comptoir [ kɔ̃twar ] n. m.
• 1345; de compter
1 ♦ Table, support long et étroit, sur lequel un commerçant reçoit l'argent, montre les marchandises. ⇒ bergerie, gondole. Les comptoirs d'un aéroport. Comptoir d'un débit de boisson. ⇒ 1. bar, fam. zinc. S'installer au comptoir, devant le comptoir. Brève de comptoir.
2 ♦ (1690) Installation commerciale d'une entreprise privée ou publique dans un pays éloigné. ⇒ établissement, factorerie. Les comptoirs des Indes. Comptoir colonial.
3 ♦ Comptoir de vente en commun : entente entre vendeurs ou producteurs. ⇒ cartel, coopérative, trust; syndicat (de producteurs). — Comptoir central d'achats : entreprise privée, société anonyme participant au fonctionnement de services publics par des opérations commerciales. ⇒ consortium.
4 ♦ Spécialt Comptoir national d'escompte. Comptoir d'une banque. ⇒ agence, succursale.
● comptoir nom masculin (de compter) Table massive et élevée, sur laquelle les commerçants étalent leurs marchandises, les débitants de boissons servent leurs consommations, etc. Établissement de commerce, de banque, etc., fondé jadis par une nation ou par des particuliers dans les pays éloignés : Les anciens comptoirs des Indes. Nom donné à divers établissements de crédit. Organe qui, se substituant à ses adhérents dans leurs rapports avec la clientèle, diffuse leurs produits sur l'ensemble d'un territoire ou sur l'ensemble du marché et répartit entre ses membres, selon certains critères, les quantités de produits écoulées. (L'intervention du comptoir élimine la concurrence.) En Suisse, foire-exposition.
comptoir
n. m.
d1./d Table longue et étroite, généralement élevée, sur laquelle un commerçant étale sa marchandise, reçoit de l'argent, sert des consommations. Boire un café au comptoir.
d2./d (Québec) (Dans une maison.) Plan de travail (d'une cuisine) dans lequel peut être encastré un évier et dont la base comporte des placards, des tiroirs; surface semblable (d'une salle de bains) comprenant un lavabo. Laisser la vaisselle sur le comptoir.
d3./d établissement commercial privé ou public installé à l'étranger.
|| Spécial. établissement financier et commercial installé dans un pays colonial pour y pratiquer l'import-export. Les comptoirs français en Extrême-Orient.
d4./d En pays colonial, magasin de détail où le commerçant échangeait, souvent à crédit et à des taux usuraires, des denrées alimentaires et des objets manufacturés contre des produits coloniaux.
d5./d ECON Organisation fondée sur une entente entre producteurs ou vendeurs, et servant d'intermédiaire entre ceux-ci et leur clientèle. Comptoir de vente, comptoir d'achat.
d6./d (Suisse) Cour. Foire commerciale annuelle.
⇒COMPTOIR, subst. masc.
A.— Longue table, surface plane, où les commerçants exposent leurs marchandises, servent les clients, se font payer. Comptoir bastionné de viandes saignantes où trône la fraîche bouchère (BALZAC, Œuvres div., t. 2, 1850, p. 15). C'était le comptoir toujours pareil d'une maison de banque, avec ses guichets, ses grillages (A. DAUDET, L'Évangéliste, 1883, p. 72) :
• 1. Mendelssohn déjà célèbre (...) était encore facteur dans une boutique de soieries. Lessing, venu exprès pour le voir, le trouva au comptoir, occupé à auner de la soie.
RENAN, L'Avenir de la sc., 1890, p. 523.
♦ P. méton., littér., vieilli. [Symbole du (petit) commerce] Derrière la morale anglaise, il y avait toujours quelque raison de comptoir (BALZAC, Œuvres div., t. 3, 1850, p. 439). La placide petite bourgeoisie du comptoir (JAURÈS, Europe incertaine (1908-1911), 1914, p. 142) :
• 2. La France a marché vite en juillet 1830 (...). Maintenant beaucoup sont essoufflés (...). C'est le commerce qui s'effarouche des systèmes (...) c'est la rue qui effraie le comptoir...
HUGO, Le Roi s'amuse, 1832, préf., p. 349.
— En partic. [Dans un débit de boissons] Cf. zinc :
• 3. Deux ou trois hommes de la vieille ville, pendant que j'étais là, sont venus boire au comptoir; un comptoir de caractère rustique, sans bordure ni plateau de zinc, et que ne chargent pas des appareils luisants.
ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, p. 22.
Rem. Il semble que dans la lang. contemp. le mot soit concurrencé par guichet dans le domaine des administrations ouvertes au public et des établissements bancaires, et par rayon dans le domaine des grands magasins.
B.— P. méton.
1. Vx. Lieu où se font les recettes, où travaillent les commis. (Attesté ds Ac. 1835-1932). Synon. mod. bureau.
2. [Le mot désigne différents établissements comm. ou financiers]
a) Établissement commercial d'une société dans un pays d'outre-mer. Comptoir des Indes :
• 4. Le commerce maritime n'avait d'abord qu'effleuré les côtes. Mais au delà du rivage où s'étaient élevés des comptoirs, où s'étaient fondés des ports, l'intérieur a été sollicité de s'ouvrir.
VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géogr. hum., 1921, p. 271.
b) Succursale d'une banque, en particulier de la Banque de France. La banque Haviland fut sauvée de la ruine (...). Mais la maison de la Butte-des-Moulins cessa d'en être un des comptoirs (A. FRANCE, Jocaste, 1879, p. 15).
Rem. Le mot sert à former des noms d'établissements financiers : Comptoir des entrepreneurs, Comptoir national d'escompte, etc.
c) Comptoir (de vente en commun). Entreprise commerciale vendant les productions de ses sociétaires sans faire de bénéfices propres (cf. coopérative).
Rem. Attesté ds ROB., Lar. encyclop., Lar. Lang. fr.
d) Comptoir central d'achats. Entreprise privée effectuant des opérations d'achat, de stockage, de cession pour le compte de l'État ou d'entreprises publiques (d'apr. CAP. 1936).
Prononc. et Orth. :[]. Pour la non-prononc. de p, cf. compte. Ds Ac 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1345 comptoer « table sur laquelle le marchand montre sa marchandise et compte l'argent » (Compt. du chât. Gaillard, A.N. K 44, pièce 6 ds GDF. Compl.); 2. XIVe [ms. XVe s.] comptouer « pièce, cabinet » (Troilus, Nouv. fr. du XIVe s., p. 120) — 1636 (Monet : contoir); à nouv. 1835 (Ac. : Comptoir [...] se dit aussi, dans les maisons de Commerce, de Banque, Du lieu où travaillent les commis, où se font et se reçoivent les payements, etc. Le comptoir d'un négociant. Dans ce sens, on dit plus ordinairement, Bureau); 3. 1687 « bureau général de commerce aux Indes » (DU CASSE, p. 29 ds R. Ling. rom., t. 25, p. 277). Dér. de compter; suff. -oir; cf. lat. médiév. computorium « table où l'on fait les comptes » (1274 ds LATHAM). Fréq. abs. littér. :1 294. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 071, b) 2 365; XXe s. : a) 2 629, b) 1 740. Bbg. FLUTRE (L.F.). De Qq. termes de la lang. comm... R. Ling. rom. 1961, t. 25, pp. 274-289. — Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 103.
comptoir [kɔ̃twaʀ] n. m.
ÉTYM. 1345, comptoer; de compter.
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1 Table, support long et étroit, sur lequel le marchand reçoit l'argent, montre les marchandises. — Vx. || Demoiselle de comptoir. ⇒ Vendeuse. || Comptoir-caisse. ⇒ Caisse.
♦ Comptoir d'un débit de boissons (⇒ Bar, zinc; argot rade) : table haute, longue et étroite, naguère recouverte de zinc ou d'étain, sur laquelle sont servies les consommations.
0.1 Mais le comptoir surtout, à droite, était très riche, avec son large reflet d'argent poli. Le zinc, retombant (…) en une haute bordure gondolée, l'entourait d'une moire, d'une nappe de métal (…)
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 161 (1875).
0.2 Whiskey irlandais,
Rhum américain,
Saké japonais,
Opium indien,
Et glaces mirant
En jaune et en noir
Les cuivres luisants
Au dos du comptoir (…)
Max Elskamp, la Rue Saint-Paul.
1 Accoudé à un comptoir de zinc, un ouvrier en cotte bleue buvait un verre de vin en regardant un enfant qui dessinait dans le fond de la boutique (…)
J. Green, Adrienne Mesurat, IV, p. 176.
♦ Fig. || Passer sa vie derrière un comptoir, dans un magasin.
2 (1690). Installation commerciale d'un entreprise privée ou publique dans un pays éloigné. ⇒ Établissement, factorerie, loge. || Comptoir colonial. || Posséder des comptoirs en Afrique noire, aux Indes. || Les comptoirs français en Extrême-Orient.
2 Nos comptoirs de l'Inde nous étaient, je l'ai dit, rendus, maigres épaves de la grande entreprise de Dupleix; mais c'étaient, pour un Bonaparte, non des épaves négligeables, mais peut-être des pierres d'attente.
Louis Madelin, le Consulat, XVII, p. 272.
3 Comptoir de vente en commun : entente entre vendeurs ou producteurs pour la vente de leurs produits. ⇒ Cartel, coopérative, entente, trust; syndicat (de producteurs).
♦ Comptoir central d'achats : entreprise privée, constituée en forme de société anonyme et participant au fonctionnement de services publics par des opérations commerciales, en vertu d'un contrat administratif passé entre cette entreprise et l'État. ⇒ Consortium.
4 Spécialt. || Comptoir national d'escompte. ⇒ Bureau (supra cit. 5). || Comptoir d'une banque. ⇒ Agence, succursale.
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COMP. Sous-comptoir.
Encyclopédie Universelle. 2012.