hâve [ 'av ] adj.
• 1548; frq. °haswa « gris comme le lièvre »
♦ Amaigri et pâli par la faim, la fatigue, la souffrance. ⇒ émacié, 1. maigre. Gens hâves et déguenillés. — Visage, teint hâve. ⇒ blafard, blême.
⊗ CONTR. 1. Frais, replet.
hâve
adj. Litt. Pâli, émacié par la faim, la souffrance.
⇒HAVE, (HAVE, HÂVE)adj.
Amaigri et pâli (par des épreuves). Synon. blafard, blême, livide. Figure hâve de faim. Avoir le visage hâve. Il était horriblement hâve (Ac.). Quel contraste entre ces deux climats! Entre le teint fleuri, l'habillement, la physionomie des hommes que je venois de quitter, et les figures haves, basanées et noires des habitans de cette ville! (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 2, 1801, p. 275). Le Saint est debout, la tête de profil, — une tête hâve de douleur, mais résignée (BARBEY D'AUREV., 3e Memor., 1856, p. 39). Les têtes sont hâves, charbonneuses, les yeux grandis et fiévreux (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 56).
— Rare. [En parlant d'un inanimé] D'un côté s'étendoient des champs de glace contre lesquels se brisoit une mer décolorée; de l'autre, s'élevoit une terre hâve et nue qui n'offroit qu'une morne succession de baies solitaires et de caps décharnés (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 239). Le mal have s'est installé dans la demeure (VERHAEREN, Camp. halluc., 1893, p. 46).
Prononc. et Orth. : [] init. asp. Ac. 1694-1740 have, ensuite hâve. Étymol. et Hist. 1. 1176-81 have « mat (au jeu d'échec) » (CHRETIEN. DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 2578); 2. a) 1269-78 have « sombre (en parlant d'une cave) » (J. DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 4492); b) fin XIVe s. have « en mauvais état (en parlant d'une terre) » (E. DESCHAMPS, Le Miroir de mariage, 11245 ds Œuvres, éd. Queux de St-Hilaire et G. Raynaud, IX, 361); 3. a) 1556 yeux haves « ternes, vitreux, tristes » (RONSARD, Hymne de Pollux et de Castor, 104 ds Œuvres, éd. P. Laumonier, VIII, 298); b) 1560 « amaigri et pâli » (ID., Elégie à Loïs des Masures Tournisien, 63, ibid., X, 366). De l'a. b. frq. haswa-, proprement « gris comme le lièvre [cf. l'all. Hase « lièvre », v. hase] », d'où « pâle, mat, terne », que l'on peut restituer d'apr. le m. h. all. heswe « pâle, blême » et l'a. angl. haswe « de couleur sombre; sombre, obscur » (ca 1250 ds NED, s.v. haswed); cf. FEW t. 16, p. 177b-178a. Fréq. abs. littér. : 131. Bbg. FOERSTER (W.). Etymologisches. Z. rom. Philol. 1881, t. 5, p. 97.
hâve ['ɑv] adj.
ÉTYM. 1536; « sombre » (d'une cave), après 1250; « en friche, abandonnée » (d'une terre), fin XIVe; « mat » aux échecs, au XIIe, Chrétien de Troyes; francique haswa, cf. haut all. heewe « blême », probablt « gris comme le lièvre » (Hase).
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1 (1536). Vx. (Du regard). Terne, vitreux.
1 Sa bouche de long jeûne pâlissait affamée (…)
Son teint était plombé, ses yeux hâves et creux (…)
Ronsard, Second livre des hymnes, « De Pollux et de Castor ».
2 (1648, Scarron). Amaigri et pâli par la faim, la fatigue, la souffrance. ⇒ Décharné, émacié, maigre. || Il, elle était hâve à faire peur. ⇒ Spectre. || Des gens hâves et déguenillés. || Population hâve (→ Écume, cit. 9; empester, cit. 5). — Figure, visage hâve. || Joues hâves. || Teint hâve. ⇒ Blafard, blême, livide.
2 (…) un jeune Égyptien (…)
Arrive accompagné d'une vieille fort hâve (…)
Molière, l'Étourdi, IV, 7.
3 Il n'y a pas d'apparence non plus qu'un conseiller de la Tournelle regarde comme un de ses semblables un homme qu'on lui amène hâve, pâle, défait, les yeux mornes, la barbe longue et sale, couvert de la vermine dont il a été rongé dans un cachot.
Voltaire, Dict. philosophique, Torture.
4 Les visages hâves des malheureux qui languissent dans les infectes vapeurs des mines (…)
Rousseau, les Rêveries…, VIIe promenade.
5 Clarke l'avait trouvé hâve, maigre, la peau collant aux os, les yeux brillant d'une constante fièvre (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Ascension de Bonaparte, VIII.
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CONTR. Frais, replet.
DÉR. Havir.
Encyclopédie Universelle. 2012.