décoller une étiquette.
v. Pron. La couverture du livre se décolle.
rII./r v. intr.
d1./d Quitter le sol (en parlant d'un avion) ou un plan d'eau (en parlant d'un hydravion).
|| SPORT Se séparer du peloton.
d2./d Fig., Fam. Il ne décolle pas de chez nous, il y est toujours, il ne s'en va pas.
Fam. Maigrir. Il avait drôlement décollé, après sa jaunisse.
d3./d ECON Passer à une phase de croissance économique (en parlant d'un pays, d'une entreprise).

I.
⇒DÉCOLLER1, verbe trans.
A.— Vieilli. Trancher le cou à quelqu'un. Synon. décapiter. On ne décollait autrefois en France que les gentilshommes (Ac.). Pendant cette nuit, Arabelle voulut montrer son pouvoir comme un sultan qui, pour prouver son adresse, s'amuse à décoller des innocents (BALZAC, Lys, 1836, p. 271).
B.— P. anal., PÊCHE. Trancher la tête de la morue avant le salage.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 2e moitié Xe s. « décapiter » (St Léger, éd. J. Linskill, 222 et 228). Empr. au lat. class. decollare « enlever du cou » d'où « décapiter », dér. de collum (v. cou).
DÉR. Décolleur, subst. masc., pêche. a) Celui qui coupe la tête des morues avant le salage. b) Couteau servant à décoller les morues. []. 1res attest. a) XIIIe s. « bourreau » (Vie Ste Marguer., Richel. 19525, f° 144 v° ds GDF.); b) 1732 pêche « homme chargé de couper la tête des morues » (RICH.); de décoller1, suff. -eur2.
II.
⇒DÉCOLLER2, verbe.
A.— Emploi trans.
1. Détacher une chose qui était collée. Décoller un papier, une image, une vignette, une affiche :
1. CALCHAS, regardant la lettre. — Le timbre de Cythère! (...) De Vénus (...) c'est bien de Vénus! ...
Il mouille le timbre, le décolle et le met dans une petite boîte.
MEILHAC, HALÉVY, La Belle Hélène, 1865, I, 7, p. 186.
En emploi pronom. Cesser d'être collé avec quelque chose. Enveloppe, placage qui se décolle. Il y a aux murs du papier qui se décolle (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 57).
2. P. anal. [Le plus souvent avec un compl. indir. prép. de marquant la séparation]
a) Séparer ce qui était en contact. Décoller l'écorce du bois, des ventouses. Décoller son dos de la muraille (cf. ZOLA, Terre, 1887 p. 420) :
2. L'ébéniste, silencieux, roulait autour de lui des regards interrogateurs; et, pour décoller le mégot fixé à sa lèvre, il remuait la bouche comme un poisson.
MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 505.
P. métaph. Décoller les yeux de qqc. :
3. Je te remercie bien de ma blague, elle est magnifique, on ne peut décoller ses yeux de dessus; je suis sûr qu'elle excitera l'enthousiasme et l'envie partout où je la porterai.
FLAUBERT, Correspondance, 1843, p. 17.
Spéc., JEUX. (billard). Décoller une bille. Détacher une bille de la bande contre laquelle elle était collée.
b) En emploi pronom. [Le compl. prép. exprime une matière qui adhère] S'en détacher. Se décoller de la glu, de la boue. Une couche visqueuse d'où le pied se décolle (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 11).
[En parlant d'un tissu organique] Qui se sépare d'un autre auquel il adhérait. Rétine, bourgeon qui se décolle. Les greffes se décollèrent (FLAUBERT, Bouvard t. 1, 1880, p. 31). Se décoller un muscle du bras (cf. A. FRANCE, Révolte anges, 1914, p. 392).
P. anal., fam. Se décoller de son siège. En sortir difficilement. Les deux compères livides se levèrent, ou mieux se décollèrent de leurs sièges (L. DAUDET, Ariane, 1936, p. 175).
Pop. [En parlant de deux pers. vivant maritalement sans être mariées] Rompre leur liaison. Ils [les amoureux du Quartier Latin] se collaient et se décollaient, se mariaient et divorçaient, sans la moindre raison apparente (MAGNANE, Bête à concours, 1941, p. 359).
B.— Emploi intrans.
1. AVIAT. [En parlant d'un avion, d'un hydravion, d'un hélicoptère, d'une fusée, etc.] Quitter le sol, le pont d'envol d'un porte-avions, la surface de l'eau. Bombardier qui décolle; hélicoptère prêt à décoller; autorisation, ordre de décoller; décoller rapidement; décoller de Port-Étienne. En bas, les lumières qui s'éteignent, les avions de chasse qui décollent (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 664) :
4. Les secrétaires, convoqués pour une heure du matin, avaient regagné leurs bureaux. Ils apprenaient là, mystérieusement, que, peut-être, on suspendrait les vols de nuit, et que le courrier d'Europe lui-même ne décollerait plus qu'au jour.
SAINT-EXUPÉRY, Vol de nuit, 1931, p. 117.
Rare et p. ext. [En parlant d'autres moyens de transport] Partir, appareiller. Le train décolla (R. MARTIN DU GARD, Thib., Sorell., 1928, p. 1247). Quatre remorqueurs décollèrent (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 29).
Fam. Ne pas décoller d'un lieu. S'incruster, se rendre importun :
5. Il a fallu longuement attendre la correspondance. Juliette, appuyée contre un poteau, attendait. « Qu'est-ce que vous payez le lapin, mademoiselle? » Cette femme commençait à l'embêter, elle ne décollait plus. Il faisait froid, de plus en plus froid...
E. TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 31.
Rem. On rencontre parfois décoller avec un sens factitif. Des solliciteurs difficiles à décoller (ARNOUX, Nuit St-Avertin, 1942, p. 81).
2. P. métaph. ou au fig.
a) Domaine de la vie intellectuelle ou morale
♦ S'élever intellectuellement ou socialement. Décoller des bas-fonds; décoller de son état. Décoller d'une situation pour prendre un point de vue sur elle (SARTRE, Sit. III, 1949, p. 194).
♦ Quitter le domaine de la réalité pour celui de la fiction et vice versa. (Se) décoller du rêve (cf. COCTEAU, Enf. terr., 1929, p. 117). Décoller de ce monde (BEAUVOIR, Mém. jeune fille, 1958, p. 46).
b) ÉCON. [En parlant d'un pays en voie de développement, d'une branche d'activité] Sortir de la stagnation (cf. également décollage). La production a décollé : + 8 1/2 % cette année (L'Express, 6 oct. 1969 ds GILB. 1971). Si la télévision en couleurs ne « décolle pas » c'est que l'O.R.T.F. n'organise pas sa promotion (L'Express, 16 mars 1970 ds GILB. 1971).
C) SP. Se détacher du peloton.
[En parlant d'un athlète ou d'un cycliste] S'échapper du peloton pour prendre de l'avance, démarrer :
6. Dominique regretta de s'être mise sur les talons de la Kestner. Il lui fallait reprendre sa ligne, la fin de la course approchait; en la sentant « décoller », Kestner n'allait-elle pas s'échapper, de crainte d'être surprise?
MONTHERLANT, Le songe, 1922, p. 35.
Péj. Ne plus suivre le rythme de la course, rétrograder par rapport à ses adversaires. Sentir son rival décoller.
Pop. Maigrir considérablement, dépérir. — Ce pauvre Charles décolle de plus en plus (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 544).
Prononc. et Orth. :[], (je) décolle []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1382-85 (BRÉARD, Comptes du clos des galées de Rouen, 109 ds BARB. Misc. 15, n° 17 : Pavois vieux et rompus, tous descollés et les couvient tous recoler); 2. a) 1866 « s'en aller » (DELVAU, p. 109); b) [1907 d'apr. Lar. Lang. fr.]; 1918 aviat. « quitter le sol » (PROUST, Filles en fleurs, p. 555). Dér. de coller; préf. dé-.
STAT. — Décoller1 et 2. Fréq. abs. littér. :172.
DÉR. Décollable, adj. Qu'on peut décoller. Vignette pharmaceutique facilement décollable (ROB. Suppl. 1970). P. ext., méd. Zone décollable (de la dure-mère) (G. GÉRARD, Anat. hum., 1912, p. 373). 1re attest. 1912 id.; de décoller2, suff. -able.

1. décoller [dekɔle] v. tr.
ÉTYM. Xe; du lat. decollare, de de- (→ 1. Dé-), et collum « cou » (→ Col; cou).
Vx. Décapiter.
0 (Le czar Pierre) avait décollé de sa propre main son fils aîné.
Lamberti, cité par Voltaire, Hist. de l'Empire de Russie…, II, 10.
Spécialt (pêche). Trancher la tête des morues (avant le salage).
DÉR. Décollation, décolleur.
————————
2. décoller [dekɔle] v.
ÉTYM. 1382; de 1. dé-, et coller.
———
I V. tr. dir.
1 Détacher, séparer (ce qui était collé) sans déchirer. || Décoller un timbre, une affiche. || Je n'arrive pas à décoller ces deux feuilles. Décollement. || Ne tire pas comme ça, au lieu de le décoller, tu vas l'arracher.
2 (Jeu de billard). || Décoller une bille, la détacher de la bande.
3 Fam. || Ne pas décoller (qqn) : importuner, ne pas lâcher. Coller (I., B., 5.). || Il ne nous a pas décollés une minute.
(1896, in Petiot). Sports. || Décoller (un concurrent), prendre de l'avance sur lui. Distancer; décrocher, lâcher. || Se faire décoller.
——————
se décoller v. pron.
Se détacher. || Affiche qui se décolle.Par comparaison :
1 Réveil rapide. Les rêves tournent court. Ou se décollent et oscillent, comme l'emplâtre d'affiches que le vent détache d'un mur.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, p. 226.
Méd. Ne plus adhérer. || La rétine s'est décollée. || Greffe qui se décolle.
Par anal.Ne pas (ou plus) pouvoir se décoller de (qqch.), être incapable de s'en séparer.Fam. || Ne pas pouvoir se décoller de (qqn d'importun), ne pas réussir à s'en débarrasser. Dépêtrer (se).
Pop. Ne plus être « à la colle ». Casser, rompre.
1.1 On se rencontre… on se colle, c'est bien… On se quitte… on se décolle… c'est bien aussi.
O. Mirbeau, le Journal d'une femme de chambre, p. 386.
———
II V. tr. ind. (avec de…).
1 Fam. S'en aller, partir (s'emploie surtout négativement). || Il ne décolle pas d'ici. || Pas moyen de le faire décoller (→ ci-dessus, I., 3.).
2 Se détacher de… (au propre et au fig.). || L'avion décolle de la piste (→ ci-dessous, III., B.).Spécialt (ski). || Décoller du tremplin dans une épreuve de saut.Trans. || Décoller une bosse. Bosse.Absolument :
1.2 Son élan reçu d'une première pente, le skieur arrive sur une plate-forme — le tremplin proprement dit — à l'extrémité de laquelle il donne, en décollant, une détente des jarrets qui le portera plus ou moins loin en contrebas sur la pente d'atterrissage.
Jean Dauven, Technique du sport, Le ski, p. 120.
Sports. Se détacher des autres concurrents dans une course, etc., prendre de l'avance. || Le cycliste a décollé du peloton (→ ci-dessus, I., 3.).
Fig. Décoller de la réalité : quitter le réel pour l'imaginaire.
———
III V. intr.
A Fam. Maigrir. || Ce qu'il a décollé depuis sa maladie !
B
1 (1910, in Petiot). Quitter le sol, en parlant d'un avion (opposé à atterrir). Envoler (s'); décollage (II.). || L'avion de New York vient de décoller. || Le pilote prend la piste pour décoller.
2 Et comme un aviateur qui a jusque-là péniblement roulé à terre, « décollant » brusquement, je m'élevais lentement vers les hauteurs silencieuses du souvenir.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIV, p. 200.
3 — Paré, le mitrailleur ? — Paré. — Alors on y va. Et je décolle.
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, IV, p. 39.
Par anal. Ski (→ ci-dessus, II., 2.).
(En parlant d'un autre type de véhicule). Rare. || Train, bateau qui décolle, qui part.
2 (1962; d'après l'angl. to take off). Fig. Écon. Prendre son essor économique; sortir d'une phase de stagnation, du sous-développement. || « Un plan capable de faire “décoller” les économies africaines » (R. Dumont).Par ext. || Discipline, science qui décolle. || La télévision en couleurs a décollé dans les années 70.
——————
décollé, ée p. p. adj.
Détaché. || Affiches décollées, qui ne sont plus collées ou qui sont mal collées.
Fig. || Oreilles décollées, qui s'écartent de la tête (cf. En feuille de chou).
4 Parmi les trois acolytes, de même style, se distingue un rouquin efflanqué, aux oreilles décollées (…)
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 477.
CONTR. Coller, réunir. — Adhérer (faire). — Atterrir, poser (se). — Rester.
DÉR. Décollable, décollage, décollement, décolleur, décolleuse, décolloir.
HOM. 1. Décoller.

Encyclopédie Universelle. 2012.