américanisme [ amerikanism ] n. m.
• 1853; de américain
1 ♦ Vieilli Admiration, imitation du mode de vie, de la civilisation des États-Unis. « Le monde marche vers une sorte d'américanisme » (Renan).
♢ (1866) Idiotisme américain (par rapport à l'anglais). — (v. 1970) Emprunt du français à l'anglais des États-Unis.
2 ♦ (1872) Ensemble des études ethnographiques, archéologiques, linguistiques, etc., consacrées au continent américain, à ses civilisations autochtones : précolombiennes, indiennes.
● américanisme nom masculin (anglais americanism) Ensemble des sciences humaines appliquées à l'étude du continent américain. Engouement pour les États-Unis, leurs idées, leurs manières de vivre. Idiotisme propre à l'anglais d'Amérique du Nord. Tendance à préférer l'action pratique à l'étude ou à la contemplation, attribuée à certains milieux ecclésiastiques des États-Unis, groupés à la fin du XIXe s. autour du professeur Th. Hecker. (Une lettre de blâme de Léon XII, en 1899, mit fin à cette tendance.)
américanisme
n. m.
d1./d Ensemble des sciences concernant les civilisations et les langues du continent américain.
d2./d Tournure propre à l'anglais parlé en Amérique.
⇒AMÉRICANISME, subst. masc.
A.— Caractère de ce qui est américain, état d'esprit américain :
• 1. Le jour où il [Poe] écrivait : « Toute certitude est dans les rêves », il refoulait son propre américanisme dans la région des choses inférieures...
Ch. BAUDELAIRE, Nouvelles histoires extraordinaires, trad. de E. Poe, 1857, p. 7.
• 2. Indifférence à la matière, mépris de la matière. Les écroulements successifs d'immeubles et de hangars alimentent désormais une rubrique nouvelle dans les journaux. Ils illustrent cet américanisme de nos méthodes et ce consentement de notre pensée à ces façons nouvelles.
J.-R. BLOCH, Destin du siècle, 1931, p. 144.
B.— Le plus souvent péj. Engouement pour l'Amérique et tout ce qui est américain, adoption des idées et manières américaines :
• 3. Il jouait à l'homme moderne, — à l'homme moderne avec la nuance « genre américain ». L'espèce d'excentricité profonde qui était dans le caractère des Coëtquidan s'était fait jour en lui vers vingt-cinq ans sous cette forme : je serai l'homme moderne de la famille. Très vite, cela s'était compliqué d'américanisme. Ce parti pris avait déterminé ensuite tous les sentiments et toutes les attitudes du baron. Par exemple, il l'avait poussé à aimer ou feindre d'aimer le régime, la démocratie; à dédaigner ou feindre de dédaigner la condition; à s'intéresser ou feindre de s'intéresser au mécanisme des affaires, à la vie économique; à négliger légèrement ou feindre de négliger légèrement l'être suprême, et jusqu'à affecter une pointe de voltairianisme.
H. DE MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, p. 770.
Rem. QUILLET 1965 atteste seul, en outre, « patriotisme américain ».
C.— Emplois spéc.
1. DIDACT. Ensemble des disciplines qui ont pour objet l'étude des langues et des civilisations américaines.
2. LING. Idiotisme propre au parler anglais d'Amérique du Nord.
3. RELIG. ,,Ensemble (...) d'aspirations naturalistes et libérales, plus accusées sur le terrain pratique de l'action que dans le domaine théorique des idées.`` (Théol. cath. t. 1, 1 1909) :
• 4. C'est que le pape et Rome savent qu'il n'y a qu'un certain nombre d'hérésies possibles, de combinaisons possibles et que ce sont toujours les mêmes qui réapparaissent. Le modernisme en France est un gallicanisme, ou un jansénisme, c'est tout un. Le modernisme en Angleterre (avec Tyrrel) est un anglicanisme. En Amérique, un américanisme.
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 10, 1913, p. 68.
Prononc. :[].
Étymol. ET HIST. — 1. a) 1866 (Lar. 19e : Américanisme [...]. Admiration outrée, exclusive, du gouvernement, des lois, des usages des Américains, et principalement des habitants des États-Unis [...]); b) 1867 emploi péj. (Revue des Deux Mondes, t. 69, p. 774 : Le lendemain, vêtue en deuil, elle [la reine] parut dans Hanovre, et quelques jours après, comme elle continuait à vaquer à ses devoirs de femme et de princesse, visitant les hôpitaux, consolant de son mieux, on lui fit entendre qu'elle gênait. [...] j'avoue que je ne peux me faire à cet incroyable amalgame de droit divin et d'américanisme); 2. ling. a) 1866 (Lar. 19e : Américanisme [...]. Terme dont on se sert en Angleterre, et même en France, pour exprimer certaines particularités de style ou de prononciation qu'on rencontre assez fréquemment dans la conversation ou dans les écrits des habitants des États-Unis); b) 1877 ling. « mot des langues indigènes américaines entré dans les langues européennes » (DARM., p. 209 : américanisme); 3. 1872 « étude de tout ce qui concerne l'Amérique » (LITTRÉ : Américanisme); 4. 1907 relig. (Nouv. Lar. ill. Suppl. : Américanisme... L'américanisme a été condamné par Léon XIII).
Empr. à l'angl. americanism (MACK. t. 1 1939). Mot forgé en 1781 par John Witherspoon [1723-1794] théologien et homme d'État anglais qui passa en Amérique et prit une part active au mouvement qui devait aboutir à la déclaration de l'indépendance des États-Unis (WITHERSPOON, Pensylvania Jrnl., n° 1391, 1/2 ds NED Suppl. : The word Americanism, which I have coined for the purpose, is exactly similar in its formation and signification to the word Scotticism). Cf. 1794 « id. » (WITHERSPOON, Wks, 1802, IV, 460 ds NED : The first class I call Americanisms, by which I understand an use of phrases or terms, or a construction of sentences, even among persons of rank and education, different from the use of the same terms or phrases, or the construction of similar sentences, in Great Britain); empl. plus précisément au sens 1, dans un cont. pol. dep. 1808 (T. JEFFERSON, Writ. [1830], IV, 114 ds NED : I knew your Americanism too well).
STAT. — Fréq. abs. litt. :15.
BBG. — BÉL. 1957. — DARM. 1877, p. 209. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 31. — MARCEL 1938. — REY-COTTEZ 1968, t. 36, p. 331. — SPRINGH. 1962.
américanisme [ameʀikanism] n. m.
ÉTYM. 1866; angl. americanism (1781), de american. → Américain.
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1 Vx. Admiration, imitation du mode de vie, de la civilisation des États-Unis. || L'américanisme a succédé, en France, à l'anglomanie (Académie).
0 Le monde marche vers une sorte d'américanisme, qui blesse nos idées raffinées, mais qui, une fois les crises de l'heure actuelle passées, pourra bien n'être pas plus mauvais que l'ancien régime pour la seule chose qui importe, c'est-à-dire l'affranchissement et le progrès de l'esprit humain.
Renan, Souvenirs d'enfance…, Préface, p. 13.
REM. Cette valeur reste vivante dans anti-américanisme.
2 (1866). Idiotisme américain (par rapport à l'anglais). || Les américanismes et les briticismes d'un dictionnaire anglais.
♦ Emprunt (du français, etc.) à l'anglais des États-Unis. ⇒ Anglicisme. || « Stock-car » est un américanisme (en français). || « Spin », « quark » sont des américanismes scientifiques internationaux.
3 (1875). Ensemble des études ethnographiques, archéologiques, linguistiques, etc., consacrées au continent américain, à ses civilisations autochtones (précolombiennes, indiennes). ⇒ Américain (I., A., 1.).
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COMP. Anti-américanisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.