SEIGLE
SEIGLE
Déjà cultivé par les Gaulois et les Germains, le seigle est resté longtemps la céréale panifiable des pays pauvres, au climat ou aux sols hostiles. En France, dans le Massif central, les habitants opposaient les terres de segala (par exemple le Ségala du Rouergue, au sud de Rodez, dans l’Aveyron) et celles de fromental. Le seigle tolère les étés pluvieux, les hivers très froids et longs (ex-U.R.S.S.), les sols siliceux acides (massifs hercyniens), les sols de dépôts glaciaires (Pologne). Le seigle commun est semé à l’automne et récolté au début de l’été. Jusqu’en 1850, il facilitait la «soudure» de la fourniture de céréales dans l’Europe sous-alimentée. Le seigle de printemps (de la Saint-Jean) est utilisé en montagne, où il croît jusqu’à 1 800 mètres dans les Alpes. Semé de mai à juillet, il n’est récolté que l’année suivante.
En position de net repli, le seigle est encore cultivé en Europe orientale (ex-U.R.S.S. et Pologne notamment), en Allemagne, en Chine, au Canada pour la fabrication d’alcools industriels ou de consommation (type vodka) et pour l’engraissement des bestiaux.
seigle [ sɛgl ] n. m.
• 1350; segle 1225; soigle 1172; lat. secale, ou a. provenç. segle
1 ♦ Céréale (graminées) dont les grains produisent une farine brune panifiable. « un champ de seigle mûr, dont la blondeur était celle des jeunes Polonais » (Genet). Paille de seigle. ⇒ glui. Blé et seigle cultivés ensemble. ⇒ champart, méteil. Hybride de blé et de seigle. ⇒ triticale. Ergots noirs des épis de seigle. Seigle ergoté dit blé cornu.— Les seigles : les champs de seigle.
2 ♦ Grain du seigle; farine qu'on en tire. Pain de seigle.
● seigle nom masculin (latin secale) Céréale (graminée) rustique des terres pauvres et froides, comprenant plusieurs espèces originaires du sud de l'Europe et de l'Asie centrale, dont la culture a reculé devant celle du blé.
seigle
n. m. Céréale (Fam. graminées) panifiable, très résistante au froid, poussant sur les terrains pauvres.
⇒SEIGLE, subst. masc.
A. — BOT. Céréale de la famille des Graminées dont les graines produisent une farine panifiable et qui est cultivée dans les régions nordiques, les montagnes et les terres pauvres. Synon. grand blé, blé de la saint Jean (vieilli). Seigle d'automne, de l'hiver, de mars, de printemps; terre à seigle; champ de seigle; épi, gerbe de seigle; paille de seigle; battre, cultiver, couper, faire les seigles. De chaque côté du chemin s'étendaient des landes incultes, des espaces où la couche d'humus était si mince, qu'on ne pouvait même pas y semer du seigle (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 198). Les métayers de Grandgousier, qui, près de là, gaulaient des noix (...) frappèrent sur les fouaciers comme sur du seigle vert (FRANCE, Rabelais, 1909, p. 53). V. avoine ex. 1.
B. — P. méton.
1. Champ de seigle. Sara me tira dans un seigle voisin, où nous nous cachâmes (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 233).
2. Grain de cette céréale, mince et long, de couleur brun foncé. Grenier à seigle; cours, prix du seigle; engranger le seigle; picorer du seigle; vendre du seigle. Les paysans, et même quelques fermiers, ne possédaient pas assez d'argent pour payer leurs semences. Aux uns, maître Taboureau prêtait un sac d'orge pour lequel ils lui rendaient un sac de seigle après la moisson; aux autres, un setier de blé pour un sac de farine (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 64). Infra ex. de Brunerie.
♦ Couleur seigle. Couleur brun foncé. Un col roulé à emmanchures raglan. Vous le tricoterez avec la laine de pays de Plassard couleur seigle (Elle, 7 oct. 1974, p. 109, col. 1).
— Seigle ergoté V. ergot A 2.
3. Farine obtenue à partir de ces grains. Crêpe, galette de seigle; pain de seigle. La couque au seigle pur se fait surtout dans le nord de la France, à Reims et à Paris, ainsi qu'en Gâtinais et en Franche-Comté. La couque bâtarde ou couque dijonnaise renferme des proportions variables de blé et de seigle (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 20).
Prononc. et Orth.:[]. MARTINET-WALTER 1973 attribue à qq. suj. une prononc. []. Ac. 1694, 1718: seigle, segle; dep. 1740: seigle. La graph. sègle est ds FÉR., FÉR. crit. t. 3 1788, BESCH. 1845. Étymol. et Hist. 1176-81 soigle (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier lion, éd. M. Roques, 2879-2880: pain D'orge, et de soigle); fin XIIe s. soile (Moniage Guillaume, éd. W. Cloetta, IIe réd., 2196: pain de soile); ca 1221 segle (Complainte de Jérusalem contre la cour de Rome ds BARTSCH-HORNING 1887, col. 377, 35); 1286 seygle (Villeloin, Arch. d'Indre et Loire ds GDF. Compl.); ca 1350 seigle (ROQUES t. 1, IV, 7929). Du lat. « seigle » ou empr. à l'a. prov. segle. Fréq. abs. littér.:208. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 239, b) 333; XXe s.: a) 374, b) 276.
seigle [sɛgl] n. m.
ÉTYM. 1350; soigle, 1172, segle, 1225; dér. du lat. secale, ou empr. anc. provençal segle — la forme populaire est soile, seille, encore utilisée dans les parlers régionaux.
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1 Plante monocotylédone herbacée (Graminées) du groupe des céréales, dont les grains produisent une farine panifiable (n. sc. : secale). ⇒ Blé (blé de la Saint-Jean, blé trémois). || Paille de seigle. ⇒ Glui. || Blé et seigle cultivés ensemble. ⇒ Champart, méteil. || Hybride de blé et de seigle. ⇒ Triticale. || Mélange fourrager de seigle et de vesces. ⇒ Hivernage. || Maladies du seigle. ⇒ Ergot, rougeole, rouille. || Seigle ergoté, dit blé cornu. || Terre à seigle.
1 On n'a point de blé par ici, rien qu'un peu de seigle et pas beaucoup, juste ce qu'il nous en faut pour faire notre pain (…)
C.-F. Ramuz, la Grande Peur…, VIII.
2 La ligne idéale traversait un champ de seigle mûr, dont la blondeur était celle de la chevelure des jeunes Polonais (…)
Jean Genet, Journal du voleur, p. 50.
➪ tableau Noms de remèdes.
♦ Les seigles : les champs de seigle (→ Épouvante, cit. 3; moire, cit. 3).
Encyclopédie Universelle. 2012.