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VITAMINES
VITAMINES

Les maladies par carence vitaminique ont affecté les premiers hommes, et certaines d’entre elles prévalent encore dans le monde, notamment dans les pays en voie de développement (cf. Nutrition humaine , in NUTRITION). La découverte des sources vitaminiques naturelles, aliments végétaux et micro-organismes de notre flore intestinale, puis la synthèse chimique de bon nombre de vitamines ont rapidement porté remède aux maladies par carence (même si l’utilisation par voie orale des antibiotiques a pu relancer un temps leur manifestation). Alors est apparu, au moins pour certaines vitamines, le risque d’hypervitaminose en raison de la disponibilité des vitamines synthétiques. Par ailleurs, l’évolution des comportements alimentaires, et notamment la diminution de la consommation d’aliments végétaux, les excès de produits antiphysiologiques tels que l’alcool, le tabac, les contraceptifs hormonaux oraux, a entraîné des risques spécifiques de carences vitaminiques.

Nos connaissances sur les vitamines, molécules organiques indispensables au métabolisme cellulaire, micronutriments indispensables car non synthétisés par la plupart des animaux, n’ont progressé, à titre biomédical et expérimental, qu’avec retard par rapport à nos connaissances sur les macronutriments (glucides, protéines, lipides). Alors que les fonctions énergétiques et structurales des macronutriments sont relativement bien connues, il n’en est pas encore de même des fonctions des micronutriments facteurs d’utilisation métabolique, particulièrement des vitamines, initialement définies comme «facteurs accessoires» de croissance. Cependant, à l’ère clinique et physio-pathologique des vitamines, marquée au début du XXe siècle par la découverte (C. Funk) de la vitamine B1 ou thiamine, a succédé dans les années 1930 (Warburg) l’ère métabolique des vitamines, consacrée à l’étude des fonctions cellulaires des vitamines, plus précisément de leurs dérivés actifs. Sur un total, probablement mais pas obligatoirement définitif, de treize vitamines, on connaît aujourd’hui les interventions métaboliques précises de la plupart d’entre elles. Les autres sont encore en cours d’investigation, en relation notamment avec leurs incidences pathologiques.

Afin d’apprécier l’importance métabolique des vitamines, il suffit d’observer une carte du métabolisme cellulaire (fig. 1) en portant l’attention sur les cofacteurs des réactions intermédiaires successives. En effet, les coenzymes en jeu dans ces réactions sont très généralement des dérivés, adaptés au métabolisme cellulaire, des vitamines, qui en sont les précurseurs, apportées par l’alimentation. Il s’agit des vitamines dites du groupe B, vitamines hydrosolubles dont les dérivés opèrent généralement dans le cytosol de la cellule. Au contraire, les dérivés des vitamines liposolubles (A, D, E, K), insolubles en phase aqueuse, opèrent plutôt en surface ou en profondeur des structures membranaires lipidiques du réticulum endoplasmique des mitochondries et de la membrane plasmique de la cellule.

Les dérivés actifs des vitamines transfèrent ou traitent diverses entités chimiques: atomes d’hydrogène, groupes carbonés et groupes azotés, l’établissement des liaisons entre substrat et coenzyme étant déterminé par les affinités complémentaires des atomes réactifs concernés.

Étant donné que, sauf participation à l’anabolisme (constructions cellulaires), le devenir ultime des atomes d’hydrogène libérés au cours du catabolisme des nutriments organiques sera d’être combiné à des atomes d’oxygène avec formation d’eau, les transferts d’hydrogène sont généralement à finalité énergétique et ils sont alors orientés par les potentiels d’oxydoréduction des réactants concernés. Au contraire, les transferts de groupes carbonés ou azotés sont à finalité anabolique structurale ou catabolique non énergétique, au moins immédiate.

1. Vitamines et oxydoréductions

Les vitamines intervenant dans les oxydoréductions où la finalité des atomes d’hydrogène transportés par la chaîne respiratoire mitochondriale est énergétique sont essentiellement la nicotinamide et la riboflavine, leur ordre d’intervention étant déterminé par l’ordre croissant des potentiels d’oxydoréduction. Les coenzymes dérivés de ces vitamines interviennent également dans certaines réactions métaboliques de synthèse. Bien que n’intervenant pas dans la chaîne respiratoire, au moins chez les animaux, les vitamines acide ascorbique et tocophérol sont, à titres spécifiques, indispensables au métabolisme cellulaire (fig. 2).

Métabolisme énergétique

Nicotinamide, vitamine B5

La pellagre, causée par une carence sévère en nicotinamide (niacinamide), est associée à un régime alimentaire à base de maïs. Le maïs en est responsable à deux titres: il est pauvre en cette vitamine et en tryptophane, acide aminé indispensable que l’animal est capable de convertir partiellement en vitamine, de l’ordre de 1 milligramme pour 60 milligrammes de tryptophane chez l’homme.

On connaît deux coenzymes transporteurs d’hydrogène, dont la molécule contient le nucléotide adénosine, dérivés de l’amide de l’acide nicotinique: le nicotinamide adénine dinucléotide NAD et son ester phosphate NADP.

Les enzymes pyridinoprotéines, deshydrogénases à NAD ou NADP, spécifiques de leurs substrats, sont multiples dans la cellule. Citons entre autres la lactico-déshydrogénase (ou pyruvo-hydrogénase), dont le coenzyme est NAD, dans le cadre du catabolisme glucidique, la glutamo-déshydrogénase à NAD permettant l’élimination de l’ammoniac dans le cadre du catabolisme des acides aminés, les acyl-réductases à NADP dans la biosynthèse des acides gras, les déshydrogénases à NAD intervenant sur différents intermédiaires du cycle tricarboxylique, indispensables dans le cadre du métabolisme énergétique.

Riboflavine, vitamine B2

La molécule de riboflavine, ou lactoflavine, comporte un noyau isoalloxazine substitué lié à un sucre, le ribitol. On connaît deux coenzymes dérivés, d’une part l’ester phosphate appelé – improprement – flavine mononucléotide FMN, d’autre part le dérivé mononucléotidique à adénine du premier, appelé – également improprement – flavine adénine dinucléotide FAD.

Les coenzymes à flavine sont des agents oxydants plus puissants que les pyridononucléotides et certains peuvent transférer l’hydrogène directement à l’oxygène (oxydases). Les enzymes flavo-protéines interviennent dans différents secteurs du métabolisme cellulaire, notamment dans la chaîne respiratoire mitochondriale, participant ainsi au métabolisme énergétique. Citons la NADH-déshydrogénase à FMN, la succino-déshydrogénase à FAD, dans le cadre du catabolisme glucidique la glucose-oxydase à FMN, et, dans le cadre du catabolisme protéique, les L-amino-acides-oxydases à FAD. En outre, les coenzymes à riboflavine interviennent dans les transformations métaboliques de diverses vitamines, niacine, pyridoxine, acide folique et vitamine K.

Métabolisme non énergétique

Acide ascorbique, vitamine C

La plupart des espèces animales, à l’exclusion notable des primates, dont l’homme, synthétisent l’acide ascorbique.

La structure moléculaire de l’acide L-ascorbique, ou vitamine C, est celle d’un sucre lactone diénol dont la propriété principale, son oxydation en acide dihydro-ascorbique, explique son intervention métabolique dans les phénomènes d’oxydoréduction. En raison de ses propriétés réductrices, l’acide ascorbique fonctionne comme donneur d’hydrogène et d’électrons. Chez les végétaux, l’acide ascorbique est coenzyme d’une oxydase comportant le métal cuivre, qui transfère l’hydrogène à l’oxygène moléculaire.

Dans les cellules animales, les interactions les mieux démontrées sont des réactions d’hydroxylation, notamment l’hydroxylation de la proline en hydroxyproline et de la lysine en hydroxylysine dans la biosynthèse réparatrice des collagènes, protéines majeures de la peau et des tissus conjonctifs. Dans le foie, l’acide ascorbique intervient dans l’hydroxylation du cholestérol en acides biliaires, la détoxication de divers composés xénobiotiques, et dans les surrénales dans la synthèse des corticostéroïdes. Dans le système nerveux, il intervient dans la conversion de la tyrosine en noradrénaline. Enfin, toujours en raison de son potentiel redox, l’acide ascorbique facilite l’absorption intestinale du fer.

Tocophérols, vitamines E

Les défauts de la reproduction dus à la carence vitaminique E n’affectent pas l’espèce humaine. Certains symptômes carenciels peuvent affecter le prématuré. Parmi les composés, d’origine végétale, doués d’activité vitaminique E, molécules dérivées du noyau tocol portant une chaîne latérale isoprénoïde, l’ 見-tocophérol est le plus actif. La molécule est susceptible d’osciller entre les structures quinonique et hydroquinonique, et, par là, de participer à des réactions d’oxydoréduction. De fait, la principale fonction métabolique exercée par la vitamine E est une fonction d’antioxydant.

Les acides polyinsaturés constituants des phospholipides des membranes cellulaires sont exposés aux réactions d’oxydation et de peroxydation produisant des dérivés toxiques. La protection des acides polyinsaturés est effective pour une relation quantitative convenable, de l’ordre de 1 milligramme de vitamine E par gramme d’acides polyinsaturés ingérés. L’analogie des symptômes de carence en vitamine E et en sélénium relève de leurs interventions, indépendantes ou non, en tant qu’antioxydants.

2. Vitamines et métabolisme intermédiaire carboné

Le transfert du groupe monocarboné dioxyde de carbone C2 est assuré essentiellement par la biotine mais aussi, exceptionnellement, grâce à la ménaquinone, vitamine K. Quant au groupe méthyl CH3, il dépend principalement de l’acide folique et aussi de la vitamine B12. En ce qui concerne les groupes multicarbonés, le métabolisme du groupe acétyl et, plus généralement, des groupes acyl lipidiques met en œuvre un dérivé de l’acide pantothénique. Quant à la thiamine, elle intervient, en amont du cycle tricarboxylique, dans la transformation du pyruvate dérivé des sucres en acétyl et son intervention est critique pour l’utilisation énergétique des glucides (fig. 3).

Biotine

La liaison irréversible de la biotine à une protéine du blanc d’œuf cru, l’avidine, entraîne une carence manifestée principalement par des altérations cutanées. La molécule de biotine comporte un noyau thiophane soudé sur un noyau imidazol et une chaîne latérale carboxylique qui la lie à ses protéines enzymes spécifiques.

La biotine fonctionne comme coenzyme dans les réactions de carboxylation, décarboxylation et transcarboxylation. Dans la biosynthèse des chaînes carbonées d’acides gras, son intervention en amont, carboxylation de l’acétyl-CoA en malonyl-CoA, est limitante pour cette synthèse. Une autre réaction limitante pour le fonctionnement du cycle tricarboxylique, et par là importante dans le métabolisme énergétique, est la carboxylation du pyruvate en oxalo-acétate, intermédiaire du cycle.

Acide pantothénique

La molécule d’acide pantothénique (de pantos , partout) comporte un dihydroxyacide substitué, l’acide pantoïque, lié à un acide diaminé, la 廓-alanine. Son dérivé métabolique actif, le coenzyme A (A pour acétylation, Lipmann) détient un nucléotide, l’adénosine, et un mercaptan, la mercapto-éthylamine. Le groupe terminal SH est le site réactif du coenzyme.

Le coenzyme A commande les transferts des groupes acétyl et plus généralement acyl dans le métabolisme intermédiaire des acides gras et des stérols. En effet, les esters acyl-CoA sont des molécules à haut potentiel énergétique. Dans la synthétase d’acides gras, multi-enzyme opérant la synthèse des acides gras saturés supérieurs, la protéine porteuse des groupes acyl détient le même groupe terminal prosthétique actif que le coenzyme A, la 4 -phospho-pantothéine, lié à un résidu sérine de la protéine. Le coenzyme A participe en outre, par son hydrogène acide mobile, à des transferts d’hydrogène.

À l’exception des situations de malnutrition sévère, l’homme est peu susceptible de carence en acide pantothénique, qui se manifeste chez l’animal par des altérations dermiques, musculaires et nerveuses, et une chute de la synthèse des hormones corticostéroïdes par la surrénale.

Ménaquinones, vitamines K

Les vitamines K (K pour Koagulation ) sont des naphtoquinones dérivées du noyau précurseur ménadione (K3) porteur d’une chaîne latérale allyl-polyprénoïde spécifique: phytyl pour la phylloquinone K1, farnesyl-géranyl pour la ménaquinone 7 K2. Ces quinones n’interviennent pas dans la chaîne respiratoire des mammifères. Facteurs antihémorragiques, les vitamines K sont impliquées dans la synthèse hépatique de la prothrombine, protéine déterminante dans le phénomène de la coagulation sanguine.

La prothrombine est capable de se lier aux ions calcium, indispensables dans l’action protéinasique de la thrombine qui convertit le fibrinogène du plasma en fibrine. La vitamine K se comporte comme une cocarboxylase: dans la membrane endoplasmique de la cellule hépatique, le polypeptide précurseur de la prothrombine est converti en prothrombine par carboxylation de résidus glutamyl en 塚-carboxy-glutamyl. Les anticoagulants tels que la warfarine inhibent cette réaction par compétition et bloquent ainsi la synthèse de la prothrombine. Outre la prothrombine, un certain nombre d’autres protéines intervenant ou non dans la coagulation sanguine nécessitent la vitamine K pour leur biosynthèse.

Étant donné que les besoins en vitamine K sont très faibles, de l’ordre de 50 microgrammes par jour pour l’homme adulte, et largement satisfaits par une alimentation équilibrée, le risque de carence est bénin, sinon chez les individus dont les fonctions hépatiques et intestinales sont altérées et chez le nouveau-né dont la flore intestinale est en voie de formation.

Acide folique

L’acide folique, de source essentiellement végétale (feuilles), intervient dans le métabolisme en relation parfois avec la vitamine B12. Ses interventions, qui concernent notamment la biosynthèse des acides nucléiques, l’initiation de la synthèse protéique, sont extrêmement importantes pour la multiplication cellulaire. D’où, comme principal symptôme de carence, une anémie mégaloblastique. D’où également l’emploi en thérapeutique anticancéreuse d’analogues antifolates (méthotréxate, aminoptérine), inhibiteurs compétitifs de l’acide folique dans la synthèse nucléique.

La forme coenzymatique active de l’acide folique, encore appelé ptéroyl-glutamique de par la présence dans la molécule d’un noyau ptéridine substitué lié par l’intermédiaire d’un acide para-amino-benzoïque à une ou plusieurs molécules d’acide glutamique (fig. 4), est son dérivé tétrahydrogéné sur le noyau ptéridine, le tétrahydro-folate ou coenzyme F. Il intervient dans le transfert de groupes monocarbonés C1 à différents niveaux d’oxydation, du formate au méthyl, les molécules en jeu étant à haut potentiel énergétique. Les groupes monocarbonés sont engendrés principalement dans le catabolisme des acides aminés et sont utilisés dans les interconversions entre acides aminés et dans la biosynthèse des bases puriques et pyrimidiques des acides nucléiques. Certains des enzymes en jeu sont polyfonctionnels, ce qui favorise le déroulement des réactions métaboliques successives.

Dans l’état de grossesse où les besoins en acide folique, au bénéfice du fœtus, sont accrus, on observe fréquemment, aussi bien dans les pays développés que dans les pays en voie de développement, des subcarences et carences foliques, nécessitant une complémentation vitaminique.

Cobalamines, vitamine B12

Bien connue par son implication dans une maladie de carence, l’anémie pernicieuse hypochrome, la vitamine B12 ou cyanocobalamine a une action métabolique extrêmement puissante révélée par la petitesse des besoins, de l’ordre du microgramme par jour chez l’homme adulte. Cette vitamine, stockée dans le foie, est synthétisée uniquement par les micro-organismes. D’où un risque de carence chez les végétaliens. Une cause plus fréquente de carence relève d’un défaut d’absorption intestinale de la vitamine par manque d’une glycoprotéine spécifique synthétisée par l’estomac, le «facteur intrinsèque» de Castle.

La molécule de vitamine B12, très complexe (fig. 4), comporte un ensemble tétrapyrrolique planaire, centré sur un atome de cobalt, relié par deux ponts latéraux à un nucléotide, le diméthyl-benzimidazol. On connaît deux dérivés actifs doués d’activité coenzymatique: l’adénosyl-cobalamine, ou coenzyme B12, et la méthyl-cobalamine, le substituant étant lié à l’atome de cobalt.

L’adénosyl-cobalamine catalyse le transfert d’un atome d’hydrogène lié transitoirement au C5 du nucléotide. Le transfert est interne à la molécule de substrat et concomitant d’un réarrangement moléculaire convertissant le substrat initial en une nouvelle molécule spécifique, essentiellement chez les micro-organismes. Une intervention exceptionnellement importante du coenzyme B12, étrangère à un réarrangement intramoléculaire, est la réduction du sucre ribose, au sein d’un nucléotide, en désoxyribose, sucre des molécules de DNA. Démontrée chez les micro-organismes, cette réaction opère très probablement de la même façon chez les animaux.

Quant à la méthyl-cobalamine, elle transfère un groupe méthyl sur différents substrats hydrocarbonés chez les micro-organismes, sur le substrat homocystéine transformé en méthionine chez le mammifère, réaction peu efficace puisque la méthionine est un acide aminé indispensable. Par contre, l’interrelation métabolique vitamine B12-acide folique est importante en raison de l’intervention de l’acide folique dans les synthèses nucléiques.

Thiamine, vitamine B1

Le béribéri, maladie par carence sévère en vitamine B1, est associé aux régimes alimentaires à base de riz décortiqué. De fait, le facteur thiamine indispensable à l’utilisation métabolique des glucides est présent dans l’enveloppe des grains. La molécule de thiamine comporte un noyau thiazol lié à un noyau pyrimidine substitué.

La forme coenzymatique active est l’ester pyrophosphate de thiamine cocarboxylase. Ce coenzyme intervient dans les réactions de décarboxylation-oxydation des acides 見-cétoniques pyruvique et cétoglutarique et dans les réactions de transcétolisation au cours du catabolisme des sucres pentoses. Étant donné que le pyruvate, produit du catabolisme principalement des glucides (glycolyse), est par cette réaction transformé en acétyl-CoA, en amont immédiat du cycle tricarboxylique, et que l’ 見-cétoglutarate est un intermédiaire du cycle tricarboxylique, la thiamine est d’importance fondamentale pour la fourniture d’hydrogène à la chaîne respiratoire mitochondriale et pour le métabolisme énergétique cellulaire.

À notre époque, une cause de carence métabolique en thiamine est une consommation excessive d’alcool associée à une malnutrition chronique. Comme composés antithiamine d’utilisation pharmacologique, citons l’oxythiamine, où le groupe NH2 de la molécule est remplacé par le groupe OH, et l’anticoccidien amprolium dépourvu de noyau thiazolium.

3. Vitamines et métabolisme intermédiaire azoté et protéique

Le métabolisme azoté animal concerne essentiellement le métabolisme des acides aminés et des protéines. Alors que les cellules végétales autotrophes sont capables de convertir l’azote minéral en azote organique, les cellules animales opèrent seulement des transferts du groupe azoté NH2 des acides aminés. La vitamine pyridoxine est spécifique de ces réactions. Étant donné l’intervention de la vitamine A dans la croissance, caractérisée par l’importance des synthèses protéiques, on rapportera les fonctions métaboliques de la vitamine A dans le cadre du métabolisme protéique.

Pyridoxine, vitamine B6

Le terme pyridoxine désigne l’ensemble des molécules dérivées du noyau pyridine douées d’activité vitaminique du type B6, opérant essentiellement dans le métabolisme des acides aminés (fig. 5). La forme coenzymatique active, phosphate de pyridoxal, intervient dans des réactions de décarboxylation, désamination, transamination.

Les aminotransférases ou transaminases interconvertissent un couple d’acides aminés en leur céto-acides correspondants et réciproquement, à l’exclusion des acides aminés indispensables, et permettent ainsi la synthèse d’une dizaine d’acides aminés. La décarboxylation des acides aminés produit des amines spécifiques telles que l’acide 塚-amino-butyrique, important dans le système nerveux, dérivé de l’acide glutamique, la sérotonine dérivée du tryptophane et l’histamine dérivée de l’histidine. La biosynthèse de l’adrénaline à partir de la tyrosine met aussi en jeu le phosphate de pyridoxal.

La variété des réactions métaboliques catalysées par la pyridoxine dans le cadre du métabolisme protéique justifie la variété des symptômes observés en carence, affectant les épithéliums et le système nerveux.

Rétinol, vitamines A

La source principale de vitamine A est le pigment végétal 廓-carotène, provitamine transformée en rétinol par la muqueuse intestinale. La vitamine, présente sous deux formes chimiques voisines A1 et A2, est stockée dans le foie sous forme d’ester. Le rétinol ainsi disponible est transporté dans le sang lié à une protéine spécifique synthétisée par le foie.

Les fonctions métaboliques assumées par la vitamine A sont spécifiques des formes fonctionnelles alcool (rétinol) aldéhyde (rétinal) ou acide (acide rétinoïque) de la molécule. La participation, fondamentale, au cycle des pigments visuels met en jeu une oscillation entre deux structures isomères, le rétinol tout trans et le rétinol 11-mono-cis , ce dernier étant lié réversiblement à une protéine des cellules en bâtonnet de la rétine, l’opsine (cf. VISION, fig. 4 et 5).

Les altérations cellulaires dues à la carence A affectent typiquement la croissance et le développement des tissus épithéliaux cutané, pulmonaire et intestinal, qui deviennent hyperkératinisés. D’où, probablement en relation avec la fonction immunitaire de la peau, une moindre résistance aux infections bactériennes, généralement fatales. Les mécanismes moléculaires d’intervention sont en cours d’étude. Le dérivé actif rétinyl-phosphate intervient, à un stade post-synthèse protéique, dans la glycosylation (sucre mannose) des protéines. Quant à la forme acide rétinoïque, non susceptible d’être réduite en rétinal et rétinol, elle paraît spécifiquement impliquée dans la maturation cellulaie d’où son intérêt dans la thérapeutique de certains cancers.

En effet, un intérêt considérable s’est porté sur les relations entre vitamine A et cancer, particulièrement les cancers des tissus épithéliaux qui comptent pour la majorité des cancers. Cette relation est a priori compréhensible, étant donné l’antagonisme entre multiplication et différenciation cellulaires. L’intervention de la vitamine A se situe entre les deux étapes initiation du cancer (altération du patrimoine nucléique) et promotion des tumeurs, au stade latent réversible pré-néoplasmique. D’où les essais thérapeutiques des rétinoïdes en cancérologie. Par exemple, l’isomère 13-cis de l’acide rétinoïque s’est révélé efficace dans le traitement du cancer de la vessie et le méthyl-rétinol dans le cancer mammaire. Outre les problèmes de toxicité associés aux formes et doses utilisées, l’intervention des rétinoïdes s’est révélée extrêmement complexe, pouvant dans certaines conditions d’interactions cellulaires non pas contrer mais favoriser le développement du cancer. Néanmoins, les investigations sur les modèles animaux ainsi que les recherches cliniques commencent à faire leur preuve.

4. Vitamines et métabolisme minéral

Les mouvements du calcium sont commandés principalement par des facteurs hormonaux dérivés des vitamines D exogènes ou du cholestérol synthétisé par les cellules animales.

Calciférols, vitamines D

Alors que l’ergocalciférol, ou vitamine D2, est une vitamine de source végétale, le cholécalciférol, improprement appelé vitamine D3, est synthétisé par les animaux, précisément par les cellules de l’épiderme, sous l’effet des radiations solaires U.V., par transformation métabolique du dihydrocholestérol dérivé du cholestérol. Les molécules douées d’activité vitaminique D sont des sécostéroïdes différant par la nature de la chaîne carbonée terminale, celle du cholestérol dans le cas du cholécalciférol. Les formes actives dans le métabolisme du calcium sont des dérivés hydroxylés de ces sécostéroïdes, à action de type hormonal. Les manifestations sévères de carence, rachitisme chez l’enfant et ostéomalacie chez l’adulte, sont devenues rares et rapidement remédiables.

Bien que la calcification du tissu osseux relève fondamentalement des calciférols, l’intervention à ce niveau des dérivés hydroxylés n’est pas démontrée. Le dérivé le plus actif pour la disponibilité du calcium (et du phosphore) plasmatique est le 1, 25-dihydroxycholécalciférol qui commande l’absorption intestinale et les mouvements du calcium. Le foie réalise la première hydroxylation sur le carbone 25 du cholécalciférol, et le rein la deuxième sur le carbone 1 (fig. 6). On connaît d’autres dérivés hydroxylés, tels 24, 25 (OH) et 1, 24, 25 (OH), dont les significations métaboliques sont encore à préciser. Outre l’irradiation solaire, l’intégrité fonctionnelle des organes foie et rein est fondamentale pour le métabolisme du calcium chez le mammifère. En ce qui concerne le mécanisme moléculaire d’action sur l’absorption intestinale du calcium, le concept d’induction, dans la cellule intestinale, d’une protéine transporteuse paraît controversé.

La régulation de la calcémie résulte d’un équilibre d’actions agonistes et antagonistes entre le substrat calcium et les médiateurs hormonaux, 1,25-dihydroxycalciférol et parathormone hypercalcémiants, calcitonine hypocalcémiante. Quant à la phosphatémie, elle est régulée en conjonction avec la calcémie, notamment au niveau du rein qui excrète mais aussi réabsorbe, en partie, le calcium et le phosphate. L’ingestion excessive de vitamine D conduit à des dépôts calciques dans les tissus mous, notamment reins et parois vasculaires.

Encyclopédie Universelle. 2012.