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trouille

trouille [ truj ] n. f.
• 1891; « excrément, colique » XVe; o. i.; p.-ê. altér. de drouille, dial.; du néerl. drollen « aller à la selle »
Fam. Peur. « T'as eu les jetons ? — Tu parles. Jamais eu une telle trouille de ma vie » (Queneau). Il lui a fichu, flanqué la trouille. Avoir la trouille de sauter.

trouille nom féminin (peut-être mot dialectal, de l'ancien français troiller, broyer) Populaire. Peur intense : Avoir la trouille.trouille (synonymes) nom féminin (peut-être mot dialectal, de l'ancien français troiller, broyer) Populaire. Peur intense
Synonymes :
- frousse (familier)

trouille
n. f. Pop. Peur.

I.
⇒TROUILLE1, subst. fém.
Arg., vieilli. Femme corpulente, malpropre; fille ou femme dévergondée, de mœurs légères. Jésus-Christ, qui gueulait contre elle [sa fille] du matin au soir, ne pouvait lui adresser la parole, sans ajouter: « Attends, attends! je vas te régaler, sale trouille! » (ZOLA, Terre, 1887, p. 46). C'était une grosse trouille, de quarante ans environ, molle et mafflue (RICHEPIN, Truandailles, 1891, p. 219).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1808 grosse trouille « femme d'une corpulence peu gracieuse » (HAUTEL); 1856 « femme de mauvaise vie » (DU BOIS, Gloss. du pat. norm.). V. trouille2, avec peut-être infl. de truie (v. FEW t. 13, 2, p. 40b et 43b, note 9).
II.
⇒TROUILLE2, subst. fém.
Pop. Peur intense. Synon. frousse, pétoche. Avoir une trouille bleue, noire; coller, flanquer la trouille (à qqn); ne pas avoir la trouille. Il ne s'agit pas (...) d'accepter la victoire de Franco, avec la trouille pendant vingt ans à la merci d'une dénonciation (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 658). J'ai le trac, pour ne pas dire la trouille, du missionnaire qui débarque chez les cannibales (H. BAZIN, Lève-toi, 1952, p. 95).
REM. Trouillomètre, subst. masc. Loc. fam. et plais. Avoir le trouillomètre à zéro, au-dessous de zéro. Avoir très peur. Les gens du bled (...) En ces temps d'occupation, ils ont le trouillomètre au-dessous de zéro (SAN-ANTONIO, Du plomb dans les tripes, 1953, p. 16 ds CELLARD-REY 1980). V. pétochard dér. s.v. pétoche ex. de Sartre.
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1. Fin XVe s. troilles « pétarade » (Nef des fols, ch. 52, A. Lefranc, R. É. R., I, 135 ds HUG.); 1889 trouille « colique » (SAIN. Lang. par., p. 302); 2. 1886 ne pas avoir la trouille « ne pas avoir peur » (COURTELINE, Gaîtés esc., II, 2, p. 24). Prob. dér. du verbe a. et m. fr. troillier « broyer » (XIIIe s. ds GDF.), troiller (la vendange) « presser les raisins » (1256, ibid.), dér. de truil, troil « pressoir à raisins » (XIIIe-XIVe s.) (v. treuil, treuiller); cf. également trouiller, répandu dans les dial. de Franche-Comté, du Jura, au sens de « lâcher des vents » (v. FEW t. 13, 2, p. 40-43); cf. aussi chez Huysmans ça le trouille « qui se dit de quelqu'un qui est tourmenté par le besoin de péter » (1887 ds CRESSOT, Phrase et vocab. Huysmans, Paris, 1938).
STAT. — Trouille1 et 2. Fréq. abs. littér.:24.
DÉR. Trouillard, -arde, adj. et subst., pop. (Celui, celle) qui est extrêmement peureux. Synon. froussard, pétochard (dér. s.v. pétoche). Erlane, c'est le trouillard pur jus, le trouillard cent pour cent, tu dois me croire! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 187). Je me demande si ce petit bonhomme trouillard ne m'aurait pas exécuté? (VIALAR, Bon Dieu, 1953, p. 110). [], fém. [-]. 1re attest. av. 1756 (Caracataca et Caracataqué, iii in Théâtre des Boulevards, I, p. 118 ds QUEM. DDL t. 3); de trouille2, suff. -ard.
BBG. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 297.

1. trouille [tʀuj] n. f.
ÉTYM. 1839, Boiste; étym. obscure, p.-ê. de l'anc. franç. troilier « broyer », troiller « presser (la vendange) », apparenté à treuil, du lat. torculum.
Régional. Tourteau de colza.
HOM. 2. Trouille.
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2. trouille [tʀuj] n. f.
ÉTYM. 1891; « excrément, colique », XVe; orig. incert., p.-ê. de troiller, trouiller (→ 1. Trouille), avec infl. de drouille, dial. (Nord-Est) du néerl. drollen « chier ».
Fam. Peur aiguë. || Avoir la trouille. || Avoir la trouille de qqch., de faire qqch. || Flanquer la trouille à qqn. || Tu m'as fait (fichu, foutu) une de ces trouilles ! || Une trouille intense. || Une trouille bleue.
1 (…) comment un homme pourrait-il protéger une femme, s'il passe son temps à avoir la trouille ?
Sartre, le Sursis, p. 48.
2 — T'as eu les jetons ?
— Tu parles. Jamais eu une telle trouille de ma vie. Même pendant les bombardements.
R. Queneau, Zazie dans le métro, III.
3 « La sainte trouille », selon notre homme, qui a lu Lucrèce, crée les dieux, mais aussi les homme providentiels.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes, 1958-1960, p. 113.
DÉR. Trouillard, trouillomètre.
HOM. 1. Trouille.

Encyclopédie Universelle. 2012.