bredouiller [ brəduje ] v. <conjug. : 1>
• 1564; altér. de l'a. fr. bredeler, var. prob. de bretter, bretonner « parler comme un Breton », lat. brit(t)o
1 ♦ V. intr. Parler d'une manière précipitée et peu distincte. ⇒ bafouiller, balbutier, marmonner. Il « bredouillait, sifflait, et postillonnait en parlant » (A. Gide).
2 ♦ V. tr. Dire en bredouillant. Bredouiller un compliment, une excuse. Il bredouilla qu'il n'y était pour rien.
⊗ CONTR. Articuler.
● bredouiller verbe intransitif (ancien français bredeler, de brittus, breton) Parler d'une manière précipitée et indistincte. ● bredouiller (synonymes) verbe intransitif (ancien français bredeler, de brittus, breton) Parler d'une manière précipitée et indistincte.
Synonymes :
- bégayer
● bredouiller
verbe transitif
Dire quelque chose en balbutiant, d'une manière précipitée et indistincte : Bredouiller des excuses.
● bredouiller (synonymes)
verbe transitif
Dire quelque chose en balbutiant, d'une manière précipitée et indistincte
Synonymes :
Contraires :
- énoncer
bredouiller
v. intr. Parler de manière précipitée et confuse.
|| v. tr. Bredouiller des excuses. Syn. bafouiller.
⇒BREDOUILLER, verbe.
A.— Emploi intrans. Parler de façon précipitée et confuse, sans articuler. Bredouiller de colère, d'émotion, de plaisir. Synon. bafouiller, balbutier, bégayer :
• 1. Il était assis à une table près d'un homme qui, avec la majesté des infirmes ou encore des poètes, était bègue et bredouillait, ayant une extrême volonté de parler...
JOUVE, La Scène capitale, 1935, p. 35.
— [En incise] Cf. BERNANOS, La Joie, 1929, p. 642 et 645.
— P. ext., au fig., rare
1. Percevoir (des sons) confusément. Notre ouïe peut-être, si l'on peut dire, bredouillait un peu (A. ARNOUX, Rhône, mon fleuve, 1944, p. 108).
2. S'exprimer par écrit de façon maladroite :
• 2. On s'étonne qu'aucun écrivain, qu'aucun historien — sauf Quicherat — qu'aucun poète n'ait pu parler de Jeanne d'Arc, sans bredouiller misérablement.
L. DAUDET, Le Rêve éveillé, 1926, p. 122.
B.— Emploi trans. Dire (quelque chose) de manière précipitée et peu distincte. Bredouiller une phrase, des excuses, une prière :
• 3. — Tu ne m'as pas compris! dit Albert, cherchant à la consoler, avec une voix tendre, des caresses, des mots bredouillés.
CHARDONNE, L'Épithalame, 1921, p. 287.
— [L'obj. est une prop. complétive, introd. par que] Désirée bredouilla qu'elle aussi était sur le point d'agir de même (HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 304).
— P. ext., au fig., rare
1. Parler un peu, et mal (une langue). Bredouiller le latin (Lar. Lang. fr.).
2. Exécuter (un travail) avec précipitation et sans habileté. L'œuvre comateuse qu'il [le peintre Signol] a bredouillée sur les murailles de Saint-Sulpice (HUYSMANS, L'Art mod., 1883, p. 90).
3. Interpréter (un fragment d'œuvre musicale) d'une manière maladroite :
• 4. ... elle en prenait son parti, allait s'asseoir au piano, d'un petit air décidé, et galopait son rondo, à la diable, bredouillant des passages, à d'autres pataugeant, s'interrompant, tournant la tête, disant avec un sourire :
— Ah! je ne me souviens plus...
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Antoinette, 1908, p. 841.
PRONONC. :[]. Pour [] mouillée et yod cf. bredouille.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1564 (THIERRY, Dict. fr.-lat., Paris).
Issu par substitution de suff. (-ouiller) de l'a. fr. bredeler « id. » attesté au XIIIe s. (G. DE COINCY, Mir., 485, 128 dans T.-L.) qui remonte prob. avec suff. -eler à l'étymon brittus « breton », v. berdiner et bretonnant; cf. aussi m. fr. bretter « marmotter » (2e moitié du XVe s., Farce de Pathelin, 433 dans SAIN. Sources t. 2, p. 443); pour le -d- de bredeler, v. berdiner.
STAT. — Fréq. abs. littér. :206. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 34, b) 149; XXe s. : a) 473, b) 479.
DÉR. 1. Bredouillard, adj. masc., péj. Qui bredouille (v. -ard I C). Cf. bredouillant II, bredouille2 A 1, bredouilleur, bredouillon (infra). Il est laid, (...) l'accent plutôt cul-terreux que faubourien, traînard et bredouillard (VERLAINE, Mes hôpitaux, 1891, p. 345). — 1re attest. 1611 (COTGR.) — 1642 (OUDIN, Recherches ital. et françoises, 2e part., Paris); dér. de bredouiller, suff. -ard. — Fréq. abs. littér. : 2. 2. Bredouillon, adj. et subst. masc., rare et région. (Celui) qui bredouille; ,,diminutif de bredouille`` (J. HUMBERT, Nouv. gloss. genevois, 1852, p. 63). Cf. bredouillant II, bredouillard (supra), bredouille2 A 1 et 2, bredouilleur. Ce petit Romain, chéti, bredouillon (A. DAUDET, L'Évangéliste, 1883, p. 50). — Terme de Suisse romande, attesté au sens de « qui bredouille » et de « garçon bavard » dans le Pays de Vaud (Pat. Suisse rom.), et de « qui travaille sans suite et sans soin » dans le Pays de Vaud et le canton de Genève (ibid. et J. HUMBERT, loc. cit.); dér. de bredouiller, suff. -on.
BBG. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 226; t. 2 1972 [1925], p. 315; t. 3 1972 [1930], p. 446. — SCHUCHARDT (H.). Romanische Etymologien. Sitzungsberichte der philosophisch-historischen Klasse der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften, 1899, t. 141, p. 202.
bredouiller [bʀəduje] v.
ÉTYM. 1564; altér. de l'anc. franç. bredeler, var. probable de bretter, bretonner « parler comme un Breton » (→ Bretonnant), du lat. brittus, ou, d'après Guiraud, emploi métaphorique de berdouille « boue » (mot du Nord). → Bredouille.
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I V. intr. Parler d'une manière précipitée et peu distincte. ⇒ Bafouiller, balbutier, bégayer, marmonner. || Il en bredouillait d'émotion.
1 Je savais aussi qu'il était un peu bavard et fatigant à entendre, parce qu'il parlait lentement, cherchait ses phrases, bredouillait (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, 6.
2 C'était un gros vieux homme ardent, essoufflé, qui rougeoyait comme une forge, qui bredouillait, sifflait et postillonnait en parlant.
Gide, Si le grain ne meurt, I, 6.
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II V. tr. Dire en bredouillant. ⇒ Bafouiller, balbutier, bégayer… || Que bredouillez-vous ? || Bredouiller un compliment, une excuse.
3 — Avez-vous quelquefois lu votre contrat de mariage ?
— Ma foi, non !… je l'ai entendu bredouiller un jour par votre notaire de Caen… et je l'ai signé de confiance.
E. Labiche, les Petites Mains, II, 3.
♦ Parler confusément et mal (une langue). Par ext. :
4 (…) ne prenez ces impressions que pour de simples réactions d'abordage. On ne peut rien conclure sur des gens parmi lesquels on est depuis trois semaines et dont on commence à bredouiller le langage.
J.-R. Bloch, Deux hommes se rencontrent, p. 216.
♦ Fig. Interpréter, réciter confusément (qqch.).
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bredouillé, ée p. p. adj.
♦ || Mots bredouillés. || Excuses bredouillées à mi-voix. — Par métonymie (pour bredouillant). || « Une élocution bredouillée » (Gide).
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CONTR. Articuler.
DÉR. Bredouillage, bredouillant, bredouillement, bredouilleur, bredouillis.
Encyclopédie Universelle. 2012.