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cadavre

cadavre [ kadavr ] n. m.
XVIe var. cadaver; lat. cadaver
1Corps mort, surtout en parlant de l'homme et des gros animaux. (REM. Ce mot est brutal et on lui préfère souvent corps.) corps, dépouille, fam. macchabée, 3. mort. La lividité, la rigidité du cadavre. Embaumer ( momie) , enterrer, immerger, incinérer un cadavre. Crémation, enterrement des cadavres. Cadavre décomposé. charogne. Dissection des cadavres humains. autopsie. Dépôt des cadavres à la morgue. Restes de cadavres. ossements, relique. Êtres qui se nourrissent de cadavres. charognard, nécrophage. L'assassin s'est débarrassé du cadavre. Découvrir le cadavre d'une femme dans un coffre. Amoncellement de cadavres. charnier.
2Fig. Être, rester comme un cadavre, immobile, inerte. « sans connaissance à présent, passif comme un cadavre » (Loti). Loc. fam. Un cadavre ambulant : une personne affaiblie, pâle et maigre. — Il y a un cadavre entre eux : ils sont liés par un crime. — Avoir un cadavre dans le placard.
3Fam. Bouteille bue, vidée jusqu'au bout.
4(1927; de la première phrase ainsi composée : Le cadavre exquis boira du vin nouveau) Hist. littér. CADAVRE EXQUIS : jeu surréaliste consistant à composer collectivement une phrase en écrivant un mot sur un papier que l'on plie avant de le passer au joueur suivant qui doit inscrire un autre élément de la phrase.
⊗ CONTR. 2. Vivant.

cadavre nom masculin (latin cadaver, -eris) Corps d'un homme ou d'un animal privé de vie. Populaire. Bouteille dont on a vidé le contenu. ● cadavre (citations) nom masculin (latin cadaver, -eris) Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire Rome 1880-Paris 1918 On ne peut pas transporter partout avec soi le cadavre de son père. Les Peintres cubistes Hermanncadavre (expressions) nom masculin (latin cadaver, -eris) Cadavre exquis, jeu collectif pratiqué par les surréalistes et consistant à composer une phrase en écrivant tour à tour un mot sur un morceau de papier que l'on plie et passe à son voisin. (Il existe aussi des cadavres exquis dessinés.) C'est un cadavre ambulant, une personne pâle et amaigrie. Il y a un cadavre entre eux, se dit lorsque des personnes sont liées entre elles par un crime, un délit, une irrégularité grave. ● cadavre (synonymes) nom masculin (latin cadaver, -eris) Corps d'un homme ou d'un animal privé de vie.
Synonymes :
- charogne
- corps
- dépouille
- macchabée (populaire)
- mort
- restes

cadavre
n. m. Corps d'homme ou d'animal mort. Après la bataille, le sol était jonché de cadavres.
|| Fig., Fam. Un cadavre ambulant: une personne très affaiblie, très maigre.

⇒CADAVRE, subst. masc.
I.— [Désigne un corps en tant qu'il a cessé de vivre]
A.— [En parlant d'un animé] Corps d'un être humain ou animal qui a cessé de vivre.
1. [Animé hum.] Veiller un cadavre; mettre un cadavre en bière; faire l'autopsie, la dissection d'un cadavre (cf. corps, dépouille, arg. macchabée) :
1. ... un cadavre est essentiellement une absence, une chose quittée, rejetée, — une dépouille enfin. Dans l'affreux désarroi que nous éprouvons au spectacle d'une mort, il entre un sentiment de duperie : celui que nous aimons est là et il n'est plus là.
MAURIAC, Journal 1, 1934, p. 26.
SYNT. Cadavre humain; cadavre froid, inerte; froid, immobile, raide, triste comme un cadavre; odeur, pâleur, raideur, rigidité, tristesse de cadavre; monceau, tas de cadavres; entasser, jeter, porter, traîner, trouver un (des) cadavre(s); dépouiller, profaner, violer un cadavre.
Loc. Sentir, deviner le cadavre. Sentir, deviner que la mort est proche :
2. ... il [Dandillot] ne pouvait bouger sans faire tomber quelque chose.
— Tout tombe... Tout tombe... Les choses me fuient. Elles devinent le cadavre.
MONTHERLANT, Pitié pour les femmes, 1936, p. 1207.
HIST., LITT. Jeu du « cadavre exquis » et p. ell. « cadavre exquis ». Jeu collectif pratiqué notamment par les surréalistes, qui consiste à composer des phrases au hasard, chaque participant donnant un seul élément de phrase (sujet, verbe, compléments, etc.) sans connaître les autres. (La première phrase supposée obtenue par ce procédé est le cadavre exquis boira le vin nouveau) :
3. Nous nous sommes souvent et volontiers mis à plusieurs pour assembler des mots ou pour dessiner par fragments un personnage. Que de soirs passés à créer avec amour tout un peuple de cadavres exquis. C'était à qui trouverait plus de charme, plus d'unité, plus d'audace à cette poésie déterminée collectivement.
ÉLUARD, Donner à voir, 1939, p. 165.
2. [Animal] Cadavres d'animaux; cadavre de cheval (cf. charogne) :
4. On apportait dans sa cour des cadavres d'animaux, dont il fumait ses terres. Leurs charognes dépecées parsemaient la campagne. Bouvard souriait au milieu de cette infection.
FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, t. 1, 1880, p. 34.
P. plaisant., fam. :
5. — Je vous trouve en bonne disposition, dit-il en voyant la table, au milieu de laquelle apparaissait le cadavre d'un gigot colossal.
MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, p. 238.
B.— P. anal. ou p. métaph. [En parlant d'une plante, d'un obj. inanimé] Corps mort.
1. Littéraire
P. anal. Cadavre de + inanimé concr. ou p. ell. cadavre. Le cadavre d'un arbre, d'une fleur; le cadavre d'une maison, d'une ville :
6. Là gisait le cadavre d'un chêne énorme, sous lequel je me souvins m'être abrité de la pluie à l'automne : autour de lui s'entassaient en bûches et en fagots ses branches, dont, avant de l'abattre, on l'avait dépouillé.
GIDE, Isabelle, 1911, p. 664.
P. métaph. Cadavre de + inanimé abstr. Le cadavre du bonheur, de la jeunesse, du passé; le cadavre de l'empire, de la monarchie, de la révolution :
7. J'ai eu le courage de regarder en arrière
Les cadavres de mes jours
Marquent ma route et je les pleure
Les uns pourrissent dans les églises italiennes
Ou bien dans de petits bois de citronniers
APOLLINAIRE, Alcools, Les Fiançailles (à Picasso), 1913, p. 131.
2. Arg., cour. Bouteille vide.
Rem. Attesté dans ROB. et Lar. Lang. fr.
II.— [Désigne un corps en tant qu'il a un certain aspect]
A.— Fam. Cadavre ou cadavre ambulant, vivant; demi-cadavre, quasi-cadavre. Personne qui a l'aspect d'un mort (par sa maigreur, sa lividité, son apathie, etc.) :
8. Tullia, vous comprenez, jouait admirablement ce rôle de cadavre que jouent les femmes, afin de vous prouver qu'elles vous refusent leur consentement à tout...
BALZAC, Un Prince de la Bohême, 1840, p. 394.
9. On n'aime pas le cadavre que je suis devenu. Quand je me regarde dans la glace, et que je vois ce masque sinistre, ces joues décharnées, ce teint verdâtre, je comprends bien qu'on ne peut plus m'aimer.
P. BOURGET, Le Sens de la mort, 1915, p. 110.
B.— P. méton., emploi appos. avec valeur d'adj. D'une couleur plombée et verdâtre, qui rappelle la lividité d'un cadavre :
10. ... Folcoche ne mourut point. Le lendemain, elle était sur pieds. Ses joues arboraient la nuance cadavre, mais son menton se promenait devant elle, plus menaçant que jamais.
H. BAZIN, Vipère au poing, 1948, p. 92.
P. iron. Maquillée genre cadavre (E et J. DE GONCOURT, Journal, 1891, p. 107).
En partic., rare. Vert cadavre. Delacroix! Vous voyez qu'il se servait du vert cadavre pour les sujets dramatiques (E. et J. DE GONCOURT, Manette Salomon, 1867, p. 283).
C.— Loc. fam. ou pop.
1. P. plaisant. dépréc., vieilli. Le corps humain. Se refaire le cadavre. Se réconforter (cf. BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, p. 184). S'arroser le cadavre. Boire. Nos trois sublimes s'arrosaient le cadavre d'importance au Chat nu (D. POULOT, Le Sublime, 1872, p. 210). Travailler le cadavre. Donner des coups (cf. L. PAILLET, Voleurs et volés, 1855, p. 75).
2. Fam. [Dans un cont. de criminalité vraie ou supposée] Corps d'une personne assassinée; p. métaph., action répréhensible, voire criminelle. La police politique, au passé plein de « cadavres » (L. DAUDET, La Police pol., 1934, p. 24).
Savoir où est (sont) le(s) cadavre(s). Détenir les secrets d'une affaire compromettante. Je connais tout le monde, je sais où sont tous les cadavres... on ne me refuse pas grand chose! (P. VIALAR, La Mort est un commencement, Risques et périls, 1948, p. 238).
Il y a un cadavre entre eux. Ils partagent le secret d'un délit ou d'un crime commis ensemble; p. ext., ils sont complices d'une action répréhensible. Les gens d'une même époque (...) ont les uns avec les autres une même complicité, et il y a entre eux les mêmes cadavres (SARTRE, Situations II, 1948, p. 117).
Rem. On rencontre dans la docum. a) Le subst. fém. cadavérisation. Altération du corps (de l'homme ou de l'animal) en cadavre après l'arrêt des fonctions vitales. L'enlaidissement est la dissolution qui s'essaie, la cadavérisation qui s'ébauche (AMIEL, Journal intime, 1866, p. 69). b) Le verbe pronom. cadavériser (se). Devenir cadavre; p. ext., se figer dans une attitude de cadavre. Tout à coup ses pleurs se séchèrent, elle [la comtesse] se cadavérisa comme si la foudre l'eût touchée (BALZAC, Adieu, 1830, p. 54). c) Le subst. fém. cadavrée. Jonchée de cadavres (cf. MONTHERLANT, Le Songe, 1922, p. 135).
PRONONC. ET ORTH. :[]. FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 57 donne pour post. longs les dans les finales -avre : ,,cadavre, havre, il navre`` (voir également ROUSS.-LACL. 1927, GRAMMONT Prononc. 1958, KAMM. 1964). Cependant DUB., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. indiquent []. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose cadâvre.
ÉTYMOL. ET HIST. — Av. 1550 cadaver « corps d'un homme mort » (MARG. DE NAV., Dern. Poés., Comédie jouée au Mont de Marsan, p. 80 dans HUG.); XVIe s. cadavre (Chronique bordelaise, 1, 75 [Delpit] dans QUEM.); av. 1704 fig. d'une ville (BOSS., Polit. dans LITTRÉ); av. 1741 id. d'un arbre (J.-B. ROUSSEAU, Cantate contre l'hiver, ibid.).
Empr. au lat. cadaver « corps d'un homme mort » (IIIe-IIe s. av. J.-C., Lex luci Lucer. dans TLL s.v., 12, 69); en parlant d'une ville (Ier s. av. J.-C., SULPICIUS RUFUS, ibid., 13, 64).
STAT. — Fréq. abs. littér. :3 172. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 453, b) 5 977; XXe s. : a) 5 520, b) 4 020.
BBG. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 3, 43.

cadavre [kadɑvʀ] n. m.
ÉTYM. XVIe; cadaver, av. 1550; lat. cadaver.
1 Corps (d'un être humain ou d'un animal mort).REM. Employé pour désigner le corps d'un animal, le mot s'applique surtout aux mammifères et aux gros oiseaux.
a Pour les êtres humains. Mort (n. m.); corps, dépouille (dépouille mortelle), macchabée (pop.). || Un cadavre inerte, froid, pâle, verdâtre. || La lividité, la rigidité du cadavre ( Cadavéreux, cadavérique). || Mettre un cadavre dans le cercueil, en bière. || Cadavres enterrés, incinérés. Charnier, cimetière, crématorium, fosse; crémation, ensevelissement, inhumation. || L'immersion d'un cadavre en mer. || Embaumement d'un cadavre ( Momie).Fossilisation d'un cadavre. || Destruction du cadavre par décomposition, putréfaction. || Cadavre décomposé. Charogne. || Dissection des cadavres. Anatomie (cit. 3). || Autopsier un cadavre. Autopsie. || Les cadavres de la morgue. || Lieu d'exposition des cadavres dans l'Antiquité romaine. Gémonies; nécropole. || Restes de cadavres. Ossement, relique.Le cadavre de qqn, d'un homme âgé, d'une femme, d'un enfant. || Un petit cadavre : un cadavre d'enfant.Légendes concernant les cadavres.Attirance et répulsion pathologiques pour les cadavres. Nécrophilie, nécrophobie.Animaux qui se nourrissent de cadavres. Nécrophage. || La police a découvert un cadavre dans la malle.
1 C'est, dit-il, un cadavre; ôtons-nous, car il sent.
La Fontaine, Fables, V, 20.
2 La chair changera de nature; le corps prendra un autre nom; même celui de cadavre ne lui demeurera pas longtemps. La chair deviendra un je ne sais quoi qui n'a plus de nom dans aucune langue (…)
Bossuet, Sermon sur la mort.
3 Le cadavre embaumé (de Cromwell), que Charles II fit exhumer depuis et porter au gibet, fut enterré dans le tombeau des rois.
Voltaire, Essai sur les mœurs, p. 181.
4 C'est presque une impression apaisante que de surprendre ainsi, à la lueur du grand soleil, le mystère des transformations souterraines; de voir que ce n'est que cela, un cadavre, qu'au bout de trois ou quatre années c'est déjà si peu humain, si proche du terreau et des pierres.
Loti, Figures et Choses…, Profanation, p. 169.
4.1 Les trois hommes se courbèrent vivement. À moitié nu, le cadavre s'allongeait maigre, effrayant. La chair verdâtre, aux tons de cire molle, apparaissait par endroits, entre les vêtements déchiquetés.
(…) ils virent que toute cette chair grouillait abominablement (…)
M. Leblanc, l'Aiguille creuse, p. 77.
Comme un cadavre. || Être, rester comme un cadavre, dans une immobilité de mort.
5 Et sans connaissance à présent, passif comme un cadavre, il (Jean) fut reporté par eux dans l'infirmerie chaude, qu'ils appelaient le « mouroir ».
Loti, Matelot, XLVII, p. 183.
6 M. Thibault était lourd et ne s'aidait pas; il se laissait manier comme un cadavre.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 245.
(1927). Hist. littér. Le cadavre exquis : jeu collectif surréaliste consistant à composer des phrases dont l'ordre grammatical est respecté, chaque participant fournissant un élément dans un contexte inconnu de lui. (Le premier exemple était : Le cadavre exquis boira le vin nouveau).
b (Animaux). || Le cadavre d'un chien, d'un cheval. || Un cadavre d'animal dépecé (→ Carcasse).REM. Cet emploi est en général stylistique et évoque plus ou moins le cadavre humain (il ne s'applique en fait naturellement qu'aux animaux familiers, plus ou moins humanisés); le cadavre d'un oiseau, d'un poisson, d'un insecte, etc. ne se dit que stylistiquement.
c Cadavre vivant, cadavre ambulant, demi-cadavre : personne qui a un aspect cadavérique.Cadavre (dans le même sens). || « Le cadavre que je suis devenu » (P. Bourget, in T. L. F.).En appos. Qui évoque les cadavres. || Vert cadavre (Goncourt, P. Bourget, in T. L. F.).
Pop. et vx. || Le cadavre : le corps (dans quelques loc.).Se refaire le cadavre (in Balzac) : se réconforter.S'arroser le cadavre : boire.
d (Allus. au corps d'une personne assassinée). || « La police politique, au passé plein de “cadavres” » (L. Daudet, in T. L. F.), de crimes.
Loc. Il y a un cadavre entre eux : ils sont liés par un acte criminel ou délictueux tenu secret. Cf. la loc. angl. The skeleton in the cupboard « Le squelette dans le placard » (sens différent). — Savoir où est le cadavre, où sont les cadavres.
e Loc. fig. Ça sent le cadavre : les choses vont mal, deviennent inquiétantes.
REM. Le mot est cru et direct; on l'emploie surtout dans un contexte sc. (anat.) ou policier. Dans de nombreux cas, on emploie l'euphém. corps, notamment lorsque la personne est identifiée (la police a trouvé un cadavre, mais le corps de M. X).
2 (1741). Littér. (plantes, objets). || Le cadavre d'un grand hêtre.
7 Jérusalem n'était plus que le cadavre d'une grande ville.
Bossuet, Politique tirée de l'Écriture sainte.
8 (…) cette cathédrale n'a plus d'âme; elle est un cadavre inerte de pierre (…)
Huysmans, la Cathédrale, p. 85.
Emploi métaphorique (Cadavre de, et inanimé abstrait). || Être hanté par le cadavre du passé. || « Des cadavres de jours rongés par les étoiles » (Apollinaire, Alcools, p. 103).
3 (1901). Fam. Bouteille bue, vidée jusqu'au bout.
CONTR. Vivant.
DÉR. (Du lat. cadaver) V. Cadavéreux, cadavérique, cadavériser (se).

Encyclopédie Universelle. 2012.