tocsin [ tɔksɛ̃ ] n. m.
• 1611; touquesain 1379; a. provenç. tocasenh, de tocar « frapper » et senh « cloche », du lat. signum
♦ Sonnerie de cloche répétée et prolongée, pour donner l'alarme. ⇒ signal. Sonner le tocsin (pour signaler un incendie, une émeute, la guerre). Ils « sonnèrent furieusement le tocsin. Toute la banlieue l'entendait [...] Est-ce le feu ? est-ce l'ennemi ? » (Michelet). « Je suis réveillé par le tocsin, le tintement lugubre » (Goncourt). — Loc. Vx Sonner le tocsin : exciter, ameuter. « Mon livre était le tocsin de l'anarchie » (Rousseau).
● tocsin nom masculin (ancien provençal tocassen, de tocar, sonner, et senh, cloche) Bruit d'une cloche que l'on sonne à coups répétés et de manière prolongée pour donner l'alarme. Cloche destinée à sonner le tocsin. ● tocsin (citations) nom masculin (ancien provençal tocassen, de tocar, sonner, et senh, cloche) Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin. Maximes et pensées
tocsin
n. m. Sonnerie d'une cloche qu'on fait tinter à coups redoublés pour donner l'alarme. Sonner le tocsin.
⇒TOCSIN, subst. masc.
A. — 1. Sonnerie de cloche à coups répétés et prolongés pour donner l'alarme en cas d'alerte, de catastrophe naturelle, d'incendie, de mobilisation générale, etc. Le glas, le son du tocsin; le tocsin ameute, sonne; entendre le tocsin. Cette ville d'Angers, une véritable ville de cloches et de sonneries, bourdonnait à plus d'une lieue. Le tocsin se répandait tout le long de la Loire sur les deux rives (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 240). Le tocsin est aujourd'hui remplacé par un mugissement de sirène (DAVAU-COHEN 1972).
— Sonner le tocsin, loc. verb. [Le suj. désigne une cloche] Faire entendre cette sonnerie, ce signal. Des cloches qui sonnent le tocsin de la patrie en danger (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 159). [Le suj. désigne une pers.] Donner l'alarme de cette façon. On prétend qu'on a sonné le tocsin, arboré le bonnet rouge sur l'une des tours et essayé de mettre le feu à l'église (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1832, p. 49).
♦ P. métaph. La vessie joue un certain rôle chez ces messieurs et c'est elle qui, parfois, bien avant l'estomac ou les jointures, sonne le tocsin d'alarme (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 227).
2. P. méton. Cloche destinée à sonner le tocsin. Le tocsin est bien placé dans cette tour (Ac.). Avant minuit, le 9 août, les quarante-huit tocsins des sections de Paris commencèrent à se faire entendre, et toute la nuit ce son monotone, lugubre et rapide, ne cessa pas un instant (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 386).
3. P. anal. Alarme sonore assurée par des coups de feu, une sirène, etc. J'ai couru à ma fenêtre: une grande lueur inégale et rouge éclairait tragiquement les hauts arbres; ces coups de feu étaient un tocsin d'incendie (GIDE, Journal, 1914, p. 403). Comme les villes menacées d'Espagne jadis s'ébranlaient sous les cloches de toutes leurs églises, le prolétariat de Barcelone répondait aux salves par le tocsin haletant des sirènes d'usine (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 448).
B. — Au fig.
1. Vieilli
a) Actes, écrits, paroles qui excitent à la révolte, au soulèvement. La propriété, c'est le vol! Voici le tocsin de 93! Voici le branle-bas des révolutions!... (PROUDHON, Propriété, 1840, p. 132).
b) Sonner le tocsin, loc. verb. Dénoncer un danger; alerter, ameuter contre quelque chose ou quelqu'un. [Chateaubriand] sonnait le tocsin contre tout ce qui s'est fait ou tenté alors de bon et de raisonnable (SAINTE-BEUVE, Chateaubr., t. 2, 1860, p. 417). Le numéro de L'Éclair (22 juin) où Henri Massis croit devoir sonner le tocsin au sujet des Caves (GIDE, Journal, 1914, p. 436).
2. Littér. Battement pathologique, tintement qui se manifeste de façon intolérable. Il s'étonnait, malgré tout, de souffrir si peu. N'eût été ce tocsin qui, de seconde en seconde, lui martelait le cerveau (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 581). Des détonations se succédaient dans sa tête, des tocsins à le mettre en miettes (MORAND, Homme pressé, 1941, p. 303).
REM. 1. Tocsinner, verbe trans., rare. Faire savoir en sonnant le tocsin. Je suis celui qui vaticine ce que les tours tocsinnent (VERHAEREN, Villes tentac., 1895, p. 73). 2. Mot-tocsin, subst. masc., hapax. Il faut écrire pour rendre compte des voix secrètes, hennissements, jurons, proclamations. Ne rien en perdre. Isaac Babel enregistrait la Russie blessée comme il aurait écouté la mer dans un coquillage. (...) Comme Maïakovski, il connaissait la force des mots-tocsins qui restituent la turbulence du monde dans sa forme la plus essentielle (Le Nouvel Observateur, 17 juill. 1972, p. 39, col. 1).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1379 touquesain (Lettre de rémission ds DU CANGE t. 8, p. 138c); 1543 faire sonner le tocquesainct (Reg. BB 22, f° 188, A. Angers ds GDF. Compl.); 2. 1611 toquesing « cloche destinée à sonner le tocsin » (COTGR.); 3. 1688 fig. sonner le tocsin « exciter, enflammer les passions » (BOSSUET, Var. déf. 1er disc., 14 ds LITTRÉ). Empr. à l'a. prov. tocasenh (déb. XIVe s., Hist. Nîmes, III, preuves, p. 33a; FORESTIÉ, Hugues de Cardaillac, p. 71 ds LEVY) comp. du verbe tocar « frapper, sonner » et de senh « cloche », du lat. signum, empl. en lat. chrét. pour désigner la cloche. Fréq. abs. littér.:233. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 274, b) 611; XXe s.: a) 374, b) 204. Bbg. POHL (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Fr. mod. 1963, t. 31, p. 300 (s.v. tocsiner). — SEGUIN (J.-P.). Lexicogr. et conformisme en 1798. La Licorne 1978, n° 2, p. 101.
tocsin [tɔksɛ̃] n. m.
ÉTYM. 1611; touquesain, 1379; toquesing, 1564; anc. provençal tocasenh, de toca « touche » et senh « cloche », du lat. signum.
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♦ Sonnerie de cloche répétée et prolongée pour donner l'alarme. ⇒ Signal. || Sonner le tocsin (pour signaler un incendie, une émeute, la guerre…). → 1. Feu, cit. 38; mobilisation, cit. 3; 2. panique, cit. 1; sonner, cit. 6.
1 Drouet et les patriotes accoururent au clocher, et de toutes leurs puissances, sonnèrent furieusement le tocsin. Toute la banlieue l'entendait (…) Est-ce le feu ? est-ce l'ennemi ? Les paysans courent, s'appellent, s'arment (…) Cependant le bruit du tocsin augmentait d'une manière extraordinaire. C'était les cloches des villages, qui, mises en branle par celles qui sonnaient de Varennes, sonnaient à leur tour le tocsin.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., IV, XIII.
2 Trois heures du matin. Je suis réveillé par le tocsin, le tintement lugubre, que j'ai entendu dans les nuits de juin 1848. La grande lamentation du bourdon de Notre-Dame plane sur les sonneries de toutes les cloches de la ville, dominant le bruit de la générale (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 20 mars 1871, t. IV, p. 184.
♦ (1611). Par métonymie. Cloche destinée à sonner le tocsin.
2.1 On entend le beffroi; la cloche résonne; mais quelle cloche haletante ! Le sonneur qui la sonne ne se possède évidemment plus. C'est un tocsin épouvantable, qui lutte de violence avec les fureurs de l'orchestre.
J. Verne, le Docteur Ox, p. 58.
♦ ☑ (1688). Fig., vx. Sonner le tocsin : exciter, enflammer; alerter, ameuter (contre qqn). Cf. Bossuet, Voltaire, d'Alembert, in Littré; → aussi Malédiction, cit. 8.
3 (…) mon livre était le tocsin de l'anarchie et la trompette de l'athéisme; l'auteur était un monstre à étouffer; on s'étonnait qu'on l'eût si longtemps laissé vivre.
Rousseau, Lettre à Mgr de Beaumont, 18 nov. 1762.
Encyclopédie Universelle. 2012.