convoiter [ kɔ̃vwate ] v. tr. <conjug. : 1>
• convoitier v. 1280; coveitier av. 1155; lat. pop. °cupidietare, de cupiditas → cupidité
♦ Désirer avec avidité (une chose disputée ou qui appartient à un autre). Convoiter le bien d'autrui, un héritage, la première place. ⇒ ambitionner, briguer , envier, rêver (de); fam. guigner, lorgner, loucher (sur). « Vous épousiez ma fille, et convoitiez ma femme ! » (Molière). — Absolt « L'homme vicieux n'aime point, il convoite : il a faim et soif de tout » (Lamennais).
⊗ CONTR. Dédaigner, mépriser, refuser, 1. repousser.
● convoiter verbe transitif (latin populaire cupidietare, du latin classique cupiditas, convoitise) Désirer ardemment une chose qui est disputée ou qui appartient à autrui : Convoiter un héritage. Littéraire. Désirer physiquement, charnellement quelqu'un. ● convoiter (synonymes) verbe transitif (latin populaire cupidietare, du latin classique cupiditas, convoitise) Désirer ardemment une chose qui est disputée ou qui appartient...
Synonymes :
- aspirer à
- briguer
- guigner (familier)
- lorgner (familier)
- loucher sur (familier)
- soupirer après
Contraires :
- dédaigner
- mépriser
convoiter
v. tr. Désirer avidement. Convoiter le bien d'autrui.
⇒CONVOITER, verbe trans.
A.— [Le compl. désigne une chose] Désirer avec avidité la possession et la jouissance d'une chose, qui appartient le plus souvent à un autre et dont on ressent intensément le manque.
1. [Chose matérielle] Les mères ambitieuses qui convoitaient pour leurs filles cette brillante position (BALZAC, Curé vill., 1839, p. 21). L'Angleterre qui ne cessait de développer son commerce, convoitait âprement les colonies espagnoles (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 281). J'étais radicalement dénuée de ce genre d'ambition. Je ne convoitais ni l'argent, ni les honneurs, ni la notoriété (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 323) :
• 1. J'évoquais l'enfant princier dont la languissante anorexie refuse les mets délicats et qui convoite la tranche de gros pain.
COLETTE, Belles saisons, Discours de réception, 1936, p. 221.
♦ Convoiter des yeux qqc. Bonheur d'avoir pu mordre à même le fruit sans le convoiter des yeux et sans demander de permission (PROUST, Temps retr., 1922, p. 835).
Rem. Dans le discours relig., l'emploi de convoiter est souvent lié à l'idée de concupiscence. Le prêtre (...) commença les onctions : d'abord sur les yeux, qui avaient tant convoité toutes les somptuosités terrestres (FLAUBERT, Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 180).
— Emploi partic. [Le suj. désigne un animal] Rechercher pour tuer et dévorer. Convoiter sa proie. Gare au renard qui convoiterait mes poules! (DUMAS Père, Forest., 1865, III, 7, p. 206).
2. [Chose abstr.] Même si l'immortalité qu'il convoite est celle de Caïn, il la convoite au moins (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 66) :
• 2. Captif dans Paris tout l'après-midi, Pierre avait convoité l'air libre, dévoré du désir de monter vers les bois de Robinson, gourmand de la fraîcheur du soir.
MORAND, L'Homme pressé, 1941, p. 21.
Rem. 1. La docum. atteste la constr. convoiter qqc. de qqn. Obtenir ce qu'il a voulu convoiter de nous (MAURRAS, Kiel, 1914, p. XIII). 2. Le compl. peut désigner une pers., le suj. une chose personnifiée. Les êtres trop riches que la maladie et la mort convoitent (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 93).
— Rare. [Suivi d'un inf. compl. prép. en de] Désirer fortement. La casaque de drap noir de feu son mari qu'elle convoitait sans doute d'utiliser encore quand elle aurait froid (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 198).
B.— [Le compl. désigne une pers., souvent avec une nuance d'interdit] Éprouver un désir sexuel extrêmement fort pour quelqu'un et vouloir le posséder. Synon. (partiel) désirer. Ce jour-là, son mari l'avait convoitée comme si elle n'eût pas été sa femme (RADIGUET, Bal, 1923, p. 94). Dès qu'il me parut possible, je me repris à le convoiter. Jacques était beau, d'une beauté enfantine (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 207) :
• 3. Il brûlait d'envie de la saisir au passage, de l'enlacer. Elle restait silencieuse et il était avide d'entendre d'elle ces mots vivants. Parfois il la chérissait seulement avec son cœur; parfois il la convoitait comme une proie.
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, p. 24.
— Emploi pronom. (réciproque). Mais à présent la première fraîcheur amène une détente, sinon un espoir. Tous descendent alors dans les rues, s'étourdissent à parler, se querellent ou se convoitent (CAMUS, Peste, 1947, p. 1316).
C.— Emploi abs. [Correspond à A et B] Un veau tétait sa mère, avec la brutalité de l'homme qui convoite, lui donnant de vigoureux coups de tête (MONTHERLANT, Bestiaires, 1926, p. 489).
Rem. Lar. Lang. fr. atteste l'adj. convoitant, ante. Qui révèle de la convoitise. Des attitudes convoitantes et voraces (Daudet).
Prononc. et Orth. :[], (je) convoite []. Ds Ac. 1694-1878. Étymol. et Hist. Av. 1155 coveitier (WACE, St Nicholas, 824 ds KELLER); ca 1280 [ms. du XIVe s.] convoitier (Clef d'amour, 1721 ds GDF. Compl.); 1289 convetier (Doc. A. Loiret, ibid.), qualifié de ,,vieux mot`` par RICH. 1680. Du lat. pop. cupidietare, dér. de cupidietas, altération de cupiditas, sous l'infl. de termes abstraits tels que anxietas, medietas; la 1re syllabe a été refaite en con- sous l'infl. du préfixe. Fréq. abs. littér. :242. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 294, b) 261; XXe s. : a) 409, b) 391.
DÉR. Convoitable, adj., rare. Que l'on peut convoiter, qui est désirable. Avec son beau front (...), ses traits droits et ses formes arrondies, Mme Lambert est un édifice en décadence, mais encore convoitable (MORAND, La Clef du souterrain, 1956, p. 62). — []. — 1re attest. fin XIIe-début XIIIe s. conveitable (Elie de S. Gile, éd. G. Raynaud, 1717); réputé ,,vieux mot`` par RICH. 1680; de conveitier, convoiter, suff. -able. — Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — WEHRLI (A.). Semantische Untersuchung der Verben..., 138 p. (Diss. Zürich, 1967).
convoiter [kɔ̃vwate] v. tr.
ÉTYM. 1289, convetier; convoitier, v. 1280; coveitier, av. 1155; du bas lat. cupidietare, de cupidietas, altér. (d'après anxietas, etc.), du lat. class. cupiditas. → Cupidité.
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♦ Désirer avec avidité la possession de (une chose disputée ou qui appartient à un autre). || Convoiter la couronne, le trône, le bien d'autrui, un héritage, la première place. ⇒ Ambitionner, briguer, désirer, envier, guigner, rêver (de). || Convoiter qqch. avec passion. ⇒ Brûler. || Convoiter qqch. des yeux. — Spécialt. Éprouver un désir sexuel pour (qqn) et désirer (le) posséder. || Convoiter une femme, désirer la posséder. ⇒ Désirer, soupirer (pour). — (Le sujet désigne une faculté humaine, un organe des sens). → ci-dessous, cit. 3.
1 Vous épousiez ma fille, et convoitiez ma femme !
Molière, Tartuffe, IV, 7.
2 Enfin, je l'aimais trop pour la convoiter : voilà ce qu'il y a de plus clair dans mes idées.
Rousseau, les Confessions, V.
3 (…) il (le prêtre) trempa son pouce droit dans l'huile et commença les onctions : d'abord sur les yeux, qui avaient tant convoité toutes les somptuosités terrestres (…)
Flaubert, Mme Bovary, III, VIII, p. 206.
4 (…) l'arriviste étant le monsieur qui convoite la meilleure place possible dans l'ordre établi.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, I, p. 19.
♦ (En parlant des animaux). || Convoiter sa proie : rechercher une proie (pour la dévorer).
♦ Absolt. || Être prompt à convoiter (→ Chaleur, cit. 4).
5 L'homme vicieux n'aime point, il convoite : il a faim et soif de tout; son œil, tel que l'œil du serpent, fascine et attire, mais pour dévorer.
F. de Lamennais, Paroles d'un croyant, p. 72.
6 Le pauvre sans désirs possède le plus grand des trésors; il se possède lui-même. Le riche qui convoite n'est qu'un esclave misérable.
France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, p. 285.
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convoité, ée p. p. adj.
♦ Fortement désiré. || Faveur, situation convoitée.
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CONTR. Dédaigner, détaché (être), mépriser, refuser, repousser.
DÉR. Convoitable, convoiteur, convoitise. — V. Convoiteux.
Encyclopédie Universelle. 2012.