ÉDEN
ÉDE
Nom du lieu (éden en hébreu) où, selon la Genèse (II, 8), Dieu installa l’homme après qu’il l’eut créé. En akkadien, edinu signifie plaine, et, en sumérien, edin est un terrain fertile ou irrigable. Il semble que, derrière cette dénomination locative, soit sous-jacente l’acception du mot en tant que nom commun, «délices», «plaisir»: dans la Genèse (II, 15 et III, 23), «jardin d’Éden» peut se traduire, comme l’ont fait les Septante, par «jardin de plaisir» ou «paradis» (de même en Ézéch., XXXVI 35).
«Éden» apparaît dans la littérature prophétique comme un terme bien défini, de coloration à la fois théologique et mythique (Is., LI, 3; Ézéch., XXVIII, 13).
Éden désigne aussi, dans la Bible, la région (Bit -adini en assyrien) qui était située sur les deux rives du moyen Euphrate et fut dominée par les Assyriens (II Rois, XIX, 12; les textes assyriens la signalent à partir de \ÉDEN 884). Elle entretenait, selon Ézéchiel (XXVII, 23), des relations commerciales avec Tyr. Salmanasar III la soumit définitivement en \ÉDEN 855.
éden [ edɛn ] n. m.
• 1547; mot hébr., nom du Paradis terrestre dans la Genèse
♦ Lieu de délices. ⇒ paradis. Un éden de verdure. Des édens. « Le salon d'un restaurateur est l'éden des gourmands » (Brillat-Savarin). — Adj. ÉDÉNIQUE , 1865 .
⊗ CONTR. Enfer.
● éden nom masculin (hébreu ’ēden, délices) Lieu où la Bible situe le paradis terrestre (avec une majuscule). Littéraire. Lieu de délices, séjour plein de charmes, état de bonheur parfait. ● éden (citations) nom masculin (hébreu ’ēden, délices) Jules Laforgue Montevideo 1860-Paris 1887 Vie ou néant ! choisir. Ah ! quelle discipline ! Que n'est-il un Éden entre ces deux usines ? Les Complaintes, Complainte des voix sous le figuier bouddhique Jules Laforgue Montevideo 1860-Paris 1887 Ô ! l'Éden immédiat des braves empirismes ! L'Imitation de Notre-Dame la Lune, Nobles et touchantes divagations sous la lune Léopold Sédar Senghor Joal, près de Dakar, 1906 Académie française, 1983 Je ne sais en quel temps c'était, je confonds toujours l'enfance et l'Éden Comme je mêle la Mort et la Vie — un pont de douceur les relie. Éthiopiques Le Seuil ● éden (difficultés) nom masculin (hébreu ’ēden, délices) Orthographe Le mot prend ou non une majuscule, selon le sens. 1. L'Éden = le lieu du paradis terrestre, selon la Bible. Avec une majuscule. 2. Un éden = un lieu de délices, un séjour plein de charme (emploi littéraire). Avec une minuscule. - Les dérivés prennent deux accents aigus : édénique, édéniser, édénisme, etc. ● éden (synonymes) nom masculin (hébreu ’ēden, délices) Littéraire. Lieu de délices, séjour plein de charmes, état de bonheur...
Synonymes :
- oasis
- paradis
Eden
(Anthony), lord Avon (1897 - 1977) homme politique britannique. Premier ministre (conservateur) en 1955, il démissionna en 1957 après l'intervention franco-britannique à Suez.
⇒ÉDEN, subst. masc.
A.— [Avec l'art. déf.] Paradis terrestre, dépeint dans la Bible comme la demeure du premier couple humain. La condamnation prononcée contre l'homme, dans l'éden (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 256). Une misérable image de l'éden, avec le Chérubin à l'épée flamboyante, entre l'Euphrate et le Tigre (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1914-18, p. 34) :
• 1. ... ces gigantesques tiges
Des arbres de l'éden sont les sacrés vestiges,
Du saint jardin ces lieux ont conservé le nom; ...
LAMARTINE, La Chute d'un ange, 1838, p. 814.
B.— [Avec l'art. (in) déf. ou au plur.] Au fig. Lieu de délices, orné surtout par la nature, où l'on vit dans l'innocence et la simplicité primitives; état de bonheur parfait. (Quasi-)synon. paradis; anton. enfer. Six cents francs de rente et ses leçons lui firent [au maître de musique] un Éden (BALZAC, Fille Ève, 1839, p. 73) :
• 2. ... à Mexico les courses de taureaux les avaient écœurés; en revanche les villages indiens du Honduras et du Guatémala leur semblaient de poétiques édens.
BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 533.
Rem. Sur ce subst., Hugo a créé les deux termes édénisation et édéniser. a) Édénisation, subst. fém. Action d'édéniser, de s'édéniser. Ils [les sauvages de la civilisation] voulaient la fin des oppressions (...), le pain pour tous, l'idée pour tous, l'édénisation du monde, le Progrès (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 41). b) Édéniser, verbe trans. Transformer en un lieu de bonheur et de vertu, semblable à l'Éden. Elle [Déruchette] ne fait pas autre chose que d'être là, cela suffit, elle édénise la maison, il lui sort par tous les pores un paradis (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 92).
Prononc. et Orth. :[]. La finale se prononce en [-] comme celle de : abdomen, cyclamen, dolmen, gluten, hymen, lichen, pollen, spécimen. Mais BESCH. 1845 propose, en outre, la prononc. [] que MART. Comment prononce 1913, p. 138 signale ds Delille, fréquemment pour rimer avec jardin et que NYROP Phonét. 1951, § 207 signale ds Hugo (Odes et ballades). MART. Comment prononce 1913 note également que, ds les Juives de R. Garnier, éden rimait avec Adam. Enq. : /eden/. Le mot est admis ds Ac. 1762-1932. Peut s'écrire avec majuscule (cf. BALZAC, loc. cit.). Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1235 topon. biblique (Bible fr. de l'Université de Paris, ms. Paris BN fr. 899, f° 1 v° [Gen. 4, 16] : la contree d'Orient qui a nom edem); b) 1547 Eden « paradis terrestre » (MARG. DE NAVARRE, Les Marguerites, Comed. du Desert II, 225-226 ds HUG. : Adam, Qui [...] Feut chassé d'Eden); 1553 jardin d'Eden « paradis terrestre » (Bible, impr. Jean Gerard, Gen 3 d ds FEW t. 20, p. 25a, s.v. ); 2. 1794 p. ext. « lieu de délices » (CHÉNIER, Élégies, p. 150). Empr. à l'hébr. biblique , nom du lieu du paradis terrestre, presque toujours traduit à tort par « mollesse, douceur, délicatesse » dans la version des Septante et voluptas « volupté, délices » ou deliciae « délices » dans la Vulgate (principalement dans la loc. gan « jardin d'Éden » [Gen. 2, 15; 3, 23, 24], Septante , Vulgate paradisus voluptatis, d'où l'emploi du type paradis de délices dans les trad. de ces passages en a. fr. et m. fr., v. TRÉNEL infra) en raison d'une confusion avec le nom commun hébr. « délices », plur. de (II Sam. 1, 24; Ps. 36, 9; Jér. 51, 34). La trad. correcte jardin d'Éden au lieu de jardin de délices ou paradis de délices pour désigner le paradis terrestre n'est apparue qu'au XVIe s. avec les traducteurs de la Réforme, qui remontaient jusqu'au texte hébr. (J. TRÉNEL, L'A.T. et la lang. fr. du Moy. Âge, pp. 75-77; Bible Suppl., s.v. paradisus, t. 6, col. 1177-1181). Fréq. abs. littér. :203. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 363, b) 516; XXe s. : a) 310, b) 89.
DÉR. Édénisme, subst. masc. État de bonheur qui, selon certains systèmes sociologiques, aurait constitué la première des huit périodes dont se compose l'histoire complète de l'humanité, et qui aurait précédé l'état sauvage proprement dit. L'Humanité, selon Fourier, se fourvoie depuis la période d'édénisme (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p. 435). — []. — 1re attest. 1843 id.; de éden, suff. -isme.
BBG. — QUEM. 2e s. t. 1 1970 (s.v. édénisme).
éden [edɛn] n. m.
ÉTYM. 1547; eden, v. 1235; mot hébreu, nom du Paradis terrestre dans la Genèse.
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1 (1547). Didact. (en général employé avec l'art. déf.). Le Paradis terrestre. || Le jardin d'Éden. || L'Éden, berceau des humains (→ Berceau, cit. 13).
1 (…) il ne manque à l'amour que la durée pour être à la fois l'Éden avant la chute et l'Hosanna sans fin.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 96.
2 Il semblait avoir vu l'éden, l'âge d'amour,
Les temps antérieurs, l'ère immémoriale.
Hugo, la Légende des siècles, IX, « L'an neuf de l'hégire ».
2 (1794). Littér. (en général employé avec l'art. indéf. ou au plur.). Lieu de délices; séjour agréable. ⇒ Paradis (fig.). || Ce pays est un véritable éden. || Nous passâmes dans cet éden deux jours paradisiaques (cit.).
3 La pluie, la bienfaisante pluie inconnue au désert, tambourine sur nos tentes, arrose abondamment cet éden de verdure où nous sommes.
Loti, Jérusalem, III, p. 16.
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CONTR. Enfer.
DÉR. Édénien, édénique, édéniser, édénisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.