clouer [ klue ] v. tr. <conjug. : 1>
• cloer 1138; de clou
1 ♦ Fixer, assembler avec des clous. Clouer une caisse, un tapis. — Mar. Clouer le pavillon, le fixer au mât avec des clous pour montrer la ferme intention de ne pas se rendre.
2 ♦ Fixer avec un objet pointu. ⇒ 1. ficher. Clouer (qqch., qqn) avec une flèche, une lance. Il le cloua au sol d'un coup d'épée.
3 ♦ Fig. Réduire à l'immobilité. ⇒ fixer, immobiliser, retenir. La surprise le cloua sur sa chaise. (Surtout pass.) Être cloué au lit par la maladie. Elle est « clouée dans son lit par un rhumatisme » (France). Rester cloué sur place (par la peur, l'émotion, la stupeur, etc.). ⇒ paralyser, pétrifier. — Clouer au pilori.
♢ Clouer le bec à qqn.
⊗ CONTR. Déclouer.
● clouer verbe transitif Fixer avec des clous : Clouer une planche. Fermer avec des clous : Clouer une caisse. Réduire quelqu'un à l'immobilité : La maladie l'avait cloué dans son lit. Rester cloué sur place sous l'effet de l'émotion. Au jeu d'échecs, supprimer ou restreindre la capacité de mouvement d'une pièce en l'attaquant de telle sorte qu'elle ne puisse bouger sans mettre le roi en échec ou une pièce plus importante qu'elle en prise. ● clouer (expressions) verbe transitif Clouer son pavillon, le fixer à demeure au mât pour qu'il ne puisse ni tomber ni être amené. (Cela indiquait la résolution de combattre jusqu'à la mort.) ● clouer (synonymes) verbe transitif Réduire quelqu'un à l'immobilité
Synonymes :
- river
clouer
v. tr.
d1./d Fixer, assembler avec des clous. Clouer une caisse.
d2./d Fig. Fixer, obliger (qqn) à rester quelque part, dans une situation. Il est cloué au lit par une forte grippe.
|| Loc. fig., Fam. Clouer le bec à qqn, le réduire au silence par des propos définitifs.
⇒CLOUER, verbe trans.
A.— Fixer, attacher avec des clous. Clouer une gravure, un tapis; clouer des planches, une caisse (en clouer le couvercle) :
• 1. ... ils découvrirent presque au même instant l'antique bourgade autour de la vallée en face; sa grande rue tortueuse, ses façades décrépites (...) ses portes cochères, où sont clouées des chouettes déplumées.
ERCKMANN-CHATRIAN, L'Ami Fritz, 1864, p. 178.
— Par brachylogie. Clouer qqn dans son cercueil. Fixer le couvercle du cercueil. Je me rappelle (...) très bien le cercueil, le bruit des coups de marteau quand on la cloua dedans (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, La Morte, 1887, p. 1133).
— Spéc., MAR. Clouer le pavillon. Pour indiquer que l'on ne se rendra pas (puisqu'on le laissera fixe en haut du mât) :
• 2. Le capitaine courut à lui.
— Que faire, lieutenant? s'écria-t-il.
— Il faut clouer notre pavillon à ce tronçon de mât et nous faire couler.
MÉRIMÉE, Mosaïque, 1833, p. 138.
— P. ext.
1. Immobiliser. Un peu plus loin les balles avaient cloué contre une boutique un adolescent en pantalon de velours (HUGO, Napoléon le Petit, 1852, p. 95). D'Alvimar était cloué en terre par la grande rapière du marquis : il avait cessé de vivre (G. SAND, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, t. 1, 1858, p. 265).
2. Enfoncer comme un clou. L'un lève le bras et brise sa lame sur une pierre du mur, l'autre lui cloue la sienne dans la gorge (P. BOREL, Champavert, Barraou, le charpentier, 1833, p. 57).
B.— Au fig.
1. Maintenir sur place, figer. Être cloué par l'admiration, l'émotion, la peur, la stupeur, la surprise; par l'infirmité, la maladie. Je suis clouée ici mon pauvre chat, pour tout ce mois de janvier (G. SAND, Correspondance, t. 1, 1812-76, p. 329). La baronne était à demi couchée sur une bergère jaune où la clouait un accès de goutte (PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 406). La Voix de Chantal le cloua au seuil, stupéfait (BERNANOS, La Joie, 1929, p. 658).
2. Réduire au silence. Quelqu'un était là, un inconnu dont je ne pouvais voir le visage et dont la présence m'avait cloué la voix dans le gosier (LORRAIN, Sensations et souvenirs, 1895, p. 20).
♦ Loc. fam. Clouer le bec (cf. river le clou, rabattre le caquet) :
• 3. Parmi le 106e, des acclamations avaient accueilli la première salve. Enfin, on allait donc leur clouer le bec, aux canons prussiens!
ZOLA, La Débâcle, 1892, p. 311.
3. Clouer qqn., qqc. (au pilori). Attirer l'attention publique sur ses méfaits pour susciter l'indignation, le mépris. Il [M. de Freycinet] trahit la France, n'ayant dessein que de tromper. Tout de même, il sera cloué au poteau de l'histoire (CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, p. 549) :
• 4. Chacun avait le droit de descendre dans la rue, et, masqué prudemment, de clouer au pilori, en pleine place publique, celui qu'il détestait, d'étaler aux passants (...) tout son trésor de secrets scandaleux, goutte à goutte amassés.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Le Buisson ardent, 1911, p. 1391.
Rem. 1. On rencontre ds la docum. un ex. de clouer au sens de « mettre au clou, au mont-de-piété » (cf. clou B 4) :
• 5. Jeune insensé! oublies-tu que nous sommes passé le vingt du mois, et qu'à cette époque les habits de ces messieurs sont cloués et surcloués?
MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, p. 47.
Rem. 2. a) Lar. encyclop., Lar. Lang. fr. enregistrent cloueur, euse, subst. ,,Ouvrier, ouvrière de la peausserie chargés de clouer les peaux sur une planche, pour leur donner leur forme définitive``. b) ROB. enregistre cloueur, subst. masc. ,,Appareil à clouer`` et Lar. encyclop., Lar. Lang. fr., cloueuse, subst. fém. ,,Machine automatique à clouer les caisses``.
Prononc. et Orth. :[klue], (je) cloue [klu]. ,,La prononciation [wa] ne s'est jamais établie dans des mots comme louait, jouait, clouait, parce que l'influence des autres imparfaits a maintenu la prononciation è ([] ouvert) pour -ait`` (GRAMMONT Prononc. 1958, p. 31). Ds Ac. 1694 s.v. cloüer; ds Ac. 1718-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1170-85 cloer « fixer avec des clous » (G. DE BERNEVILLE, St Gilles, 885 ds T.-L.). Dér. de clou; dés. -er. Fréq. abs. littér. :436. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 397, b) 904; XXe s. : a) 904, b) 484.
DÉR. 1. Clouage, subst. masc. Action de clouer. Le contreplaqué ne se fend pas au clouage (J. CAMPREDON, Le Bois, 1948, p. 83). — []. Ds Ac. 1932. — 1re attest. 1611 cloiiage « action de clouer » (COTGR.); de clouer, suff. -age. — Fréq. abs. littér. : 1. 2. Clouement, subst. masc., rare. Synon. de clouage. Des clouements à grands coups de marteau (E. et J. DE GONCOURT, Journal 1888, p. 876). — []. Ds Ac. 1932. — 1re attest. 1611 clouement « action de clouer » (COTGR.); de clouer, suff. -ment1.
BBG. — CASSAGNAU (M.). Qq. bizarreries de la nomenclature géogr. et hist. Vie Lang. 1969, p. 672. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 82, 330. — GRIFFIN (D.). Language. 1955, t. 31, pp. 463-470. — ROG. 1965, p. 89. — THOMAS (A.) Nouv. Essais 1904, p. 198.
clouer [klue] v. tr.
ÉTYM. 1138, cloer; de clou.
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1 Fixer, assembler avec des clous. || Clouer une caisse, un tapis. || Clouer une gravure au mur. || Clouer le couvercle d'une caisse; par ext. clouer une caisse (⇒ Fermer).
1 (…) je n'aime pas à faire souffrir une grenouille, à arracher les pattes à une guêpe et à clouer une chauve-souris vivante contre un arbre.
G. Sand, la Petite Fadette, XVIII, p. 129.
♦ Mar. || Clouer le pavillon, le fixer au mât avec des clous pour montrer la ferme intention de ne pas se rendre.
2 (1773, in D. D. L.). Fixer avec un objet pointu. ⇒ Ficher. || Clouer qqch. avec une flèche, une lance… || Il le cloua au sol d'un coup d'épée.
♦ Clouer qqn dans son cercueil, fixer le couvercle du cercueil. — (Passif). || Être cloué entre quatres planches (cit. 7).
2 (…) à sa mort on le cloue (l'homme) dans une bière (…)
Rousseau, Émile, I, p. 13.
3 (1680). Fig. Réduire à l'immobilité, maintenir sur place. ⇒ Fixer, immobiliser, retenir. || Une maladie l'avait cloué au lit. || La surprise le cloua sur sa chaise. — ☑ Passif (plus cour.). Être cloué, rester cloué sur place (par la peur, l'émotion, la stupeur, etc.).
3 Il faut que je reste là cloué sur une chaise ou debout, planté comme un piquet, sans remuer ni pied ni patte, n'osant point courir, ni sauter, ni chanter, ni crier, ni gesticuler quand j'en ai envie (…)
Rousseau, les Confessions, XII.
4 L'on s'empare de Napoléon par trahison, les Anglais le clouent dans une île déserte de la grande mer, sur un rocher élevé de dix mille pieds au-dessus du monde.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 469.
4.1 Enjolras, traversé de huit coups de feu, resta adossé au mur comme si les balles l'y eussent cloué.
Hugo, les Misérables, V, I, XXIII.
5 Ta gouvernante, la pauvre créature, est aujourd'hui clouée dans son lit par un rhumatisme rigoureux.
France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, II, p. 449.
♦ Spécialt. Jeu d'échecs. || Clouer (une pièce adverse), la mettre dans une situation telle qu'elle ne puisse plus faire mouvement sans que le roi de même couleur ne soit en échec, ou l'une des pièces majeures en prise. || Clouer un cavalier, un fou, une tour.
4 ☑ Loc. Clouer qqn, qqch. au pilori, le signaler à l'indignation publique.
6 (…) quoi, ces émigrés honnis cloués au pilori, « vomis par la nation », ces aristocrates restés de purs royalistes, on les ferait maintenant rentrer en masse !
Louis Madelin, le Consulat, XI, Les « masses de granit », p. 167.
5 ☑ Loc. fig. (Fam.). Clouer le bec à qqn, le réduire au silence. → Rabattre le caquet, en boucher un coin, river le clou.
7 (…) il ergote volontiers, ne cherchant du reste pas à convaincre l'adversaire, mais à lui clouer le bec et à avoir le dernier mot (…)
Gide, Journal, 13 janv. 1943, p. 79.
8 Il me traitait de folle avec Dicky. Il a fallu que je le lui apporte empaillé pour lui prouver qu'il existait et lui clouer le bec.
Giraudoux, la Folle de Chaillot, II, p. 108.
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cloué, ée p. p. adj.
1 Fixé, assemblé avec des clous. || Une caisse clouée.
♦ N. m. || Du cloué : montage à clous (d'une chaussure), par opposition au montage cousu.
2 Immobilisé (→ ci-dessus, sens 3). — Spécialt. Échecs. || Pièce clouée.
3 Blason. Se dit d'une figure dont les clous sont d'un émail particulier.
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CONTR. Déclouer, désenclouer.
DÉR. et COMP. Clouage, cloueur. Déclouer, enclouer, reclouer.
Encyclopédie Universelle. 2012.