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AMPHITRYON
AMPHITRYON

AMPHITRY

Dans la mythologie grecque, fils d’Alcée, roi de Tirynthe. Ayant tué par accident son oncle Élektryon, roi de Mycènes, Amphitryon s’enfuit avec Alcmène, la fille d’Élektryon, et se réfugia à Thèbes, où le roi Créon, son oncle maternel, lui accorda le pardon de sa faute. Alcmène accepta d’épouser Amphitryon à la condition qu’il vengeât ses frères, qui avaient tous, sauf un, été tués en combattant les Taphiens. Amphitryon partit donc en guerre contre les Taphiens, mais ceux-ci restèrent invincibles jusqu’au jour où Comaetho, la fille de leur roi, éprise d’Amphitryon, coupa le cheveu d’or dont la possession rendait son père immortel. À son retour à Thèbes, Amphitryon épousa Alcmène.

La partie la plus célèbre du mythe concerne la femme d’Amphitryon. Pendant que ce dernier était à la guerre, Alcmène fut séduite et fécondée par Zeus, qui avait pris l’aspect de son mari. Lorsque son véritable mari revint de guerre, il la rendit mère lui aussi. De cette double union naquirent des jumeaux: Iphiclès, fils d’Amphitryon, et Héraclès, fils de Zeus. Ce thème a été traité par un certain nombre de dramaturges anciens, en particulier par Plaute, dont Molière s’inspira. Il existe également un Amphitryon ou les Deux Sosies de Dryder ainsi qu’un Amphitryon de Kleist. Outre les quatre pièces précitées, Giraudoux en compta trente-trois autres, et écrivit un Amphitryon 38 .

Par allusion à la seconde partie du mythe et à la comédie de Molière, un amphitryon est l’hôte, le maître de maison; Sosie, le valet d’Amphitryon s’écrie: Le véritable Amphitryon / Est l’Amphitryon où l’on dîne .

amphitryon, onne [ ɑ̃fitrijɔ̃, ɔn ] n.
• 1752; des vers de Molière « Le véritable Amphitryon Est l'Amphitryon où l'on dîne » dans la comédie de ce nom, du gr. Amphitruôn, chef thébain
Hôte qui offre à dîner. « Un amphitryon avait fait servir sur sa table un saucisson d'Arles de taille héroïque » (Brillat-Savarin). Littér. « Les Amphitryonnes de cet incroyable souper » (Barbey).

amphitryon nom masculin (de Amphitryon, nom propre) Littéraire. Personne chez qui ou aux frais de qui on dîne. ● amphitryon (citations) nom masculin (de Amphitryon, nom propre) Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Le véritable Amphitryon Est l'Amphitryon où l'on dîne. Amphitryon, III, 5, Sosie Jean de Rotrou Dreux 1609-Dreux 1650 Point, point d'Amphitryon où l'on ne dîne point. Les Deux Sosies, IV, 4 amphitryon (difficultés) nom masculin (de Amphitryon, nom propre) Orthographe Attention : avec i puis y (ne pas les intervertir).

amphitryon
dans la myth. gr., roi de Tirynthe, fils d'Alcée. Uni à Alcmène sans être autorisé à consommer le mariage, il fut trompé par Zeus qui séduisit celle-ci en prenant ses traits.
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amphitryon
n. m. Litt. Personne chez qui on est invité à prendre un repas; hôte.

⇒AMPHITRYON, subst. masc.
Fam. [P. allus. à deux vers de l'Amphitryon de Molière] Personne chez laquelle ou aux frais de laquelle on dîne. Voilà l'amphitryon, notre amphitryon nous a bien régalés (Ac. 1835-1932) :
1. ... Il [le président Hénault] continua sa carrière fort avant dans le dix-huitième siècle ... fut l'ami intime et le familier de tous les gens en place, le patron ou l'amphitryon des gens de lettres...
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, t. 11, 1863-1869, p. 215.
2. Mon parrain découpait lui-même les grosses pièces et servait en faisant parvenir les parts à ses invités, vieil usage, suivi autrefois dans les meilleures maisons. Le prince de Talleyrand, réputé pour le plus accompli des amphitryons, en usait de la sorte. Il découpait lui-même les viandes et en faisait passer une part à chacun en mesurant la civilité de l'offre au rang des convives.
A. FRANCE, La Vie en fleur, 1922, p. 487.
Fam. et p. iron. Amphitryon femelle, amphitryonne :
3. — Après le dîner fait trois visites. — Trouvé tout mon monde. — Passé la soirée chez mon amphitryon femelle. — Soupé. — Causé longtemps après souper.
J. BARBEY D'AUREVILLY, Premier Memorandum, 1836, p. 88.
4. Ma nièce m'a écrit qu'elle avait fait chez vous un dîner fort aimable. Parbleu! je le crois bien! Il n'y a pas de maison gentille comme la vôtre. La nourriture y est parfaite et l'amphytrionne si alléchante! Mais tout cela ne me dit pas ce que devient le dedans de la chère amie.
G. FLAUBERT, Correspondance, 1876, p. 257.
Rem. 1. Lar. 19e précise : ,,Ce mot est toujours masculin; cependant un écrivain contemporain lui a donné la forme féminine : Une autre amphitryonne promit à la société l'exhibition d'un jeune sauvage (Ph. Busoni).`` Usage qualifié de barbare par QUILLET 1965, qui ne semble pas avoir saisi l'emploi fam. de ce néol. d'auteurs. 2. Amphitryon affable, caustique, civil, délicat, fâcheux, gracieux, joyeux, maussade (BESCH. 1845); amphitryon somptueux (Lar. 19e).
Au fig., poét. [En parlant du destin] :
5. Le sombre amphitryon [le Destin] ne veut pas de plats vides,
Et la profusion lasse les plus avides [convives] ...
V. HUGO, Les Chants du crépuscule, 1835, p. 42.
DÉR. Amphitryon(n)er,(Amphitryoner, Amphitryonner) verbe trans., néol. 1. Présider ou offrir un repas;,,Hier, 22 janvier, l'anniversaire de la naissance de lord Byron, dîné avec G. Guérin et Scudo. — J'amphitryonais. — Il a eu de part et d'autre moins de verve que je n'aurais cru.`` (J. BARBEY D'AUREVILLY, Premier Memorandum, 1837, p. 110 )2. Plais. [En parlant d'une pers. et par réf. au personnage de Molière] Se conduire à la manière d'Amphitryon; synon. tromper, comme Jupiter trompa Amphitryon;,,J'avais autour de moi, à l'orchestre, quelques ménages littéraires dont les maris ont été amphitryonnés autant que le mari d'Alcmène...`` (P. LÉAUTAUD, Le Théâtre de Maurice Boissard, t. 2, 1943, p. 221)
Prononc. :[] ou [-]. Harrap's 1963, Pt ROB., Pt Lar. 1968 et WARN. 1968 transcrivent pour ce mot la finale -yon par [-]. PASSY 1914 transcrit [-] (cf. aussi FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 390, qui note [-] pour amphitryon et [-] pour amphictyon). BARBEAU-RODHE 1930 reçoit les 2 prononciations.
Étymol. ET HIST. — 1752 (Trév. : Ce mot, qui est le nom d'un Roi de Mycènes et de Thèbes, est devenu François d'une manière proverbiale, pour exprimer celui qui donne à manger ou qui paye pour plusieurs une certaine dépense. C'est Molière qui, sans y penser, a été l'Auteur de ce mot : car depuis qu'il a fait dire à Sosie que le véritable Amphitryon [des deux intervenant dans la pièce] est celui chez qui l'on dîne, on demande qui est-ce qui est l'Amphitryon? Ou bien on dit : C'est Mr un tel qui est l'Amphitryon, pour dire que c'est lui qui traite ou qui paye).
Du nom propre Amphitryon empr. au gr. , chef thébain, père mortel d'Héraclès (Iliade, 5, 392 ds BAILLY), p. allus. à la pièce de Molière Amphitryon (cf. supra).
Amphitryonner, 1837, supra.
BBG. — Ac. Gastr. 1962. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — DARM. Vie 1932, p. 48, 95. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 37, 38; t. 2 1966, p. 175. — HANSE 1949. — LAVEDAN 1964. — MONT. 1967. — THOMAS 1956.

amphitryon, onne [ɑ̃fitʀijɔ̃, ɔn] n.
ÉTYM. 1752; Amphytrion, 1727, in D. D. L.; fém., 1867, Barbey d'Aurevilly, cit. 1; des vers de Molière « Le véritable Amphitryon Est l'Amphitryon où l'on dîne » dans la comédie de ce nom (III, 5), du grec Amphitruôn, chef thébain.
Plais. Hôte qui offre à dîner. || « Un amphitryon avait fait servir sur sa table un saucisson d'Arles de taille héroïque » (Brillat-Savarin).
Fém. (Littéraire) :
1 Les Amphitryonnes de cet incroyable souper, si peu dans les mœurs trembleuses de la société à laquelle elles appartenaient, durent y éprouver quelque chose de ce que Sardanapale ressentit sur son bûcher (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le plus bel amour de Dom Juan ».
2 Il avait passé la soirée chez la baronne de Poissy, la célèbre amphitryonne de tous les sexes, en compagnie d'un groupe élu de chenapans du Premier-Paris et de cabotins lanceurs de rayons. Il avait été étincelant, comme toujours, et même un peu plus.
Léon Bloy, le Désespéré, p. 16.
REM. Barbey d'Aurevilly emploie le dérivé amphitryoner [ɑ̃fitʀijɔne] « recevoir, faire l'amphitryon ».
3 Hier (…) dîné avec G…, Guérin et Scudo. — J'amphitryonais.
Barbey d'Aurevilly, Premier mémorandum, p. 133.

Encyclopédie Universelle. 2012.