bourrique [ burik ] n. f.
• 1603; de l'esp. borrico « âne »
1 ♦ Âne, ânesse. — Loc. Têtu comme une bourrique. Faire tourner qqn en bourrique, l'abêtir à force d'exigences, de taquineries, de contrordres (cf. Faire devenir chèvre).
2 ♦ Fig. et fam. Personne bête et têtue. Quelle bourrique !
● bourrique nom féminin (espagnol borrico, du bas latin burricus, petit cheval) Familier. Âne ou ânesse. Populaire. Personne entêtée ou stupide. Populaire. Policier. ● bourrique (expressions) nom féminin (espagnol borrico, du bas latin burricus, petit cheval) Familier. Faire tourner quelqu'un en bourrique, l'exaspérer à force de taquineries et d'exigences. Familier. Soûl, plein comme une bourrique, complètement ivre. Familier. Têtu comme une bourrique, très entêté. ● bourrique (synonymes) nom féminin (espagnol borrico, du bas latin burricus, petit cheval) Populaire. Personne entêtée ou stupide.
Synonymes :
- âne
- baudet
bourrique
n. f.
d1./d ânesse.
d2./d Fig., Fam. Personne têtue et stupide.
|| Loc. Fam. Faire tourner qqn en bourrique, l'abrutir à force d'exigences contradictoires.
⇒BOURRIQUE, subst. fém.
A.— Fam. Âne ou ânesse. Synon. baudet. Une vieille bourrique, être monté sur une bourrique. La femme cessa de traîner sa bourrique (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, L'Âne, 1883, p. 376); à la fontaine un gars fait boire ses bourriques (SAMAIN, Le Chariot d'or, 1900, p. 27).
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe et XXe s. à partir de Ac. 1798.
— P. euphém. Éventail à bourrique. Gourdin (cf. SUE, Atar Gull, 1831, p. 14).
— P. ext., ,,vieilli`` (Ac.). Mauvais cheval. Cf. bourrin, canasson, carne.
B.— Péjoratif
1. a) [Dans des compar. se rapportant à des pers.] Ce même animal comme symbole de bêtise, d'entêtement, etc. Têtu comme une bourrique, chargé comme une bourrique; raisonner comme une bourrique. C'est ainsi que je radote, comme une vieille bourrique qui raconte des histoires durant qu'elle se fait têter, en remâchant un petit brin de paille (CLAUDEL, La Jeune fille Violaine, 1re version, 1892, I, p. 501). Notre amour reste là têtu comme une bourrique vivant comme le désir cruel comme la mémoire (PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 168).
— Fam. Faire tourner qqn en bourrique. Exaspérer quelqu'un par des taquineries malveillantes et incessantes :
• Il est insupportable. Non content de vouloir empoisonner cette vieille servante dans un gâteau, il me souffle dans le cou et me cache mes besicles. Si j'habitais longtemps chez vous, ma chère Antoinette, il me ferait tourner en bourrique.
A. FRANCE, Le Petit Pierre, 1918, p. 125.
b) [Par désignation directe d'une pers.] Fam., péj. Personne entêtée, stupide et méchante (cf. âne B). Le chantage (...) est le gagne-pain d'innombrables bourriques, surtout dans les grades élevés (L. DAUDET, Bréviaire du journ., 1936, p. 169).
Rem. Sens attesté à partir de Ac. 1798.
— Emploi en interj. [En parlant de qqn] Quelle bourrique! Tête de bourrique! Ce dernier, poussant sa moitié par les épaules, la jeta dehors en criant :« Va donc, bourrique, tu brais trop! » (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, En famille, 1881, p. 364).
2. Rare. Soûl, rond, plein comme une bourrique. Les jours où elle rentrait ronde comme une bourrique, elle bégayait que c'était le chagrin (ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 736).
Rem. Ces expr. sont attestées dans la plupart des dict. gén. du XIXe et XXe s. à partir de Lar. 19e.
— HIST. « La bourrique à Robespierre ». Surnom donné par le peuple au général Hanriot, personnage incapable, souvent ivre, mais obéissant fidèlement au Comité de Salut public et à Robespierre (cf. A. FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, p. 253).
Rem. 1. Attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe s. et dans QUILLET 1965. 2. On disait aussi soûl comme la bourrique à Robespierre.
3. Arg. Policier ou délateur (cf. bourriquer et A. SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 44).
Rem. Attesté dans la plupart des dict. techn. d'argot.
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[]. GATTEL 1841 recommande de prononcer ,,r forte``. 2. Forme graph. — FÉR. 1768 : ,,L'Acad. met bourrique avec 2 r et bouriquet avec une seule, en parlant des mines, et avec deux, en parlant d'un petit ânon.`` Ce n'est pas le cas des éd. de 1798 et Ac. Compl. 1842. Ac. 1835-1932 ne traitent pas le tourniquet qui sert à monter les fardeaux dans les mines. Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop. notent, s.v. bourrique (terme de maçonnerie) : ,,on dit aussi bourriquet``.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1603 masc. bourique « âne » (T. DE BÈZE, Un resve, p. 2 d'apr. G. Esnault dans Fr. mod., t. 11, p. 208); 1668 fém. bourrique (LA FONTAINE, Fables, III, 1 dans LITTRÉ); 2. 1680 technol. fém. bourrique « sorte de civière utilisée par les maçons pour soulever les matériaux » (RICH.); 3. arg. a) 1809 « gourgandine » (lang. poissard, d'apr. ESN.); b) 1877 « agent de la Sûreté » (Chans., Ibid.); d'où p. ext. c) 1883 « dénonciateur » (forçats de Guyane, Ibid.).
Empr. à l'esp. borrico « âne », attesté dep. fin XIe-début XIIe s. (sous la forme b[o]rréko, chez Abenalyâzzar d'apr. COR.), du lat. pop. , altération, sans doute sous l'infl. de « roux » et de « bure » (v. FEW t. 1, s.v. ), du lat. « petit cheval ». L'Espagne exportait en effet une race particulière d'ânes, appelée plus tard race poitevine.
STAT. — Fréq. abs. littér. :115.
DÉR. Bourriquier, subst. masc. Conducteur d'ânes. Des bourriquiers poussaient au-devant de moi des ânes harnachés de selles rouges (DU CAMP, Le Nil, 1854, p. 7). Attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe et XXe s. à partir de Lar. 19e. — []. — 1re attest. 1854, supra; dér. de bourrique, suff. -ier, formé prob. sur le modèle d'ânier. — Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. — MOUSSAT (É.). Sur le front du vocab. Un peu d'étymol. Du bourrichon à la bourrique. Déf. Lang. fr. 1965, n° 27, pp. 5-6. — RIGAUD (A.). Être à la bourre. Vie Lang. 1969, p. 654. — ROG. 1965, p. 178. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 125, 213, 404. — TOURNEMILLE (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1964, p. 711.
bourrique [buʀik] n. f.
ÉTYM. 1603; de l'esp. borrico « âne », du lat. pop. burricus, altér., sous l'infl. de burrus « roux », et de burra « bure », du lat. buricus « petit cheval ».
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1 Âne, ânesse. ⇒ Baudet; bourricot, bourriquet. || Une vieille, une pauvre bourrique pelée. ☑ Têtu comme une bourrique. — ☑ Soûl comme une bourrique : complètement soûl (probablt par confusion avec barrique).
1 Eh quoi ! charger ainsi cette pauvre bourrique !
N'ont-ils point de pitié de leur vieux domestique ?
La Fontaine, Fables, III, 1.
♦ ☑ Loc. fam. Faire tourner qqn en bourrique, l'abêtir à force d'exigences, de taquineries… ⇒ Abrutir.
2 Il ferait déjà tourner tout son monde en bourrique, si on le laissait faire (…) Monsieur n'imagine pas ce que c'est : un vif-argent, un touche-à-tout !
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 23.
♦ Vx. Mauvais cheval. ⇒ Bourrin.
2.1 En bas dans les grands rayons, c'était que des bourriques, surtout les « expéditeurs »; j'ai jamais connu des fumiers plus ragotards, plus sournois… Ils avaient rien à penser qu'à faire des paquets.
Céline, Mort à crédit, Folio, p. 150.
2.2 Vous me traitez de bourrique, par-dessus le marché. Vous voyez bien, vous m'insultez.
E. Ionesco, Rhinocéros, p. 38.
3 (1877). Argot. Policier. ⇒ 2. Bourre.
3 Ça n'a fait qu'un cri : Un agent ! — Nom de Dieu ! — L'coup des bourriques.
Francis Carco, Jésus-la-Caille, I, 1.
4 Je suis déjà assez merde ! repéré !… Encore un coup d'outrage !… que c'est plein partout de bourriques !
Céline, Guignol's band, p. 361.
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CONTR. Pur-sang.
DÉR. Bourrin, bourriquet, bourriquier. — (Sens 3). V. 2. Bourre.
Encyclopédie Universelle. 2012.