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Ave Maria

Ave ou Ave Maria
n. m. inv. Prière à la Vierge commençant par Ave, dite salutation angélique.

⇒AVÉ, AVE MARIA, AVÉ MARIA, subst. masc.
A.— Prière mariale désignée par son ou ses premiers mots latins. Synon. salutation angélique :
1. Pour achever de chasser la tentation Jules se mit à réciter dévotement des ave Maria. C'était en entendant sonner l'ave Maria du matin, prière consacrée à la madone, qu'il avait été séduit autrefois, ...
STENDHAL, L'Abbesse de Castro, 1839, p. 188.
2. 7 avril. — Mardi saint. L'Ave Rex Judaeorum des Juifs répercute l'Ave gratia plena. Ce mot ave si plein de mystère, cet anagramme d'Eva, mutans Evae nomen, est ainsi au commencement et à la fin de la Rédemption.
BLOY, Journal, 1903, p. 160.
SYNT. Égrener de longs chapelets en marmottant des « Pater » et des « Ave » (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Boule de suif, 1880, p. 122). Cf. aussi avec une douzaine de « Ave maria » (POURRAT, Gaspard des montagnes, À la belle bergère, 1925, p. 43).
Expr. proverbiales et fam., vieillies. Cela n'a duré qu'un avé, (Ac. 1798-1878, LITTRÉ) ,,cela n'a duré qu'un temps très court (Ac. 1798-1878, LITTRÉ). Je reviendrai dans un Avé, dans un Avé Maria, (Ac. 1798-1878, LITTRÉ) ,,pour dire, je reviendrai dans aussi peu de temps qu'il en faut pour réciter un Avé`` (Ac. 1798-1878, LITTRÉ). Le temps d'un avé (DRUON, Le roi de Fer, 1955, p. 318). Il ne sait pas un Avé. ,,Se dit d'un homme ignorant en toutes choses, et surtout en matière de religion`` (Lar. 19e et Lar. 20e). Dire ses Pater et ses avé sur le dos de quelqu'un, (Lar. 19e et Lar. 20e) le maltraiter, le charger de coups (Lar. 19e et Lar. 20e).
Synon. de angélus (composé de trois avé) :
3. L'ave Maria, sonne dans tous les campaniles, faisait du ciel un immense instrument de musique religieuse.
A. FRANCE, Le Lys rouge, 1894, p. 131.
Spécialement
1. LITURG. Endroit du sermon où le prédicateur s'interrompait pour implorer les secours du saint-Esprit par l'intercession de la vierge :
4. Je suis venu avant l'Avé Maria.
Ac. 1798-1932.
2. ORDRES RELIG. Forme de salutation entre religieux et religieuses.
P. anal., littér. ou fam. Salut! Ô ma princesse, avé! (E. ROSTAND, La Princesse lointaine, 1895, p. 181).
B.— Petit grain du chapelet sur lequel on dit la salutation angélique :
5. Il roulait pendant des heures les grains du chapelet. Puis, longuement, à certains jours de rendez-vous mystique, il entreprenait le chuchotement infini du Rosaire. Quand, seul dans sa cellule, ayant le temps d'aimer, il s'agenouillait sur le carreau, tout le jardin de Marie poussait autour de lui, avec ses hautes floraisons de chasteté. Le Rosaire laissait couler entre ses doigts sa guirlande d'Ave coupée de Pater, comme une guirlande de roses blanches, mêlées des lis de l'Annonciation, des fleurs saignantes du Calvaire, des étoiles du Couronnement.
ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, p. 1290.
Rem. Dans l'ex. suiv. donné par l'Ac. pour illustrer le sens de « grain de chapelet », avé semble plutôt désigner la prière : ,,Il y a dans le rosaire cent cinquante Avé et quinze Pater`` (Ac. 1835-1932).
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[ave], []. 2. Homon. : havée (cf. ZLAT. 1862, p. 52). Durée longue sur la 1re syll. ds FÉL. 1851. La majorité des dict. écrit avé avec un accent aigu sauf BESCH. 1845, ainsi que Lar. encyclop. et QUILLET 1965. LITTRÉ souligne que Avé s'écrit avec un A majuscule et la grande majorité des dict. enregistre effectivement le mot avec une majuscule. Contrairement à l'Ac. (suivie par LITTRÉ, DG, ROB. etc.) qui donne comme plur. des avé, Lar. 19e demande qu'on écrive des avés et Lar. encyclop. écrit effectivement des avés.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1285 avoi, salut adressé à la Vierge (J. BRETEX, Les tournois de Chauvency, V, 3815 ds GAY : Avoi! Sainte Marie, avoi! Dist li hiraus, mervoilles voi); 1310-14, subst. masc. Avé « prière adressée à la Vierge » (WATRIQUET DE COUVIN, Dits, éd. A. Scheller, 64, 276 ds T.-L. : Li avez touz nous a sauvez Et de pechiè l'ame lavee); 1360 Ave Maria (Invent. de Louis d'Anjou, n° 381 ds GDF. Compl. : Un godet d'Alemaigne couvert ... et entour le bord du couvescle a escripte l'Ave Maria). 2. 1690 (FUR. Les Avé d'un chapelet sont les menus grains sur chacun desquels on dit un Avé).
Mot lat., formule de salutation (cf. gr. , ), have (CICÉRON, Epist., 8, 16, 4 ds TLL s.v. 1300, 61); ave (CATULLE, 101, 10, ibid., 1301, 60); lat. chrét. (Vulg., Luc, I, 28), Ave, gratia plena etc., salutation mise dans la bouche de l'ange Gabriel annonçant à la Vierge Marie qu'elle donnerait le jour à un fils, nommé Jésus; complétée par l'insertion du nom Maria etc., la salutation angélique, dans sa 1re partie au moins, a été introduite dans la liturg. lat., par Saint-Grégoire le Grand au VIe s. ou vers cette époque, par quelque personnage moins célèbre; elle ne devint une prière courante de la dévotion à la Vierge que fort avant dans le Moyen Âge (XIIe-XIIIe s.), et ne date guère, dans sa forme actuelle, avec sa seconde partie, que du XVIe s. (Archéol. chrét. s.v. Marie (je vous salue), t. 10, pp. 2050-56; v. aussi Théol. cath. s.v. Angélique (Salutation), t. 1, pp. 1273-77).
STAT. — Fréq. abs. littér. :268. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 308, b) 373; XXe s. : a) 551, b) 344.
BBG. — Archéol. chrét. 1924. — BACH.-DEZ. 1882. — Bible Suppl. t. 1 1928. — Divin. 1964. — Foi t. 1 1968. — GAY t. 1 1967 [1887]. — LE ROUX 1752. — MARCEL 1938.

Avé [ave] ou Ave Maria [avemaʀja] n. m. invar.
ÉTYM. 1310; lat. ave « salut », début de la prière.
1 Salutation angélique, prière que l'on adresse à la Sainte Vierge. || Dire cinq Pater et cinq Avé (Académie).
0 Moi, pauvre pécheur que Dieu pousse,
Diseur de Pater et d'Ave,
Sans oreiller que le pavé (…)
G. Nouveau, la Doctrine de l'amour, « Hymne », Pl., p. 508.
Moment de la messe où l'on récite cette prière. || Partir après l'Avé.
2 (1690). Grain du chapelet sur lequel on dit l'Avé. || Il y a dans le rosaire quinze Pater et cent cinquante Avé.
REM. La graphie latine ave est attestée dans les deux sens (cf. ci-dessus cit. G. Nouveau).
HOM. Haver.

Encyclopédie Universelle. 2012.