HOMONYMIE
HOMONYMIE
On parle d’homonymie lexicale à chaque fois qu’à des signifiants identiques correspondent des signifiés différents. En français, «manche» ou «mousse» en fournissent des exemples. Néanmoins, dans ces deux cas, on est en présence d’items dont la catégorie du genre grammatical lève l’ambiguïté (le manche/la manche; le mousse/la mousse). Mais il n’en va pas toujours ainsi; et c’est souvent un problème pour le lexicographe et pour la description de la langue en général que de savoir si l’on a affaire à des signes différents, et comme tels faisant l’objet d’un appel distinct dans un inventaire des sens, ou si, au contraire, n’existe pas une filiation, par exemple logique, entre des sens d’un même signe, dit alors polysémique. La tendance moderne de la linguistique est de résolument considérer comme différents des termes faisant l’objet de dérivations différentes ou susceptibles d’apparaître dans des distributions différentes; ainsi, «la mousse» sera un mot répertorié avec une véritable homonymie dans la mesure où existe l’opposition «un tronc moussu»/«un vin mousseux». Inversement, «poste», nom masculin, ne présentant pas de contexte ou de dérivation qui permette d’en discriminer les différents sens, ne sera traité que dans une entrée lexicale.
On a élargi la notion d’homonymie au domaine de séquences phoniques ambiguës: leur signifiant renvoie à des interprétations différentes; ainsi dans tylap 﨎l, dont le code graphique lève l’ambiguïté («tu l’appelles», «tu la pèles», «tue la pelle», «tu l’appel», etc.). Parfois, des syntagmes restent indécidables, comme une «bonne espagnole», dont on ne peut dire avec certitude (sauf dans le code écrit, où le nom, en l’occurrence, prend une majuscule: un Français, une Espagnole) si le premier ou le second des deux éléments est le nom ou l’adjectif. On conçoit que la grammaire générative se soit intéressée de fort près à la manière dont peuvent être engendrées des suites de ce genre, qui posent le problème de la domination catégorielle en syntaxe.
homonymie [ ɔmɔnimi ] n. f.
• 1534 « calembour »; du lat. homonymia → homonyme
♦ Caractère de ce qui est homonyme. ⇒aussi homophonie. Il y a homonymie entre pain et pin.
● homonymie nom féminin (latin homonumia, du grec homônumia) Caractère des mots homonymes.
homonymie
n. f. Didac. Caractère des mots homonymes.
⇒HOMONYMIE, subst. fém.
A. — LING. Relation entre plusieurs formes linguistiques ayant le même signifiant graphique et/ou phonique et des signifiés totalement différents; formes linguistiques qui ont entre elles cette relation. En dépit de leur homonymie approximative, l'astrologie et l'astronomie sont choses fort différentes (M. BOLL, Qq. sciences captivantes, 1941, p. 190). Il est souvent délicat de distinguer entre les cas d'homonymie et de polysémie (D.D.L. 1976).
♦ Vx. Jeux de mots, calembours, qui utilisent la similitude graphique ou phonique des mots (d'apr. LITTRÉ).
— Homonymie syntaxique. Ambiguïté d'une phrase qui hors contexte peut avoir des interprétations différentes :
• Un paradoxe analogue apparaît avec les phénomènes d'ambiguïté ou d'homonymie : à une même réalité phonique peuvent correspondre des significations radicalement différentes (« cousins » peut désigner des parents ou des insectes, « j'ai fait lire Pierre » peut signifier qu'on a contraint Pierre à lire, ou qu'on a contraint quelqu'un à le lire, etc.). Pour dégager ce qui peut faire problème dans l'homonymie, il faut la distinguer de phénomènes semblables, mais d'une autre nature.
DUCROT-TOD. 1972, p. 303.
B. — Fait, pour une/des personne(s) de porter le même nom qu'une/des autre(s) en dehors de tout lien de parenté. Ainsi, quoique de petite noblesse, ils étaient parvenus, sans qu'ils y aidassent, à bénéficier de leur homonymie avec les Orgel dès longtemps éteints, dont le nom se retrouve souvent dans Villehardouin, à côté de celui de Montmorency (RADIGUET, Bal, 1923, p. 67).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1534 « équivoque, calembour » (RABELAIS, Gargantua, éd. M. A. Screech, p. 67, 50); 2. 1582 gramm. (E. DU MONIN, Nouvelles Œuvres, 8 ds Fr. mod. t. 6, (1938), p. 62). Empr. au lat. de l'époque impér. homonymia « similitude de nom », lui-même empr. au gr. « similitude de nom; sens ou mot équivoque ». Bbg. MULLER (Ch.). Polysémie et homonymie dans l'élaboration du lex. contemp. Ét. Ling. appl. 1962, t. 1, pp. 49-54.
DÉR. Homonymique, adj. Relatif à l'homonymie; qui repose sur l'homonymie. Si vous pensez trompette, vous ne sortez pas du langage, vous avez pris une autre porte, et bien plus prosaïque encore, qui donne cette fois sur le bruit entendu comme un « langage des choses », frère jumeau quoique défavorisé, langue homonymique quoique déponente, du langage des mots (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 160). — []. — 1re attest. 1952 id.; de homonymie, suff. -ique.
homonymie [ɔmɔnimi] n. f.
ÉTYM. 1534, Rabelais, Gargantua, « calembour »; du lat. homonymia, de homonymus. → Homonyme.
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1 Vx. Jeu de mots fondé sur la ressemblance des sons. ⇒ Amphibologie, calembour, équivoque.
2 (1582). Didact. Caractère de ce qui est homonyme, notamment en parlant des unités lexicales. || Homonymie de plusieurs mots, entre plusieurs mots; homonymie entre deux phrases. || L'homonymie, par les confusions, les ambiguïtés qu'elle peut entraîner, est une des causes de l'élimination des mots (→ Homonyme, cit. 2). || Homonymie et polysémie.
♦ Par ext. Identité des noms. || L'homonymie de deux personnes. ⇒ Homonymat.
0 Il y a deux Marguerite de Valois, toutes deux reines de Navarre : la première, sœur de François Ier, est l'auteur des Contes; l'autre fut la femme d'Henri IV. C'est généralement celle-ci qu'on connaît le mieux (…) L'homonymie (…) continue à nuire à la précédente, qui fut l'une de nos premières femmes de lettres (…)
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 28.
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DÉR. Homonymique.
Encyclopédie Universelle. 2012.