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cravate

cravate [ kravat ] n. f.
• 1651 « bande de linge que les cavaliers croates portaient autour du cou »; forme francisée de Croate
1( XVIIe) Bande d'étoffe, généralement étroite et longue, que les hommes nouent autour de leur cou. lavallière. Cravate foulard.
2Cour. Bande (d'étoffe, de matière souple) qui se passe sous le col de chemise et se noue par-devant. régate. Il aime mieux les nœuds papillon que les cravates. Porter la cravate. En costume-cravate. Cravate de soie, de laine, de cuir. Nœud de cravate. Épingle de cravate. Fixe cravate. Cravate club. Loc. fam. S'en jeter un (un verre) derrière la cravate. 1. boire.
3Bande d'étoffe, insigne de haute décoration. Cravate de commandeur de la Légion d'honneur.
Plaisant Cravate de chanvre.
4Par anal. La cravate d'un drapeau : ornement de soie brodée qu'on attache au haut d'une lance, à la hampe d'un drapeau. — Mar. Cordage qui entoure un mât, une ancre.
5Lutte Coup par lequel on essaye de faire subir au menton de l'adversaire un mouvement de torsion ( cravater).

cravate nom féminin (allemand dialectal krawat, croate, en référence aux bandes de linge que les soldats croates portaient autour du cou) Bande d'étoffe, de cuir, longue et étroite qui se noue sous le col de la chemise. Prolongement d'un col droit par deux bandes de tissu qui se nouent sur le devant. Petite fourrure ou écharpe droite, que les femmes nouent autour du cou. Cordage embrassant sans les serrer, mais en les soutenant, les pièces qu'on est en train de manœuvrer. À la lutte, au rugby, etc., action dangereuse et interdite, qui consiste à entourer de son bras le cou de son adversaire. Insigne de grades élevés de certains ordres : Cravate de la Légion d'honneur. Ornement en étoffe, fixé au fer de lance d'un drapeau ou d'un étendard. ● cravate (difficultés) nom féminin (allemand dialectal krawat, croate, en référence aux bandes de linge que les soldats croates portaient autour du cou) Orthographe Avec un seul t.

cravate
n. f.
d1./d Mince bande d'étoffe qui se noue autour du cou ou du col de la chemise. Noeud, épingle de cravate.
d2./d Cravate de drapeau: morceau d'étoffe à franges que l'on attache en haut de la hampe.
d3./d Insigne des commandeurs de certains ordres.
d4./d SPORT En lutte, torsion imprimée au cou de l'adversaire.

I.
⇒CRAVATE1, subst. masc.
HIST. MILIT. Cheval robuste d'origine croate. Les cravates sont des chevaux de grand travail (Ac. 1798).
[En constr. d'appos. avec valeur adj.] Cavalier cravate, et p. ell. cravate. Soldat de cavalerie légère d'avant la Révolution française de 1789. Compagnie, régiment (de) cravate(s); Royal-cravate. Les cravates servaient d'enfants perdus dans les batailles, de batteurs d'estrade, etc. (Ac. 1835).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Voir cravate2.
II.
⇒CRAVATE2, subst. fém.
A.— Pièce d'habillement.
1. [Domaine du vêtement masculin] Pièce d'étoffe servant d'ornement, entourant le cou :
1. Une cravate de l'ancien régime tournait deux fois comme un tapis autour du cou et s'engouffrait dans le pantalon.
J. VALLÈS, Les Réfractaires, 1865, p. 84.
Rem. Dans ce sens très gén., cravate inclut les nœuds (nœuds papillons, etc.), certains foulards ou écharpes et les cravates proprement dites.
En partic. Bande d'étoffe, de forme et de tissu variables, passée sous le col de la chemise, nouée par devant et dont les deux pans verticaux et superposés pendent sur la poitrine. Cravate blanche, de soie; marchand de cravates; nouer, porter une cravate. Synon. (vieilli) régate. Arborant des cravates à camées (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 42). Des frères (...) qui « portaient cravate » à quatorze ans, et fumaient (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 139). Malgré les cravates à système des radicaux, malgré les lorgnons de la maison de la culture (...) comme je me sens [Marat] « homme de gauche » (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 169) :
2. ... un psychologue pourrait lire notre caractère dans les plis d'une cravate; (...) Il y a la cravate de soie fauve, épaisse et lâche, des bourgeois (...). Il y a la cravate à monture de celluloïd, dont le nœud est préparé pour un mois : c'est celle du petit employé méticuleux, qui a le complexe du nœud, parce que faire un nœud c'est déjà prendre une décision.
M. PICLIN, Propos de bonne intelligence, Saïgon, Impr. nouvelle d'Extrême-Orient, 1962, p. 52.
SYNT. Cravate bleue, écossaise, grise, noire; cravate épaisse, étroite, ordinaire, voyante, seyante, défaite, bouffante, flottante, lâche, large, molle; belle, jolie cravate; cravate de cachemire, de coton, de coutil, de laine, de rayonne, de satin, de velours; cravate à rayures, fantaisie, en désordre; cravate à ressort, épingle, nœud, perle de cravate; magasin, rayon, vendeur de cravates; ajuster, arranger, défaire, dénouer, desserrer, ôter une cravate; cravate nouée élégamment, nouée comme une ficelle; prendre qqn à la cravate.
HIST. Cravate de dentelle. Pièce de mousseline garnie de dentelle nouée sur la gorge par un ruban de couleur. Cravate 1830. Pièce carrée pliée en triangle, couvrant le cou et parfois une partie des oreilles. L'homme installé au piano (...) cravaté de la haute cravate dix-huit cent trente que le snobisme commençait à lancer à travers les salons (LORRAIN, Sens. et souv., 1895, p. 35). Cravate foulard, écharpe. Bande d'étoffe faisant le tour du cou et ramenée sur la poitrine où elle est tenue par une épingle de cravate. Une cravate-écharpe en laine bleue de 1 m 15 de longueur sur 0 m 14 de largeur (CLARIS, École polytechn., 1895, p. 270). Cravate lavallière. Large cravate (nœud) qui se noue en faisant deux coques, généralement portée par les artistes.
Loc., arg. et fam. S'en jeter un (verre) derrière la cravate. Boire. Ils se jettèrent l'alcool derrière la cravate (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 43). Quand t'améneras ton lard dans l'loinqué [coin] d'Ménilmuche, on s'en j'tra un louque [coup] derrière la cravate (MARCUS, Arg. tel qu'on le parle, 1947, p. 4) :
3. Moi, dit Lambert, c'est pas la bière qui me fait défaut (...). C'est le pinard. Je pouvais m'en jeter deux litres par jour derrière la cravate.
SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 246.
Spéc., DÉCORATIONS. Ruban porté autour du cou et auquel s'attachent des grades supérieurs de certains ordres honorifiques. Cravate de l'ordre du Saint-Esprit, de (commandeur de) la Légion d'Honneur. Et voyez comme c'est curieux (...). Luc ne s'attendait pas du tout à recevoir la cravate [de la Légion d'Honneur] (AYMÉ, Travelingue, 1941, p. 211).
2. [Domaine du vêtement féminin] Bande de fourrure que les femmes portent autour du cou. Cravate d'astrakan, de fourrure, d'hermine, de renard. La fraîcheur de ce 6 Octobre commençait à faire apparaître des cravates de renard (ROMAINS, Hommes b. volonté, 1932, p. 31).
B.— P. ext. ou p. anal.
1. Arg. Pièce ou main mise autour du cou.
a) Collier triangulaire formé de deux pièces de fer qu'on mettait au cou des forçats qui partaient pour le bagne. Synon. collier, coulant :
4. Chacun [des forçats en route pour le bagne] tenait à cette chaîne [qui l'accouplait avec un autre] par la cravate, espèce de triangle en fer, qui s'ouvrant d'un côté par un boulon charnière, se ferme de l'autre avec un clou rivé à froid.
VIDOCQ, Mémoires de Vidocq, t. 1, 1828-29, p. 226.
b) Lacet pour prendre le gibier. Marquis de la cravate. ,,Braconnier`` (ESN. 1966).
c) Cravate de chanvre. Corde avec laquelle on pendait les condamnés. Attacher à qqn sa cravate. Le prendre. C'est dommage que Charlot [le bourreau] ait pris la peine un jour de lui attacher sa cravate (...). C'était quand régnait la potence (HUGO, Dern. jour condamné, 1829, p. 99) :
5. Ça allait chercher trop loin [avec le code anglais] de vider son chargeur dans le baquet d'un concurrent (...) la cravate de chanvre au bout du parcours.
A. LE BRETON, Du Rififi chez les hommes, 1953, p. 123.
d) Poser une cravate; serrer la cravate; donner un tour de cravate. Étrangler. Elle me disait de lui donner un tour de cravate (Petit journal, sept. 1877) :
6. B... en 19.., pour rester digne de son surnom de « Charlot l'Étrangleur », et pour ne pas passer pour un cave « pose des cravates » et se réveille à la Guyanne.
J. GALTIER-BOISSIERE, P. DEVAUX, Dict. historique, étymologique et anecdotique d'argot, 1939, p. 35.
2. Élément allongé enroulé autour d'une chose.
a) Cravate d'un drapeau. Bande de soie brodée, garnie aux deux extrémités de franges et attachée au haut d'une lance ou à la hampe d'un drapeau :
7. LORRAIN. — Qu'est-ce que c'est que cela?
FORTUNE. — La cravate du drapeau autrichien que sa mère a pris au combat du Moutier en Der, où elle a fait ses premières armes, ...
A. DUMAS père, La Barrière de Clichy, 1851, II, 4, p. 32.
b) MAR. Gros cordage qui entoure un mât, des bigues ou une ancre, sans les serrer, de manière à les supporter pour permettre de les manœuvrer ou pour soulager les francs-fumins d'un bâtiment abattu en carène.
Pendre une ancre en cravate. Ancre qui une fois relevée, est suspendue à l'arrière d'une chaloupe par un cordage qui entoure la verge sous les deux bras.
c) TECHNOLOGIE
Vx. Bande de toile trempée dans l'eau saturée de salpêtre, imbibée d'essence de térébenthine et saupoudrée de poudre à canon qui servait dans les brûlots comme pièce d'artifice (cf. BON.-PARIS 1859).
Cravate à étoupille. Mèche servant à mettre le feu à une charge de poudre placée au fond de l'âme d'une bouche à feu.
Garniture souple (d'une pièce cylindrique). La tête tronconique du boulon (...) est garnie d'une cravate en chanvre trempée dans de la céruse ou du minium (CRONEAU, Constr. nav. guerre, t. 2, 1892, p. 124).
3. P. anal. et p. méton., ORNITH. Oiseau dont le cou a un plumage coloré. Cravate blanche, cravate frisée (philédon-kogo); cravate jaune (alouette à gorge jaune); cravate noire (colibri à cou noir); cravate dorée (sorte d'oiseau mouche à cou doré); cravate verte (colibri à cou vert) :
8. À Chiloé (...) les oiseaux me donnaient de merveilleuses rhapsodies (...) le philéton à cravate, qui est l'oiseau paille-en-queue, le toui-toui des indigènes, fait alors jaillir de sa gorge (...) des milliers de roulades rapides, souples, trillées, sonores.
CENDRARS, Les Confessions de Dan Yack, 1929, p. 285.
Prononc. et Orth. : Cf. cravate1. Étymol. et Hist. 1. Av. 1648 [ca 1630] milit. « soldat [croate, à l'origine] de la cavalerie légère » compagnie de cravates (VOITURE, Lettre 20, éd. de 1663); 2. 1649-52 « bande de tissu portée autour du cou [comme en portaient les cavaliers croates] » (L. RICHER, L'Ovide bouffon, 1, 4, p. 57, 58 ds QUEM.); 3. 1678 « cheval de race croate » (G. GUILLET, Les Arts de l'homme d'épée, 1re partie s.v.); 4. 1907 sp. (Lar. pour tous). Issu de Cravate, ethnique « croate » (adj. av. 1573, Tavannes ds LITTRÉ; subst. Crabate, 1660, OUDIN, Fr. Esp.; 1694, Cravates, MÉN.), les cavaliers croates ayant constitué un régiment de mercenaires dès le règne de Louis XIII (d'où le Royal-cravate 1666). La forme Cravate est une adaptation soit du slave hrvat, soit de l'all. dial. krawat (BL.-W.5). La forme parallèle croate (ethnique et subst. au sens 1 av. 1648 [ca 1635] VOITURE, Lettre 68, même éd.) est empr. à l'all. kroate. Fréq. abs. littér. :1 324. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 986, b) 2 707; XXe s. : a) 2 360, b) 1 918. Bbg. BOULAN 1934, p. 170. — BRÜCH 1913, p. 93. — COLOMB. 1952/53, p. 119; pp. 275-276. — LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 321. — LE BRETON GRANDMAISON. N. propres devenus n. usuels. Vie Lang. 1973, p. 160. — THOMAS (A.). Nouv. Essais 1904, p. 17.

1. cravate [kʀavat] n. m.
ÉTYM. Déb. XVIIe; altér. de croate.
Histoire ou vieux.
1 Cheval de Croatie.
2 Sous l'Ancien Régime, Régiment de cavalerie d'origine croate.En appos. || Cavalier cravate.
DÉR. 2. Cravate.
————————
2. cravate [kʀavat] n. f.
ÉTYM. V. 1649 « bande de linge portée autour du cou » (comme en portaient les cavaliers croates); de 1. cravate.
1 Bande d'étoffe, généralement étroite et longue, que les hommes (et parfois les femmes) nouent autour de leur cou. || Cravate foulard, cravate écharpe. || Cravate d'hermine. || Cravate que portent les gens de robe. Rabat.
Cour. Cravate d'homme, étroite, qui se passe sous le col de chemise et se noue par devant. Régate. (Cravate ne se dit pas couramment de la lavallière, du nœud papillon.) || Cravate de soie, de rayonne, de laine. || Cravate de batiste. || Cravate blanche, grise, noire (→ Beau, cit. 106). || Cravate moirée. || Cravate de couleur. || Cravate unie. || Cravate à rayures, à fleurs. || Cravate club. || Nœud de cravate. || Nouer sa cravate. || Rajuster, remonter, serrer le nœud de sa cravate. || Épingle de cravate. || Pince cravate; fixe cravate. Anciennt. || Cravate à ressort, maintenue par un système à ressort.
1 Le vieux grand-père (…) était là, lui aussi, portant toujours la redingote noire et la cravate blanche qui donnaient à sa quasi-pauvreté des dehors tellement respectables.
Loti, Matelot, II, p. 6.
1.1 Jean se dépêchait vite, sortait de son tiroir une nouvelle cravate qui s'harmonisait avec sa figure de manière à produire un effet tout différent des précédents, de sorte qu'on crût chaque fois que c'était une cravate rouge sur un veston bleu, une cravate blanche sur un habit noir, une cravate paille sur une jaquette paille, qui lui allait le mieux, donnant de lui-même comme différents portraits, d'une couleur et d'une harmonie différentes.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 458.
2 L'usage des cravates toutes faites était encore très répandu. La cravate, appuyée sur le bouton, avait toujours l'air d'être tombée au bas du col. On voyait beaucoup de nœuds-papillons et nombre de lavallières.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, p. 31.
3 (…) en habits de dimanche, des habits noirs, une cravate à ressort, un col de cellulo et un chapeau de paille dure. La grande allure, quoi !
J. Giono, Un de Baumugnes, IV, Pl., t. I, p. 243.
4 (…) lui qui sans doute avait toute sa vie mis autour de son cou une cravate sans plus se soucier de sa couleur que de la façon dont il la nouait — et probablement même appartenant à cette catégorie de types qui nouent une cravate une fois pour toutes, se contentant le soir de la desserrer suffisamment pour pouvoir en faire passer la boucle autour de sa tête et le lendemain la renfilant de la même façon, et remontant le nœud, et c'est tout (…)
Claude Simon, le Palace, p. 114.
Loc. fam. S'en jeter un (verre) derrière la cravate, dans le gosier. Boire.S'envoyer un petit coup derrière la cravate.
5 (…) du zinc où il s'était envoyé coup sur coup derrière la cravate ses trois ou quatre pernods, à l'hôtel, à cette chambre (…)
Claude Simon, le Vent, p. 171.
En cravate : à la manière d'une cravate. || Foulard noué en cravate. || Fourrure portée en cravate.
Par ext. Fourrure droite portée autour du cou (par une femme). || Une cravate de renard.
Bande d'étoffe, insigne de haute décoration. || La cravate de commandeur de la Légion d'honneur. || Il a reçu la cravate au cours d'une cérémonie militaire, la cravate de commandeur.
Loc. Vieilli. Cravate de chanvre : corde de pendu. || On lui a passé la cravate (de chanvre) : on l'a pendu. — ☑ Fig. Serrer la cravate : étrangler.
2 La cravate d'un drapeau : ornement de soie brodée qu'on attache au haut d'une lance, à la hampe d'un drapeau.
Mar. Cordage qui entoure un mât, une ancre.En cravate. || Ancre en cravate. || Prendre une ancre en cravate.
3 Zool. Cou coloré d'un oiseau.Par métonymie. L'oiseau. || Cravate blanche, jaune (alouette), verte ou noire (colibri), dorée.
4 (1877, in Petiot). Sport (lutte). Coup par lequel on essaye de faire subir au menton de l'adversaire un mouvement de torsion.
DÉR. Cravater, cravatier.
COMP. Micro-cravate.

Encyclopédie Universelle. 2012.