COLOGNE
COLOGNE
Née à l’époque romaine (Colonia Agrippina en 49), Cologne (en allemand Köln) est l’une des plus anciennes villes du Rhin. Elle connaît une période de très grande prospérité au Moyen Âge. Ville libre impériale en 1212, ville étape sur le Rhin, membre de la Hanse avec des comptoirs à Venise, à Anvers, à Bruxelles, à Londres, centre artistique et culturel de très grand rayonnement, Cologne (50 000 hab. en 1475) est une des premières villes d’Europe aux XIVe et XVe siècles. Après un déclin à l’époque moderne, elle connaît une extraordinaire expansion aux XIXe et XXe siècles; située dans la partie rhénane du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, elle avait en 1992 une population estimée à 956 690 habitants.
Le développement de la ville est lié à son rôle commercial. Cologne est d’abord une ville carrefour, au croisement de deux axes majeurs de l’Europe occidentale: le Rhin et la zone de communications ouest-est, mettant en rapport l’Atlantique et la grande plaine nord-européenne. Le site même de Cologne, sur la terrasse alluviale de la rive gauche du Rhin, à l’un des points de franchissement facile du fleuve, offre des avantages qui ont été exploités par l’homme au cours des siècles: la cathédrale, qui se dresse face au pont médiéval, domine le pont ferroviaire et la gare, dont le faisceau des voies emprunte l’ancien passage des légions de César et des marchands médiévaux.
Le développement industriel de la région rhénane a permis la réactualisation du rôle de carrefour de Cologne: développement de la navigation rhénane, rôle de carrefour ferroviaire, puis autoroutier. En même temps, grâce à la proximité ou à la facilité d’accès des matières premières et de l’énergie (charbon de la Ruhr, lignite du massif de la ville), Cologne est devenue une ville industrielle. L’industrie est diversifiée: automobiles Ford, pétrochimie, textiles, papier, parfumerie, industries alimentaires.
Mais ce rôle n’a pas effacé la fonction tertiaire qui s’est beaucoup développée. La ville concentre pour l’Allemagne une part considérable du marché des produits agricoles et des textiles; elle garde une part notable du commerce d’autres produits (chimie, verres et glaces, horlogerie). Banques et assurances jouent aussi un rôle important.
Le prestigieux passé de Cologne ne s’exprime plus guère dans le paysage urbain, tant la Seconde Guerre mondiale a fait ici de ravages — à noter cependant que la cathédrale n’a pas souffert. La vieille ville, en demi-cercle sur la rive gauche du Rhin, cernée par le Ring, comprend surtout des immeubles modernes aux façades colorées et vitrées. La population résidente y est assez faible (168 000 hab. en 1970): dans la vieille ville se localisent bureaux et commerces; toute proche de la cathédrale se trouve la rue piétonnière, la Hohe Strasse, centre de l’animation de Cologne. Entre la ceinture verte du Ring et celle formée par l’université et les parcs s’étend la ville neuve du XIXe siècle, où réside une part importante de la population. L’industrie se localise surtout sur la rive droite du Rhin, dans les faubourgs de Deutz, de Flittard, de Mülheim, de Humboldt...
En dehors de la cathédrale, Cologne possède encore un grand nombre d’édifices religieux, préromans et romans, dont les restaurations d’après guerre ont été accompagnées de fouilles fructueuses. Ainsi, l’architecture du Xe siècle, qui vit Bruno, frère d’Otton II, siéger sur le trône archiépiscopal, est fort bien représentée. Bruno a fait construire l’église Saint-Pantaléon, dont le massif occidental est évidé intérieurement sous la tour qui le couronne. Des tribunes le contournent sur trois côtés. Des tourelles d’escalier flanquent le porche. Le décor d’arcatures qui orne l’extérieur et les restes du cloître découverts en 1952 est sans doute le plus ancien d’Allemagne. La crypte, dégagée en 1955 sous l’église des Saints-Apôtres, est peut-être plus ancienne encore. Celle de Saint-André, découverte en 1953, date de l’épiscopat de Bruno, de même que la confession de Saint-Séverin dans l’église du même nom.
Au XIe siècle, on agrandit Saint-Séverin, on construisit la nef des Saints-Apôtres et l’église Saint-Georges. L’art roman fut véritablement inauguré à Sainte-Marie-au-Capitole, consacrée en 1065. La nef flanquée de bas-côtés se termine par un chœur tréflé: trois absides contournées par un déambulatoire continu sont disposées au nord, à l’est et au sud d’une croisée voûtée d’une coupole. Les collatéraux et le déambulatoire sont voûtés d’arêtes. Des chapiteaux cubiques couronnent les colonnes des absides. Deux portes en bois du milieu du XIe siècle, sculptées de vingt-six panneaux représentant des scènes de la vie du Christ, ont été conservées. Le plan tréflé de Sainte-Marie-au-Capitole a connu un très grand succès, particulièrement à Cologne. À l’abbatiale de Grand-Saint-Martin, construite de 1150 à 1172, on retrouve les trois absides, mais sans déambulatoire. Cette église, avec sa galerie naine à l’extérieur qui allège le mur sous la toiture, ouvre la période de l’art roman tardif qui s’est poursuivi dans la ville jusqu’au XIIIe siècle. Sa tour de croisée, reconstruite depuis la guerre, était la plus haute de la ville au Moyen Âge. L’église fut voûtée d’ogives au XIIIe siècle. Le chœur oriental des Saints-Apôtres, lui aussi tréflé, est un peu plus récent que celui de Grand-Saint-Martin. Ses travées droites sont voûtées en berceau, la nef a été couverte d’ogives au XIIIe siècle. Des arcades, caractéristiques du roman tardif rhénan, ornent l’intérieur et l’extérieur de l’édifice. Le chœur occidental de Saint-Georges, élevé sur plan carré vers 1180, semble de prime abord différent, mais trois grandes niches intérieures creusées dans les murs rappellent les églises précédentes. Une galerie intérieure ajoure le mur au niveau des fenêtres hautes. Le chœur triconque de Saint-André a été entrepris à la fin du XIIe siècle et consacré en 1220, mais seule l’abside nord date de cette époque, les deux autres ayant été refaites au XVe siècle. La nef à trois étages, avec des doubles travées voûtées d’ogives, annonce l’art gothique. Le même système de doubles travées, dans lesquelles les supports marquent une alternance de piles fortes et de piles faibles, a été employé à l’église Saint-Cunibert, commencée en 1215 et terminée en 1245. Le chœur n’a qu’une abside à l’est, mais il est flanqué de deux niches latérales. Les arcades et les baies sont encore en plein cintre, mais les voûtes très bombées sont sexpartites. Saint-Géréon a été aussi voûté d’une coupole sur ogives, entre 1219 et 1227. Ces tentatives ont préparé le chantier gothique de la cathédrale.
Cologne
(en all. Köln) v. d'Allemagne (Rhén.-du-N.-Westphalie), sur la r. g. du Rhin; 914 340 hab. Place bancaire. Centre comm. (port fluv., gare, aéroport), industr. et intellectuel.
— Archevêché. Université. Cath. goth. (commencée en 1248, achevée suivant les plans initiaux en 1880). Nombr. églises des XIe-XIIIe s. Musées.
— Colonie rom. (Ier s.), la ville fut la cap. des Francs Ripuaires (Ve s.). Ville libre impériale au XIIIe s., Cologne prospéra au Moyen âge. L'électorat, sécularisé en 1803, fut donné à la Prusse (1815).
Encyclopédie Universelle. 2012.