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AU-DELÀ
AU-DELÀ

AU-DELÀ

Usité comme adverbe, au-delà signifie plus loin , et, comme locution prépositive, plus loin que telle limite — de l’ordre du physique, de l’imaginable, du concevable — qu’on dépasse intentionnellement. Portée à l’absolu, cette dernière intention est créatrice d’objet: pris substantivement, le terme désigne alors un autre monde ou un état du monde opposé à l’actuel, ainsi que les sujets censés le hanter selon des modalités spécifiques d’existence. D’abord spontanément vécu dans la conscience mythique, inséparable d’ailleurs de l’en-deçà, l’au-delà assure une fonction d’engagement équilibré dans un environnement dont l’homme doit se concilier les forces ambivalentes. L’au-delà est assumé et spécifié par les religions, qui le voient comme séjour — plus ou moins séparé du monde présent — des êtres divins ou divinisés, donc heureux (Éden, Paradis, etc.). Certaines croyances affectent d’un coefficient négatif un secteur déterminé de l’au-delà: vie diminuée dans le vieux sheôl hébraïque, vie torturée dans l’enfer (chez les chrétiens, par exemple) par le remords et les peines dues à une vie pécheresse. L’objectivation d’un au-delà du vécu actuel a toujours trouvé et trouve encore ses détracteurs et ses défenseurs, tout aussi convaincus, et d’aucuns soutiennent la possibilité, grâce à des techniques appropriées, d’une communication avec l’au-delà (spiritisme). La métaphysique, prétendant «donner à l’homme une initiation qui est la contrepartie de celle qui était administrée dans les mystères antiques» (E. W. Beth), fournit une rationalisation de l’au-delà, purifiée, en intention, des anthropomorphismes les plus voyants. Les penseurs d’inspiration ouvertement théologique (Anselme de Cantorbéry, Thomas d’Aquin) trouvent là une confortation à leur foi. D’autres, moins directement dépendants des influences religieuses, proposent de l’au-delà diverses représentations, réduites aux seuls pouvoirs et critères de la raison — spéculative (Platon, les néo-platoniciens, qui situent l’Un-Bien «au-delà de l’essence»; les grands cartésiens; Rousseau) ou pratique (Kant). D’autres admettent un au-delà réel, mais sans rapport avec l’homme (épicurisme). D’autres enfin rejettent la notion, soit parce qu’incompatible avec l’unité corporelle d’un cosmos excluant toute transcendance (stoïcisme), soit parce que religieuse par essence, donc projective et aliénante (marxisme).

au-delà [ od(ə)la ] n. m.
• 1896; de au et delà
Le monde supraterrestre; la vie, l'activité imaginée après la mort. Dans l'au-delà. Un au-delà, des au-delàs. au-delà delà [ dəla ] prép. et adv.
• 1175; de de- et
I Prép.
1Vx Plus loin que. « Porter delà les mers ses hautes destinées » (P. Corneille).
2Loc. prép. Mod. PAR-DELÀ(et subst.). Par-delà les mers. Par delà le bien et le mal (trad. de Nietzsche). « Les familles d'esprit unies par les liens secrets et qui se retrouvent avec constance par delà les temps, par delà les lieux » (Focillon).
II Adv. de lieu (dans des loc.)
1Littér. DEÇÀ, DELÀ : de côté et d'autre. ⇒ deçà.
2Loc. adv. PAR-DELÀ :de l'autre côté.
3Cour. Loc. adv. AU-DELÀ ou AU DELÀ [ od(ə)la ] :plus loin. ⇒aussi au-delà. « La courbure de la terre qui seule empêchait de voir au delà » (Loti).
Loc. prép. AU-DELÀ DEouAU DELÀ DE. S'en aller au-delà des mers. Fig. Ce que je vais vous dire est au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer, de toute imagination. Les bus « nombreux au delà de toute vraisemblance » (Romains). Au-delà de telle quantité, de telle somme : quand on a dépassé cette quantité, cette somme. « Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable », roman de R. Gary.
⊗ CONTR. Deçà. Dans. Moins.

au-delà nom masculin invariable Ce qui fait suite à la vie terrestre, le monde où l'on situe la vie future : La peur de l'au-delà.au-delà (citations) nom masculin invariable André Breton Tinchebray, Orne, 1896-Paris 1966 Est-il vrai que l'au-delà, tout l'au-delà soit dans cette vie ? Nadja Gallimard Albert Camus Mondovi, aujourd'hui Deraan, Algérie, 1913-Villeblevin, Yonne, 1960 Ce qui vient après la mort est futile. Le Mythe de Sisyphe Gallimard Émile Michel Cioran Răşinari, près de Sibiu, 1911-Paris 1995 Il n'est qu'un esprit lézardé pour avoir des ouvertures sur l'au-delà. Syllogismes de l'amertume Gallimard André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 L'homme s'est plus souvent lié à l'au-delà qu'il croit connaître qu'à celui qu'il sait ignorer. Les Voix du silence Gallimard Federico García Lorca Fuente Vaqueros 1898-Víznar 1936 Je ne suis ni un homme, ni un poète, ni une feuille, mais un pouls blessé qui pressent l'au-delà. Yo no soy un hombre, ni un poeta, ni una hoja, pero sí un pulso herido que sonda las cosas del otro lado. El poeta en Nueva York, Poema doble del lago Edem

au-delà
loc. adv. Plus loin.
|| n. m. inv. L'au-delà: l'autre monde, après la mort.

⇒AU-DEÇÀ, AU-DEDANS, AU-DEHORS, AU-DELÀ, AU-DESSOUS, AU-DESSUS, AU-DEVANT, adv.,
voir DEÇÀ, DEDANS, etc.

au-delà [od(ə)la] n. m.
ÉTYM. 1866, Amiel, in T. L. F.; de au, et delà. → Delà, II., 3.
1 Absolt. Ce qui est au-delà de la mort; les réalités supposées être après la mort (selon les religions, les philosophies). || Croire en l'au-delà, en un au-delà. || Des au-delàs. || Si nous nous retrouvons dans l'au-delà…
1 Nous ne connaissons pas l'Au-delà parce que cette ignorance est la condition sine qua non de notre vie à nous.
J. Renard, Journal, 24 sept. 1890, Pl., p. 70.
2 (…) la présence d'un autre monde. Pas nécessairement infernal ou paradisiaque, pas seulement monde d'après la mort : un au-delà présent.
Malraux, la Métamorphose des dieux, p. 9.
2 Qualifié. Littér. (En général avec de). || « L'au-delà divin de la beauté » (Zola, in T. L. F.). Delà, II., 3.
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au-deçà [od(ə)sa], au-dedans [od(ə)dɑ̃], au-dehors [odəɔʀ], au-delà [od(ə)la], loc. adv. et prép. Deçà (2.), dedans (II., 3.), dehors (I., 3. et I., 4.), delà (II., 3.).

Encyclopédie Universelle. 2012.