agenouiller (s') [ aʒ(ə)nuje ] v. pron. <conjug. : 1>
1 ♦ Se mettre à genoux dans une attitude de prière ou de soumission. « L'homme, face à face avec la nuit [...] s'agenouille, se prosterne » (Hugo). « Nous restâmes là un moment agenouillés. Le patron priait à haute voix » (A. Daudet). — Fig. S'agenouiller devant le pouvoir, se soumettre, s'humilier.
2 ♦ Se mettre à genoux. « Il l'aida à fermer une valise trop pleine et dut s'agenouiller dessus » (Martin du Gard).
agenouiller (s')
v. Pron. Se mettre à genoux. S'agenouiller pour frotter le carrelage.
⇒AGENOUILLER, verbe trans.
I.— Emploi trans. Mettre à genoux.
A.— [L'obj. désigne une pers., plus rarement un animal]
1. [Le geste est seulement physique] :
• 1. Il avait empoigné de sa main gauche le collet, la blouse, la chemise et la bretelle du Cabuc.
— À genoux, répéta-t-il.
Et d'un mouvement souverain le frêle jeune homme de vingt ans plia comme un roseau le crocheteur trapu et robuste et l'agenouilla dans la boue. Le Cabuc essaya de résister, mais il semblait qu'il eût été saisi par un poing surhumain.
V. HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, pp. 345-346.
2. [Il s'accompagne d'une intention relig. d'adoration ou d'humilité] :
• 2. Et l'enfant, qui, de la chapelle Saint-Ignace où sa mère l'avait agenouillé à prier, venait voir de temps en temps, voyait toujours cette main.
E. et J. DE GONCOURT, Madame Gervaisais, 1869, p. 186.
3. Au fig. Humilier profondément :
• 3. Ce qui me plaisait dans ce récit peu recommandable, c'était le sadisme de la victime et cette inflexible vertu qui finit par jeter à genoux le mari bourreau. C'est cela que je voulais pour moi : agenouiller les magistrats de force, les contraindre à me révérer pour les punir de leurs préventions. Mais je remettais chaque jour l'acquittement au lendemain; ...
J.-P. SARTRE, Les Mots, 1964, p. 106.
Rem. Dans l'ex. 2 la constr. agenouiller qqn à + inf. est arch.
B.— [L'obj. est le plus souvent une entité abstr.] Assujettir à la domination métaphysique, morale ou affective d'un être, d'une valeur.
1. [Dans un cont. relig., avec une idée d'adoration, d'humilité ou d'humiliation] :
• 4. Quand elle [Marthe] voulait lui parler [à l'abbé Faujas] (...) de ses besoins d'être guidée, il la faisait taire (...) Et lui, prenait une hauteur plus grande, se mettait hors de sa portée, comme un dieu aux pieds duquel elle finissait par agenouiller son âme.
É. ZOLA, La Conquête de Plassans, 1874, p. 1010.
• 5. Doué par l'hérédité native d'un sentiment profond de la vie religieuse et morale, il s'est engagé, à la suite de savants qui ont été ses maîtres en exégèse, dans l'étude des diverses solutions données par l'humanité aux problèmes de la recherche religieuse et de l'inquiétude morale. Il a pu ainsi agenouiller son imagination devant plusieurs autels, respirer l'arome de bien des encens, répéter les prières de plusieurs liturgies, et participer à la ferveur de plusieurs cultes.
P. BOURGET, Essais de psychologie contemporaine, 1883, p. 47.
• 6. Je viens te prier, toi qu'on proscrit. Toi qu'on souille,
Je viens avec des pleurs te laver. J'agenouille
La lumière devant ton horreur, et l'espoir
Devant les coups de foudre empreints sur ton front noir!
V. HUGO, La Fin de Satan, Hors terre 3, L'ange liberté 7, 1885, pp. 927-928.
2. [Dans le domaine de l'affectivité envers une pers. ou une œuvre aimée ou admirée] :
• 7. Avant de s'imposer à la foule, son œuvre [l'œuvre de C. Franck] agenouilla quelques jeunes gens...
A. BRUNEAU, La Musique française, 1901, p. 112.
3. [Avec une idée de servilité] :
• 8. Va, rends-moi mille fois ma liberté ravie,
Je reviendrai toujours t'agenouiller ma vie;
Je reviendrai toujours, esclave, en ton chemin
Mettre un pied sur ta trace, et mon cou sous ta main.
A. DE LAMARTINE, La Chute d'un ange, 1838, p. 869.
II.— Emploi pronom. S'agenouiller.
A.— Se mettre à genoux.
1. [Le geste est seulement physique]
a) [Le suj. est une pers.] :
• 9. ... où elle passa [sainte Élisabeth] les premiers temps de son séjour à Marbourg, on voit une fontaine à triple jet qu'on appelle Elisabethsbrunn. C'est là qu'elle lavait elle-même le linge des malades : une large pierre bleue, sur laquelle elle s'agenouillait pendant ce rude travail, a été transportée dans l'église et s'y voit encore.
Ch. DE MONTALEMBERT, Histoire de sainte Élisabeth de Hongrie, 1836, pp. 343-344.
• 10. Il apercevait alors quelque adversaire plus tenace : une renoncule, une oseille sauvage, et s'acharnait à l'extraire. Parfois c'était un liseron à la racine interminable, parfois une quintefeuille, parfois un pissenlit qui n'entendait pas céder. Alors il s'agenouillait et commençait de fouir. D'une main, de l'autre, il saisissait les chiendents, les euphorbes, les herbes folles.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Vue de la terre promise, 1934, p. 117.
• 11. Catherine soupirait, elle s'agenouillait sur son lit ou elle allait s'accouder à la fenêtre, au-dessus de la campagne noire et moite que des éclairs de chaleur illuminaient toutes les nuits.
P. NIZAN, La Conspiration, 1938, p. 155.
b) [Le suj. est un animal] :
• 12. Le cavalier s'accroupit sur le dos de l'animal; un anneau passé dans les narines de celui-ci, sert à le conduire : il est très obéissant; à un certain bruit du cavalier, l'animal s'agenouille, pour lui donner la facilité de descendre.
E.-D. DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 135.
• 13. Il avait dressé pour Laure un joli cheval qui s'agenouillait devant elle, et la suivait comme un mouton bridé.
J. SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, p. 11.
2. [Le geste physique a une signif., attitude de respect de dévotion ou d'humilité. Le suj. est une pers.]
a) RELIG. [Avec une intention de prière, d'adoration à l'égard de Dieu, de vénération à l'égard d'un obj. relig.] :
• 14. Il n'y a que ceux qui passent leurs jours à oublier de vivre qui se détournent de la mort comme d'un spectacle importun. Ceux qui s'agenouillent soir et matin pour rendre grâce ne passent jamais indifférents devant un cercueil.
G. SAND, Lélia, 1833, p. 302.
• 15. La sainte Vierge, la tête ceinte d'un léger diadème, s'agenouille devant l'enfant Jésus [dans la Vierge au Voile de Raphaël] ...
T. GAUTIER, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, p. 34.
• 16. Il suivait l'office en remuant les lèvres, le nez dans son bouquin. Bon. Bon. Mais à l'élévation, au lieu de se servir du prie-Dieu qui était devant lui — j'aurais encore compris ça — non, le voilà qui s'agenouille par terre, et qui se prosterne sur les dalles. Moi, au contraire, j'étais resté debout.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Belle saison, 1923, p. 815.
• 17. Un besoin poignant d'adorer, de s'agenouiller n'importe où au milieu d'un travail, et quelquefois sur la place publique le saisissait. Besoin impérieux, irrésistible, presque physique, semblable aux tempêtes qui viennent du bout de l'univers et obligent les arbres à se courber devant elles désespérément.
M. JOUHANDEAU, Monsieur Godeau intime, 1926, p. 254.
• 18. À l'église, où chacun peut « noter le bien et le mal d'autrui », suivez très exactement, en vous asseyant, vous levant ou vous agenouillant, tout ce que requiert le rite. Après la bénédiction, laissez la foule s'écouler; inclinez-vous successivement devant chaque autel; puis, si vous êtes en compagnie de dames, attendez-les, et partez la dernière.
E. FARAL, La Vie quotidienne au temps de saint Louis, 1942, p. 134.
• 19. La Ducor arrive dans son appartement, sort de son manteau la statue du petit roi de gloire et la met sur un meuble. Mère Marie de l'incarnation s'agenouille pour la vénérer.
G. BERNANOS, Dialogue des carmélites, 1948, 5e tabl., 15, p. 1717.
— [Avec une idée de soumission humiliante] :
• 20. Le prêtre lui fit un signe :
« Mettez-vous à genoux sur ce coussin. »
Sabot restait debout, honteux d'avoir à s'agenouiller.
Il bredouilla :
« C'est-il bien utile? »
Mais l'abbé était devenu majestueux :
« On ne peut approcher qu'à genoux du tribunal de la pénitence. »
G. DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, La Confession de Théodule Sabot, 1883, p. 40.
— Par métaph. :
• 21. [cathédrale de Tolède] cinq nefs partagent l'église : celle du milieu est d'une hauteur démesurée, les autres semblent à côté d'elle incliner la tête et s'agenouiller en signe d'adoration et de respect.
T. GAUTIER, Tra los montes, Voyage en Espagne, 1843, p. 149.
b) HIST. [Avec une intention de déférence à l'égard d'un chef hiérarchique] :
• 22. Le duc de Bourgogne s'inclina humblement et s'agenouilla; le dauphin lui prit la main, l'embrassa et voulut le faire lever; mais il s'y refusa au premier instant, disant : « Monseigneur, je sais comment je dois vous parler. »
P. DE BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 4, 1821-1824, p. 236.
• 23. ...la vénération avec laquelle vous vous agenouillerez aux pieds de votre Roi rehaussera la noblesse de votre caractère...
A. FRANCE, Monsieur Bergeret à Paris, 1901, p. 301.
c) [Avec un sentiment d'admiration, d'adoration à l'égard d'une pers. aimée] :
• 24. Son mari ne lui avait jamais pris les pieds dans ses deux mains pour les baiser; jamais non plus, il ne s'était agenouillé pour lui dire qu'il l'adorait. Cependant, elle l'aimait bien; mais elle s'étonnait que l'amour n'eût pas plus de douceur.
É. ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 72.
• 25. Il s'agenouilla, baisa mes bottines, les pétrit de ses doigts fébriles et caresseurs, les délaça... et, en les baisant, les pétrissant, les caressant, il disait d'une voix suppliante, d'une voix d'enfant qui pleure :
— Oh! Marie... Marie...
O. MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 19.
• 26. ... il avait trouvé Cécile seule; et il s'était agenouillé de tout son être devant elle, pour lui mettre au doigt cette bague, l'anneau, la chaîne... Tout un passé de jeunesse, de tendresse... Ah, ce désir sincère et fou qu'il avait, de donner et de prendre le bonheur!...
R. MARTIN DU GARD, Jean Barois, 1913, p. 309.
• 27. Il la vit ardente, candide, entendue, délicate, pleine de Dieu, belle à en mourir. Il s'agenouilla, il se prosterna, il s'anéantit devant elle, une fois de plus, dans l'incognito de son cœur.
J. MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, t. 2, 1933, p. 179.
B.— Au fig. [Avec une valeur gén. favorable, except. défavorable. Le suj. est une pers., l'obj. est une entité abstr.] Se soumettre à certaines exigences, certaines qualités d'ordre religieux, sentimental ou moral.
— [Avec une idée de respect] :
• 28. Si tu savais comme je me sens le frère des petites filles qui, avec une grande fortune, de beaux cheveux et connaissant déjà le monde, entrent au couvent. Bérénice, tiens, en réalité, je m'agenouille devant sa simplicité.
M. BARRÈS, Le Jardin de Bérénice, 1891, p. 134.
• 29. En disant adieu au monde, je veux en votre personne dire adieu à tout mon passé. Je m'agenouille devant tout ce qu'il y avait de beau dans ma vie.
A. CAMUS, Les Possédés, adapté de Dostoïevsky, 1959, p. 1094.
— Péjoratif :
• 30. ... aucune ébauche de discorde ne s'éleva entre les hommes; ils s'agenouillaient souvent devant les plus futiles caprices de leurs maîtresses, mais pas un d'eux n'eût hésité un instant entre la femme et l'ami.
H. MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, p. 173.
• 31. Ce sont les braves qui meurent à la guerre. Pour ne pas y être tué, il faut un grand hasard ou une grande habilité. Il faut avoir courbé la tête ou s'être agenouillé au moins une fois devant le danger. Les soldats qui défilent sous les arcs de triomphe sont ceux qui ont déserté la mort.
J. GIRAUDOUX, La Guerre de Troie n'aura pas lieu, 1935, I, 6, pp. 61-62.
Rem. 1. L'ex. 30 n'est pas sans rappeler le dicton pop. À la quenouille, le fort s'agenouille (cf. Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.).
Rem. 2. Immédiatement après le verbe faire, s'agenouiller se réduit souvent à la forme non-pronominale :
• 32. Le tisserand seul priait, le père et la mère faisaient agenouiller leurs enfants. Tous, sans se voir, priaient ensemble.
J. MICHELET, Journal, mars 1841, p. 359.
• 33. ... les chameaux glissent des quatre pieds sur les pentes de sable, et crient désespérément en agitant leurs grands cous; on doit alors les décharger, les faire agenouiller, les charger de nouveau, puis la marche reprend.
J. et J. THARAUD, La Fête arabe, 1912, pp. 257-258.
La forme pronom. reste si faire ne précède pas immédiatement (s'agenouiller, mais lever = se lever) :
• 34. Allez à l'église, à quatre vingts sur cent il faut que le bedeau guide les fidèles, les fasse lever, s'agenouiller. Ils ne savent pas.
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 9, 1 janv.-1 avr. 1912, p. 272.
Rem. 3. S'agenouiller est fréquemment empl. en constr. abs. (ex. 10, 12, 14, 17, 18, 20, 21, 22, 34) avec parfois un compl. de but (except. à, le plus souvent pour + inf. : ex. 14, 18, 24). — S'agenouiller se construit plus souvent avec un compl. de lieu (prép. à, par [terre], dans et surtout sur, s'il s'agit d'un lieu proprement dit; aux pieds de (ex. 4, 23) et surtout devant s'il s'agit de la divinité, d'une pers., d'un obj., d'une entité (ex. 5, 6, 13, 19, 26, 27, 28, 29, 30, 31)).
Rem. 4. a) Synon. (se) courber, fléchir, (s') incliner, (se) plier, (se) prosterner, révérer, vénérer. b) Anton. affronter, (se) dresser (contre), faire face à, (se) lever, rehausser, (se) révolter, tenir tête à.
Stylistique — S'agenouiller est concurrencé par des syntagmes composés à l'aide de genou : se mettre à genoux (en parlant d'une pers.), mettre un genou en terre, etc., qui soulignent l'aspect physique du geste; le concept entre comme constituant de celui de « se prosterner » qui concerne aussi le haut du corps. Des emplois avec un suj. abstr. comme ceux qui se rencontrent avec s'agenouiller ne sont guère possibles avec ses syntagmes concurrents :
35. Aux pieds de la faveur s'agenouillait l'orgueil.
Ch.-J. DE CHÊNEDOLLÉ, Extraits du journal, 1811, p. 53.
36. En cet être charmant et si frêle habite une âme capable d'agenouiller des chênes.
L. BLOY, Journal, 1905, p. 267.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. : (s') [], (je m') []. PASSY 1914 note une demi-longueur pour la 2e syllabe du mot. Enq. ://. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : agenouillage, agenouillé, agenouillement, agenouilloir. Cf. genou. — Rem. Les dict. de prononc. du XIXe s. transcrivent le mot avec l mouillé, sauf LAND. 1834 et DG qui notent yod. Ac. Compl. 1842 réserve encore une vedette à la forme anc. agenoiller.
Étymol. ET HIST. — Fin XIe — début XIIe s. pronom. « se mettre à genoux » (Loh., ms. Berne, f° 44e ds GDF. Compl. : Il s'agenelle, se li crie merchi); 1130-1140 « id. » (WACE, Vie de Ste Marguerite, éd. Joly, M317 [ms. A.] ds KELLER, Voc. Wace, 368 a : sei ajenoillier).
STAT. — Fréq. abs. litt. :1 109. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 1 110, b) 1 610; XXe s. : a) 2 395, b) 1 462.
BBG. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — Bible 1912. — BOISS.8. — BONNAIRE 1835. — CAPUT 1969. — DUP. 1961. — FÉR. 1768. — LAF. 1878. — LAV. Diffic. 1846. — MARCEL 1938.
agenouiller [aʒ(ə)nuje] v. pron. et tr.
ÉTYM. XIe; de à, et genou.
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I V. pron. || S'agenouiller.
1 Se mettre à genoux dans une attitude de prière ou de soumission (⇒ Genou : fléchir le genou, mettre un genou en terre). || S'agenouiller pour prier, pour adorer, en signe d'humilité. ⇒ Prosterner (se).
1 Philémon reconnut ce miracle évident :
Baucis n'en fit pas moins : tous deux s'agenouillèrent (…)
La Fontaine, Appendice aux fables, IV, 75.
2 Tombe, agenouille-toi, créature insensée :
Ton âme est immortelle, et la mort va venir.
A. de Musset, Lettre à Lamartine, p. 107.
3 L'homme (…) s'abat, s'agenouille, se prosterne (…)
Hugo, les Travailleurs de la mer, III, II, V.
3.1 L'aller fut silencieux et recueilli, la pensée de la morte oppressant les âmes. Sur la tombe, les deux femmes s'agenouillèrent et prièrent longtemps.
Maupassant, Fort comme la mort, éd. 1889, p. 202.
3.2 Lorsqu'un navire est en détresse, ceux qui s'agenouillent et entonnent des cantiques adressent des prières et des supplications au Très-Haut (…)
Gide, Feuillets d'automne, « Deux interviews imaginaires », p. 248-249.
♦ Au participe passé :
4 (…) Ô vils flatteurs agenouillés dans l'ombre (…)
Hugo, les Années funestes, p. 19.
5 Nous restâmes là un moment, agenouillés. Le patron priait à haute voix (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, IX, 87.
2 Fig. et littér. || S'agenouiller devant le pouvoir, se soumettre, s'humilier. — Au p. p. || Des peuples agenouillés.
3 Se mettre à genoux. || Il s'agenouilla pour ôter les mauvaises herbes.
6 Il l'aida à fermer une valise trop pleine et dut s'agenouiller dessus, de tout son poids, tandis qu'elle s'accroupissait sur le tapis pour tourner la clef.
Martin du Gard, les Thibault, III, 14. → Accroupir.
4 En tour factitif, avec ellipse du pronom :
7 Ô ville, tu feras agenouiller l'histoire.
Hugo, l'Année terrible, p. 17.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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II V. tr.
1 Mettre (qqn) à genoux. || Il le frappa et l'agenouilla sans douceur.
♦ Faire mettre à genoux. || Agenouiller un enfant pour qu'il prie, l'« agenouiller à prier » (Goncourt).
2 Fig. et littér. Assujettir (qqn, qqch.) en humiliant. → Mettre à genoux. || Agenouiller un peuple, des minorités. ⇒ Opprimer.
——————
agenouillé, ée p. p. adj.
♦ Mis à genoux; qui s'est mis à genoux. || Des fidèles, des communiants agenouillés. (Animaux). || Un chameau agenouillé.
♦ N. || Un, une agenouillée. — N. f. (1886, in Larchey). Prostituée (métaphore analogue à celle de horizontale, pour préciser une position érotique).
❖
DÉR. Agenouillement, agenouilloir.
Encyclopédie Universelle. 2012.