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MINIATURE
MINIATURE

L’art de la miniature dérive de l’enluminure médiévale; il lui emprunte aussi son nom, puisque le terme de miniature semble provenir de minium , couleur rouge employée dans la décoration des manuscrits. Il n’est pas à exclure, en outre, que l’origine du terme puisse être trouvée dans le mot latin minus , «plus petit», d’où dériverait miniature, peinture de petites dimensions. Au XVIIe siècle, le mot s’orthographiait «mignature» et Diderot y reconnaissait la même racine que «mignard», délicat.

La miniature fait son apparition au XVIe siècle, où elle est surtout utilisée pour des portraits, aisés à conserver et à transporter. Mais, dès la seconde moitié du XVIe siècle, elle ne se consacre pas exclusivement à cette fin; des paysages, des scènes religieuses ou mythologiques, et plus tard des scènes de genre ou d’actualité s’adaptent à ses dimensions restreintes. Considérée comme un objet d’art en soi, elle participe aussi à la décoration, ornant des bijoux, des boîtes et des bonbonnières. Si pour cet art le XVIIIe siècle correspond à l’apogée et au moment de plus grande faveur auprès du public, la miniature connut encore une période brillante dans le premier quart du XIXe siècle; par la suite, l’évolution du goût et l’apparition de la photographie provoquèrent sa décadence et sa presque totale disparition.

La miniature ne peut être tenue pour un art mineur. Que des artistes de première importance, de Holbein le Jeune à Fragonard, s’y soient consacrés mérite de retenir l’attention; au XVIIIe siècle, en France, les miniaturistes accédaient à l’Académie et exposaient aux Salons. D’autre part, la miniature obéit à ses propres lois et a son autonomie par rapport à la peinture de grandes dimensions; certains artistes, parmi ceux qui ont conféré à ce genre le plus grand lustre, furent exclusivement des miniaturistes. Le nombre élevé des ouvrages consacrés à la miniature depuis la fin du XIXe siècle atteste l’intérêt de son étude, non seulement pour l’histoire des mœurs, du costume et de la décoration, mais aussi dans le cadre le plus large de l’histoire de l’art et de la civilisation.

Les techniques

Il convient d’exclure ici la miniature à l’huile, sur bois ou sur métal, qui relève directement de la peinture. La miniature, au XVIe siècle, utilise la gouache sur parchemin; au moment où elle s’émancipe du livre enluminé, le parchemin est tendu sur un carton de faibles dimensions, souvent une carte à jouer. Dans les débuts, les personnages se détachent sur des fonds unis, surtout bleus; les ombres sont à peine indiquées et les détails des vêtements exécutés avec un soin minutieux. Dès la fin du siècle, la palette s’enrichit, des ombres plus marquées soulignent les volumes, dotant les paysages d’un espace en profondeur.

Au XVIIe siècle s’impose une technique nouvelle qui devait connaître un remarquable développement, la miniature sur émail; héritière d’un procédé ancien, mais en ayant perfectionné les détails techniques et les coloris, elle autorise des effets différents de ceux de la gouache, et qui ont de plus le mérite d’être inaltérables. Au début du XVIIIe siècle, les artistes découvrent dans l’ivoire un support aisé à peindre à la gouache et dont la couleur naturelle s’identifie avec celle des chairs. Plus tard, l’emploi se généralisa de plaques d’ivoire mince et légèrement transparent, qui permettaient d’utiliser le verso pour renforcer certains tons; on pouvait aussi placer au verso des feuilles d’argent, appelées paillons, qui accentuaient l’effet lumineux. La tendance étant, à la fin du siècle, d’agrandir les pièces, certains artistes, par souci d’économie, se servent d’épais cartons où s’incrustent, à l’emplacement des chairs, des parties d’ivoire.

Au XIXe siècle, le vélin, qui a les qualités du parchemin tout en se laissant tendre plus facilement, fut utilisé avec succès, fixé sur des cartons ou de la tôle émaillée; enfin, l’aquarelle l’emporta peu à peu sur la gouache, donnant à la miniature un traitement plus clair et plus léger.

XVIe et XVIIe siècles

Il paraît certain que Lucas Horenbout, peintre de portraits à la cour du roi Henri VIII à Londres, ait produit des miniatures; en 1521, Dürer acquit à Gand une miniature de sa fille, Susanna Horenbout. C’est peut-être sur les conseils de Horenbout que Hans Holbein le Jeune exécuta, pendant ses séjours en Angleterre (1526-1528, 1532-1543), des portraits-miniatures, d’une grande précision graphique et d’une remarquable qualité d’exécution, qui sont à l’origine de la faveur que connut le genre dans ce pays. De nombreux miniaturistes sont mentionnés à la cour de la reine Élisabeth; en premier lieu, Nicholas Hilliard, habile orfèvre et miniaturiste, à qui l’on doit sans doute le célèbre Armada Jewel , et son élève Isaac Oliver, Français de naissance, établi à Londres vers 1560. Les œuvres de John Hoskins, probablement exécutées en collaboration avec son fils, témoignent de recherches psychologiques significatives de l’évolution de l’art du portrait anglais au XVIIe siècle. L’influence d’Antoine Van Dyck oriente la miniature vers une largeur d’exécution et une vigueur expressive qui triomphent dans les œuvres de Samuel Cooper, le plus remarquable miniaturiste anglais du XVIIe siècle, surnommé le Van Dyck de la miniature; né en 1609, élève de Hoskins, Cooper exécuta les portraits de Cromwell et des représentants de la société puritaine, avant de devenir peintre du roi Charles II; son frère aîné, Alexander Cooper, travailla à La Haye, Amsterdam, Copenhague et Stockholm où il fut nommé peintre de la reine Christine.

En France, c’est à Jean Clouet qu’il faut attribuer les débuts du portrait en miniature; à son fils François sont dus les portraits-miniatures de Catherine de Médicis et de Charles IX conservés à Vienne, où se retrouvent, alliées à la finesse du coloris, les qualités psychologiques de ses dessins. Une mention particulière doit être accordée, au début du XVIIe siècle, à Daniel Rabel, subtil peintre sur parchemin de fleurs et de costumes de ballets. La technique de l’émail, qui jouit en France d’une ancienne tradition, fut étudiée et améliorée par Jean Ier Toutin, né à Châteaudun en 1578, et par ses fils Henri et Jean II; dans cette technique s’illustrèrent particulièrement le Genevois Jean Petitot, Louis du Guernier, Louis de Châtillon, peintre sur émail de Louis XIV, et Jean-Philippe Ferrand, qui publia en 1721 un ouvrage sur L’Art du feu ou de peindre en émail .

Le rôle de la Suisse dans le développement de la peinture sur émail fut de première importance. Jean Ier Petitot, né en 1607, travailla avec son collaborateur Jacques Bordier à la cour de Charles Ier d’Angleterre; après la mort du roi, les deux artistes s’installèrent en France où leurs œuvres connurent une grande vogue; à la révocation de l’édit de Nantes, Petitot revint dans son pays natal. Parmi les miniaturistes sur émail d’origine suisse, on citera Jean II Petitot, Paul Prieur, qui se fixa à Copenhague, et les frères Jean-Pierre et Amy Huaud, nommés en 1686 peintres sur émail de l’Électeur de Brandebourg à Berlin.

Simon Bening, mort à Bruges en 1561, exécuta en 1558 un autoportrait, conservé au Victoria and Albert Museum à Londres, qui est l’un des chefs-d’œuvre du portrait-miniature. La qualité des œuvres flamandes influença les grandes miniatures à sujets de Giulio Clovis, disciple de Michel-Ange. Il faut noter, aux Pays-Bas, la faveur de la peinture à la gouache de paysages et de scènes, dont les meilleurs représentants sont, au XVIe siècle, Hans Bol, dont il faut louer le lumineux coloris, Joris et Jacob Hoefnagel, qui travaillèrent au service de l’empereur Rodolphe II, et, au XVIIe siècle, Richard Van Orley.

Friedrich Brentel, dont l’atelier à Strasbourg jouit d’une grande renommée dans la première moitié du XVIIe siècle, signa des portraits et des paysages qui influencèrent son élève J. W. Baur, artiste dont le Louvre conserve un bel ensemble.

En Suède, où Cooper avait introduit les modes anglaises, l’influence française devint prédominante au XVIIe siècle, après l’arrivée de Pierre Signac, élève de Toutin, peintre de la reine Christine.

XVIIIe et XIXe siècles

La figure majeure de l’art de la miniature au début du XVIIIe siècle est sans contredit la Vénitienne Rosalba Carriera ; née à Chioggia en 1675, membre de l’académie de Saint-Luc en 1705, elle connut une célébrité internationale grâce à ses portraits au pastel et à ses miniatures qui utilisaient, pour la première fois, l’ivoire opaque comme support. Son séjour à Paris en 1720-1721, dont elle a tenu le Journal , fut un événement de la vie artistique et contribua à diffuser sa manière. Parmi ses disciples italiens, il faut citer Felice Ramelli et Felicità Sartori-Hoffmann. À la fin du XVIIIe siècle, nombreux furent les miniaturistes italiens travaillant pour des cours étrangères: ainsi, Lorenzo Balbi, peintre de l’impératrice Marie-Thérèse, et G. B. Lampi qui se fixa à Vienne en 1783; I. J. Campana, peintre de la reine Marie-Antoinette, et F. Quaglia, attaché en 1805 à l’impératrice Joséphine.

L’influence de Rosalba fut sensible en France dans les ouvrages de Hubert Drouais et de J. B. Massé qui fut ami de Voltaire et nommé en 1759 garde des tableaux de Louis XV. Si des miniaturistes de talent travaillent au milieu du siècle pour les Menus Plaisirs , la grande époque de la miniature, en France, commence avec P. A. Hall. Suédois d’origine, né en 1739, Hall devint à Paris peintre du Cabinet du roi et ouvrit un atelier célèbre; il abandonne le pointillé utilisé par ses prédécesseurs pour une exécution plus large, traçant ses portraits avec un brio qui n’a d’égal que celui de son contemporain Jean Honoré Fragonard. À cette liberté nouvelle de la technique correspond une plus grande diversité des thèmes traités; à côté des portraits de Sicardi ou d’Abel, il faut mentionner les sujets galants de P. A. Baudoin et J. Charlier, tous deux élèves de Boucher, les remarquables paysages réels ou inventés de Louis Moreau l’Aîné, les fleurs de A. Vallayer-Coster, ou encore les camaïeux à l’imitation des camées de C. G. A. Bourgeois. Les plus grands portraitistes à l’époque de transition furent le peintre sur émail J. B. Weyler, mort prématurément en 1791, et les peintres sur ivoire François Dumont (1751-1831), J. B. Augustin (1759-1832) et J.-U. Guérin (1760-1836). Protégé par Marie-Antoinette, dessinateur officiel des fêtes impériales, J. B. Isabey (1767-1855) eut les faveurs de la Restauration et de la monarchie de Juillet et même du second Empire qui le pensionna; ses portraits sur vélin, qui témoignent d’une incontestable virtuosité, ressuscitent plus d’un demi-siècle de vie parisienne. Parmi les artistes qui prolongèrent avec éclat la tradition de la miniature au cours du XIXe siècle, on retiendra les noms de J. A. Lemoine, L. F. Aubry, C. E. Leguay et S. J. Rochard.

En Angleterre, après 1760, deux tendances s’affirment: l’une claire et rapide, que l’on peut qualifier d’impressionniste et qui est représentée par Richard Cosway et ses élèves; l’autre, d’une exécution plus précise et naturaliste, est celle de John Smart. Au XIXe siècle, la miniature anglaise est illustrée en particulier par W. C. Ross, W. J. Newton, A. Robertson, F. Cruiskshank et J. C. D. Engleheart.

Au XVIIIe siècle, les personnalités les plus marquantes de l’art de la miniature furent, en Allemagne, H. F. Füger, célèbre portraitiste fixé à Vienne; en Suisse, Jean Étienne Liotard, dont les miniatures ont les qualités des dessins; en Hollande, Louis Nicols Van Blarenberghe et son fils Henri Joseph, qui s’illustrèrent à Paris; en Suède, Peter Adolph Hall et Nicolas Lafrensen. Il faut signaler aussi le développement de la miniature au XVIIIe et au XIXe siècle en Russie et en Pologne.

miniature [ minjatyr ] n. f.
• 1644; it. miniatura, de minium; rapproché dès le XVIIe de minuscule, mignon, et écrit mignature
1Didact. Lettre ornementale (d'abord rouge, et tracée au minium) pour orner le commencement des chapitres des manuscrits médiévaux.
2Cour. Peinture fine de petits sujets servant d'illustration aux manuscrits, aux missels. enluminure. Miniatures byzantines, irlandaises, gothiques, persanes. Peintre de miniatures. miniaturiste.
3Genre de peinture délicate de petite dimension (la miniature); cette peinture (une miniature). Porter une miniature en médaillon. « L'autre [portrait] était une miniature de style Empire » (Henriot).
4Loc. adj. EN MINIATURE : en très petit, en réduction. « une dizaine de richards, [...] une bourgeoisie en miniature » (Balzac). Par appos. Golf miniature.
Par ext. Modèle réduit. « une miniature d'épousée » (Maupassant).

miniature nom féminin (italien miniatura, du latin miniare, enduire de minium) Image peinte participant à l'enluminure d'un manuscrit. Peinture de petites dimensions, telle que scène gracieuse ou portrait, soit encadrée, soit traitée en médaillon, soit employée pour décorer une boîte, une tabatière. En apposition, indique quelque chose qui est extrêmement petit : Lampes miniatures ; ou quelque chose qui est la réduction d'un objet : Des autos miniatures.miniature (expressions) nom féminin (italien miniatura, du latin miniare, enduire de minium) En miniature, en réduction : Palais en miniature. Miniature chorégraphique, œuvre chorégraphique de chambre, de haute technicité et de courte durée (un acte), cherchant à valoriser l'artiste qui l'exécute ou à illustrer un seul sujet. ● miniature (synonymes) nom féminin (italien miniatura, du latin miniare, enduire de minium) Miniature chorégraphique
Synonymes :
- ballet miniature

miniature
n. f.
d1./d Très petite peinture sur émail, ivoire, vélin, etc. Des miniatures persanes. V. aussi enluminure.
d2./d Loc. adv. En miniature: sous une forme très réduite, condensée.
(En appos.) Golf miniature.

⇒MINIATURE, subst. fém.
A. —Lettre ornée, tracée à l'origine au minium, formant l'en-tête des chapitres d'un manuscrit, d'un missel. Les lettrines, les initiales ornées tirées en rouge ou en toute autre couleur sont le seul vestige des anciennes lettres ornées (...) qu'on appelait miniatures et qui rehaussaient l'éclat des manuscrits (E. LECLERC, Nouv. manuel typogr., 1932, p.234).
B. —Peinture de petites dimensions qui illustre les manuscrits et les missels. Manuscrit à miniatures Les miniatures du Missel de saint Louis et des Miracles de la Sainte-Vierge, par Gautier de Coinsy, qu'on voit à la Bibliothèque royale, montrent ce que pouvait déjà produire l'inspiration chrétienne (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p.LXX):
1. Ces livres, il en raffolait, les emportait, partout, avec lui, dans ses voyages; il s'était attaché un peintre nommé Thomas qui les enluminait de lettres ornées et de miniatures, tandis que lui-même peignait des émaux qu'un spécialiste, découvert à grand'peine, enchâssait dans les plats orfévris de ses reliures.
HUYSMANS, Là-bas, t.1, 1891, p.76.
C. —Genre de peinture de petites dimensions faite de couleurs fines et servant d'illustration ou de petit tableau. Mme de Mirbel est ce qu'elle a toujours été; — ses portraits sont parfaitement bien exécutés, et Madame de Mirbel a le grand mérite d'avoir apporté la première, dans le genre si ingrat de la miniature, les intentions viriles de la peinture sérieuse (BAUDEL., Salon, 1845, p.76):
2. Le plaisant de l'éducation actuelle, c'est qu'on n'apprend rien aux jeunes filles, qu'elles ne doivent oublier bien vite, dès qu'elles seront mariées. Il faut quatre heures par jour pendant six ans, pour bien jouer de la harpe; pour bien peindre la miniature ou l'aquarelle, il faut la moitié de ce temps.
STENDHAL, Amour, 1822, p.211.
L'oeuvre elle-même. Il n'avait pas besoin de soulever la toile qui la couvrait aujourd'hui pour revoir les bonbonnières, les éventails, les miniatures, tous ces bibelots qu'il avait contemplés, ce jour-là, par contenance, et qu'il avait retrouvés fidèlement à la même place, des années de suite (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.373).
D. P. anal. Reproduction en réduction (avec parfois une coloration affective). Je vous demanderai votre protection un de ces matins, pour me présenter chez cette jolie miniature de femme (MÉRIMÉE, Lettres Grasset, 1830, p.57):
3. Ces élans linguistiques qui sortent de la ligne ordinaire du langage pragmatique sont des miniatures de l'élan vital. Un micro-bergsonisme qui abandonnerait les thèses du langage-instrument pour adapter la thèse du langage-réalité trouverait dans la poésie bien des documents sur la vie tout actuelle du langage.
BACHELARD, Poét. espace, 1957, p.10.
Loc. adj. En miniature. On aurait dit un jouet, un pont de bois en miniature, mais un pont d'une charpente extraordinairement compliquée (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p.815). D'ordinaire, dès leur premier baiser, il se trouvait enfermé dans un monde en miniature, au milieu de joujoux sans poids; aujourd'hui, la métamorphose était un peu plus difficile que de coutume, ses soucis restaient collés à sa peau (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.290).
En appos. Golf miniature. New-York apparaît d'ici comme cette ville miniature que le roi de Siam s'amusait à édifier au centre de ses jardins (MORAND, New-York, 1930, p.47). Des gamins à cache-nez et à béret bleu admirent bouche bée des mécanos et des chemins de fer miniature (ARNOUX, Paris, 1939, p.24). En France, où l'usage des émetteurs miniatures est réglementé (...) on trouve dans la plupart des bons magasins (...) un matériel miniaturisé de qualité (Réalités, juill. 1975, p.52).
Sensations, sentiments, petits détails intimes, colères miniatures, actes insignifiants (...); le chapelet s'égrène au long des heures et l'on écoute (plus qu'on ne lit) ce marmonnement (Arts et Loisirs, oct. 1966, p.31). La France est en train de franchir un pas décisif dans la mise au point de l'arme nucléaire. Cela ne provoque, dans le monde politique, malgré les apparences, qu'un débat miniature (Le Point, 23 juill. 1973, p.16).
Rem. Miniature peut être employé adj. Menez-la un samedi chez Maisonnette, elle (...) chantera (...) Plus elle chante, mieux elle chante; cette voix si flexible, si miniature, s'anime et se fortifie en chantant (STENDHAL, Corresp., t.2, 1818, p.80).
REM. Miniateur, subst. masc. Au Moyen Âge, spécialiste du dessin de la lettre ornée appelée miniature. Les histoires de Cluny et les biographies de quelques-uns des Abbés sont parfois disertes, mais elles nous renseignent mal sur la vie de ces miniateurs qu'elles signalent, pêle-mêle, avec les architectes, les joailliers, les relieurs, les tailleurs d'images, les verriers, avec tous les ouvriers d'art, issus de toutes les régions, qui remplissaient le monastère, car ce fut une véritable école d'art mystique, sous toutes ses formes, que Cluny! (HUYSMANS, Oblat, t.2, 1903, p.99).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1645 mignature «portrait de très petites dimensions» (CORNEILLE, La Suite du Menteur, II, 6 ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t.4, p.326); 1653 miniature (OUDIN Recherches ital. et françoises); 1665 devises en mignature (doc. ds J.-J. GUIFFREY, Comptes des bâtiments du roi sous le règne de Louis XIV, t.1, p.49). Empr. à l'ital. miniatura «figure de très petites dimensions, peinte de couleurs vives, servant à orner les livres, parchemins, petits objets d'ivoire, etc.; art de peindre cette sorte de figures» (av. 1342, CAVALCA ds BATT.), dér. de miniare «décorer avec des figures de petites dimensions», empr. au lat. miniare «peindre en rouge, enduire de minium», dér. de minium «cinabre». Fréq. abs. littér.:416. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a)473, b) 706; XXe s.: a) 579, b) 638.
DÉR. Miniaturiste, subst. masc. et adj. a) Subst. masc. Peintre en miniature. Depuis les miniaturistes jusqu'à Rubens, les conditions de la peinture, ses facilités, ses libertés ont été croissant. La grandeur des figures a augmenté, et le nombre, la diversité des objets servant de cadre: paysage, architecture, animaux, meubles, etc. (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p.239). b) Adj. Qui s'inspire des techniques de la miniature. Mais chez ceux que tenait Florence et qui ne savaient pas la fuir ou la dompter, le double courant miniaturiste et littéraire déviait la passion native (FAURE, Hist. art, 1914, p.376). []. Att. ds Ac. dep. 1835. 1res attest. 1748 en it. ds le texte (WATTEAU ds CAYLUS, Vies d'Artistes du XVIIIe s., 1910, p.12 ds BRUNOT t.6, p.756, note 8), 1762 (Ac.); de miniature, suff. -iste. Fréq. abs. littér.: 23.
BBG. —BOULAN 1934, p.39. — HOPE 1971, pp.292-293.

miniature [minjatyʀ] n. f.
ÉTYM. 1653; mignature, 1645, Corneille; ital. miniatura, de minium; rapproché dès le XVIIe de minuscule ou mignon; cf. la graphie mignature au XVIIe (→ ci-dessous, cit. 1 et 3).
1 (1840, Académie). Didact. Lettre rouge tracée au minium pour orner le commencement des chapitres des manuscrits médiévaux. Par ext. Lettre ornementale de diverses couleurs.
2 Peinture fine de petits sujets servant d'illustration aux manuscrits, aux missels. Enluminure. || Manuscrit à miniatures (→ Imagier, cit. 1). || Miniatures byzantines, irlandaises, gothiques, persanes. || Peintre de miniatures. Miniaturiste, rubricateur.
3 (La miniature). Genre de peinture délicate de petite dimension exécutée à l'aquarelle, à la gouache, à l'huile. || Peindre en miniature.
1 (…) ceux qui peignent en grand ou en mignature.
La Bruyère, les Caractères, XV, 5, note 1.
2 (…) ses portraits sont parfaitement bien exécutés, et madame de Mirbel a le grand mérite d'avoir apporté la première, dans le genre si ingrat de la miniature, les intentions viriles de la peinture sérieuse.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, I, VI.
(1645). (Une miniature). L'œuvre elle-même. || Miniature sur vélin, sur ivoire. || Les miniatures du XVIIIe siècle. || Miniature représentant un portrait. || Porter une miniature en médaillon, en broche. || Collectionner les bibelots et les miniatures (→ Bric-à-brac, cit. 1).
3 (…) Je verrai ce que c'est. — C'est une mignature.
— Oh ! le charmant portrait ! l'adorable peinture !
Corneille, la Suite du Menteur, II, 6.
4 L'autre (portrait) […] était une miniature de style Empire, signée d'Élouis.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 296.
4 Loc. adj. En miniature : en très petit, en réduction. || Ville en miniature (→ Ksar, cit.).
5 À l'encontre de ce minime faubourg Saint-Germain se groupent une dizaine de richards, d'anciens meuniers, des négociants retirés, enfin une bourgeoisie en miniature (…)
Balzac, Ursule Mirouët, Pl., t. III, p. 277.
6 Çà et là, un petit temple en granit, d'une antiquité imprécise, voûté de pierres plates, rappelant en miniature les monuments de l'ancienne Égypte.
Loti, l'Inde (sans les Anglais), I, II.
7 Un vrai jardin japonais : un carré minuscule, long de dix mètres, large de quinze (…) où l'on apercevait des montagnes et des plaines, des forêts, une cascade, un torrent, des cavernes et un lac — tout cela, bien entendu, en miniature.
Claude Farrère, la Bataille, I.
Par appos. || Un jardin miniature.
8 (…) la rivière asséchée où les pierres d'un gué avaient l'air des colonnes détruites d'un Pompéi miniature.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XXIV.
Par ext. || Une miniature de… : un modèle réduit de… Diminutif. Spécialt. (En parlant de ce qui est petit et mignon). || « Cette personne est une jolie petite miniature » (Littré).
9 Elle s'en venait, la tête baissée, mais point timide, vaguement émue, gentille, charmante, une miniature d'épousée.
Maupassant, Bel-Ami, II, X.
10 (…) les jardiniers japonais savent, d'un arbre qui normalement aurait ses trente mètres de haut, faire une miniature d'à peine quinze centimètres.
Claude Farrère, Mes voyages, VI.
DÉR. Miniaturé, miniaturiser, miniaturiste.

Encyclopédie Universelle. 2012.