spectateur, trice [ spɛktatɶr, tris ] n.
• 1375; lat. spectator
1 ♦ Témoin oculaire d'un événement; personne qui regarde ce qui se passe sans y être mêlée. ⇒ observateur. « Le rôle du spectateur qui de sa fenêtre contemple une rixe » (Bernanos). Assister à un événement en spectateur.
♢ Personne qui regarde une œuvre d'art. Les musées « ont imposé au spectateur une relation toute nouvelle avec l'œuvre d'art » (Malraux).
2 ♦ Personne qui assiste à un spectacle, à une cérémonie, à une manifestation sportive, etc. ⇒ assistant, auditeur, téléspectateur. L'ensemble des spectateurs. ⇒ public. « Je vois à chaque instant [...] des spectateurs sortir de leur loge » (Hugo).
⊗ CONTR. Acteur.
● spectateur, spectatrice nom (latin spectator) Témoin oculaire d'une action, d'un événement : Les spectateurs d'une catastrophe. Personne qui assiste à une cérémonie publique, à une manifestation sportive, à un spectacle. Personne qui se contente d'observer et ne participe pas à l'action. ● spectateur, spectatrice (citations) nom (latin spectator) Félix Fénéon Turin, Italie, 1861-Châtenay-Malabry 1944 Réservant au peintre la tâche sévère et contrôlable de commencer les tableaux, attribuons au spectateur le rôle avantageux, commode et gentiment comique de les achever par sa méditation ou son rêve. Œuvres Gallimard ● spectateur, spectatrice (synonymes) nom (latin spectator) Témoin oculaire d'une action, d'un événement
Synonymes :
- curieux
Personne qui assiste à une cérémonie publique, à une manifestation...
Synonymes :
- auditeur
- public
Personne qui se contente d'observer et ne participe pas à...
Synonymes :
- témoin
Contraires :
- acteur
spectateur, trice
n.
d1./d Personne qui est témoin oculaire d'un événement, d'une action.
d2./d Personne qui assiste à un spectacle théâtral, cinématographique, etc.
⇒SPECTATEUR, -TRICE, subst.
A. — 1. Celui, celle qui regarde, qui contemple un événement, un incident, le déroulement d'une action dont il est le témoin oculaire. L'admiration des spectateurs; être entouré de spectateurs; le cercle des spectateurs; spectateurs effrayés, émus, interdits. Si l'on m'avait vue, à cinq heures du matin, entre-bâillant les volets de ma fenêtre, pour assister, spectatrice invisible, au déjeuner de quelques terrassiers (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 253):
• ... pour éviter d'être assommé, il ne lui restait d'autre moyen que de tirer son épée; le lâche n'y pensa pas, et je le laissai étendu sur le carreau et nageant dans son sang. La foule des spectateurs me fit haie, et je la traversai pour aller au café où je pris un verre de limonade...
MUSSET ds Le Temps, 1831, p. 68.
2. En partic.
a) [P. oppos. à acteur] Celui, celle qui se contente de regarder, d'observer un phénomène, un événement sans intervenir, sans s'impliquer. Demeurer, rester, être né(e) spectateur, spectatrice. L'apothicaire, en rougissant, avoua qu'il était trop sensible pour assister à une pareille opération. — Quand on est simple spectateur, disait-il, l'imagination, vous savez, se frappe! (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 21). « Être utile, vraiment utile... Agir... »; il était venu à Paris avec cet espoir; et il enrageait de n'être qu'un spectateur, un enregistreur de propos, de nouvelles (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 376).
— Loc. adv. En spectateur. Il ne fut pas envoyé à la légion: il s'y engagea. Assister à la guerre en spectateur lui parut impossible (MALRAUX, Conquér., 1928, p. 47). C'est un fait connu que le public aime la bagarre. Il l'aime d'autant plus qu'il se tient prudemment à l'écart, hors de portée et qu'il assiste au pugilat en spectateur (COSTON, A.B.C. journ., 1952, p. 133).
— P. métaph. [P. oppos. à acteur] Ainsi permettront-ils à leurs contemporains, à leurs concitoyens, de mieux comprendre les drames dont ils vont être, dont ils sont déjà, tout à la fois, les acteurs et les spectateurs (L. FEBVRE, Face au vent, [1946] ds Combats, 1953, p. 42).
b) Celui, celle qui s'observe, se contemple. Voilà bien des années que je suis le spectateur pantelant de ma propre vie, comme je serais le spectateur d'une tragédie surnaturelle (BLOY, Journal, 1903, p. 169). À mesure que la résistance intérieure, en dépit d'elle-même, s'affermissait, ses gestes devenaient une agitation factice, sa rage s'exténuait par sa violence même. Elle redevenait par degrés spectatrice de sa propre folie (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 212).
3. Au fig. Chose abstraite considérée comme observateur, témoin. Là-dessus le droit commun est spectateur en quelque sorte, comme on voit par les maximes: « Le contrat est la loi des parties », et « Nul n'est tenu de rester dans l'indivision » (ALAIN, Propos, 1923, p. 462). La ténacité et la clairvoyance sont des spectateurs privilégiés pour ce jeu inhumain où l'absurde, l'espoir et la mort échangent leurs répliques (CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 23).
B. — 1. a) Celui, celle qui assiste à une représentation artistique, récréative, à une manifestation sportive, à une cérémonie. Spectateur de cinéma, de théâtre, de télévision (synon. téléspectateur) ; les applaudissements des spectateurs. L'ouverture des états généraux eut lieu le lendemain: on avait construit à la hâte une grande salle dans l'avenue de Versailles pour y recevoir les députés. Beaucoup de spectateurs furent admis à cette cérémonie (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 151). Une partie de l'ancienne clientèle de l'écran a disparu des salles. Par contre, une classe nouvelle de spectateurs est entrée pour la première fois dans les établissements de projection: celle qui fréquentait autrefois les théâtres (Arts et litt., 1935, p. 78-7).
b) P. anal. Personne qui assiste à une action qui reproduit les formes, les conditions d'un spectacle par l'émotion, l'intérêt qu'elle suscite. Spectateur d'un duel, d'une exécution, d'un procès. Le peuple dans tous les pays jouit avec avidité de la vue des exécutions, et peut-être, de l'empressement à être spectateur des supplices, il y a peu de distance pour en devenir l'instrument (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1585).
2. Celui, celle qui regarde, qui examine une œuvre d'art. L'architecture a exercé le goût du spectateur (...). Mais il semble que certains arts soient spécialement adaptés à l'individu (Arts et litt., 1935, p. 84-1). Une bonne vitrine de musée doit être transparente pour bien laisser voir les objets, étanche pour ne pas laisser entrer la poussière. En outre, elle ne doit pas gêner les spectateurs en reflétant les objets environnants (Musées Fr., 1950, p. 20).
3. En partic. Personne de référence regardant un spectacle, observant ou contemplant une œuvre d'art.
a) Personne imaginaire qui sert de référence pour la mise en place d'un lieu scénique, la construction d'une œuvre d'art. Le côté de la table qui fait face au spectateur est occupé par un grand fauteuil recouvert de drap d'or (HUGO, Ruy Blas, 1838, III, 1, p. 390). Placées de plain-pied avec le spectateur, les figures de Rodin ne sont ni encadrées ni même reliées entre elles par un rythme unanime (Arts et litt., 1936, p. 18-1).
b) [Avec un plur. ou un sing. coll.] Le public, l'assistance, l'auditoire. [Ces] taches de couleur impressionnistes (...) frappent bien plus sûrement le spectateur qu'un méticuleux trompe-l'œil (LIFAR, Traité chorégr., 1952, p. 74).
— En compos. ou en appos. Spectateur-acteur. Les spectateurs-auditeurs furent installés sur un amphithéâtre concave permettant à chacun de voir bien la scène, mais aussi livrant à chacun la vue réelle de la masse des assistants (Gds cour. pensée math., 1948, p. 487). De tels livres [« Histoire de la France et des Français »], en effet, se prêtent difficilement à une lecture suivie. Ils semblent conçus pour être feuilletés (...). Le lecteur spectateur peut passer à son gré d'une image à un texte (L'Express, 22 août 1977, p. 23, col. 1).
C. — Empl. adj.
1. Qui regarde, assiste à un spectacle, un événement. Foule spectatrice. Cet enthousiasme universel passa dans le cœur de tous les chevaliers spectateurs de cette scène touchante: ils unirent leurs voix à celles du peuple et des soldats (GENLIS, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 321). Il y avait assez d'élégance dans les équipages, mais leurs couleurs en général, ainsi que l'air et les manières des piétons spectateurs avaient une teinte sérieuse qui ne disposait pas à la gaîté (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 173).
2. Qui appartient à celui, celle qui regarde un spectacle, qui observe un événement, un phénomène. Tel est le phénomène composite, l'état de fait, instable et passager, auquel l'instinct spectateur confère un semblant d'unité en le prenant à son compte (GAULTIER, Bovarysme, 1902, p. 173). [Le classicisme des grandes revues] a formé, accru notre avidité spectatrice (COLETTE, Jumelle, 1938, p. 108).
REM. Spectatoriel, -elle, adj., rare. Qui appartient au spectateur, qui vient du spectateur. La demande spectatorielle au cinéma (REY Sémiot. 1979).
Prononc. et Orth.:[], [spe-], fém. [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1372 masc. « celui qui assiste à un spectacle » (N. ORESME, Politiques d'Aristote, VIII, 13, éd. A. D. Menut, p. 356); 2. 1538 « qui voit une chose, en est témoin » spectateur masc. (G. MICHEL, Trad. de Justin, f° 97 v° ds GDF. Compl.); 1579 spectatrice fém. (H. EST., Precell. du lang. fr., p. 4, ibid.); 3. 1588 « celui qui assiste à une action, par opposition à celui qui la fait » (MONTAIGNE, Essais, II, XXVII, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 696). Empr. au lat. spectator « celui qui a l'habitude de regarder, d'observer; spectateur au théâtre ». Fréq. abs. littér.:1 852. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3 089, b) 1 651; XXe s.: a) 1 533, b) 3 433. Bbg. COUPERUS (M.). La Terminol. appl. aux périod. et aux journalistes. In: COUPERUS (M.). L'Ét. des périod. anc. Paris, 1972, pp. 59-62.
spectateur, trice [spɛktatœʀ, tʀis] n.
ÉTYM. 1375; lat. spectator, de spectare « regarder ».
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1 Témoin d'un incident, d'un événement; personne qui regarde qqch., qui voit un spectacle (1.). ⇒ Observateur, témoin. || Être le spectateur de… ⇒ Assister (à). || Poser pour les spectateurs. ⇒ Galerie (supra cit. 9). || Entre quatre murs, sans spectateurs (→ Bizarrerie, cit. 5). || Jouer le rôle du spectateur qui de sa fenêtre contemple une rixe (cit. 2). || Spectateurs inertes (cit. 4) et impuissants des grands événements qui bouleversèrent l'Europe.
1 Il était exact que Byron, homme sans aucune fatuité, n'avançait jamais s'il ne se savait rencontré. « Je puis affirmer, avait-il dit très justement, que je n'ai jamais séduit aucune femme. » Il avait été spectateur aussi surpris de ses succès amoureux que de ses succès littéraires.
A. Maurois, la Vie de Byron, II, XIX.
♦ Personne qui regarde une peinture, une sculpture, un édifice (→ Emparer, cit. 8; musée, cit. 5; pont, cit. 11; repoussoir, cit. 1). || Tout morceau de peinture (cit. 9) ou de sculpture doit être une leçon pour le spectateur.
♦ La personne imaginaire qu'on prend comme référence quand on décrit un ensemble spatial. ⇒ Observateur (supra cit. 9). || L'arrière-plan, partie du paysage la plus éloignée de l'œil du spectateur.
2 (…) si la scène se passe proche du spectateur, la figure placée la plus voisine de lui sera au moins huit ou dix fois plus grande que celle qui sera distante de huit ou dix toises de cette figure (…)
Diderot, Salons, V, « Casanove ».
2 (1553). Personne qui assiste à un spectacle (2.), à une cérémonie, à une manifestation sportive, qui regarde un cortège, un défilé, etc. ⇒ Assistant (I.), auditeur. || L'ensemble des spectateurs. ⇒ Auditoire, parterre (supra cit. 10), public (II., 4.). || Lecteurs, auditeurs et spectateurs (→ Public, cit. 6). || Spectateurs d'une émission de télévision. ⇒ Téléspectateur.
3 Si je vais au théâtre pendant la représentation, je vois à chaque instant, dans les corridors où je me hasarde, des spectateurs sortir de leur loge et en jeter la porte avec indignation.
Hugo, Choses vues, II, IV, Joanny.
3 Par métaphore :
4 (…) je ne fis autre chose que rouler çà et là dans le monde, tâchant d'y être spectateur plutôt qu'acteur en toutes les comédies qui s'y jouent (…)
Descartes, Discours de la méthode, III.
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CONTR. Acteur.
COMP. Téléspectateur.
Encyclopédie Universelle. 2012.