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visqueux

visqueux, euse [ viskø, øz ] adj.
• 1256; lat. viscosus, de viscum « glu »
1Qui est épais et s'écoule avec difficulté; qui est mou et adhère en formant une couche gluante. collant, poisseux; gras, huileux, sirupeux. Goudron, pétroles visqueux. Pâte visqueuse. « Le protoplasme, gelée visqueuse et transparente » (J. Rostand). Péj. Dont la surface est couverte d'un liquide visqueux, d'une couche gluante. La peau visqueuse du crapaud.
Phys. Fluide visqueux, au sein duquel existent des forces de frottement parallèles à la direction d'écoulement ( viscosité) .
Sc. Qui possède une viscosité élevée.
2Fig. et littér. Répugnant (par un caractère de bassesse, de traîtrise). « un sourire est visqueux, une pensée, un sentiment peuvent être visqueux » (Sartre). « Des êtres visqueux, douteux » (Maurois).
⊗ CONTR. Fluide.

visqueux, visqueuse adjectif (bas latin viscosus, du latin classique viscum, glu) Se dit d'un fluide qui possède de la viscosité. Qui a une consistance à la fois molle et résistante : La chair visqueuse de la pieuvre. Qui est couvert d'un enduit gluant : La peau visqueuse du crapaud. Qui est mielleux, trop souple et indigne de confiance, dont le contact répugne. ● visqueux, visqueuse (synonymes) adjectif (bas latin viscosus, du latin classique viscum, glu) Qui est couvert d'un enduit gluant
Synonymes :
- collant
- glaireux
- gluant
- poisseux
- sirupeux
Qui est mielleux, trop souple et indigne de confiance, dont...
Synonymes :
- doucereux
- fourbe
- papelard
- patelin

visqueux, euse
adj.
d1./d Qui s'écoule lentement, avec difficulté; poisseux, collant. Liquide épais et visqueux.
|| PHYS, TECH Dont la viscosité est élevée. Huile très visqueuse.
d2./d Dont la surface est rendue glissante ou gluante par un liquide, une mucosité, etc. Peau visqueuse des poissons.
d3./d Fig., péjor. D'une bassesse immonde, qui répugne.

⇒VISQUEUX, -EUSE, adj. et subst. masc.
I. — Adjectif
A. — Qui a une consistance épaisse, pâteuse; qui s'écoule lentement, difficilement. Synon. collant, épais, gluant, gras, huileux, poisseux, sirupeux.
1. a) [En parlant d'un animé] Il eut (...) un cauchemar comme jamais il n'en avait eu. Un être pesait sur lui, horriblement, une masse visqueuse le couvrait, collait à lui, l'enveloppait (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1303).
b) [En parlant d'un produit] Colle, compote, gelée visqueuse; pâte à consistance visqueuse. [La drogue en cuisson] formait, en s'agitant, un bouillon de matière visqueuse aux innombrables globules serrés (...) qui pouvaient, en effet, passer pour du caviar (CARCO, Montmartre, 1938, p. 255).
2. Qui caractérise l'écoulement et la consistance de sécrétions naturelles.
a) [En parlant d'un animé] Excrétions, humeur visqueuse(s); sperme visqueux. On les pétrit [les filaments] d'une langue forte. La pâte mêlée d'une salive visqueuse et agglutinante, on l'étale en lames minces (MICHELET, Insecte, 1857, p. 296).
b) [En parlant d'un végét.] Lorsqu'en passant près d'elles [des euphorbes] j'abats une tige d'un coup de baguette, il en découle un lait blanc, épais, visqueux, âcre et caustique (DU CAMP, Nil, 1854, p. 265). Le tirailleur qui nous accompagne obtient qu'Adoum use de certain jus végétal qu'il préconise. C'est un latex visqueux dont le tirailleur apporte quelques gouttes sur une pierre (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 878).
3. Qui est couvert d'un enduit gluant, poisseux.
a) [En parlant d'un animé] Crapauds visqueux. Sur la plage (...) j'ai mis ma figure dans le sable (...). Marie est venue (...). Elle était toute visqueuse d'eau salée (CAMUS, Étranger, 1942, p. 1161).
b) [En parlant d'un végét.] Herbe, plante visqueuse. Sous les palétuviers visqueux, aux longs arceaux, Dans l'enchevêtrement aigu des herbes grasses, Tourbillonne l'essaim des moustiques voraces (LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p. 172). Du fond tapissé de mousses spongieuses, montaient ces traînées verdâtres, ces végétations visqueuses qui sont la pourriture de l'eau (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 172).
c) [En parlant d'un inanimé] L'air lourd, visqueux, imprégné de cette buée grasse qui sort des tourbières (BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1279).
B. — Spécialement
1. PHYS., CHIM. ,,Qui possède une viscosité élevée; se dit d'un liquide qui s'écoule lentement, comme un sirop`` (UV.-CHAPMAN 1956).
2. ŒNOL. Vin visqueux. ,,Vin qui est atteint de la maladie de la graisse`` (REN. Vin 1962).
3. PHYS. Amortissement visqueux. ,,Dans un système mécanique, condition où la force de frottement est proportionnelle à la vitesse de la vibration`` (PIR. 1964).
C. — P. anal. ou au fig.
1. [P. compar. avec une coulée de liquide] Ils ne se donnaient pas la peine de réfléchir au degré d'encombrement où cette unique artère du champ de bataille pouvait atteindre, sans qu'on eût besoin d'y déverser par surcroît la visqueuse coulée d'un régiment de fantassins (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 115).
2. Péj. [En parlant d'une pers.] Qui a un comportement fuyant, mielleux, qui inspire de la méfiance, voire de la répulsion. Synon. doucereux, onctueux, papelard1, patelin1, patelineur (dér. s.v. pateliner). Soit, par exemple, cette qualité particulière qu'on nomme le visqueux. Il est certain qu'elle signifie pour l'adulte européen une foule de caractères humains et moraux qui peuvent facilement se réduire à des relations d'être. Une poignée de main est visqueuse, un sourire est visqueux, une pensée, un sentiment peuvent être visqueux (SARTRE, Être et Néant, 1943, p. 695). On peut toucher du doigt la connerie humaine, légèrement visqueuse et gluante (QUENEAU, Exerc. style, 1947, p. 108).
II. — Substantif
A. — [À propos d'un inanimé] Me viens-tu parler de l'oranger en me critiquant sa racine, ou le goût de sa fibre, ou le visqueux ou le rugueux de son écorce (...)? (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 984).
B. — Arg. [À propos de pers.] ,,Souteneur de bas-étage`` (DELVAU Suppl. 1883).
C. — Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre, au fig., péj. [Corresp. à supra I C 2] Ce qui inspire de la répulsion, qui dégoûte. On nous a reproché (...) de souligner l'ignominie humaine, de montrer partout le sordide, le louche, le visqueux, et de négliger (...) le côté lumineux de la nature humaine (SARTRE, Existent., 1946, p. 10).
REM. Visqueusement, adv. Avec une apparence visqueuse. [Le] Monstre, dont elle entoure le cou, le cou visqueusement violacé, de ses bras blancs (LAFORGUE, Moral. légend., 1887, p. 225).
Prononc. et Orth.:[viskø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1256 « qui est épais et s'écoule avec difficulté (en parlant d'un liquide) » (ALDEBRANDIN DE SIENNE, Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p. 162: grosses humeurs et visqeuses); XIIIe s. (Simples médecines, éd. P. Dorveaux, § 48: visqueuse fleume); 1771 spéc. en phys. « qui possède une viscosité élevée » (Trév.); b) 1944 subst. « caractère visqueux de quelque chose » (SAINT-EXUP., loc. cit.); 2. fin XIVe s. « dont la surface est couverte d'un liquide visqueux » (EUSTACHE DESCHAMPS, Œuvres compl., éd. G. Raynaud, t. 8, p. 340: de gros et vielz poissons visqueux); 3. fin XIVe s. « qui a une consistance à la fois molle et résistante » (JEAN LE FÈVRE, Traitement de la goutte, éd. P. Meyer ds Romania t. 15, p. 181: toute chair qui est viscouse, com est chair de porc). B. 1. Av. 1615 adj. et subst. au fig. « malveillant, méfiant » (E. PASQUIER, Jeux poétiques, 5e part., 1 (II, 889) ds HUG.: l'autre visqueux; Lettres, VIII, 10, ibid.: quelques esprits sombres et visqueux); 2. a) 1862 fig. « qui inspire de la répulsion, de la méfiance » (GONCOURT, Journal, p. 1088: le geste caressant et comme visqueux); 1886 (BLOY, Désesp., p. 270: ce Géronte visqueux et blanchâtre); b) 1943 subst. « caractère de ce qui inspire de la répulsion » (SARTRE, Être et Néant, p. 695); mil. XXe s. subst. « personne qui inspire de la répulsion » (s. réf. ds Lar. Lang. fr. 1978). Empr. au b. lat. viscosus « englué, enduit de glu; visqueux, gluant », dér. de viscum « gui ». Fréq. abs. littér.:195.

visqueux, euse [viskø, øz] adj.
ÉTYM. 1256; bas lat. viscosus, du lat. class. viscum « glu ».
1 Qui est épais et s'écoule avec difficulté (liquide visqueux); qui est mou et adhère en formant une couche gluante. Collant, poisseux; glutineux, gras, huileux, sirupeux. || Rendre visqueux. Conglutiner, épaissir. || Goudron (cit. 2), pétroles (cit. 2) visqueux. || Pâte (cit. 12) visqueuse. || Le protoplasme (cit. 1), gelée visqueuse.Par ext. || Consistance visqueuse, pâteuse d'un magma. Viscosité.N. m. || Le visqueux.REM. Le mot a presque toujours une valeur péjorative.
1 (…) cet horrible pain des prisons de France, qu'on m'a montré à la Conciergerie, et qui est terreux, fétide, souvent plein de vers et de moisissure.
Hugo, Choses vues, I, 1855.
Péj. Dont la surface est couverte d'un liquide visqueux, d'une couche gluante. || Lézard visqueux (→ Tarente, cit.). || Peau visqueuse du crapaud, des poissons. || Les murs humides et visqueux d'une cave.
2 (1872). Phys. Se dit d'un fluide, d'une viscosité (1.) élevée.
3 (Au XVIe, « opiniâtre, tenace »). Fig., péj. Qui est répugnant (par un caractère de bassesse, de traîtrise). || L'adhérence (cit. 1) visqueuse du bienfait. || Des êtres visqueux, douteux (cit. 9).Rat visqueux (probablt calque du russe) : injure politique, pendant la période stalinienne, en Russie. || Traiter les socio-démocrates de rats visqueux et de vipères lubriques.
2 Une poignée de main est visqueuse, un sourire est visqueux, une pensée, un sentiment peuvent être visqueux (…) D'un autre côté, la viscosité proprement dite et considérée à l'état isolé, pourra nous paraître pratiquement nuisible (parce que les substances visqueuses collent aux mains […] parce qu'elles tachent), mais non pas répugnante. Nous ne saurions (…) expliquer le dégoût qu'elle inspire, que par la contamination de cette qualité physique avec certaines qualités morales.
Sartre, l'Être et le Néant, p. 695-696.
CONTR. Fluide.
DÉR. Viscosité.

Encyclopédie Universelle. 2012.