classique [ klasik ] adj. et n.
• 1548; lat. classicus « de première classe »
I ♦ Adj.
1 ♦ (XVIe-XVIIe) Vx Qui mérite d'être imité. — (1611) Mod. Qui fait autorité, est considéré comme modèle. Son livre est devenu classique.
2 ♦ (1680 ) Qu'on enseigne dans les classes. Les auteurs classiques du programme.
3 ♦ (XVIIIe) Qui appartient à l'Antiquité gréco-latine, considérée comme la base de l'éducation et de la civilisation. Langues classiques. Études classiques. Licence de lettres classiques.
4 ♦ (1802; d'apr. l'all.) Littér. Qui appartient aux grands auteurs du XVIIe s., imitateurs des anciens (opposé à romantique). Théâtre classique.
♢ Par ext. Qui a les caractères esthétiques (mesure, respect des règles, clarté, division par genres, etc.) de la période classique. Style classique (opposé à romantique, puis à baroque et archaïque) . — Architecture, peinture classique. — Période classique, préclassique.
5 ♦ Musique classique, d'une période arbitrairement limitée ( XVIII e s.), dont J.-S. Bach est le principal représentant, et qui inclut une partie de la musique baroque, excluant le romantisme. Musique classique et musique contemporaine. Cour. Musique des grands auteurs de la tradition musicale occidentale (opposé à folklorique, légère, de variété ) (cf. fam. Grande musique). Préférer le jazz à la musique classique.
6 ♦ Danse classique : ensemble de pas et de mouvements qui servent de base à la danse enseignée dans les écoles de danse traditionnelles (opposé à danse moderne).
7 ♦ Qui est conforme aux usages, ne s'écarte pas des règles établies, de la mesure. Un veston de coupe classique. ⇒ sobre, traditionnel. — Qui est conforme aux habitudes. ⇒ habituel. Fam. C'est le coup classique : c'était prévisible. ⇒ 1. courant. — Public. Ordinaire. Un détergent classique.
8 ♦ Épreuve classique, ou n. f. une classique : épreuve sportive importante que la tradition a consacrée, spécialt en cyclisme.
9 ♦ Armement classique. ⇒ conventionnel.
II ♦ N. m.
1 ♦ Auteur classique (2o, 3o, 4o). Les grands classiques. Connaître ses classiques.
2 ♦ Ouvrage classique (2o). Collection des classiques latins. — Œuvre caractéristique. C'est un classique du genre. Les classiques du cinéma.
3 ♦ Musique classique. Aimer le classique.
⊗ CONTR. Moderne, romantique. Baroque. 2. Original, excentrique.
● classique adjectif (latin classicus, de première classe) Qui appartient à l'Antiquité gréco-latine : Les langues classiques. Se dit de certains artistes et écrivains du XVII et d'une partie du XVIIIe s., ainsi que des musiciens du XVIIIe s. Qui a les caractères esthétiques privilégiés par cette époque, caractères inspirés des choix esthétiques de l'Antiquité gréco-latine (lignes régulières, mesure, etc.) [par opposition à romantique ou à baroque] : Beauté classique. Se dit, dans l'évolution artistique de telle ou de telle civilisation, d'une période où s'allient qualité technique, rationalité, harmonie. (De 480 à 330 avant J.-C. environ en Grèce, de 250 à 950 environ chez les Mayas, etc.) Axé sur l'étude des langues grecque et latine et de la littérature : Études classiques. Qui mérite d'appartenir à la culture générale et est enseigné dans des classes (par opposition à une œuvre ou à un auteur mineurs) ou qui a atteint une notoriété telle qu'il sert de référence dans son genre : Connaître ses auteurs classiques. L'ouvrage de ce médecin est devenu classique. Se dit, par opposition à la musique folklorique, légère, de variétés, au jazz ou à la musique contemporaine, de la musique, des œuvres des musiciens composées dans le cadre de la tradition musicale occidentale. Qui appartient à une grande tradition, par opposition à ce qui est marginal ou nouveau, moderne, etc. : C'est là une théorie classique. Qui est conforme aux usages établis, au goût traditionnel : Un costume de coupe classique et sobre. Familier. Qui a ordinairement lieu dans telles ou telles circonstances, qui ne surprend pas ; habituel : Il m'a opposé les arguments classiques en pareil cas. Armement Synonyme de conventionnel. Linguistique Se dit d'un état de langue correspondant à un moment pris comme référence et norme. (On a qualifié de français classique la langue des XVIIe et XVIIIe s.) Physique Se dit de toute théorie (ou partie de la physique) élaborée antérieurement à 1900. Technique Se dit d'un dispositif, d'une installation, etc., connus et utilisés depuis longtemps, par opposition aux dispositifs, installations, etc., de même type faisant appel à des techniques nouvelles. ● classique (expressions) adjectif (latin classicus, de première classe) Voie classique, itinéraire d'une course plus difficile et plus intéressant que la voie normale. Danse classique, danse fondée sur le principe de l'en-dehors (élaboré par le maître à danser de Louis XIV, Charles Louis Beauchamp) et sur les cinq positions des pieds et des bras, qui a été enseignée dans les classes de l'Académie royale de danse. École classique, ensemble des théories économiques développées notamment à la fin du XVIIIe s. et dans la première partie du XIXe s. par les Anglais A. Smith, T. R. Malthus, D. Ricardo et J. S. Mill et le Français J.-B. Say. Logique classique, logique bivalente, par opposition aux logiques plurivalentes. (La logique classique s'oppose aussi aux logiques modales et à la logique intuitionniste. [Contrairement à cette dernière, la logique classique, parce qu'elle est bivalente, admet obligatoirement le principe du tiers exclu.]) ● classique (synonymes) adjectif (latin classicus, de première classe) Qui appartient à une grande tradition, par opposition à ce qui...
Synonymes :
- courant
- habituel
Contraires :
- bizarre
- original
- unique
Qui est conforme aux usages établis, au goÛt traditionnel
Synonymes :
Contraires :
Familier. Qui a ordinairement lieu dans telles ou telles circonstances, qui...
Synonymes :
- courant
- habituel
- rituel
Contraires :
- original
Chorégraphie. Danse classique
Synonymes :
- danse académique
- danse d'école
Synonymes :
- Armement. conventionnel
● classique
nom masculin
Auteur de l'Antiquité grecque ou romaine ou du classicisme français.
Partisan de la doctrine classique.
Auteur, œuvre qui fait autorité dans son genre ou qui, par sa grande notoriété, appartient à la tradition : Ce morceau est un classique du jazz.
Auteur ou ouvrage en usage dans les classes : Les collections de classiques français.
L'art classique (se dit surtout de la musique ou de la danse) : Je n'écoute que du classique.
Tout ce qui est conforme au goût traditionnel : S'habiller en classique.
● classique
nom féminin
Importante course cycliste sur route disputée en une seule journée. (Par exemple Paris-Roubaix et Milan-San Remo.)
Épreuve importante jalonnant la carrière d'un cheval. (On peut citer, en plat, pour les 3 ans, le prix de Diane [réservé aux pouliches] et le prix du Jockey-Club ; pour les 3 ans et plus, le prix de l'Arc de Triomphe ; au trot attelé, le prix d'Amérique ; au trot monté, le prix de Vincennes.)
● classique (citations)
nom masculin
Paul Valéry
Sète 1871-Paris 1945
Classique est l'écrivain qui porte une critique de soi-même, et qui l'associe intimement à ses travaux.
Variété, Situation de Baudelaire
Gallimard
Samuel Langhorne Clemens, dit Mark Twain
Florida, Missouri, 1835-Redding, Connecticut, 1910
Un classique est quelque chose que tout le monde voudrait avoir lu et que personne ne veut lire.
A classic is something that everybody wants to have read and nobody wants to read.
The Disappearance of Literature
classique
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d Qui fait autorité, en quelque matière que ce soit. L'ouvrage de ce jurisconsulte est devenu classique.
d2./d Qui est enseigné en classe, à l'école. étudier les auteurs classiques.
d3./d Des civilisations grecque et romaine, proposées en modèles. études classiques.
d4./d LITTER Se dit des écrivains français du XVIIe s. et de leurs oeuvres. Le théâtre classique.
|| Qui suit les règles de composition et de style des artistes du XVIIe s.: clarté, mesure, refus du mélange des styles, etc.
d5./d MUS Musique classique, musique des grands compositeurs occidentaux traditionnels (par oppos. à musique folklorique, à musique de variétés, etc.).
d6./d PHYS Mécanique classique (par oppos. à mécanique quantique et à mécanique relativiste).
d7./d Conforme à la règle, aux principes, à la mesure. Des vêtements très classiques.
d8./d Fam. Courant, qui se produit habituellement. On lui a fait le coup classique...
rII./r n. m.
d1./d écrivain classique. étudier les classiques.
d2./d OEuvre classique. Des classiques en format de poche.
d3./d Par ext. OEuvre d'une grande notoriété, qui sert de référence, de modèle. Ce film charmant est un classique de la comédie musicale.
d4./d Musique classique. Elle préfère le classique aux variétés.
⇒CLASSIQUE, adj. et subst.
I.— Emploi adj.
A.— ESTHÉTIQUE
1. LITTÉRATURE
a) [Appliqué à un écrivain de l'antiquité gréco-latine, ou à sa lang.]
— Vx. Considéré comme un excellent auteur par ses contemporains et, postérieurement, par les admirateurs de l'antiquité :
• 1. Il sera, je crois, utile, pour que mes romans ne me tournent pas la tête, d'y mêler la lecture de l'antiquité classique, et des philosophes surtout. Peut-être alors dominerai-je assez mes romans pour qu'ils ne m'entraînent pas comme ils font.
MICHELET, Journal, 1820, p. 107.
— [Appliqué au berceau de la culture classique, la Grèce, l'Italie] Cette terre classique et historique où Virgile et Le Tasse ont chanté (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 124).
— Mod. [Appliqué à un enseignement] Qui comporte l'étude des langues grecques et latines (ou l'une de ces deux langues). Culture, enseignement classique; langues, lettres classiques. Croyez-moi, faites vos études classiques. Rien ne remplace ce fonds-là (G. SAND, Histoire de ma vie, t. 4, 1855, p. 86) :
• 2. Il n'y a pas d'enseignement qui soit par lui-même démocratique ou aristocratique. Taine a vu dans l'enseignement classique et dans les vieilles humanités la source de l'esprit révolutionnaire. Personne ne croit plus à ce rapport artificiel. Il serait aussi vain de penser avec tel instituteur que le latin, langue des curés, ne saurait que véhiculer une influence cléricale. Et pareillement que les langues et les sciences contiennent une vertu démocratique.
THIBAUDET, Réflexions sur la litt., 1936, p. 250.
b) [Appliqué à un écrivain fr. ou à un genre littér. des XVIIe et XVIIIe s.; p. ext., à tout écrivain consacré]
— Sens strict [p. oppos. à baroque] Qui s'inspire de l'antiquité par les thèmes développés, la pureté de la langue et le respect de certaines règles établies. École classique (cf. classicisme); genre, littérature, poésie, théâtre classique. C'est de Sénèque que sortira toute la tragédie classique en France (BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, p. 44) :
• 3. Il est vrai, répondit le comte d'Erfeuil, que nous avons en ce genre les véritables autorités classiques; Bossuet, La Bruyère, Montesquieu, Buffon, ne peuvent être surpassés; surtout les deux premiers, qui appartiennent à ce siècle de Louis XIV, qu'on ne saurait trop louer, et dont il faut imiter, autant qu'on le peut, les parfaits modèles.
Mme DE STAËL, Corinne, t. 1, 1807, p. 325.
— Spéc. Répertoire classique. Qui ne comporte que des œuvres classiques (cf. ZOLA, La Curée, 1872, p. 508).
— [Souvent opposé à romantique] Fidèle à la tradition de l'antiquité ou des écrivains qui s'en réclament. Une épitre, conçue dans le goût classique et composée en vers alexandrin (ROMAINS, Les Copains, 1913, p. 71) :
• 4. On prend quelquefois le mot classique comme synonyme de perfection. Je m'en sers ici dans une autre acception, en considérant la poésie classique comme celle des anciens, et la poésie romantique comme celle qui tient de quelque manière aux traditions chevaleresques.
Mme DE STAËL, De l'Allemagne, t. 2, 1810, p. 129.
c) P. ext. [Appliqué à tout écrivain consacré] Qui est digne d'accéder, par la qualité littéraire de ses écrits, au patrimoine culturel de son pays. Pas d'art classique, sans une élite, car c'est l'époque qui fait l'œuvre classique (MASSIS, Jugements, 1924, p. 262) :
• 5. J'appellerais volontiers classiques tous les ouvrages réguliers, ceux qui satisfont l'esprit non seulement par une peinture exacte ou grandiose, ou piquante des sentiments et des choses, mais encore par l'unité...
E. DELACROIX, Journal, t. 3, 1863, p. 23.
d) P. anal., ÉCON. POL. École classique. Groupe d'économistes anglais et français que l'on considère comme les fondateurs de l'économie politique. Les économistes classiques en réclamèrent, et à bon droit, la suppression (de la grande industrie) (DURKHEIM, De la Division du travail soc., 1893, p. XXVI).
2. B.-A.
a) ARCHIT. [Appliqué à un monument] Qui s'inspire des édifices de l'antiquité et plus spécialement de la Grèce. Les belles proportions des hôtels qui dressaient leurs ordres classiques (A. FRANCE, La Vie en fleur, 1922, p. 322).
♦ Qqf. Style classique. Synon. de style de la Renaissance (cf. A. LENOIR, Archit. monastique, t. 1, 1852, p. XVI).
b) DANSE. Danse classique. Ensemble de pas et de mouvements servant de base à la danse enseignée dans les écoles de danse :
• 6. Au lieu de mimer la pyrrhique,
Qu'autrefois on nous enseigna,
Danse noble, danse classique,
En tous lieux maintenant voilà
Qu'on danse une chose excentrique
Et sans nom, qui ressemble à ça...
MEILHAC, HALÉVY, La Belle Hélène, 1865, III, 5, p. 265.
c) MUS. Musique classique. Qui est conforme aux principes enseignés dans les écoles de musique. Concert classique. Composé uniquement d'œuvres classiques. Le dimanche il s'en fut au « concert classique » entendre Les Béatitudes de César Franck (MIOMANDRE, Écrit sur de l'eau, 1908, p. 164).
Rem. Sens attesté dep. ROB. 1953 avec la précision suiv. : ,,Musique qui appartient à une période (...) dont J. S. Bach est le principal représentant.``
d) PEINT., SCULPT. [Souvent opposé à Rococo] Qui s'inspire des modèles antiques. C'est de lui [Vien] que date la peinture classique (T. GAUTIER, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, p. 180).
♦ P. anal. Beauté classique. Qui est conforme aux canons de la beauté antique. Ses formes n'offraient pas les sévères lignes sculpturales de la beauté classique (L. CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 103).
B.— Dans la lang. cour. Qui est conforme au bon goût traditionnel.
1. [Appliqué à une pers.] Qui ne s'écarte pas du bon usage, des règles établies. Je faisais ma cour, bien classique et bien bourgeoise (VERLAINE, Œuvres complètes, t. 4, Les Mémoires d'un veuf, 1886, p. 210).
— [Appliqué à une toilette] Qui est sobre, de bon goût. Gina (...) n'aimait que les robes classiques et sages, presque droites (ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 124).
— Emploi subst. masc. Berthe aussi s'habille très bien (...) Elle ne porte que du classique (J. RENARD, Comédies, Le Pain de ménage, 1899, p. 68).
2. Fam. [Appliqué à un procédé, un comportement] Habituel, ordinaire. Il est classique que. Il est courant que. Je prends la route d'Hermance et refais ma promenade classique (AMIEL, Journal intime, 1866, p. 157) :
• 7. Quoique je sois redevenue plus aguichante et gentille, il ne me dit plus rien de la chose, et il ne se décide pas davantage à tenter une nouvelle attaque directe, pas même le coup classique du bouton de culotte à recoudre... Un coup grossier, mais qui ne rate pas souvent son effet ... En ai-je recousu, mon dieu, de ces boutons-là! ...
MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 106.
— [P. anal. avec le syntagme terre classique (supra I A 1 a)] Terre, sol classique de. Terre habituelle, berceau de... Cette terre classique du banditisme [la Corse] (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Histoire corse, 1881, p. 43). Le pays de Walter Scott, terre classique des ballades et des romances (BARRÈS, Mes cahiers, t. 4, 1904-06, p. 97).
C.— PÉDAG. et COMM. Qui sert dans les écoles de base d'étude à l'enseignement. Livres classiques. Livres de classe. Je le fais recevoir dans les lycées [votre ouvrage] au nombre des livres classiques (JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 5, 1814, p. 154). Librairie classique. Où l'on vend des ouvrages scolaires. L'écolier, que le hasard mène dans une de nos grandes librairies classiques (MALLARMÉ, La Dernière mode, 1874, p. 743).
— [Appliqué à une théorie] :
• 8. Au premier abord il nous semble que les théories ne durent qu'un jour et que les ruines s'accumulent sur les ruines. Un jour elles naissent, le lendemain elles sont à la mode, le surlendemain elles sont classiques, le troisième jour elles sont surannées et le quatrième elles sont oubliées.
H. POINCARÉ, La Valeur de la sc., 1905, p. 268.
II.— Emploi subst. (gén. masc. p. ell. d'auteur, d'ouvrage, de genre).
A.— ESTHÉTIQUE
1. [Appliqué à une pers.]
a) LITTÉRATURE
— Écrivain de l'antiquité; p. ext. toute personne nourrie de culture classique :
• 9. ... tout homme qui a la tête meublée de ces beaux mots des Anciens, qui s'en souvient en pensant et en parlant, et qui tient à en faire ressouvenir les autres, est un classique.
SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 13, 1863-69, p. 284.
— Écrivain de l'époque classique française. Une collection de classiques; connaître ses classiques par cœur. La querelle des romantiques et des classiques (PÉGUY, L'Argent, 1913, p. 1123). Un Racine apprivoisé, un classique qui traîne dans tous les livres de classe des lycées (GREEN, Journal, 1946, p. 81).
— Auteur (de pays ou d'époque divers) digne de servir de modèle aux générations futures. Le maître certain du conte, le classique du conte (Maupassant) (THIBAUDET, Hist. de la litt. fr. de 1789 à nos jours, 1936, p. 376).
b) BEAUX-ARTS
— MUS. Musicien classique :
• 10. Il n'avait pas assez de sarcasmes pour ces pontifes de conservatoires, interprétant les grands hommes du passé en « classiques ».
— « Classique! ce mot dit tout. La libre passion, arrangée, expurgée à l'usage des écoles! La vie, cette plaine immense que balayent les vents, — renfermée entre les quatre murs d'une cour de gymnase! Le rythme sauvage et fier d'un cœur frémissant, réduit au tic tac de pendule d'une mesure à quatre temps, qui va tranquillement son petit bonhomme de chemin, clochant du pied et béquillant sur le temps fort!
R. ROLLAND, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, p. 436.
— PEINT. Peintre classique. C'est un classique (Degas) par sa passion du vrai, son amour du moment où il vit (C. MAUCLAIR, Les Maîtres de l'impressionnisme, 1904, p. 100).
2. [Appliqué à une œuvre ou à un genre]
— LITTÉRATURE
a) Livre classique. À côté des classiques (...) de magnifiques dictionnaires (MALLARMÉ, La Dernière mode, 1874, p. 777).
b) Rare [Avec une valeur collective] Genre classique. Synon. de classicisme. Votre théorie littéraire sur le classique et le romantique n'est pas erronée (HUGO, Correspondance, 1824, p. 387). Cf. aussi BALZAC, Petites misères de la vie conjugale, 1846, p. 138 : Petit-Bon-Homme-vit-encore avait abandonné le classique de sa jeunesse pour le romantique à la mode.
— MUS. Pièce de musique, répertoire classique. L'orchestre joue du classique (QUENEAU, Loin de Rueil, 1944, p. 196).
— P. anal., CIN. Film reconnu par tous comme un modèle du genre. Ils projettent des classiques et des documentaires (SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 30).
B.— SP. [Au fém. p. ell. de épreuve] Une classique. Épreuve sportive traditionnelle de grand renom. Ses qualités lui permettent d'être un vainqueur de n'importe quelle classique (L'Auto, 1er août 1933, p. 2 ds A. O. GRUBB, French sports neologisms, 1937).
Prononc. et Orth. :[klasik]. Pour [a] ant. (à comparer avec [] post. de classe) cf. MART. Comment prononce 1913, p. 34, GRAMMONT Prononc. 1958, p. 32, FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 89 et KAMM. 1964, p. 97. Transcrit avec [ss] double ds LAND. 1834, FÉL. 1851, PASSY 1914. Cf. aussi MART. Comment prononce 1913, p. 323 et NYROP Phonét. 1951, § 130. Pour G. Straka (La Prononc. parisienne ds B. de la Faculté des Lettres de Strasbourg, 1952, p. 18) les consonnes géminées sont ,,acceptables dans les mots tout à fait savants et rares, mais [leur] prononciation est choquante, même dans le parler soigné, lorsqu'il s'agit de mots fréquemment employés et qui ont pénétré dans l'usage courant``, ce qui est le cas de classique. Attesté ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1548 adj. « qui est dans les meilleurs » (SEBILLET, Art. Poet., I, 3 ds HUG. : lecture des bons et classiques poétes françois) — 1611, COTGR.; 2. 1611 « qui fait autorité, considéré comme un modèle du genre » (COTGR.); 1791 (MIRABEAU, Collection, t. 1, p. 338 ds LITTRÉ : cette terre classique [l'Angleterre] des amis de la liberté); 1809 « ordinaire, habituel » (LAMARCK, Philos. zool., t. 1, p. 180 : elles n'ont point le caractère classique); av. 1826 « qui ne s'écarte pas des usages établis » (BRILLAT-SAVARIN, Physiol. du goût, p. 364 : Veuillez accepter pour demain un dîner classique, en petit comité); 3. 1680 « (auteur) qu'on enseigne dans les classes » (RICH.); v. aussi Trév. 1771; 4. a) littér. 1680 « (d'un auteur latin) qui est dans les meilleurs et qui sert de modèle » (RICH.); 1753 « (des auteurs des XVIIe et XVIIIe s.) id. » (Encyclop. t. 3); 1810 (Mme DE STAËL, De l'Allemagne, t. 2, p. 127 : de la poésie classique et de la poésie romantique); b) 1768 « qui répond aux règles de l'art » (J.-J. ROUSSEAU, Dict. de mus., p. 463 : Style de Mottet [...] est plutôt classique et savant); 1835 (Ac. : Classique, se dit également, dans les Arts d'imitation, De ce qui rappelle la manière antique, ou De ce qui est conforme aux règles strictes de l'Art). Empr. au lat. classicus « citoyen de la première classe » (Caton d'apr. Aulu-Gelle ds TLL s.v., 1280, 81 : emploi subst.), attesté comme adj. au sens de « exemplaire, de première importance » (Aulu-Gelle, ibid., 1280, 79). Fréq. abs. littér. :2 111. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 739, b) 1 937; XXe s. : a) 3 463, b) 4 373.
classique [klasik] adj. et n.
ÉTYM. 1548; lat. classicus « de première classe », de classis. → Classe.
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I Adj.
1 (XVIe-XVIIIe). Vx. Qui mérite d'être imité. — (1611). Mod. Qui est considéré comme un modèle, qui fait autorité en quelque matière. || « L'ouvrage de ce jurisconsulte, de ce médecin est devenu classique » (Académie). || La terre classique de la liberté.
2 (1680). Qu'on enseigne dans les classes. || Les auteurs classiques du programme. → ci-dessous, Les classiques (II., 2.).
1 Au sens littéral du terme, est « classique », tout auteur étudié dans les classes et digne de former les esprits. Les Romantiques sont aujourd'hui devenus « classiques ».
R. Jasinski, Hist. de la littérature franç., t. I, p. 255.
2 Vous me faites grand plaisir en m'apprenant que l'Académie va rendre à la France et à l'Europe le service de publier un recueil de nos auteurs classiques, avec des notes qui fixeront la langue et le goût.
Voltaire, Lettre à Duclos, 10 avr. 1761.
3 (XVIIIe). Qui appartient à l'antiquité gréco-latine, considérée comme la base de l'éducation et de la civilisation. || Langues classiques : le grec et le latin. || Études classiques. || Il a entrepris des études de lettres classiques (opposé à lettres modernes).
2.1 Il n'y a pas d'enseignement qui soit par lui-même démocratique ou aristocratique. Taine a vu dans l'enseignement classique et dans les vieilles humanités la source de l'esprit révolutionnaire.
A. Thibaudet, Réflexions sur la littérature, p. 250 (1936).
4 (1802; d'après l'all.). Qui appartient aux grands auteurs du XVIIe siècle et à leur époque, considérés comme exprimant un idéal de raison, de sentiment du beau, de naturel, lié au respect de lois tirées de la littérature antique. (S'emploie surtout par oppos. à romantique). || Théâtre, poésie, littérature classique.
3 On prend quelquefois le mot classique comme synonyme de perfection. Je m'en sers ici dans une autre acception, en considérant la poésie classique comme celle des anciens, et la poésie romantique comme celle qui tient de quelque manière aux traditions chevaleresques.
Mme de Staël, De l'Allemagne, II, XI.
4 (…) certains critiques sont convenus d'honorer désormais du nom de classique toute production de l'esprit antérieure à notre époque, tandis que la qualification de romantique serait spécialement restreinte à cette littérature qui grandit et se développe avec le dix-neuvième siècle.
Hugo, Préface des Odes, 1824.
5 (→ cit. 1). Mais l'épithète s'est spécialement attachée aux grands auteurs du XVIIe siècle et à leurs continuateurs. « École », a-t-on dit après coup, en faisant abstraction des particularités d'époques et de personnes. L'« école classique » s'est définie en quelque sorte rétrospectivement, au XIXe siècle, par opposition avec les novateurs romantiques. Elle est apparue comme ayant si pleinement continué les chefs-d'œuvre gréco-latins, fleur des humanités scolaires et modèles littéraires impérissables, comme ayant en même temps porté à un si haut degré de plénitude les vertus de l'esprit français, qu'à son tour elle semblait atteindre la perfection suprême et fixer le plus pur de notre tradition.
R. Jasinski, Hist. de la littérature franç., t. I, p. 255.
♦ Répertoire classique, qui ne comprend que des œuvres classiques.
♦ Qui a les caractères esthétiques (mesure, raison, respect des règles, division par genres, etc.) de la période classique. || Style classique (opposé à romantique, puis à baroque et archaïque). || Suivre les traditions classiques. || « Un souci de styliste classique » (→ Arcadien, cit.). — Période classique, pré-classique et post-classique. || Pseudo-classique :
6 Une imitation froide et servile des modèles antiques est qualifiée de pseudo-classique.
Louis Réau, Dict. d'art, art. Classique.
5 Musique classique, d'une période arbitrairement limitée (XVIIIe siècle), dont J.-S. Bach est le principal représentant (en musicologie); cour. : musique des grands auteurs de la tradition musicale occidentale (opposé à folklorique, légère, de variété). — Syn. : grande musique. || Il préfère le jazz à la musique classique. || Concert classique, ne comportant que des œuvres classiques. → ci-dessous, II., 3. : Le classique.
♦ Danse classique : ensemble de pas et de mouvements qui servent de base à la danse enseignée dans les écoles de danse traditionnelles (opposé à danse moderne). || Apprendre la danse classique à l'Opéra.
♦ Peint., sculpt. Qui s'inspire des modèles antiques. || La peinture classique du premier Empire.
♦ Par anal. || Beauté classique, conforme aux modèles antiques (→ Apollinien, 2.).
6 Écon. || École classique, nom donné à un groupe d'économistes anglais et français considérés comme les fondateurs de l'économie politique (fin du XVIIIe siècle, début du XIXe siècle).
7 a (Objets concrets). Qui est conforme aux usages, ne s'écarte pas des règles établies, de la mesure. || Un veston de coupe classique. ⇒ Sobre, traditionnel.
b (Abstractions). Qui est conforme aux habitudes. ⇒ Habituel. — Péj. Qui ne s'écarte pas de la banalité. ⇒ Banal, ordinaire. Fam. || C'est le coup classique. ⇒ Courant.
7 La petite ville roupillait éperdument, sous un semis d'étoiles. Le train classique lança son cri connu.
R. Queneau, Pierrot mon ami, éd. L. de Poche, p. 147.
———
II N. m.
1 Auteur classique (→ ci-dessus I., 2., 3., 4.). || Les grands classiques. || Il connaît ses classiques par cœur. || Les classiques et les romantiques. → Perruque, cit. 5.
♦ Peintre, musicien classique.
2 Ouvrage classique (au sens 2). || Collection des classiques latins, français. — Par ext. Ouvrage classique (au sens 1). || C'est un classique du genre.
3 Musique classique. || Il aime le classique.
♦ Par anal. (Cin.). Film considéré comme un modèle du genre. || Cette salle ne projette que des classiques.
4 Fam. (cour. au Canada). || Un classique : une chose normale, habituelle dans une situation donnée.
5 N. f. et adj. (1896, in Petiot). || Une classique (ou une épreuve classique) : épreuve sportive importante et que la tradition a consacrée. || Cette année, il a remporté toutes les classiques.
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CONTR. Moderne, romantique. — Baroque. — Original, excentrique.
DÉR. Classicisme, classiquement.
COMP. Néo-classique, postclassique, préclassique, pseudoclassique.
Encyclopédie Universelle. 2012.