IMPUISSANCE
IMPUISSANCE
Le terme d’impuissance recouvre une très grande complexité de faits cliniques. E. Bergler définit ce trouble de la réaction sexuelle de l’homme comme «une inhibition centrale qui se manifeste localement au niveau du pénis, organe exécutif de la sexualité masculine».
On peut distinguer trois grandes formes d’impuissance:
– l’impuissance érective: c’est l’absence (rare) ou l’insuffisance de l’érection qui rend impossible la pénétration, donc le coït;
– l’impuissance liée à des troubles de l’éjaculation: éjaculation à l’approche de la vulve, éjaculation prématurée qui empêche l’acte sexuel de durer suffisamment pour procurer du plaisir, éjaculation retardée anormalement et absence d’éjaculation;
– l’impuissance par absence d’orgasme: le coït s’accomplit sans plaisir malgré une érection et une éjaculation normales. L’homme n’est pas toujours conscient de cette dernière forme d’impuissance.
À ces trois formes d’impuissance on peut ajouter une «pseudo-impuissance» (liée à la partenaire, qui peut empêcher l’acte sexuel de se produire) et une impuissance dite secondaire, parce qu’elle se produit dans un couple après un fonctionnement sexuel normal. Il est utile de vérifier que cette impuissance secondaire n’est pas iatrogène, c’est-à-dire induite par certains médicaments (antihypertenseurs ou psychotropes).
Il faut souligner que l’impuissance se manifeste la plupart du temps par périodes plus ou moins brèves et que tout homme dépourvu d’atteinte organique est capable d’érection, mais que le problème qui hante souvent l’homme inquiet à ce sujet est d’obtenir cette érection au bon moment.
L’impuissance, ou son risque, angoisse cruellement l’homme dont la puissance d’érection a de tout temps signé la virilité. De plus, érection et éjaculation sont nécessaires à la reproduction.
Dans la plupart des cas, l’impuissance se développe au sein d’une structure névrotique: anxiété, peur de la castration, culpabilité de l’expérience génitale, états dépressifs. Son pronostic et son traitement ne peuvent se révéler qu’à travers l’analyse de la conduite névrotique qui la sous-tend.
Toutefois, l’impuissance a fréquemment des causes organiques qui sont — a minima — de légères anomalies de la verge ou de l’urèthre mais beaucoup plus souvent, des troubles plus profonds: diabètes, affections neurologiques (compressions médullaires, séquelles de syphilis, sclérose latérale amyotrophique), endocrinopathies (lésions hypothalamo-hypophysaires, hypothyroïdie, maladie d’Addison, hypogonadisme par involution du testicule).
Dans l’ensemble, la chimiothérapie (vasodilatateurs, vitamines, toniques) et les traitements hormonaux (sauf s’ils sont dûment motivés) donnent peu de résultats.
Beaucoup de psychanalystes s’accordent pour affirmer que, lorsque l’impuissance ne fait pas partie d’une structure névrotique bien définie, la cure type se révèle peu efficace et souvent interminable. La psychothérapie d’inspiration analytique a plus de chances de succès.
impuissance [ ɛ̃pɥisɑ̃s ] n. f.
1 ♦ Manque de puissance, de moyens suffisants pour faire qqch. L'impuissance humaine. ⇒ faiblesse, incapacité. Le sentiment de son impuissance l'écrasait. « Mécontent de moi-même et pénétré de mon impuissance » (Sand). Aveu, geste d'impuissance. Réduit à l'impuissance. Frapper d'impuissance (⇒ paralyser) . Impuissance à exprimer qqch., à résoudre les difficultés, à agir. L'impuissance où l'on est de faire qqch. ⇒ impossibilité, incapacité.
2 ♦ Caractère de ce qui est impuissant. L'impuissance de leurs efforts.
3 ♦ Spécialt (1558) Impuissance sexuelle, ou absolt l'impuissance : incapacité physique d'accomplir l'acte sexuel normal et complet, pour l'homme. Impuissance due à des troubles fonctionnels, névrotiques.
⊗ CONTR. Aptitude, capacité, efficacité, 2. pouvoir, puissance. Virilité.
● impuissance nom féminin Manque de puissance, inefficacité, faiblesse ; incapacité pour faire quelque chose : Réduire un adversaire à l'impuissance. Incapacité pour un homme d'obtenir ou de maintenir une érection et, de ce fait, d'avoir un rapport sexuel satisfaisant. ● impuissance (citations) nom féminin Emmanuel Berl Le Vésinet 1892-Paris 1976 Le véritable Éros est muet et tout notre discours ne peut porter ici que sur notre impuissance. Mort de la pensée bourgeoise Grasset Jules Lagneau Metz 1851-Paris 1894 L'étendue est la marque de ma puissance. Le temps est la marque de mon impuissance. Célèbres Leçons de Jules Lagneau Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Le plus farouche orgueil naît surtout à l'occasion d'une impuissance. Moralités Gallimard ● impuissance (difficultés) nom féminin Sens Ne pas confondre ces trois noms. 1. Impuissance n.f. = incapacité pour l'homme à accomplir l'acte sexuel. 2. Frigidité n.f. = absence d'orgasme chez la femme lors des rapports sexuels. 3. Stérilité n.f. = inaptitude à avoir des enfants, infécondité. ● impuissance (synonymes) nom féminin Manque de puissance, inefficacité, faiblesse ; incapacité pour faire quelque chose
Synonymes :
- incapacité
- infirmité
impuissance
n. f.
d1./d Manque de pouvoir, de moyens, pour faire qqch. être réduit à l'impuissance.
|| Par ext. L'impuissance de la raison.
d2./d Spécial. Impossibilité physique, pour l'homme, de pratiquer le coït.
⇒IMPUISSANCE, subst. fém.
A. — Manque de force physique ou morale pour agir; manque de pouvoir. Synon. faiblesse, incapacité. Elle sentait son impuissance contre cette volonté qui l'écrasait, elle restait là, anéantie (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 324). Ils virent à terre un pauvre chien se raidissant sur ses quatre pattes et de qui un aide lavait la gorge qu'on venait de recoudre. Son œil vitreux, sa misère, son impuissance étaient inoubliables (BARRÈS, Enn. Lois, 1893, p. 278) :
• 1. ... l'émotion, en tant que telle, naît, quand devant la menace il n'y a plus rien à faire. Et la représentation de cette impuissance mesure la distance qui sépare l'affection que l'homme éprouve devant la mort de l'aversion dont la douleur déclanche le mécanisme chez l'animal.
J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 130.
♦ Impuissance à/de + inf. Impuissance à agir; impuissance à convaincre qqn, à exprimer qqc., à se représenter qqc. La terrible impuissance où se trouve tout homme de partager (...) une douleur qu'il ne peut pas voir (CAMUS, Peste, 1947, p. 1330). On s'accorde à constater une sorte d'impuissance congénitale à manier le raisonnement probabiliste (Gds cour. pensée math., 1948, p. 335).
— P. méton.; [en parlant d'un comportement, d'un attribut de la pers.] Le pessimisme (...) représente (...) toutes les impuissances imaginables : impuissance de l'esprit, de la volonté, du cœur, des reins, de l'estomac (BLOY, Journal, 1892, p. 34). On a beaucoup exagéré l'impuissance de l'imagination : ses trois cornes aiguës labourent aisément les glacis dérisoires de la raison rasée de près (ÉLUARD, Donner, 1939, p. 59). Geste, mouvement d'impuissance. Geste, mouvement qui traduit l'inutilité, l'inefficacité de toute action. Les lèvres usées retrouvaient d'instinct la même grimace puérile, ses vieilles épaules le même geste d'impuissance naïve, avouée, sans remède. Et c'était vrai qu'il ne pouvait plus rien, ni pour lui-même, ni pour autrui (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 513).
SYNT. Impuissance humaine, intellectuelle, mentale, morale, sentimentale; impuissance de la douleur, de la passion, du raisonnement, de la volonté; aveu, sentiment d'impuissance; avouer, confesser, reconnaître son impuissance; être réduit à l'impuissance; être écrasé d'impuissance; condamner, réduire qqn à l'impuissance.
B. — Impuissance sexuelle ou, absol., impuissance. Incapacité, pour un homme, de pratiquer normalement l'acte sexuel, et qui est due généralement à des troubles psychologiques. Cette incuriosité de la chair, qui précède de longtemps l'impuissance et même l'extinction des désirs, qui fait que ceux-ci transigent et relâchent enfin leur empire (GIDE, Feuillets, 1928, p. 903). Un homme reste célibataire pour des motifs très divers (...) par misogynie, (...) par difformité physique, ou encore par impuissance sexuelle, ou par goût excessif de la liberté (Divin. 1964, p. 167) :
• 2. ... amener une femme dans un coin... lui dire des saletés, tout bas... lui presser les mains en lui jurant qu'on aime la musique... quand on sait que ça n'ira pas plus loin (...) ça, ça me dégoûte! (...) ça me dégoûte de la part de l'homme parce que c'est un signe d'impuissance! D'ailleurs, le manque de pudeur est signe d'impuissance!...
GUITRY, Veilleur, 1911, II, p. 10.
Rem. 1. Méd. Biol. t. 2 1971 indique que impuissance se dit aussi pour la femme : « incapacité de pratiquer l'acte sexuel chez l'homme aussi bien que chez la femme ». 2. Certains dict. (notamment Méd. Biol. t. 2 1971 et MAN.-MAN. Méd. 1977) ajoutent que l'impuissance désigne aussi « l'impossibilité, en pratiquant l'acte, d'engendrer un enfant ».
— MÉD. Impuissance fonctionnelle. ,,Impuissance chez un homme en bonne santé, et qui est due à des troubles psychologiques`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Impuissance organique. ,,Impuissance liée à un trouble organique, quelle qu'en soit la nature`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Impuissance relative. ,,Impuissance qui intervient en présence d'un partenaire déterminé`` (Méd. Biol. t. 2 1971).
SYNT. Impuissance absolue, déclarée, directe, indirecte, locale, passagère, permanente, précoce; impuissance féminine, masculine; impuissance par vice de conformation; cas d'impuissance; constituer, causer, produire l'impuissance.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1361 « manque de moyens suffisants pour faire quelque chose » (Ordonnances des rois de France, t. 3, p. 488); 2. 1558 méd. (BONAVENTURE DES PÉRIERS ds Conteurs français du XVIe siècle, éd. P. Jourda, p. 407); 3. 1675 « inefficacité, manque d'effet » (RACINE, Iphigénie, I, 5). Dér. de puissance; préf. im- (in-1). Fréq. abs. littér. : 1 578. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 534, b) 1 929; XXe s. : a) 2 586, b) 2 812.
impuissance [ɛ̃pɥisɑ̃s] n. f.
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1 Littér. ou style soutenu. Manque de puissance, de pouvoir, de moyens suffisants pour faire qqch. || L'impuissance de qqn. || L'impuissance humaine. ⇒ Faiblesse, misère (→ Appui, cit. 10; chose, cit. 20; 2. être, cit. 16). || Le sentiment de son impuissance (→ Épaule, cit. 22), d'une impuissance totale (→ Exiger, cit. 18) l'écrasait (cit. 9), l'étreignait (→ Fil, cit. 39). || Frapper qqn d'impuissance. ⇒ Paralyser. — ☑ Loc. (avec à). Être réduit à l'impuissance. ⇒ Lier (avoir les mains liées, pieds et poings liés). — Être captif, prisonnier de son impuissance. || Avouer, reconnaître son impuissance. — Impuissance à…, suivi d'un inf. (→ Amer, cit. 13; cécité, cit. 1; équivoque, cit. 9). || Impuissance à sauver qqn (→ Capitulation, cit. 3). || Impuissance à exprimer qqch. (→ Débattre, cit. 10), à résoudre les difficultés (→ Dénouer, cit. 11). — Dans l'impuissance de (et inf.). ⇒ Impossibilité, incapacité. || L'impuissance où l'on se trouve, où l'on est de faire qqch. (→ Exaspération, cit. 2; faiblesse, cit. 16). — (1636). Caractère de ce qui est impuissant. || L'impuissance de leurs efforts (→ Excuser, cit. 2), de sa haine (→ ci-dessous, cit. 3).
1 (…) votre impuissance à croire (…) ne vient que du défaut de vos passions.
Pascal, Pensées, III, 233.
2 Mais comme nous nous trouvons dans l'impuissance d'adorer ce que nous ne connaissons pas, et d'aimer autre chose que nous, il faut que la religion qui instruit de ces devoirs nous instruise aussi de ces impuissances, et qu'elle nous apprenne aussi les remèdes.
Pascal, Pensées, VII, 489.
3 Heureux si sur son temple achevant ma vengeance,Je puis convaincre enfin sa haine d'impuissance (…)
Racine, Athalie, III, 3.
4 (…) qu'est-ce qu'un poème en prose, sinon un aveu de son impuissance ?
Voltaire, Disc. aux Welches.
5 (…) nous ne dirons plus que le drame est un genre décoloré, né de l'impuissance de produire une tragédie ou une comédie.
Beaumarchais, la Mère coupable, Préface.
6 (…) mécontent de moi-même et pénétré de mon impuissance.
G. Sand, François le Champi, p. 18.
6.1 (…) Samuel (Cramer) fut, plus que tout autre, l'homme des belles œuvres ratées; — créature maladive et fantastique, dont la poésie brille bien plus dans sa personne que dans ses œuvres, et qui, vers une heure du matin, entre l'éblouissement d'un feu de charbon de terre et le tic-tac d'une horloge, m'est toujours apparu comme le dieu de l'impuissance, — dieu moderne et hermaphrodite, — impuissance si colossale et si énorme qu'elle en est épique !
Baudelaire, la Fanfarlo.
7 Mais le flot toujours montant des questions sociales forcera la politique d'avouer son impuissance.
Renan, Questions contemporaines, Œuvres, t. I, p. 227.
8 (…) la terrible impuissance où se trouve tout homme de partager vraiment une douleur qu'il ne peut pas voir (…)
Camus, la Peste, p. 155.
2 (1558, Bonaventure des Périers). Spécialt. || Impuissance sexuelle, ou, absolt, impuissance : incapacité physique d'accomplir l'acte sexuel normal et complet, pour un homme. ⇒ Ataraxie (génitale). || Impuissance par vice de conformation génitale, par troubles fonctionnels ou psychologiques (impuissance fonctionnelle). ⇒ Humiliation, cit. 13. — Dr. || Impuissance naturelle, accidentelle. || Impuissance absolue, relative, temporaire, permanente. || Cas d'impuissance. || Preuve du fait d'impuissance dans l'ancien droit (→ Congrès, cit. 3). || Soigner, guérir l'impuissance. || Thérapies psychologiques, psychanalytiques de l'impuissance.
REM. Littré confond l'impuissance avec l'« incapacité d'avoir des enfants », qui en est la conséquence (→ Stérilité). Si l'impuissant est stérile par incapacité de consommer l'acte sexuel, les hommes stériles ne sont pas des impuissants.
9 (…) qui sut (ce) que vaut la femme en amour offensée,Lorsque, par impuissance, ou par mépris, la nuitOn fausse compagnie, ou qu'on manque au déduit.
Mathurin Régnier, Satires, XI.
10 La plus grande épreuve à laquelle on ait mis les gens accusés d'impuissance a été le congrès. Le président Bouhier prétend que ce combat en champ clos fut imaginé, en France, au quatorzième siècle.
Voltaire, Dict. philosophique, Impuissance.
11 Le mari ne pourra, en alléguant son impuissance naturelle, désavouer l'enfant (…)
Code civil, art. 313.
12 L'impuissance naturelle ou accidentelle n'entraîne pas la nullité du mariage (…) et peut seulement, si elle a été cachée à l'autre conjoint, constituer une cause de divorce.
Dalloz, Nouveau répertoire, art. Mariage, no 4.
13 L'impuissance dépendant de troubles psychiques purs peut être soit la traduction de la frigidité (…) soit l'impuissance dite psychique dans laquelle le désir subsiste malgré l'impossibilité d'accomplir le rapprochement normal. Il s'agit, le plus souvent, d'une inhibition émotive dont sont victimes des obsédés ou des phobiques (phobie de l'impuissance) et qui s'exagère volontiers en proportion directe du désir de possession et des échecs subis au cours d'expériences antérieures. Il est souvent dans ce cas électif, à l'égard d'une femme déterminée, objet d'une trop ardente convoitise.
♦ Rare (en parlant d'une femme). ⇒ Frigidité (cit. 3, 4). — REM. Certains emplois au sens 1 sont en fait des métaphores du sens sexuel, qui « colore » tous les emplois du mot.
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CONTR. Aptitude, capacité, commandement, efficacité, force, pouvoir, puissance. — Fécondité.
Encyclopédie Universelle. 2012.