avide [ avid ] adj.
• 1470; lat. avidus, de avere « désirer vivement » → avare
1 ♦ Qui a un désir ardent, immodéré de nourriture. ⇒ glouton, goulu, vorace. Un nourrisson avide. « Les estomacs dévots furent toujours avides » (Boileau).
♢ Fig. et poét. Être avide de sang, de carnage : se plaire à répandre le sang. ⇒ altéré, assoiffé. Avide de vengeance.
2 ♦ Fig. Qui désire immodérément les biens, l'argent. ⇒ cupide, intéressé, rapace. « Un homme vil, avide, bas, intrigant » (Mirabeau). Un héritier avide. Ambitieux et avide (cf. Âpre au gain).
♢ AVIDE DE : qui désire avec passion. Être avide de réussite, d'honneurs. « Égoïste, avide de soins et d'amour, je voulais que l'univers entier s'occupât de moi » (France). « Très pur, et d'une tendresse avide de câlineries » (Courteline). (Avec l'inf.) Être avide d'apprendre, de connaître. ⇒ curieux; anxieux, désireux, empressé , impatient.
3 ♦ (Choses) Qui exprime l'avidité. Regards, yeux avides. ⇒ concupiscent, passionné. Littér. « Il se jeta sur elle, ardent, les bras avides » (France).
⊗ CONTR. Assouvi, rassasié. Désintéressé, détaché, inattentif, indifférent.
● avide adjectif (latin avidus) Qui désire quelque chose avec voracité : Un requin avide d'une nouvelle proie. Qui désire quelque chose avec passion ou impatience : Un homme avide d'honneurs. Je suis avide d'apprendre la nouvelle. Qui manifeste de la cupidité. Qui manifeste une attention passionnée : Écouter d'une oreille avide. ● avide (synonymes) adjectif (latin avidus) Qui désire quelque chose avec passion ou impatience
Synonymes :
- anxieux de
- désireux de
- épris de
- impatient de
Contraires :
- blasé
- détaché
- indifférent
- saturé
Qui manifeste de la cupidité.
Synonymes :
- âpre
- cupide
- rapace
Contraires :
- désintéressé
- généreux
- large
- prodigue
Qui manifeste une attention passionnée
Synonymes :
- ardent
- passionné
Contraires :
- indifférent
avide
adj.
d1./d Qui désire ardemment se procurer qqch. Avide de gloire, de richesse.
|| Cupide. Un héritier avide.
d2./d CHIM Qui se combine facilement avec (un autre corps).
⇒AVIDE, adj.
A.— [Emploi sans compl.]
1. [En parlant d'une pers. ou d'un animal] Qui a un désir ardent, immodéré de nourriture; vorace, glouton. Il est si avide qu'il dévore plutôt qu'il ne mange (Ac. 1798-1932-35, BESCH. 1845, Lar. 19e, ROB., QUILLET 1965), enfant avide (Lar. 19e, LITTRÉ), chien très avide (Lar. 19e) :
• 1. Ma haine est née, peu à peu, à mesure que je me rendais mieux compte de ton indifférence à mon égard, et que rien n'existait à tes yeux hors ces petits êtres vagissants, hurleurs et avides.
MAURIAC, Le Nœud de vipères, 1932, p. 87.
• 2. Les mouettes avides et indolentes tournèrent un peu au-dessus du village, cherchant leur pâture, puis s'en allèrent...
SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 83.
2. [En parlant d'une pers., de son comportement, de ses sentiments] Qui exprime un désir ardent, passionné de quelque chose.
a) [Dans le domaine de l'expression corporelle ou le comportement] Écouter d'une oreille avide (DG) :
• 3. Grâce à Gaspard, quand la compagnie arriva, la faim se mit à table et la fatigue s'évanouit. Ah! on ne remarqua pas, cette fois, que les patates nageaient dans trop de jus. Quoiqu'il ne sentît rien, c'était du bon jus chaud, avec des morceaux de choses nourrissantes, un régal pour toutes ces bouches avides.
BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 40.
• 4. ... il a des yeux d'une acuité, d'une portée incomparable. De longs yeux gris-bleu, couleur d'acier neuf, sous des paupières lourdes, au regard froid, étincelant, avide, aux prunelles incessamment dardées. Rien ne leur échappe, rien ne leur donne le change.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 177.
b) [Dans le domaine des sentiments] Une avide espérance (LITTRÉ) :
• 5. Derrière la grille du parloir où Andrea fut introduit, il aperçut, avec ses yeux dilatés par une curiosité avide, la figure sombre et intelligente de M. Bertuccio qui regardait aussi, lui, avec un étonnement douloureux, les grilles, les portes verrouillées et l'ombre qui s'agitait derrière les barreaux entre-croisés.
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 646.
c) Spéc., péj. Qui manifeste une avarice immodérée. C'est un homme avide (Ac. 1798-1932-35, BESCH. 1845, QUILLET 1965), une âme avide et basse (BESCH. 1845, Ac. 1835-1935) :
• 6. ... il avait du talent, des moyens; l'empereur croyait même qu'il avait été attaché, fidèle. « Mais il était aussi par trop avide, disait-il, il aimait trop l'argent. Quand je lui dictais et qu'il lui arrivait d'avoir à écrire des millions, ce n'était jamais sans un mouvement sur toute sa figure, un lèchement de lèvres, une certaine agitation sur sa chaise, qui, plus d'une fois, m'avait porté à lui demander ce que c'était, ce qu'il avait, etc. »
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 875.
• 7. ... peu de nations me semblent s'être trouvées dans des circonstances moins favorables à la poésie. Des populations hétérogènes, enfermées dans les mêmes murs, empruntant aux nations voisines leurs usages, leurs arts et leurs dieux; une société toute artificielle, récente et sans passé; la guerre continuelle, mais une guerre de cupidité plus que d'enthousiasme; un génie avide et avare.
MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 66.
— Rare, emploi subst. Personne avide, avare (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.) :
• 8. Le sage rachète la liberté du bien et du beau en abandonnant sa chair aux avides, qui, tandis qu'ils mangent ces dépouilles matérielles, le laissent en repos, ainsi que ce qu'il aime.
RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, p. 128.
B.— Avide de
1. Avide de + subst.
a) [Subst. concr.] Avide de nourriture. Gourmand, vorace, insatiable de... Être avide de viande, de fruits (Lar. 19e).
— P. anal. Être avide de sang, de carnage. Aimer le combat, la guerre, se plaire à verser le sang :
• 9. ... malgré les intrigues de Bailly et de Lafayette; malgré tous les journaux royalistes, vingt-huit bataillons de la garde citoyenne ont refusé de voter les remerciements que le roi demandait pour M. Bouillé; et que celui du Val-de-Grâce a protesté contre, en disant : « que loin d'être un héros animé par le patriotisme, Bouillé peut n'être qu'un homme avide de sang et de carnage, et que la victoire peut lui mériter, après un examen impartial, plutôt des supplices que des lauriers! »
ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, t. 1, 1870, p. 350.
— P. ext., CHIM. et BIOL. [En parlant de substances d'un tissu] Apte à absorber ou à fixer une grande quantité de liquide ou de gaz :
• 10. Les tissus vivants sont avides d'oxygène et l'arrachent au plasma sanguin. Ce qui signifie, en termes physico-chimiques, qu'ils ont un pouvoir réducteur élevé, qu'un système compliqué de certaines substances chimiques et de ferments leur permet d'employer l'oxygène atmosphérique à des réactions productrices d'énergie.
CARREL, L'Homme, cet inconnu, 1935, p. 93.
b) [Subst. abstr.] Avide de richesse, d'honneur, de gloire, etc. Qui désire passionnément une chose, qui la recherche ardemment. Être avide de gloire, d'honneur(s) (Ac. 1798-1935, BESCH. 1845, GUÉRIN 1892, ROB.) :
• 11. Les opinions d'un homme forment sa philosophie, mais la philosophie d'un peuple est sa législation; raison pour laquelle les hommes avides de domination, imposent au peuple, comme des lois, leurs propres opinions, et veulent faire une doctrine générale de leurs sentimens particuliers.
BONALD, Législ. primitive, t. 1, 1802, p. 14.
• 12. À partir de 1700 environ, autour de Philippe D'Orléans au Palais Royal, autour de la duchesse du Maine à Sceaux, se groupe une société avide de jouissance, dont l'idéal de vie n'est plus le faste et la grandeur, mais l'agrément et le confort.
J. VIAUX, Le Meuble en France, 1962, p. 84.
2. Avide de + verbe à l'inf.
— Laud. (Être) avide de + verbe. (Être) impatiemment désireux de + verbe :
• 13. Tel était Barthélemy à quinze ans : âme modérée, affectueuse et fine, esprit vif, curieux, délié, avide de savoir, ne mettant rien au-dessus des belles et nobles études qui se cultivent paisiblement à l'ombre des Académies et des Musées...
SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, t. 7, 1851-62, p. 189.
• 14. Maier assurait, quelque quatre siècles plus tard, qu'Albert Le Grand aurait travaillé durant trente ans à faire des métaux bien choisis. D'autres prétendent qu'il a pu payer, en trois ans, toutes les dettes de son évêché de Ratisbonne... Il semble que les diverses « sorcelleries » dont on le rendit responsable se seraient bornées, modestement, à des expériences chimiques ou physiques, à des tentatives (non couronnées de succès sans doute) de transmutation de métaux, travaux où son esprit avide d'apprendre et de créer pouvait se donner carrière.
M. CARON, S. HUTIN, Les Alchimistes, 1959, p. 34.
PRONONC. :[avid]. PASSY 1914 note une durée mi-longue pour la 2e syll. du mot. Enq. :/avid/.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1470 fig. « rempli d'un désir immodéré » (Le Livre de la discipline d'amour divine, f° 36a, éd. 1537 ds R. des Ét. Rabelaisiennes, t. 9, p. 301 : Son amour ardante et fervente... vous fait avide et famelique de son amour et dilection); spéc. 1687 « rempli d'un désir immodéré d'argent, de biens » (LA BRUYÈRE, 8 ds LITTRÉ : L'on remarque, dans les cours, des hommes avides qui se revêtent de toutes les conditions pour en avoir les avantages); 2. 1567 « qui a un désir immodéré de nourriture » (G. BOUCHET, Recueil de tous les oyseaux de proye ds GDF. Compl. : Par ce moyen seront [les oiseaux qu'on veut faire chasser] rendus plus sains, plus appetissez, plus avides, ... a la proye); 3. 1704 « qui exprime le désir (en parlant d'une partie du corps) » (Trév. : On regarde avec des yeux avides une beauté qu'on aime).
Empr. au lat. avidus attesté au sens 1 dep. Ennius (Ann., 85 ds TLL s.v., 1426, 27), synon. de avarus (PLAUTE, Persa, 409, ibid., 1424, 40), attesté au sens 2 « gourmand, glouton » dep. Plaute (Rud., 1238, ibid., 1425, 9) et au sens 3 (PLINE, Nat., 14, 141, ibid., 1427, 55).
STAT. — Fréq. abs. littér. :1 358. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 606, b) 1 675; XXe s. : a) 1 335, b) 1 850.
avide [avid] adj.
ÉTYM. 1470; lat. avidus, de avere « désirer vivement ». → Avare.
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1 Qui a un désir ardent, immodéré de nourriture. || Il est avide et glouton. ⇒ Affamé, glouton, goulu, insatiable, vorace. || Un bébé avide. || Il absorbe, avale, engloutit, ingurgite d'une manière avide et n'est jamais rassasié. — Être avide comme un loup-cervier, une harpie, une hyène, un rapace un tigre.
♦ Avide de… || Avide de nourriture, de viande.
1 Chez lui sirops exquis, ratafias vantés,
Confitures surtout, volent de tous côtés :
Car de tous mets sucrés, secs, en pâte, ou liquides,
Les estomacs dévots furent toujours avides.
Boileau, Satires, X.
2 Quelquefois, aux appâts d'un hameçon perfide,
J'amorce en badinant le poisson trop avide.
Boileau, Épîtres, 6.
♦ Par ext., poétique :
3 Une horrible maigreur creuse leurs flancs avides (des harpies),
Qui toujours s'emplissant, demeurant toujours vides (…)
Abbé Delille, Énéide, III.
♦ Cour. || Un estomac avide.
2 Avide de… a ☑ Loc. littér. Être avide de sang, de carnage : se plaire à répandre le sang; être cruel, féroce. ⇒ Altéré, assoiffé. || Avide de meurtres, de vengeance.
4 Ils s'étonnent comment leurs mains, de sang avides,
Volaient, sans y penser, à tant de parricides (…)
Corneille, Horace, I, 4.
5 (…) La flamme à la main, et de meurres avide.
Racine, Iphigénie, II, 5.
6 Sa fureur, de sang avide,
Poursuit partout l'innocent.
Racine, Esther, III, 3.
b (Choses). Apte à absorber une grande quantité de matière. || « Les tissus vivants sont avides d'oxygène » (A. Carrel). || Notre économie est avide de sources d'énergie, avide de pétrole.
3 (Abstrait). a (Sans compl.). Qui désire immodérément les biens. ⇒ Cupide, rapace. || Un héritier avide. || Il est intelligent, mais arriviste et avide.
7 L'on remarque dans les cours, des hommes avides (…) si vous demandez : « que font ces gens à la cour ? » ils reçoivent, et envient tous ceux à qui l'on donne.
La Bruyère, les Caractères, VIII, 46.
8 D'Aquin était grand courtisan, mais resta avare, avide (…)
Saint-Simon, Mémoires, I, 104.
9 Un homme (Talleyrand) vil, avide, bas, intrigant. C'est de la boue et de l'argent qu'il lui faut. Pour de l'argent, il vendrait son âme, et il aurait raison, car il troquerait son fumier contre l'or.
Mirabeau, cité par Louis Barthou, Mirabeau, p. 157.
10 En héritier avide, chaque vice avait marqué sa part du cadavre encore vivant.
Balzac, Massimilla Doni, Pl., t. IX, p. 324.
b Avide de (suivi d'un nom). Qui désire avec passion. || Être avide d'argent, de gain, de richesses. ⇒ Âpre (âpre au gain, etc.). || Être avide du bien d'autrui. ⇒ Convoiteux, envieux. || Être avide de gloire, d'honneurs.
11 Mais égoïste, avide de soins et d'amour, je voulais que l'univers entier s'occupât de moi (…)
France, le Petit Pierre, XIX, p. 125.
12 Avide de gloire, enfin, j'étalais devant elle ma supériorité (…)
France, le Petit Pierre, XXVIII, p. 191.
13 Très pur, et d'une tendresse avide de câlineries, sans aucun des appétits de brute (…)
Courteline, Boubouroche, I, p. 30.
13.1 Elle était avide des êtres, et un tiers qui la connaissait trop bien, comme moi, en l'empêchant de se livrer, l'empêchait de goûter auprès d'eux un plaisir complet.
Proust, la Fugitive, Pl., t. III, p. 597.
♦ Avide de (suivi d'un inf.). || Être avide d'apprendre, de connaître, de savoir. ⇒ Curieux, anxieux, désireux, empressé, impatient.
14 (…) cloîtré et comme muré dans ses livres, avide avant tout d'étudier et d'apprendre (…)
Hugo, Notre-Dame de Paris, IV, 2.
15 (…) l'intelligence parisienne elle-même, aiguë, fiévreuse, toujours en mouvement, avide de connaître, prompte à se lasser, excellente à saisir aujourd'hui les grands côtés d'une œuvre, et demain ses défauts (…)
R. Rolland, Musiciens d'aujourd'hui, p. 212.
15.1 (…) n'était-ce donc pas moi qui les (tous ces détails) avais souhaités, moi ou plutôt ma douleur affamée, avide de croître et de se nourrir d'eux ?
Proust, la Fugitive, Pl., t. III, p. 474.
♦ Absolt. Qui prête une attention passionnée.
16 Dans l'ombre, au clair de lune, à travers les buissons,
Avides, nous pourrons voir à la dérobée,
Les satyres dansants qu'imite Alphésibée.
Hugo, les Voix intérieures, VII.
4 (1704). Choses. Qui exprime l'avidité. || Des lèvres avides. || Des regards, des yeux avides. ⇒ Ardent, concupiscent, passionné. || Les mains, les doigts avides de l'avare. || Écouter d'une oreille avide.
17 Tous ces yeux qu'on voyait venir de toutes parts
Confondre sur lui seul leurs avides regards (…)
Racine, Bérénice, I, 5.
17.1 Le regard d'un homme accoutumé à tirer de ses capitaux un intérêt aussi énorme, contracte nécessairement, comme celui du voluptueux, du joueur ou du courtisan, certaines habitudes indéfinissables, des mouvements furtifs, avides, mystérieux qui n'échappent point à ses co-religionnaires : ce langage secret forme en quelque sorte la franc-maçonnerie des passions.
Balzac, Eugénie Grandet, éd. 1838, p. 34.
18 Et toujours elle l'interrogeait, vibrante de curiosité, les yeux fixés sur lui, l'oreille avide de ces choses un peu inquiétantes à entendre, mais si charmantes à écouter.
Maupassant, Fort comme la mort, p. 38.
19 Il se jeta sur elle, ardent, les bras avides.
France, le Lys rouge, XXI, p. 159.
20 Je m'étonne encore qu'elle ne sentit pas tous nos regards curieux et avides collés pour ainsi dire à son bras nu.
Valery Larbaud, Fermina Marquez, IV.
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CONTR. Désintéressé, détaché, inattentif, indifférent. — Satisfait, assouvi, rassasié. — Généreux, prodigue.
DÉR. Avidement.
Encyclopédie Universelle. 2012.