cabale [ kabal ] n. f.
• 1532; de l'hébr. rabbinique qabbala « tradition »
I ♦
1 ♦ ⇒ kabbale.
2 ♦ Vieilli Science occulte prétendant faire communiquer ses adeptes avec des êtres surnaturels. ⇒ magie, occultisme, théosophie. « Abracadabra », terme de cabale.
II ♦ (1546)Fig.
1 ♦ Littér. Manœuvres secrètes, concertées contre qqn ou qqch.; association de ceux qui s'y livrent. ⇒ brigue, complot, conjuration, intrigue. Faire, monter une cabale contre qqn ( v. intr. <conjug. : 1> CABALER , vieilli ). « Il organise des contradictions, des oppositions, des cabales » (A. Gide).
2 ♦ Vx Ensemble des membres d'une cabale. ⇒ clique, coterie, faction, ligue. « Les propos incessamment rebattus de la cabale philosophique qui l'entourait » (Rousseau).
● cabale nom féminin (de kabbale) Manœuvres, intrigues qui visent à provoquer le succès ou l'échec de quelqu'un, d'une pièce, etc. ; ensemble de personnes qui soutiennent ces manœuvres : Monter une cabale. ● cabale (difficultés) nom féminin (de kabbale) → kabbale ● cabale (homonymes) nom féminin (de kabbale) kabbale nom féminin ● cabale (synonymes) nom féminin (de kabbale) Manœuvres, intrigues qui visent à provoquer le succès ou l'échec...
Synonymes :
- brigue
- clan
- clique (familier)
- complot
- coterie
- faction
- intrigue
- ligue
● kabbale ou cabale
nom féminin
(hébreu qabbala, tradition)
Ensemble des commentaires mystiques et ésotériques juifs des textes bibliques et de leur tradition orale.
● kabbale ou cabale (difficultés)
nom féminin
(hébreu qabbala, tradition)
Orthographe et sens
1. Kabbale (=interprétation juive ésotérique et symbolique de la Bible), avec un k et deux b. Dans ce sens, l’orthographe cabale, avec un c, n’est plus en usage.
2. Cabale(= science occulte ; menées secrètes, intrigue), avec un c et un seul b.
● kabbale ou cabale (homonymes)
nom féminin
(hébreu qabbala, tradition)
cabale
nom féminin
cabale
n. f.
rI./r Cabale (vieilli) ou Kabbale.
d1./d Ensemble des traditions juives relatives à l'interprétation mystique de l'Ancien Testament. (V. Kabbale.)
d2./d Science occulte qui prétend mettre ses adeptes en communication avec le monde des esprits.
rII./r Fig.
d1./d Intrigues visant à faire échouer qqn, qqch. Cabale montée contre un auteur, une pièce. Syn. complot.
|| Ensemble des gens qui forment une cabale. Syn. faction.
d2./d (Québec) Fam. Propagande faite à domicile en faveur d'un candidat ou d'un parti politique, surtout à l'occasion d'une campagne électorale. Une cabale électorale. Faire de la cabale.
⇒CABALE, subst. fém.
I.— OCCULTISME
A.— Somme de spéculations ésotériques qui, à partir des vingt-deux signes de l'alphabet hébraïque représentant chacun à la fois une lettre et un chiffre, donnent à certains passages de la Bible un sens allégorique et mystique :
• 1. Elle prit sur une tablette une boîte de jetons blancs, en compta vingt-deux, puis, avec la pointe d'une agrafe de perles, elle y grava l'une après l'autre les vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu. C'étaient les arcanes de la Cabbale qu'elle avait appris en Galilée. « Voilà en quoi j'ai confiance. Voilà ce qui ne trompe pas, dit-elle. »
, Aphrodite, 1896, p. 108.
• 2. Dans la kabbale hébraïque, trois sens peuvent être découverts en chaque mot sacré; d'où trois interprétations ou kabbales différentes. La première, dite gématria, comporte l'analyse de la valeur numérale ou arithmétique des lettres composant le mot; la seconde, ... etc., établit la signification de chaque lettre considérée séparément; la troisième, ... etc., emploie certaines transpositions de lettres.
FULCANELLI, Les Demeures philosophales et le symbolisme hermétique..., t. 2, 1929, p. 209.
• 3. Pourtant, il ne faudrait pas confondre la cabale, dont nous voulons parler, avec la kabbale ordinairement envisagée et demeurée purement hébraïque; aussi bien, pour les différencier, convient-il d'appliquer, à chacun des deux termes, l'orthographe qui lui est propre et que réclame d'ailleurs leur étymologie différente : le premier se réfère au grec kaballés, qui veut dire cheval, tandis que le second vient de l'hébreu kabbalha avec le sens de tradition.
E. CANSELIET, Alchimie, 1942, p. 202.
— P. anal. [En parlant de l'interprétation de textes et doc. autres que la Bible] :
• 4. La cabale hermétique s'applique aux livres, textes et documents des sciences ésotériques de l'Antiquité, du Moyen Âge et des temps modernes. (...) [elle] est une véritable langue. Et, comme la grande majorité des traités didactiques de sciences anciennes sont rédigés en cabale, (...), le lecteur n'en peut rien saisir s'il ne possède au moins les premiers éléments de l'idiome secret.
FULCANELLI, Les Demeures philosophales et le symbolisme hermétique..., t. 2, 1929, p. 209.
B.— P. ext. Science occulte dont un des objets est la communication avec des êtres surnaturels.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
II.— [P. réf. au secret qui entoure les spéculations de ceux qui s'adonnent à cette forme d'occultisme] Intrigue secrète ourdie contre quelqu'un, pour l'atteindre dans sa réputation, ses actions ou ses œuvres. La première chose qu'on organise (...) ce sont les discordes, les jalousies, les intrigues, les cabales de toute espèce (FOURIER, Le Nouv. monde industr., 1830, p. 26) :
• 5. Fréron disait de lui, de Diderot, de Duclos et de Grimm qu'ils formaient une « cabale » et une « clique », et les signalait charitablement tous ensemble à Malesherbes comme des « enthousiastes, des fanatiques, et des gens odieux au gouvernement et à la société ».
GUÉHENNO, Jean-Jacques, Roman et vérité, 1950, p. 36.
— P. méton. Association de ceux qui montent une cabale.
SYNT. Cabale atroce, puissante, violente; la cabale des dévots, des jansénistes, des princes; la cabale d'Andromaque; cabale financière, politique; être un homme de cabale, l'instigateur d'une cabale; briser, subir une cabale; monter une cabale contre qqn.
— En partic., THÉÂTRE ,,Coterie organisée dans une salle de spectacle pour faire échouer une pièce ou bien nuire au succès d'un acteur`` (H. GÉNIN, Le Lang. des planches, 1911, p. 21).
♦ Faire cabale :
• 6. Les saltimbanques, enthousiasmés et exaspérés, contemplaient Gwynplaine en grinçant des dents (...). Ils (...) firent cabale, sifflèrent, grognèrent, huèrent. Cela fut pour Ursus un motif de harangues hortensiennes à la populace...
HUGO, L'Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 124.
PRONONC. ET ORTH. :[kabal]. Ac. Compl. 1842, s.v. cabbale, renvoie à cabale; cf. aussi GUÉRIN 1892; cf. encore Lar. 19e : cabbale ,,s'écrit quelquefois pour cabale``. Orth. kabbale dans les ex. 2 et 3.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1532 « doctrine, tradition transmise » (RABELAIS, Pantagruel, Prologue, éd. Marty-Laveaux, t. 1, p. 215); 1611 au propre « interprétation juive de l'A. T. » (COTGR.); 2. 1546 « science occulte » (Palmerin d'Olive, 39b d'apr. Vaganay dans Rom. Forsch., t. 32, p. 21); 3. 1546 « manœuvres secrètes » (RABELAIS, Tiers Livre, éd. Marty-Laveaux, t. 2, p. 78 : caballe monastique).
Empr. à l'hébr. « tradition reçue, doctrine ésotérique », du verbe qibbel « recevoir par tradition » (v. DEVIC).
STAT. — Fréq. abs. littér. :200. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 498, b) 238; XXe s. : a) 162, b) 199.
cabale [kabal] n. f.
ÉTYM. 1532, « tradition transmise »; de l'hébreu rabbinique qabbala « tradition ».
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1 (1611). || Cabale ou cabbale (orthographe vieillie de kabbale). ⇒ Kabbale. || L'école, les docteurs de la cabale.
2 (1546). Vieilli. Science occulte prétendant faire communiquer ses adeptes avec des êtres surnaturels. ⇒ Magie, occultisme, théosophie. || « Abracadabra » est un terme de cabale.
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II Fig. Littér. ou style soutenu.
1 (1546). Manœuvres secrètes, concertées contre qqn ou qqch. ⇒ Brigue, complot, conjuration, conspiration, intrigue. || Faire, monter une cabale contre qqn. || Former des cabales. || Être initié à une cabale (→ Antre, cit. 5; argumenter, cit. 2; aventurer, cit. 9).
1 Point de cabale en eux, point d'intrigues à suivre (…)
Molière, Tartuffe, I, 5.
2 Il faut avoir de l'esprit pour être homme de cabale : l'on peut cependant en avoir à un certain point, que l'on est au-dessus de l'intrigue et de la cabale, et que l'on ne saurait s'y assujettir (…)
La Bruyère, les Caractères, VIII, 92.
3 (…) M. Laudet sait très bien qu'à tort ou à raison les Cahiers de la Quinzaine et moi sommes ou si l'on veut sont ce qui est le plus en butte aux attaques, aux violences, aux perfidies, aux offenses, aux campagnes, aux cabales, aux ignominies, à tous les coups du Parti Intellectuel.
Ch. Péguy, Un nouveau théologien, p. 141.
4 Il tape du pied (Marinetti); il fait voler la poussière; il jure, sacre et massacre; il organise des contradictions, des oppositions, des cabales pour ressortir de là triomphant.
Gide, Feuillets, in Journal, 1889-1939, Pl., p. 348.
5 Assuré de l'appui de Louis XIII après la « journée des dupes », Richelieu n'en eut pas moins à combattre les intrigues et les cabales auxquelles le frère du roi se prêtait.
J. Bainville, Hist. de France, XI, p. 201.
6 On fait ou on emploie une cabale pour chasser celui qui est en possession, afin de se mettre à sa place ou simplement afin de le perdre, et sans qu'on ait l'idée de lui succéder.
Lafaye, art. Cabale.
6.1 Et voilà qu'il se forme contre moi une cabale dans laquelle entre même la servante : — « Que madame ne mette pas le pain sur la table et monsieur sera bien obligé d'aller le chercher. » Les parents d'Élise obliquement me lancent que je devrais écrire des articles pour l'Intransigeant ou le Figaro : — Fais travailler ton mari (…)
Marcel Jouhandeau, Chroniques maritales, p. 21.
2 (1636). Vx. Ensemble des membres d'une cabale. ⇒ Clique, coterie, faction, ligue. || La cabale remplissait le parterre.
7 Les propos incessamment rebattus de la cabale philosophique qui l'entourait lui revinrent à l'esprit. Quand j'allai vivre à l'Hermitage, ils publièrent, comme je l'ai déjà dit, que je n'y tiendrais pas longtemps. Quand ils virent que je persévérais, ils dirent que c'était par obstination, par orgueil, par honte de m'en dédire, mais que je m'y ennuyais à périr, et que j'y vivais très malheureux.
Rousseau, les Confessions, XI.
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DÉR. Cabaler, cabalisme, cabaliste.
Encyclopédie Universelle. 2012.