terrien, ienne [ terjɛ̃, jɛn ] adj. et n.
1 ♦ Qui possède des terres. Propriétaire terrien. ⇒ foncier.
2 ♦ (XIXe) Qui concerne la terre, la campagne, qui est propre aux paysans (opposé à citadin). Ascendance terrienne. ⇒ paysan, rural. « Les plus vieilles vertus terriennes » (Tharaud). — Subst. Buteau « était un vrai terrien, attaché au sol, [...] n'ayant rien vu, au-delà du plat horizon de la Beauce » (Zola).
4 ♦ Qui vit dans l'intérieur des terres (I, 6o) et non sur les côtes (opposé à marin, maritime). « Il a toujours été difficile d'intéresser le Français terrien aux choses de la mer » (Bainville) . N. (1690) Mar. Les terriens : ceux qui ne sont pas des gens de mer. ⇒fam. éléphant.
⊗ HOM. Thériens.
● terrien, terrienne adjectif Qui relève de la vie rurale, du travail de la terre : Des origines terriennes. ● terrien, terrienne (expressions) adjectif Propriétaire terrien, personne qui possède des terres dont il tire des revenus. ● terrien, terrienne nom Être humain habitant la Terre, par opposition aux habitants supposés des autres mondes (avec une majuscule). Tout individu qui n'est pas marin, qui n'est pas concerné dans sa vie par la mer. Personne qui vit à la campagne, qui a les habitudes de la vie rurale.
terrien, enne
adj. et n.
d1./d adj. Qui possède des terres. Propriétaire terrien.
d2./d adj. et n. De la terre, de la campagne (par oppos. à citadin).
d3./d adj. et n. De la terre (par oppos. à marin).
d4./d n. Les Terriens: les habitants de la planète Terre.
⇒TERRIEN, -IENNE, adj. et subst.
A. — 1. Adj. Qui est relatif à la Terre, au milieu de vie de l'homme. Synon. terrestre.
a) Qui a rapport à la Terre. Sire! je porterai votre renom de l'orient au ponant, sur toute la surface terrienne (NERVAL, Illuminés, 1852, p. 17).
b) ) [P. oppos. à divin, spirituel, céleste] Qui a rapport au monde d'ici-bas, au monde physique. Synon. terrestre:
• D'assurer, (c'est incroyable), d'assurer aux paroles éternelles
En outre comme une deuxième éternité,
Une éternité temporelle et charnelle, une éternité de chair et de sang,
Une nourriture, une éternité de corps,
Une éternité terrienne.
Ainsi les paroles de Jésus, les paroles éternelles sont les nourrissonnes, les vivantes nourrissonnes de notre sang et de notre cœur
De nous qui vivons dans le temps.
PÉGUY, Porche Myst., 1911, p. 228.
) Synon. de concret, matériel, pratique, réaliste. On a même écrit avec dédain que la politique de Louis XIV avait été d'esprit terrien, c'est-à-dire terre à terre. On veut dire que, malgré le style ample du siècle (...), cette politique était celle du bonhomme Chrysale, qui préférait la bonne soupe au beau langage (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 241).
2. Subst. masc. [Gén. avec maj.] Habitant de la Terre. Demain, sans nul doute, pour la première fois et sauf catastrophe — ils présenteront sinon tout de suite une civilisation mondiale, la civilisation des Terriens, épandue sur l'œkoumène — du moins une ou deux civilisations intercontinentales (L. FEBVRE, Face au vent, [1946] ds Combats, 1953, p. 36). Wells suppose que ses Terriens, Anglais et Français, arrivés sur la planète inconnue, entendent le discours d'un de ses habitants (...). À sa grande surprise, chacun des Terriens a compris comme si l'Utopien parlait sa langue familière (RUYER, Cybern., 1954, p. 131).
B. — Qui est relatif à la surface solide de la Terre.
1. Qui a rapport à la terre en tant que propriété.
a) [En parlant d'une pers., d'un groupe] Qui possède des terres. Aristocratie, bourgeoisie, féodalité terrienne; gentilhomme terrien. Les deux grands propriétaires terriens de France, le Clergé et la Noblesse (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1968, p. 198).
— Subst. masc. Propriétaire de terres. Il voulait reprendre la tradition d'une partie des siens, le rôle noble et utile de terrien libéral et savant, refaire les forêts, repeupler les étables, introduire les modes de culture nouveaux (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 37). Qu'est-ce que l'aristocratie française, cette morte? En province, elle s'adjoint des grands propriétaires à qui l'usage accorde le nom de leurs terres (...). À ces terriens, c'était bien inutile que Boulanger fît des avances (BARRÈS, Appel soldat, 1900, p. 144).
b) [En parlant d'un bien] Qui consiste en terres. Capital terrien; propriété terrienne. La richesse terrienne n'est point exposée aux vicissitudes qui sont le point noir des valeurs de bourse: cela est solide et de tout repos (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 130). Le baron des Parges, possesseur d'une énorme fortune terrienne (...), affectait l'orgueil de caste des anciens hobereaux, méprisait l'industrie (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 35).
c) Qui a rapport à la possession de terres. Il (...) reste là, couvant son pupitre, ses cartons, ses comptes (...), toute sa paperasserie terrienne (GONCOURT, Journal, 1865, p. 213). Du laboureur ou du métayer au bourgeois et au noble existe une hiérarchie terrienne se superposant et, faut-il ajouter, se dédaignant mutuellement (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 384).
2. a) Adj. Qui a rapport au monde rural, aux paysans. Ascendance, origine terrienne. Une sorte de prononciation presque paysanne qui avait une âpre et délicieuse saveur terrienne (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 485). Je me représente que la Russie, l'immense Russie terrienne et paysanne, féodale et orthodoxe, traditionnelle et révolutionnaire, c'est quelque chose d'assez puissant (L. FEBVRE, Hist. de la Russie mod., [1934] ds Combats, 1953, p. 73).
— [En parlant de pers., de leurs attributs, de comportements, de mœurs] Caractère, esprit terrien; le côté terrien de qqn. De vraies passions, tenues de trop court par l'avarice terrienne de vieux parents de sang paysan, pour se charger de l'existence d'une femme, se voient condamnés à l'aimer là (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p. 66). Mi-ouvriers, mi-paysans, ils apportent dans leur travail les plus vieilles vertus terriennes et surtout l'amour de la « belle ouvrage bien faite » (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 1, 1954, p. 31).
b) Subst. Paysan; celui, celle qui est originaire de la campagne. Si la santé est utile à tous, elle est indispensable au terrien. (...) sur le champ où l'on moissonne, l'aire où l'on bat: il doit tout affronter, endurci par la fatigue, retrempé par la sueur (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 224). C'était un bon recrutement de femmes à matelots, d'épaisses terriennes, vachères et boniches (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 85).
3. [P. oppos. à aquatique, marin, maritime] Synon. terrestre.
a) Adj. Qui a rapport aux terres émergées, à la terre ferme. Des oiseaux que je croyais terriens tombant soudain comme des pierres au fond de la lagune (GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p. 77). Heureusement pour ce Londres terrien, capital inexploité d'une race qui, ignorant l'art de la navigation, ne sait pas se défendre sur l'eau, des conquérants nouveaux s'apprêtent à le tirer de son sommeil; les Vikings, rois de la mer, débarquent à l'estuaire de la Tamise (MORAND, Londres, 1933, p. 4).
b) Adj. et subst. [En parlant d'une pers.] (Celui, celle) qui vit à l'intérieur des terres, qui y est attaché; qui n'est pas habitué aux choses de la mer. Synon. continental; anton. insulaire, marin1. Les ressources nourricières de la mer ont été l'amorce par laquelle le terrien qu'est l'homme a été attiré vers cet élément étranger auquel il s'est habitué (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 264). Créer une marine: œuvre de longue haleine (...), et il a toujours été difficile d'intéresser le Français terrien aux choses de la mer (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 103).
C. — Rare. Qui a rapport à la terre en tant que sub-stance. Le Rhône se dépouillait de son ordure terrienne, de sa fange et de ses rapts (ARNOUX, Rhône, 1944, p. 46).
REM. Terrianisme, subst. masc., socio-pol. a) ,,Système social dans lequel chacun serait propriétaire d'une terre`` (GUÉRIN Suppl. 1895). b) Ce qui est propre à une région, à ses coutumes ou à sa culture. Suret-Lefort avocat du terrianisme lorrain, Mme de Nelles fiancée à Roemerspacher: ces faits du jour consacrent le double échec de Sturel et le disposent à la rêverie, à la solitude (BARRÈS, Leurs fig., 1901, p. 316).
Prononc. et Orth.:[], [te-], fém. [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 terrïen « terrestre, de ce monde » (GEFFREI GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 4841); 1429-30 subst. terrien « celui qui habite la Terre » (ALAIN CHARTIER, L'Esperance, éd. Fr. Rouy, Pr. VIII, 26, p. 49); 2. 1160-74 seignor terrïen « celui qui possède des terres (opposé à spirituel) » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 11385); ca 1220 subst. terriien (GUI DE CAMBRAI, Barlaam et Josaphat, éd. C. Appel, 11545); 1269-78 adj. terrien « foncier » (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 5298); 3. 1866 subst. terrien « celui qui habite le continent (pour un marin) » (DELVAU); 4. 1870 subst. « paysan (pour un citadin) » (L. CLADEL, Réponse à L. Veuillot, 21 janv., in La Fête votive, lXI ds DUB. Pol., p. 428). Dér. de terre; suff. -ien. Fréq. abs. littér.:121. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 428.
terrien, ienne [tɛʀjɛ̃, jɛn] adj. et n.
ÉTYM. 1210; « terrestre », 1190; de terre.
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I Adj. et n.
1 Vx (opposé à céleste, spirituel). Qui concerne la terre (II., 2.), le monde d'ici-bas, les choses temporelles. ⇒ Terrestre (1.). || « Dame du ciel, régente terrienne » (→ Infernal, cit. 1, Villon). || Les biens terriens (→ 1. Appointer, cit. 1, Calvin). — Relig. || Œuvres terriennes : œuvres serviles (1.).
♦ N. m. pl. || Les terriens : les hommes, les mortels.
2 Qui possède des terres (I., 4.); qui règne sur une certaine étendue de terre. || Seigneur terrien. || Propriétaire terrien. ⇒ Foncier (1.).
1 (…) dans cette petite ville de (…) où les anciens seigneurs terriens du pays, ruinés et volés par la Révolution, avaient peut-être pour se consoler, l'inoffensive manie de s'attribuer entre eux des titres de comte et de marquis (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Dîner d'athées », p. 290.
2 Son mari est un grand propriétaire terrien, qui depuis des années nous promène, avec toutes sortes de complaisances et de la bonne gaîté, à travers ses bois, ses champs, ses fermes.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 4 nov. 1886, t. III, p. 65.
♦ N. m. Vx. || Un grand terrien, seigneur qui possède beaucoup de terres; souverain qui règne sur un vaste pays.
3 (XIXe). Opposé à citadin. Qui concerne la terre (I., 3.), la campagne, qui est propre aux paysans. || Ascendance terrienne. ⇒ Paysan (adj.). || Les vieilles vertus terriennes (→ Piété, cit. 6). — N. m. || Un terrien : un homme de la terre, un paysan.
3 (Buteau) était un vrai terrien, attaché au sol, ne connaissant qu'Orléans et Chartres, n'ayant rien vu, au-delà du plat horizon de la Beauce. Et il semblait en tirer un orgueil, d'avoir ainsi poussé dans sa terre, avec l'entêtement borné et vivace d'un arbre.
Zola, la Terre, I, V.
4 (Opposé à marin, maritime). Qui vit dans l'intérieur des terres (I., 6.) et non sur les côtes; qui n'est pas habitué à la mer, qui n'a pas une vocation maritime. || Peuple terrien. || L'Orient (cit. 7) méditerranéen et l'Orient terrien et mongol (⇒ aussi Continental). — Subst. || Les Turcs, ces terriens, demeurent en marge de l'atmosphère maritime de la Méditerranée (→ Apport, cit. 6). — Spécialt (dans le langage des marins). || Les terriens : tous ceux qui ne sont pas des gens de mer.
4 (…) il a toujours été difficile d'intéresser le Français terrien aux choses de la mer.
J. Bainville, Hist. de France, VI, p. 99.
5 (Au sens du subst., → ci-dessous II.). De la planète Terre.
5 Peut-on seulement concevoir qu'un ingénieur martien, voulant interpréter le fonctionnement d'une calculatrice terrienne, puisse parvenir à un résultat quelconque s'il se refusait, par principe, à disséquer les composants électroniques de base qui effectuent les opérations de l'algèbre propositionnelle ?
Jacques Monod, le Hasard et la Nécessité, p. 105.
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II N. (XXe; « homme », 1270). Habitant de notre planète (opposé aux habitants supposés des autres planètes, d'un autre monde). ⇒ Extra-terrestre; martien.
Encyclopédie Universelle. 2012.