GIGUE
GIGUE
Nom donné au Moyen Âge aux vielles piriformes, par opposition aux vièles. A donné geige (violon) en allemand. Le nom de gigue (de l’anglais jig ou jigg , issu lui-même du vieux français giguer : danser) désigne une danse de cour ou de ballet, d’allure rapide, à caractère sautillant, comique, avec frappements vifs du talon et jeu rapide des pointes; plus vive que la loure, la sicilienne ou la forlane, elle se joue à 3/8, 6/8, 12/8, 3/16, en deux groupes de huit mesures, avec reprises. Dans les suites instrumentales, on la rencontre à 4/4 ou 4/2 (Bach), avec le levé d’une croche ou d’une double croche. Elle apparaît dans les pièces de virginal et de luth (Robinson, 1603; Ford, 1609). À la fin du XVIIe siècle, on la voit également en France, comme danse de cour ou de ballet. Elle termine souvent la suite, venant après la sarabande, les gavottes ou les menuets (Froberger, Chambonnières). C’est un des mouvements les plus développés. Souvent aussi, chez Bach notamment, son écriture est de type fugué, en triolets ou en binaire pointé à la française; le deuxième thème est quelquefois le renversement du premier (voir Bach: quatrième, cinquième et sixième Suite anglaise , Première Suite française , Sixième Partita pour clavecin , Troisième Suite d’orchestre, Sixième Concerto brandebourgeois ). Elle termine fréquemment la suite instrumentale ou le concerto da camera. Son évolution aboutit au mouvement rapide de la sonate (finale). La brusque et la canarie s’apparentent à la gigue, à la fois comme danses et comme mouvements de la suite. La gigue est encore en honneur aujourd’hui en tant que danse populaire irlandaise ou écossaise; elle donne lieu à des soli de virtuosité.
1. gigue [ ʒig ] n. f.
• 1650; de gigot
♦ Fam.
1 ♦ Vieilli ⇒ jambe. Avoir de grandes gigues. ⇒ gigot. — Vén., cuis. Gigue de chevreuil. ⇒ cuisse, cuissot, gigot.
2 ♦ (1650) Une grande gigue : une fille grande et maigre. ⇒ 1. bringue.
gigue 2. gigue [ ʒig ] n. f.
• 1650; angl. jig; empr. problt à 1. gigue
♦ Aux XVIIe et XVIIIe s., Danse de théâtre ternaire à deux temps, rapide et brillante. — Mus. Un des mouvements de la suite instrumentale.
♢ Par ext. Danser la gigue : danser, s'agiter violemment, se trémousser.
● gigue nom féminin (de gigot) Cuisse de chevreuil. Familier. Jambe : Avoir de grandes gigues. ● gigue (expressions) nom féminin (de gigot) Familier. Grande gigue, fille grande et souvent maigre. ● gigue (synonymes) nom féminin (de gigot) Cuisse de chevreuil.
Synonymes :
- cuissot
- gigot
● gigue
nom féminin
(anglais jig, de l'ancien français gigue)
Instrument de musique du Moyen Âge, à cordes frottées, un des ancêtres du violon.
Danse populaire, originaire d'Angleterre, de rythme vif, à 3/8 et à 6/8, caractérisée par des frappements rapides et alternés des talons et des pointes.
● gigue (expressions)
nom féminin
(anglais jig, de l'ancien français gigue)
Familier. Danser la gigue, s'agiter, se trémousser.
I.
⇒GIGUE1, subst. fém.
Instrument de musique à cordes frottées, au manche formé par le prolongement de la caisse sonore et dont la forme rappelle la mandoline. La gigue [vielle à archet] (...) la plus petite de toutes [les vielles] (GRILLET, Ancêtres violon, 1901, p. XXIV).
Pronon. : []. Étymol. et Hist. Ca 1120-50 « instrument à cordes frottées, de caisse comparable à celle de la mandoline » (Grand mal fit Adam, éd. H. Suchier, Reimpredigt, I, 103). Empr. à l'a. h. all. gîga, désignant un instrument à cordes (gîga : tricordum dans des gloses du XIIe s., cf. KLUGE20). Bbg. BONN. 1920, p. 65. - QUEM. DDL t. 10.
II.
⇒GIGUE2, subst. fém.
Fam., p. plaisant. [Gén. au plur.; en parlant d'une pers.] Jambe (longue). Synon. arg. pop., guibole. Étaler ses gigues. Je me jette à pile ou face sur tous les deux [combattants], en empoignant le Maître d'école par une gigue (SUE, Myst. Paris, t. 1, 1842, p. 337). Le patenté gueusard se remit sur ses gigues et fit le tour du cirque (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 286).
— P. méton., fam. Grande gigue. Fille grande et maigre. Synon. fam. grande bringue. (Ds ROB. et Lar. Lang. fr.).
— En partic. Cuisse de certains animaux et plus particulièrement du chevreuil. Synon. cuissot, gigot. Dîné chez Gaudin et mangé copieusement ce que Louis XVIII appelait si royalement de la Gigue (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1838, p. 201). Elle attrape [le mouton] le plus proche par la gigue, et, des ciseaux qui pendaient à son devantier, coupe autant de laine que S. Pierre en veut prendre (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 287).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1. 1650 (MÉN., s.v. gigot : C'est un diminutif de gigue qui signifie cuisse. Nous disons en Anjou grande gigue pour grande cuisse; et on dit en Normandie et à Paris la grande gigue d'une fille grande et maigre, et qui est disposte); 2. 1650 « gaie, enjouée » (L. RICHER, L'Ovide bouffon, II, 99-100 ds QUEM. DDL t. 7 : Et comme j'estois un peu Gigue [...] Je m'allois seule divertir, Et sautillois en pas de Pie). Réfection sur gigot (sans doute d'apr. gigue1) sur le modèle de cuisse, cuissot, le sens 2 ajouté à celui de « jeune fille grande et maigre » est prob. en rapport avec giguer « danser, folâtrer » (cf. GDF).
III.
⇒GIGUE3, subst. fém.
Danse vive et gaie, originaire d'Angleterre ou d'Irlande. Danser une gigue. La gigue qui vient d'Angleterre, est ainsi nommée à cause des mouvements des jambes (ROUGNON 1935, p. 171) :
• ... les gigues irlandaises, la danse nationale. C'est un trépignement des pieds et des mains, comme de nos Savoyards; les deux danseurs sont en face sur une petite planche. Danse rapide, ardente, tourbillonnante. Le premier épuisé se retire, un autre succède.
MICHELET, Journal, 1834, p. 138.
— P. méton. Air de musique sur lequel s'exécute cette danse. Jouer une gigue. Une gigue de Mozart (AMIEL, Journal, 1866, p. 51).
— P. ext. Danser la gigue. Danser en sautant de manière désordonnée. Synon. s'agiter, gesticuler, se trémousser. Quelques bulles lâchées par cette masse confuse et blanchâtre qui remue très au-dessous du flotteur rouge, dansant sur place sa petite gigue (H. BAZIN, Bur. mariages, 1951, p. 130).
♦ [Avec un compl.] La gigue de. La gesticulation, le trémoussement de. La Madone (...) se mit à exécuter ce qu'il faut bien appeler la gigue des fesses (MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 663).
REM. Giguer, verbe intrans., vieilli et rare. Courir, gambader, danser. Le chevalier dansait sur la pelouse, son épée appuyée contre l'épaule (...) « Merci! nécromant », cria-t-il bientôt, hors d'haleine. Et il giguait toujours (BERTRAND, Gaspard, 1841, p. 216).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1650 (MÉN., s.v. gigot : Nous disons aussi gigue d'une pièce de lut qui est gaye); 1658 (COSTAR, Lettres, I, 333 ds BRUNOT t. 4, p. 476). Empr. à l'angl. jig « air d'une danse vive, danse vive » attesté dep. le XVIe s. (NED) et d'orig. inc., l'hyp. d'une orig. dans gigue1 désignant un instrument de musique, notamment par l'intermédiaire du m. fr. giguer « folâtrer », ne pouvant être confirmée. Fréq. abs. littér. : 32. Bbg. BROSMAN (P.W.). French giguer, ginguer. Z. rom. Philol. 1972, t. 88, pp. 119-125.
1. gigue [ʒig] n. f.
ÉTYM. 1650, Ménage, « cuisse, jambe »; de gigot, sur le modèle de cuissot, cuisse.
❖
1 (1704, Trévoux). Fam. ⇒ Jambe. || Avoir de grandes gigues (⇒ Gigot). — (1838, Académie). Vén., cuis. || Gigue de chevreuil. ⇒ Cuisse, cuissot, gigot.
2 a (1650, Ménage, qui le donne pour normand et parisien). Mod. (fam. et péj.). || Une grande gigue : une fille grande et maigre. ⇒ Bringue. (On a dit aussi gigasse).
❖
DÉR. V. Gigolette, gigolo.
HOM. 2. Gigue.
————————
2. gigue [ʒig] n. f.
ÉTYM. 1650, Ménage; angl. jig, attesté en 1560; empr. probable au précédent.
❖
♦ Danse d'origine anglaise ou irlandaise, consistant en mouvements rapides des jambes, des talons et des pieds exécutés par un danseur seul sur un rythme vif à deux temps. — (1658). Par ext. Air sur lequel se danse la gigue. || La gigue servait souvent de conclusion à la suite instrumentale. || Une gigue de Corelli, de Bach.
0 Maintenant les hommes dansaient, au son d'une flûte qui jouait un air de gigue (…)
Loti, Mon frère Yves, LXXXVII.
♦ (1866, Verlaine). Par ext. || Danser la gigue : danser, s'agiter violemment, se trémousser (→ Gibet, cit. 3, Verlaine).
❖
DÉR. Giguer.
HOM. 1. Gigue.
Encyclopédie Universelle. 2012.