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tramontane

tramontane [ tramɔ̃tan ] n. f.
• 1549; tresmontaigne déb. XIIIe; it. tramontana (stella) « (étoile) qui est au-delà des monts », lat. transmontanus
1Vx Étoile polaire. Loc. fig. Perdre la tramontane : être désorienté, perdre le nord.
2(déb. XIVe) Vent froid venant du nord-ouest qui souffle sur le Languedoc et le Roussillon. Mistral et tramontane.

tramontane nom féminin (italien tramontana, [vent ou étoile] du Nord, du latin transmontana, au-delà des monts) Sur le bas Languedoc, vent du nord-ouest qui présente les mêmes caractères que le mistral.

⇒TRAMONTANE, subst. fém.
A. — Vx. Étoile polaire, qui servait autrefois de guide aux navigateurs, avant la découverte de la boussole. On donnait (...) jadis en Italie le nom de tramontane à l'Étoile polaire, parce qu'elle indique le côté du nord (BOUILLET 1859).
Perdre la tramontane. Ne plus pouvoir s'orienter au moyen de l'Étoile polaire. Les matelots qui, perdant l'étoile polaire (tramontane), ne savent plus se diriger sur mer (Omnibus lang., 1835).
Au fig., vieilli ou littér. Être en plein désarroi, être égaré, désorienté, déboussolé. Synon. fam. perdre le nord, la boussole. Devant une réunion de seigneurs qui ressemblent plus à une assemblée de monarques qu'à une charretée de veaux en foire, le plus vaillant homme du monde perd la tramontane (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, 1857, p. 172). Le propre du scrupule est d'affoler les gens, de leur faire perdre aussitôt la tramontane (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 208).
B. — MÉTÉOR. [Sur la côte méditerranéenne] Vent soufflant du nord des Alpes vers la mer. [Dans le Languedoc-Roussillon] Vent soufflant du nord-ouest, froid et souvent violent, comme le mistral. La tramontane se lève, souffle; être battu, percé, transpercé, secoué par la tramontane; le souffle de la tramontane; les jours de tramontane; l'âpre, la froide tramontane. [Le meunier:] ces brigands-là [les minotiers], pour faire le pain, se servent de la vapeur, qui est une invention du diable, tandis que moi je travaille avec le mistral et la tramontane, qui sont la respiration du bon Dieu (A. DAUDET, Lettres moulin, 1869, p. 23). On voyait houler le seigle sous la tramontane du soir comme si de larges mains l'inclinaient de tous les côtés (JOUVE, Trag., 1922, p. 131).
P. méton. Vent de tramontane. Vent du nord. Don Bartolomé Ruiz (...) Commanda de rentrer l'ancre au capitane Et de mettre la barre au vent de tramontane (HEREDIA, Trophées, 1893, p. 188).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1265 tramontaine de septentrion désigne l'étoile polaire (BRUNET LATIN, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, 119, p. 107, 46); 2. id. tramontaine désigne le Nord (ID., ibid., 114, p. 100, 6); 1re moit. XIVe s. vant de tramontaine « vent du Nord » (L'Entree d'Espagne, éd. A. Thomas, t. 2, p. 137, 11786); 1556 p. ell. tramontane désigne le vent du Nord (P. SALIAT, trad. d'Hérodote, IV, 179 ds HUG.); 3. 1636 au fig. perdre la tramontane (VOITURE, lettre 24 nov. ds Œuvres, éd. A. Ubicini, t. 1, p. 276). Empr. à l'ital. tramontana, att. anciennement aux sens de « étoile polaire », « vent du Nord » et « Nord » (déb. XIVe s., v. DEI et TOMM.-BELL.), fém. subst. de tramontano, propr. « au-delà des monts », du lat. transmontanus « id. »; a remplacé l'a. et m. fr. tresmontaine « étoile polaire » (att. dep. ca 1209, GUIOT DE PROVINS, Bible, éd. Wolfart et San-Marte, 627), issu directement du lat. Voir FEW t. 13, 2, p. 211 et 212b. Fréq. abs. littér.:17. Bbg. ARVEILLER (R.). R. Ling. rom. 1982, t. 46, p. 458. — HOPE 1971, p. 51, 149. — QUEM. DDL t. 20. — VIDOS 1939, pp. 588-590.

tramontane [tʀamɔ̃tan] n. f.
ÉTYM. V. 1210, tresmontaine, du XIIIe au XVe; tramontane, 1298, Marco Polo; de l'ital. transmontana (stella) « (étoile) au-delà des monts »; lat. transmontanus.
1 Vx. Étoile polaire.
Loc. fig. et vx. (XVIIe, Scarron, le Roman comique, I, XIV; Voiture; Molière, le Bourgeois gentilhomme, Ballet des nations, etc.). Perdre la tramontane : être désorienté, troublé (cf. Perdre le nord).
1 L'indignation, la fureur, le délire, s'emparèrent de moi : je perdis la tramontane. Ma tête se bouleversa (…)
Rousseau, Rêveries…, VIIIe promenade.
2 (1298; tramontaigne, 1284; de vent de la transmontane). Vent du nord, sur la côte méditerranéenne (France, Italie). Vent qui vient d'au-delà des montagnes (Alpes, Pyrénées). || Mistral et tramontane (→ Rempart, cit. 4). || Quand la tramontane souffle (→ Glacière, cit. 2; et aussi souffleter, cit. 1).
2 Le bon roi René, qui diminuait les impôts quand la tramontane soufflait (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 225.
3 Quand l'âpre tramontane
Sonne, au comble de l'or, l'azur du jeune hiver
Sur tes harpes, Platane (…)
Valéry, Poésies, « Charmes », Au platane.
Par ext. || Maison exposée à la tramontane, au nord.

Encyclopédie Universelle. 2012.