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marmonner

marmonner [ marmɔne ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1534; onomat.; var. de marmotter
1Dire, murmurer entre ses dents, d'une façon confuse. bredouiller, mâchonner, marmotter. « ses lèvres remuaient comme s'il eût marmonné une prière » (Martin du Gard).
2Spécialt Murmurer avec hostilité. grommeler. Marmonner des injures, des menaces.

marmonner verbe intransitif (onomatopée) Murmurer entre ses dents, souvent avec hostilité. ● marmonner verbe transitif Dire quelque chose en murmurant entre ses dents : Marmonner des injures.marmonner (synonymes) verbe transitif Dire quelque chose en murmurant entre ses dents
Synonymes :
- balbutier
- bredouiller
- grommeler
- marmotter
- murmurer
Contraires :
- crier
- hurler

marmonner
v. tr. Murmurer, dire entre ses dents.

⇒MARMONNER, verbe trans.
Dire à voix basse et de façon confuse, murmurer entre ses dents. Synon. marmotter. Marmonner des paroles inintelligibles, une plainte, une prière. Un confesseur (...) lui marmonna quelques consolations spirituelles (NERVAL, Nouv. et fantais., 1855, p. 233). Tout le soir il avait marmonné des choses incompréhensibles, guetté la porte de ses yeux de chat (A. DAUDET, Pte paroisse, 1895, p. 288):
♦Ç'a été aussitôt la pensée de tout le monde: «Quelle sacrée guigne!» Bien entendu, cette pensée, on la ressasse, on la marmonne entre les dents, on la gueule à haute voix.
ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 37.
♦[Constr. avec une complétive] Il (...) tempêtait, non sans une peur secrète; assez bas pour que personne n'entendît, il marmonnait qu'elle l'avait volé (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.858).
♦[En incise] Il va falloir virer de bord, marmonna Fabrizio entre ses dents très vite, avec l'accentuation patoisante de Marino (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 222).
Absol. Il s'en donnait de l'oraison, il aimait ça marmonner... Il bourdonnait un bon quart d'heure (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 271). La nef à carène de bois sombre où brillaient les cierges, où marmonnaient les dévotes (ARNOUX, Paris, 1939, p.286).
En partic. Murmurer avec hostilité. Synon. grogner, grommeler, marmotter. Hervé marchait vite, marmonnant des injures: «Idiote... Horrible femme... Qu'elle crève...» (MAURIAC, Ce qui était perdu, 1930, p. 16). Le bougre s'en allait comme une bête (...), nous montrant les dents, nous menaçant du poing en marmonnant je ne sais quoi à mon adresse (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 177).
Marmonner contre qqn/qqc. Le jeune ecclésiastique alla jusqu'à marmonner contre les prêtres qui déshonoraient la robe (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 51).
REM. Marmonneur, -euse, subst. et adj. (Personne) qui marmonne. Serai-je mélomane? oiseleur? astrologue? Marmonneur d'oremus? ou souffleur d'alambic? (ROSTAND, Aiglon, 1900, IV, 4, p. 165).
Prononc. et Orth.: [], (il) marmonne []. Att. ds Ac. dep. 1694. (Ds Ac. 1878 comme var. de maronner, v. ce mot). Étymol. et Hist. 1534 «dire (quelque chose) d'une voix basse et peu distincte» (RABELAIS, Gargantua, éd. R. Calder, M.-A. Screech et V.-L. Saulnier, XX, 61-62). De l'onomat. marm-, qui exprime le murmure (avec de nombreux correspondants dans les lang. indo-européennes, ainsi lat. murmurare, all. murren, norv. marma «bruire», a. suéd. marra «murmurer»), cf. aussi marmotter att. dès le XVe siècle. Fréq. abs. littér.: 129.
DÉR. Marmonnement, subst. masc. Action de marmonner; p. méton., murmure sourd, indistinct. Ce fut presque un soulagement de voir sur la voûte bouger le reflet d'une chandelle. De là-bas venait un marmonnement (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 160). Le dialogue est à peu près incompréhensible, comme un marmonnement (CAMUS, État de siège, 1948, prol., p.189). []. 1res attest. a) 1585 [date d'éd.] «ce qu'on marmotte» (TABOUROT DES ACCORDS, Les Bigarrures, Quatriesme Livre, f° 66 v°), b) ca 1590 «action de marmotter» (Ph. DE MARNIX, Differ. de la Relig., I, V, 5, ds HUG.); de marmonner, suff. -ment1.

marmonner [maʀmɔne] v. tr.
ÉTYM. 1534, Rabelais, I, XL; repris déb. XXe; onomat., ou du rad. marm-, à rapprocher selon Guiraud de l'anc. adj. merme « petit », du v. mermer « diminuer », du lat. minimare (idée du mouvement des lèvres « diminué ») → Marmot, marmotte; marmotter. REM. Ce verbe, qui semble inusité aux XVIIe et XVIIIe s., est encore qualifié de vieilli par Hatzfeld (fin XIXe).
1 Dire, murmurer entre ses dents, d'une façon confuse. Bredouiller, mâchonner, marmotter. || Le vieillard marmonnait des choses inintelligibles (cit. 4).
1 Il se tut, mais ses lèvres remuaient comme s'il eût marmonné une prière (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 164.
2 Il regardait de tous les côtés, tournait sur lui-même, tentait de percer le noir du couloir, marmonnait des mots sans suite et recommençait à fouiller la rue de ses petits yeux rouges.
Camus, l'Étranger, I, IV.
2 Spécialt. Murmurer avec hostilité. || Marmonner des injures, des menaces.Absolt. || Qu'est-ce qu'il a à marmonner ?
3 Mécontent, nerveux, s'en prenant aux rafales qui le harcelaient, il marmonna un juron et ferma rageusement son parapluie.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 78.
4 Elle marmonna, la tête cachée dans son bras, une phrase que Thérèse entendit mal. — Ose répéter ce que tu viens de dire.
F. Mauriac, Fin de la nuit, III, p. 69.
DÉR. Marmonnage, marmonnement.

Encyclopédie Universelle. 2012.