GAMELAN
GAMELA
Nom indonésien (employé au masculin en français), le gamelan désigne, à Java et à Bali, des orchestres où prédominent les instruments de percussion en bronze. Il existe différents types de gamelans dont le nom, comme le nombre et la nature des instruments qui les composent, varient en fonction du genre de musique jouée, elle-même liée aux circonstances de leur emploi: théâtre d’ombres ou de marionnettes, danses masquées, processions, cérémonies religieuses, fêtes solennelles.
Dans la composition des différents gamelans entrent des instruments à sons fixes, des tambours à membranes et des instruments mélodiques parmi lesquels on peut distinguer: deux sortes de métallophones, constitués par une série de plaques de bronze posées sur une caisse (saron ) ou comportant des résonateurs en bambou (gender ); des gongs renflés, en forme de bulbe, disposés soit individuellement sur un socle (kenong et ketuk ), soit en série de six à quatorze éléments sur une sorte de sommier (bonang ) et de grands gongs circulaires (gong ageng et kempul ) suspendus à un portique; des cymbales fixées sur un support (kecher ); un xylophone (gambang ) dont les dix-sept ou vingt touches de bois sont alignées sur une caisse de résonance. Chacun de ces instruments peut être joué par un ou deux musiciens qui en frappent les éléments sonores avec des baguettes à bout feutré. S’y adjoignent un ou deux tambours (kendang ou ketipung ) servant à indiquer les variations de nuances et de tempo tandis que la ligne mélodique est fournie par une vièle à deux cordes (rebab ) ou par une flûte en bambou (suling ).
La plupart des gamelans comporte deux jeux d’instruments à sons fixes que l’on change selon que l’échelle des compositions musicales correspond aux modes slendro (héquipentatonique) ou pelog (heptatonique).
Les gamelan gong de Bali furent introduits dans l’île aux XIVe et XVe siècles par des princes hindo-javanais. Bien qu’ils soient constitués, pour l’essentiel, des mêmes instruments, les orchestres balinais ont évolué de façon autonome, de sorte que leur dénomination, leur composition et les échelles employées sont très différentes de celles de Java. On y trouve également des orchestres composés d’instruments de bambou: guimbardes (genggong ), jeux de tuyaux oscillants (angklung ), séries de touches tubulaires sur chevalet de bois (djoged grantang ).
Le fait que la musique constitue une offrande aux dieux explique l’existence de gamelans dans presque tous les villages, ainsi que dans les cours princières (kraton ) dont les orchestres prestigieux, composés d’instruments aux supports de bois sculptés et polychromes, sont considérés comme de véritables trésors nationaux.
C’est au cours du XIXe siècle que furent introduits en Europe, puis aux États-Unis, les premiers gamelans. Certains d’entre eux figurent dans les collections de musées et d’institutions spécialisées. Musiciens et compositeurs eurent alors l’occasion de découvrir une musique inconnue dont Debussy a pu dire «... qu’elle observe un contrepoint auprès duquel celui de Palestrina n’est qu’un jeu d’enfant. Et, si l’on écoute, sans parti pris européen, le charme de leur «percussion», on est bien obligé de constater que la nôtre n’est qu’un bruit barbare de cirque forain.»
gamelan [ gamlɑ̃ ] n. m.
• 1872 gamelhang; du javanais gamel « instrument »
♦ Didact. Orchestre traditionnel indonésien comprenant gongs, xylophones, tambours, etc.
● gamelan nom masculin (javanais gamel, instrument) Ensemble instrumental indonésien comprenant des percussions mélodiques en bronze (gongs suspendus) ou en bois (xylophone), des tambours ainsi que des instruments à cordes pincées ou frottées, des flûtes et des chanteurs.
ÉTYM. 1872, gamelhang; du javanais gamel « instrument ».
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♦ Didact. Orchestre indonésien comprenant gongs, xylophones, tambours, etc., et plus rarement des rebabs. — Par ext. || « (…) mon approche de ce continent Messiaen est surtout sensibilisée par les fauves couleurs de ses horizons… Oh ! l'éclatant gamelan de ses claviers (marimba, xylorimba, xylophone, vibraphone, glockenspiel, cencerros, etc.) » (Paul Mefano, in Opéra de Paris, no 12, 1er nov. 1983, p. 5).
0 Le gamelan n'utilise que des instruments à percussion. Des gongs, des tambours sourds (le kendang), des pots de métal (le trompong), des plaques de métal (le gender).
Henri Michaux, Un barbare en Asie, p. 225.
Encyclopédie Universelle. 2012.