BÖRDE
BÖRDE
Mot dérivé du vieil allemand bören (porter, rapporter) appliqué primitivement au territoire fiscal d’une église ou d’une ville, plus particulièrement au riche pays agricole de Magdebourg. La fertilité de la région tient à l’épandage de lœss d’origine éolienne à l’ère quaternaire, quand les vents soufflant sur la grande plaine du Nord étaient ralentis par les premières hauteurs des massifs hercyniens. À cette fertilité, qui contraste avec la médiocrité des sols des massifs d’une part, des étendues de Geest, dans la plaine, d’autre part, devaient s’ajouter les avantages d’une situation de contact entre régions naturelles différentes, favorisant le développement de villes-marchés, et des facilités offertes à la circulation générale ouest-est. On ne s’étonne pas que le mot ait pris d’abord une acception régionale, puis générale, désignant cette riche zone de contact entre l’Europe hercynienne et la plaine du Nord allant d’ouest en est, depuis la rive gauche du Rhin (Börde de Juliers) jusqu’en Saxe, et jalonnée de vieilles villes marchandes (Cologne, Soest, Einbeck, Magdebourg et Halle).
bordé [ bɔrde ] n. m.
• 1689; de border
1 ♦ Mar. Ensemble des bordages. « Le bordé va toucher l'eau, nous sommes prêts d'embarquer » (H. Bazin).
2 ♦ Galon servant à border un vêtement, un tapis. ⇒ bordure, frange, lisière. Garnir des rideaux d'un bordé.
● borde nom féminin (francique borda, cabane de planches) Vieux. Métairie. ● borde (homonymes) nom féminin (francique borda, cabane de planches) borde forme conjuguée du verbe border bordent forme conjuguée du verbe border bordes forme conjuguée du verbe border
bordé
n. m. MAR Ensemble des bordages.
⇒BORDE, subst. fém.
Vx, région. Petite ferme, métairie établie aux environs d'une seigneurie, et destinée à fournir au maître les légumes et les volailles. La borde des Quatre Chemins (F. FABRE, Barnabé, 1875, p. 148); une borde de la montagne (F. FABRE, Mon oncle Célestin, 1881, p. 98); une fille de borde (ESTAUNIÉ, Un Simple, 1891, p. 68) :
• Ce bâtiment ... faisait pendant à la jolie maisonnette de la ferme, à la borde, pour nous servir de ce joli mot français encore employé dans le pays.
F. FABRE, Mlle de Malavieille, 1865, p. 110.
Rem. Terme usité surtout dans la France du Sud-Ouest; attesté dans la plupart des dic. gén. du XIXe et du XXe siècle.
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1172-75 « petite maison, cabane » (CHR. DE TROYES, Chevalier Lion, 3781 dans T.-L.), sens encore noté dans les dict. du XVIIe s. (NICOT, COTGR.) et notamment dans le syntagme ne bourde, ne maison (Trév. 1704-1771); 2. 1531 « métairie, ferme » (MAROT, Complaintes, IV, éd. p. Jannet, II, p. 262); cf. 1606, NICOT ,,Il se prend aussi en aucunes contrées de ce Royaume pour une ferme.``
De l'a. b. frq. borda, plur. neutre de bord « planche », avec valeur de collectif au sens de « maison de planches ». L'a. b. frq. bord, subst. neutre, se déduit du got. (fotu-)baurd « petit banc, tabouret », a. nord., a. isl. bord, vieil angl., a. fris., a. sax. bord, m. b. all. bort « planche, table », tous subst. neutres (FEIST, s.v. fotu-baurd; DE VRIES, Anord.); le sens de « planche » est passé dans le subst. masc. a. fr. bort (WACE, Rou, 6358 dans T.-L.), issu de la forme masc. corresp. (bordus; v. CGL t. 3, p. 586, 10 et Kluge dans Archivum romanicum, t. 6, 1922, p. 302); pour les rapports entre l'a. b. frq bord « bord d'un navire » et bord « planche », v. bord. Le mot est attesté dans le lat. médiév. borda, fém., dès 927 en domaine poitevin, au sens de « tenure de bordier » (DE MONSABERT, Ch. de Nouaillé, n° 44, p. 79 dans NIERM.); dès 1179, le mot est parvenu dans le domaine d'oc : a. prov. borda « métairie » (1179 Comminges dans BRUNEL t. 1, p. 160). Cette hyp. d'une orig. commune du fr. et du prov. semble préférable à celle de deux empr. indépendants et à peu près contemporains faits, l'un au frq., l'autre au got.; à l'époque mod., le mot se trouve toujours solidement implanté dans le domaine prov. (MISTRAL : bordo) et dans certains dial. de l'Ouest (ang., VERR.-ON.; norm., DUM.) et du Centre (JAUB.); le sens 2 s'est prob. développé au XVIe s., sous l'infl. du provençal.
BBG. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 13, 151. — POHL (J.). La Maison dans les fr. marginaux. Vie Lang. 1969, p. 146. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 128; t. 2 1972 [1925], p. 294.
borde [bɔʀd] n. f.
ÉTYM. 1172, « cabane »; lat. médiéval gorda; du francique borda « cabane de planches ».
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REM. Mot surtout attesté dans le Sud-Ouest de la France.
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DÉR. Borderie, 1. bordier. — V. 2. Bordage, bordeau, bordel.
Encyclopédie Universelle. 2012.