RÉGIONALISME
Le terme de régionalisme date de la seconde moitié du XIXe siècle, mais ce n’est guère que vers le milieu du XXe siècle qu’il connut une utilisation élargie et fit partie du vocabulaire politique courant. Naturellement, cette vogue accentua l’ambiguïté du mot, dont les significations peuvent varier selon le contexte et la perspective. C’est cependant le sens le plus littéral, et en même temps le plus général, qui conduit à analyser le régionalisme comme une tendance à promouvoir le développement de la vie et de l’organisation régionales. L’équivoque demeure toutefois quant à la notion de région ; le contenu de celle-ci ne commence à se préciser que si l’on définit l’espace par rapport auquel la région est perçue. Ainsi, le terme de région peut être pris – c’est la perspective étymologique la plus classique – comme un synonyme de province et le régionalisme est alors conçu en référence à l’ensemble national. Mais il peut aussi désigner, sur le plan international, une tendance à affirmer la solidarité et à promouvoir le développement d’un groupe de nations possédant des intérêts communs. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le régionalisme est l’objet, en ce dernier tiers du XXe siècle, d’un intérêt accru. Sa problématique met en jeu les préoccupations dominantes du monde contemporain. Dans l’incertitude et parfois le désarroi qui résultent de l’inadaptation des structures politiques et sociales de l’État classique aux formes nouvelles d’une civilisation dite de masse et de consommation, le régionalisme semble en effet, à certains, pouvoir fournir un antidote aux excès d’un «État Léviathan», dont l’inefficacité procède souvent du gigantisme.
1. Une tendance universelle
Qu’il s’agisse de la tendance au séparatisme d’une province (Catalans, Basques, Bretons, Flamands, par exemple) ou d’une volonté de regroupement interétatique, l’examen des expériences régionalistes ou des doctrines concernant le régionalisme montre le caractère profondément humain – et donc universel – des aspirations qui s’y trouvent exprimées: de telles aspirations s’observent en effet sous toutes les latitudes et indépendamment du contexte socioculturel, avec, cependant, beaucoup plus de netteté et de vigueur chez les peuples développés et qui possèdent une tradition intellectuelle.
Les composantes d’une aspiration
L’aspiration régionaliste semble trouver sa force dans la juxtaposition de deux composantes: la conscience d’une communauté d’intérêts et l’aspiration à participer à la gestion de ses intérêts propres.
L’existence d’une communauté d’intérêts est évidemment la condition préalable au besoin de regroupement. L’expression la plus classique de ce besoin est la constitution de groupements d’«affaires locales». Celles-ci, pendant longtemps, n’existaient qu’à l’échelle de la paroisse, du village ou du quartier. L’une des caractéristiques de l’époque moderne est d’avoir favorisé la conscience d’une certaine interdépendance planétaire (notamment par les progrès de la technologie des communications), qui a provoqué le développement des organisations interétatiques régionales. Mais, en même temps, l’évolution vers une civilisation de masse peu propice au respect des individualismes (particulièrement du fait de l’extension des contraintes uniformes de l’urbanisation) incite les sujets de ce double mouvement à rechercher leur identité sociologique au niveau d’une circonscription matériellement perceptible, et cela par la reconnaissance du lien qui les unit à ceux qui partagent leur destin sur le même territoire. Il semble ainsi que la notion d’«affaires locales» ou «communes» ait retrouvé une actualité et une réalité nouvelles en s’appliquant à une échelle beaucoup plus vaste que celle du village ou de la gens qui lui donna sa consistance classique. L’un des effets de la célèbre «mutation des dimensions» (L. Armand) est d’avoir de la sorte favorisé une promotion de l’échelon régional par la prise de conscience d’une communauté d’intérêts plus large que celles qui ont été précédemment ressenties. C’est la condition d’un véritable régionalisme. Le second élément du ressort régionaliste est d’une permanence beaucoup plus assurée, puisqu’il relève de la psychologie humaine: l’aspiration de chacun à participer à la gestion de ses propres intérêts repose sur la conviction intime et générale que chacun, mieux qu’aucun autre, est à même d’apporter aux problèmes qui l’intéressent la solution la plus adéquate. Ce sentiment repose, d’une part, sur la certitude éprouvée que l’intérêt personnel reste le meilleur aiguillon de l’invention et de l’action et, d’autre part, sur l’illusion que la proximité d’un problème en assure une parfaite maîtrise (ce sentiment ne cède que lorsque sont en cause des données d’apparence ésotérique relevant, par exemple, de la pathologie médicale). Il est vrai que cette illusion, qui n’est pas complètement dépourvue de fondement, a été favorisée par l’attitude systématiquement inverse des gouvernants ou des membres de l’administration centrale, qui ont ainsi suscité une opposition aux méthodes technocratiques. Le régionalisme participe d’ailleurs de ce dernier courant, en cherchant à restaurer la prise en considération de facteurs humains (de nature non scientifique) et difficilement quantifiables, donc imperceptibles dans l’analyse à distance et auxquels pourtant les sujets concernés attachent une valeur qui ne peut être éliminée.
2. Formes d’expression
Dans le monde contemporain, le phénomène régionaliste revêt des formes très distinctes selon qu’il se réalise au niveau international ou dans les limites d’une nation. C’est d’ailleurs la source majeure de l’ambiguïté qui affecte le vocable, indistinctement employé dans ces deux hypothèses. Mais la différence la plus nette procède de la taille des régions. Conçues à l’échelle nationale, elles serviront de base à une des pratiques classiques du droit international; à une échelle par hypothèse infranationale, elles serviront de fondement aux expériences d’ordonnancement constitutionnel ou administratif qui constituent le régionalisme interne.
Sur le plan international
Le sentiment d’interdépendance, que les nations ressentent de plus en plus, se manifeste en premier lieu entre celles qui, par l’effet d’une contiguïté géographique, éprouvent la communauté d’un intérêt régional. Celui-ci, qui pourra être de nature très différente (stratégique, économique, culturel), servira de fondement à l’élaboration de systèmes d’organisation régionale dont la classification sera assurée par la cohérence institutionnelle et l’ampleur des compétences mises en commun. Ainsi, la régionalisation ira de la simple alliance militaire régionale jusqu’à l’organisation communautaire avec limitation de souveraineté consentie; ce type d’organisation, illustré par l’expérience européenne, démontre la pertinence du rapprochement entre régionalisme et fédéralisme.
Le régionalisme pourra apparaître aussi comme «l’expression d’une solidarité politique opposant certains groupes d’États à d’autres» (P. Reuter) et reposant sur des bases très diverses: race, idéologie, intérêts politiques de toute nature. Certes, les formes de régionalisme se trouveront fréquemment combinées, mais cette solidarité montre que la contiguïté géographique n’est pas un élément indispensable du régionalisme.
Dans l’ensemble vaste et hétérogène ainsi créé, force est de constater que les organisations régionales correspondant à des alliances militaires ne sont pas les moindres, par exemple l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (O.T.A.N.) ou le pacte de Varsovie, pour s’en tenir aux plus importantes. D’autres seront plus nettement fondées sur la communauté géographique, tels l’Organisation des États américains (O.E.A.), divers systèmes scandinaves de coopération, tout en répondant à une finalité idéologique plus ou moins marquée, parfois très accusée, comme dans l’Organisation pour l’unité africaine (O.U.A.).
Enfin, à un niveau qui diffère des autres à la fois par l’ampleur de l’expérience réalisée, la complexité des systèmes mis en place et la diversité cohérente des buts recherchés, on trouvera l’Union européenne. Pour certains «Européens», elles constitueront le symbole et l’objectif d’une politique ou d’une idéologie. Le mode de fonctionnement de l’Union, la mise en œuvre d’une certaine supranationalité, la perspective d’une union élargie sur le plan politique incitent naturellement à voir dans l’organisation européenne un processus de caractère fédéraliste; par là même se vérifie, sur le plan international, la proximité du régionalisme par rapport à d’autres doctrines.
Sur le plan national
Néanmoins, c’est à l’intérieur du cadre national que la tendance régionaliste trouvera ses expressions les plus classiques. Les formes du régionalisme interne n’en seront pas moins variées et il faudra notamment distinguer selon qu’elles s’inscrivent ou non dans l’ordonnancement constitutionnel. Mais, au niveau de l’organisation administrative, le régionalisme revêt encore une importance que l’actualité confirme dans de nombreux pays.
Le régionalisme constitutionnel
Le régionalisme constitutionnel implique que la constitution elle-même consacre l’existence de circonscriptions régionales et les dote d’une organisation propre à l’exercice de certaines compétences touchant aux intérêts spécifiquement régionaux. On a pu dire de ce type de structure qu’elle était intermédiaire entre la décentralisation administrative et le fédéralisme. La différence la plus apparente avec cette dernière forme est que le caractère unitaire de l’État demeure affirmé [cf. DÉCENTRALISATION].
C’est une distinction formelle. On la trouvera précisément dans les deux principaux exemples de régionalisme constitutionnel: celui de l’Espagne et celui de l’Italie.
La Constitution espagnole républicaine du 9 décembre 1931 avait inscrit dans le droit positif un système d’autonomie régionale. La Catalogne fut d’ailleurs seule à bénéficier de ces dispositions très larges, imposées en quelque sorte par la menace de sécession catalane, et qui étendaient la délégation des compétences au domaine législatif. Mais les développements et l’issue de la guerre civile devaient mettre un terme à cette expérience avant même qu’on ait pu en juger. La Constitution de 1979 a reconnu à la Catalogne, à la Galice et au Pays basque un statut d’autonomie qu’elle rendait par ailleurs accessible à d’autres entités régionales non historiques.
Le législateur italien, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, au moment même où le pays renonçait à la monarchie, engageait une expérience analogue avec la Constitution du 22 décembre 1947. Tout en réaffirmant l’unité de la république, la Constitution prévoyait un système régional de droit commun pour toute l’Italie, mais, afin d’apaiser les revendications autonomistes de la Sicile et de la Sardaigne, elle mettait immédiatement en place une organisation régionale spéciale que l’on étendait au Trentin, au Haut-Adige, au Val d’Aoste et au Frioul-Vénétie-Julienne. Les résultats de cette première expérience furent inégaux et incertains. En ce qui concerne les régions «normales», il fallut attendre le 7 juin 1970 pour que des élections viennent animer ce système juridique très laborieusement mis en place; et les incertitudes qui affectent la coalition politique au sein du gouvernement central empêchent d’ailleurs d’apprécier les développements de la question régionale. La situation politique italienne et le rôle qu’y jouait le Parti communiste avaient contribué à bloquer cette expérience, à l’égard de laquelle l’attitude des partis était déterminée par l’estimation des chances qu’ils avaient de participer au pouvoir central. En cas d’évaluation positive, ils se souciaient peu de donner à leurs adversaires l’occasion d’accaparer tel ou tel pouvoir régional pour en faire un centre d’opposition systématique. Dans le cas inverse, ils devenaient favorables à la mise en place du système régional.
La Belgique, par sa réforme du 31 décembre 1970, donnait enfin un fondement constitutionnel à une organisation régionale de l’État qui n’a cessé depuis lors de s’accentuer sous la pression des communautés linguistiques pour aboutir à un quasi-fédéralisme.
Les autres formes
D’autres formes de régionalismes, à support juridique mineur, peuvent revêtir une très grande importance malgré le fondement moins solennel et quelquefois informel sur lequel ils reposent. L’absence de consécration juridique formulée par une haute instance ne suffit en aucune manière à faire douter de l’authenticité fondamentale et du sérieux de la tendance ainsi exprimée. De très nombreuses circonstances, d’ordre historique ou politique, peuvent maintenir à un niveau d’expression limité des aspirations régionalistes dont la vigueur est toutefois manifeste. Les populations en cause adoptent, peu ou prou, le comportement de minorités opprimées, et l’exemple catalan ou basque, voire la tragique histoire des Sudètes, confirme la brutalité des tensions auxquelles expose l’oppression des revendications régionalistes.
De notables exutoires peuvent cependant être trouvés, d’abord sur le plan administratif. Il se peut en effet que l’aménagement des structures et des compétences administratives reconnaisse aux régions le droit d’exister et leur attribue les moyens nécessaires au développement et à l’épanouissement de leurs caractères propres. C’est naturellement dans le domaine économique que cette régionalisation administrative aura les effets les plus directs et les plus attendus. Les exigences de l’économie moderne, dont les lois sont à l’échelle des grands ensembles, se combinent avec les impératifs de l’aménagement du territoire pour inciter à élargir la taille des circonscriptions de gestion en même temps qu’à les doter d’organes propres, sinon autonomes, déconcentrés, sinon décentralisés. Le régionalisme prend alors sa forme la plus moderne, qui est celle d’une revendication à participer aux décisions économiques pour un ensemble national, en même temps qu’est réclamée une certaine autonomie pour les décisions limitées à la région. Certains n’ont pas hésité à voir dans la généralisation de ce besoin affirmé un renouvellement de la problématique démocratique; et, même lorsqu’elle est contestée, cette notation montre que le régionalisme ne peut plus être tenu pour une tendance mineure: ses implications dans la société politique contemporaine conduisent aux principes mêmes d’organisation de celle-ci; l’expérience française, le rôle de la question régionale dans l’évolution du régime après l’échec du référendum de 1969, les dispositions de la loi du 2 mars 1982 confirment le rôle contemporain majeur de ce concept. Mais cette expérience démontre aussi la réalité de l’autre grand péril du régionalisme: n’être qu’une «décentralisation de surface démentie au fond par la subordination indirecte au pouvoir central» (G. Burdeau).
Sur d’autres plans inorganiques, par des voies et des moyens parfois dépourvus de reconnaissance officielle, le régionalisme exprimera la même tendance fondamentale en considération d’objectifs culturels. Le fait que ces aspirations ne concernent que très indirectement la structure politico-administrative ne signifie pas davantage que leur importance et leurs poids sociologiques soient mineurs. Tous les éléments de l’ordre culturel – qu’ils soient linguistiques, littéraires, folkloriques – peuvent fonder «la revendication d’une différence» et servir à affirmer, au profit d’une minorité, la spécificité de sa culture qui va ainsi s’opposer à la culture dominante. Souvent d’ailleurs, la revendication régionaliste, lorsqu’elle est limitée à ce plan, ne fait que dissimuler une aspiration plus large et plus profonde que les contraintes politiques empêchent de s’exprimer.
régionalisme [ reʒjɔnalism ] n. m.
• 1875; de régional
1 ♦ Tendance à conserver ou à favoriser certains traits particuliers d'une région, d'une province. — Intérêt particulier porté à une région dans une œuvre littéraire.
2 ♦ Un, des régionalismes. Fait de langue propre à une région.
3 ♦ Système économique, administratif donnant aux régions, aux provinces, une certaine autonomie. ⇒ décentralisation.
● régionalisme nom masculin Mouvement ou doctrine affirmant l'existence d'entités régionales et revendiquant leur reconnaissance. Idiotisme propre à une région. Esthétique littéraire, le plus souvent romanesque, qui identifie le réalisme à l'évocation d'un milieu géographique donné, représentée en Angleterre (M. Edgeworth), en France (G. Sand, Giono), aux États-Unis (Faulkner), en Espagne.
régionalisme
n. m.
d1./d Système politique ou administratif, tendant à assurer une certaine autonomie aux Régions. Régionalisme et séparatisme.
d2./d Didac. Attention particulière portée à la description des moeurs, des paysages, d'une région déterminée, dans une oeuvre littéraire. Le régionalisme de George Sand.
d3./d Locution, mot, tour propre à une région.
⇒RÉGIONALISME, subst. masc.
A. — Tendance à conserver ou à cultiver les traits originaux d'une région, d'une province. [Dans les émissions fédérales] le régionalisme sera introduit et exploité de meilleure manière par la diffusion des grandes manifestations artistiques de décentralisation (Annuaire radio, 1933, p. 82).
B. — POLITIQUE
1. Doctrine socio-politique apparue au XIXe siècle posant pour principe l'existence au sein de l'État de communautés culturelles, sociologiques, économiques correspondant aux régions et réclamant la reconnaissance politique de cette réalité. Régionalisme de Maurras. Régionalisme: (...). Il ne s'agit donc pas de surexciter l'intérêt local au détriment de l'intérêt général. Il s'agit de ranimer le bon sens local, de lui donner une voix, de faire entendre la conception lorraine (BARRÈS, Cahiers, t. 3, 1902, p. 37).
2. ,,Système de décentralisation politique et administrative donnant aux régions (...) une indépendance plus ou moins large vis-à-vis du gouvernement central`` (CAP. 1936).
3. Régionalisme international européen. Collaboration internationale existant entre des États qui forment des organisations, accords et traités en fonction de leurs intérêts communs. L'attitude des Occidentaux impose d'accepter de fortes doses de « régionalisme » à l'échelle du monde. Ces régionalismes sont, en principe, contenus par des règles internationales propres à préserver les chances de la libéralisation progressive (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 287).
C. — LITT. Tendance d'un écrivain à décrire dans une œuvre littéraire les mœurs, les paysages, les particularités d'une région déterminée; caractère de l'œuvre littéraire de cet écrivain. Tout ce qu'il y a de mauvais et d'irritant chez George Sand, c'est son romantisme de désorbitée, de désencadrée. Tout ce qu'elle a de santé, c'est le régionalisme (BARRÈS, Amori, 1902, p. 73).
D. — LING. Mot, tour, locution particuliers à une région déterminée. Synon. vieilli provincialisme. Un régionalisme linguistique est un écart de langage (phonétique, grammatical ou lexical) qui oppose une partie de l'espace français au reste du domaine et plus précisément à la fraction du domaine linguistique dont fait partie la capitale du pays (TUAILLON, Région. Vourey, 1983, p. 2).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. A. 1. 1875, 6 oct. « esprit de région, de localité » (J. DE REINACH, Journal des débats, 2e page, 2e col. ds LITTRÉ Suppl. 1877); 2. 1878 « tendance à ne considérer que les intérêts particuliers de la région, du pays qu'on habite » (Lar. 19e Suppl.); 3. 1960 régionalisme européen « doctrine qui consiste à favoriser la création de liens particuliers entre les nations d'un même continent » (Univers écon. et soc., p. 38-9). B. 1927 ling. (DAUZAT, Les Patois, p. 58). Dér. de régional; suff. -isme. Bbg. BOULANGER (J.-Cl.). À propos du concept de régionalisme Lexique. 1985, n ° 3, pp. 125-146. — DOPPAGNE (A.). Les Région. du fr. Gembloux, 1978, 90 p.
régionalisme [ʀeʒjɔnalism] n. m.
ÉTYM. 1875, J. de Reinach, in Littré, Suppl.; de régional.
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A (Le régionalisme).
1 Tendance à conserver ou à favoriser certains traits particuliers (coutumes, traditions) d'une région, d'une province. — Littér. Intérêt particulier porté à une région, dans une œuvre littéraire.
1 (…) l'Amérique est présente tout entière en chacune de ses parties : mais celles-ci sont plus ou moins étrangères, les unes aux autres (…) De là, provient un mélange d'uniformité et de régionalisme qui déconcerte souvent.
S. de Beauvoir, L'Amérique au jour le jour, p. 115.
2 Le mouvement de régionalisme littéraire a conduit les écrivains (…) à prendre, beaucoup plus qu'on ne le faisait au XIXe siècle, cadres et sujets dans leur province. Il est (…) devenu banal de dresser une sorte de carte géographique (…) On note comme un fait presque nouveau que certains auteurs, Francis Jammes et Jean Giono par exemple, conservent ou accroissent toute leur considération en habitant fidèlement la province de leurs livres.
2 Didact. Attitude privilégiant un domaine particulier du savoir, par rapport à un ensemble.
3 Admin., écon. Tendance, système donnant aux régions, aux provinces, une certaine autonomie. ⇒ Décentralisation, régionalisation.
B (Un, des régionalismes). Fait d'usage langagier propre à une région, lorsqu'il diffère de l'usage général (de la norme commune) ou qu'il est senti comme propre à une région (alors même qu'il a pu se généraliser). || Régionalismes phonétiques, syntaxiques. || Régionalismes lexicaux (mots, expressions). || Les régionalismes du français, de l'arabe, du chinois. — Spécialt (en parlant de la langue française). || Régionalismes de France, de Suisse romande, de Belgique, du Canada (Québec, Acadie…). || Régionalismes du français du Maghreb, d'Afrique (où le français est langue étrangère).
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DÉR. Régionaliste.
Encyclopédie Universelle. 2012.