ENVIRONNEMENT
Pris au sens étymologique, le mot «écologie» signifie «science des habitats» et concerne, dans le mode de vie des animaux, l’ensemble des relations qu’ils entretiennent avec le milieu dans lequel ils se trouvent. Cette acception est très vite devenue trop restrictive, voire inadéquate, en particulier aux yeux des botanistes. Ce n’est pourtant qu’en 1934 que l’éminent zoologiste Marcel Prenant prit fait et cause pour une conception plus cohérente et plus globale des relations entre les organismes et leur milieu, en constatant dans un des exposés de biologie écologique que publiait, sous sa direction, la librairie scientifique Hermann et Cie: «L’idée essentielle de l’écologie est celle d’une adaptation, c’est-à-dire d’une certaine corrélation entre l’organisme et son milieu. En ce sens vague et global, elle a dû s’imposer à la connaissance la plus primitive, à la plus rudimentaire technique de chasse et de pêche. Toutes les tentatives faites ultérieurement pour la préciser se sont nécessairement inspirées soit de la notion de causalité, soit de celle de finalité, et parfois des deux à la fois. Causales ou finales, les explications de l’adaptation ont d’ailleurs un trait commun: elles ont dû, pour se développer, morceler le problème en le reportant au détail.»
Cette situation explique le caractère anecdotique de nombreuses recherches à orientation écologique du début du XXe siècle: ainsi, que signifie un nombre de 13 vers de terre par mètre carré de terre cultivée? Même si on suppose la localisation connue. Même si cette population animale peut être étudiée en milieu isolé, dans un terrarium, et si l’on en tire des informations sur le rôle des facteurs physiques sur le cycle vital et sur le rendement biologique de l’espèce étudiée, les résultats expérimentaux que fournira l’étude du milieu (au sens causal que ce mot implique depuis Auguste Comte) ne suffisent pas à prédire ce qui se passera dans le contexte naturel.
Le jeu des interactions entre populations va en effet modifier la dynamique des espèces en présence et moduler leur régime vital; on va donc devoir passer d’une optique auto-écologique – étude d’une population – à une conception synécologique – reconstitution du système biotique local: l’écosystème.
La modélisation d’un écosystème nécessite le recours aux données quantitatives relatives au métabolisme des populations qui le composent: notions de biomasse et de flux tropho-énergétique, rendements de transfert aux divers niveaux des chaînes alimentaires. Pour obtenir ces données, il faut recourir à des analyses physiques et chimiques qui mettent en évidence les phénomènes de cyclisation , dont l’importance apparaît clairement pour la première fois dans l’ouvrage fondamental d’Alfred James Lotka, Elements of Physical Biology , paru en 1925. Entrées et sorties d’eau, de gaz carbonique, d’oxygène, de composés azotés traduisent les fonctions vitales exercées par les biocénoses, ou systèmes populationnels, au sein du cadre physique et chimique, nommé biotope, qui les environne. Autrement dit, pour chacun des individus présents dans l’écosystème, les autres organismes (de même espèce ou d’espèce différente), et le biotope, représentent davantage qu’un milieu, c’est-à-dire un simple contexte, et bien plutôt un environnement, c’est-à-dire un champ d’interactivité, voire d’interdépendance (exemple du réseau trophique).
Ardent défenseur de cette conception, Marcel Prenant marque néanmoins une prudente réserve vis-à-vis des thèses soutenues, vers 1925, par des biogéographes allemands, F. Dahl, R. Hesse, S. Ekman, et le zoologue K. Friederichs, qui va «jusqu’à envisager la nature comme un tout écologique, et théoriquement il n’a pas tort». Mais Prenant craint que cette approche ne mène «à rien de pratique», et c’est vrai, quoiqu’elle ait déjà permis à W. Vernadsky, entre autres, de décrire la biosphère comme un système écologique global dans lequel le carbone organique de la matière vivante serait de l’ordre de 5 . 1014 tonnes, contre 1012 tonnes dans l’atmosphère, ce qui implique un recyclage continuel dans lequel interviennent les carbonates et bicarbonates des milieux naturels, océans et sédiments calcaires.
Le coup d’envoi était malgré tout donné, en France comme dans les autres grandes puissances des années trente, pour promouvoir une conception fonctionnaliste de la biosphère, et, par-delà cette entité peu concrète, une analyse fonctionnelle des écosystèmes dont elle est composée.
Des moyens d’investigation importants allaient être mis à la disposition des biologistes, afin de permettre un meilleur usage des ressources naturelles (lutte contre la surexploitation agricole, essais de repeuplements ou palliatifs mis en œuvre pour empêcher la disparition d’espèces, saumons par exemple).
Tout cela débouche, dans les années cinquante, sur la parution d’importants traités, comme celui d’Odum. Ils font l’inventaire des données quantitatives recueillies dans de nombreux écosystèmes terrestres ou aquatiques.
Les données de base de l’écologie qui s’y trouvaient dégagées ne firent pourtant leur entrée dans les programmes scolaires que dix à vingt ans plus tard. Un écosystème, l’étang par exemple, y est présenté comme un lieu scénique, dans lequel entrent des acteurs ayant un rôle précis (niche écologique) et interagissant de manière à assurer le déroulement du scénario biologique adéquat.
Très vite, il faut reconnaître à l’un de ces acteurs un caractère à la fois ubiquitaire et dérangeant: l’homme joue autant sa propre partie que celle que tend à lui imposer le milieu et, par suite, insensiblement, la biosphère a tendance à devenir une anthroposphère. Alors se produit un coup de théâtre: la conquête de l’espace vient de commencer en 1967. La mise en orbite des satellites artificiels devait permettre de diffuser d’extraordinaires images de notre planète. Et, brusquement, une évidence s’est fait jour: notre Terre est un vaisseau spatial, aux dimensions finies, et aux ressources limitées. C’est la «Planète bleue» où la vie naît de l’eau et s’entoure de nuées. Nous en sommes responsables, car nos querelles peuvent maintenant conduire au mortel hiver nucléaire, qui anéantirait toute vie.
À la suite de ce qui ressemble fort à un processus d’identification entre la Terre et l’humanité, les hommes de science se mobilisent pour la défense et l’illustration de l’Environnement (avec une majuscule) et ils entraînent enfin derrière eux l’opinion, les hommes politiques, les institutions, partout dans le monde, enfin «sensibilisé» par trop de drames technologiques: Bhopal, Tchernobyl.
Il convient cependant de relativiser cet enthousiasme. Les hommes ont toujours travaillé avec ou contre leur environnement et les difficultés qu’ils ont rencontrées devraient au moins permettre d’évaluer correctement les enjeux du combat.
1. L’enjeu biologique
La levée des boucliers des défenseurs de l’environnement a pour point de départ l’instinct de conservation. À cet égard, dans le subconscient de l’humanité, l’horreur d’Hiroshima et de Nagasaki a relayé la terreur de la peste. Aujourd’hui, la peur de la contagion a cédé le pas à la peur de la contamination nucléaire, épée de Damoclès du monde contemporain.
En effet, les progrès de la biologie ont révélé la fragilité du plus précieux de nos patrimoines, le patrimoine héréditaire. En s’attaquant à nos chromosomes, les radiations ionisantes ne vont-elles pas favoriser la cancérogenèse, et altérer, au niveau des cellules sexuelles, les caractéristiques mêmes de l’espèce? C’est un risque majeur. Voilà de quoi reléguer bien loin dans la mémoire collective les vieilles craintes des hérédo-infections: la syphilis, voire la tuberculose...
Depuis bien longtemps, certes, l’épidémiologie des maladies infectieuses se fondait empiriquement sur le constat de leur propagation interhumaine. C’est pourquoi la prophylaxie utilisait la mise en quarantaine des suspects, l’abandon des cas désespérés, la destruction par la chaux des cadavres. La crémation ne paraissait pas assez sûre, les fumées étant suspectes. C’est l’époque où l’on redoute la «pestilence» comme cause de morbidité, et aussi les «miasmes». Sous sa forme la plus radicale, cette logique aboutit à l’atroce: l’éradication de la lèpre par la liquidation physique des lépreux, en Europe.
À l’époque des Lumières, la variole, elle aussi, a mauvaise réputation, parce qu’elle défigure si l’on en réchappe, ce qui va pouvoir être évité grâce à la variolisation, puis à la vaccination jennérienne, qui représente le tournant fondamental en matière de protection contre les maladies infectieuses.
Paradoxalement, la tuberculose est mieux tolérée par les populations européennes au XIXe siècle, où la maladie va prendre une ampleur catastrophique, car elle est – sauf en cas de «phtisie galopante» – d’évolution très lente et elle s’achève souvent en douceur, dans un état de consomption. Cette épidémie aura cependant ceci d’exemplaire qu’elle va très vite être le type de la maladie sociale . En ce sens qu’elle frappe partout, c’est vrai, mais qu’elle est impitoyable pour les pauvres, pour ceux qui vivent parqués dans des taudis obscurs et humides. Si elle n’épargne pas les classes aisées, c’est parce que l’expectoration est contagieuse et que le crachat souille l’environnement sans épargner personne.
On sait que l’effort accompli dans le domaine de l’hygiène préventive a cependant été considérable, sans précédent: nourrissons éloignés de leur mère et confiés à des nourrices, développement d’un vaste système de prise en charge des personnes touchées par le mal (préventoriums et sanatoriums). La seule justification «scientifique» à ces mesures de ségrégation était d’invoquer le rôle bénéfique (encore très populaire aujourd’hui) du «bon air». On sait qu’il fut, pour les gens les plus aisés, l’alibi d’une errance touristique dont le principal mérite a été d’enrichir le patrimoine littéraire et artistique: Frédéric Chopin, par exemple, fera un séjour climatique (que George Sand relate dans Un hiver à Majorque ), sans grand bénéfice pour sa santé, à vrai dire.
Heureusement pour les victimes des maladies infectieuses, la fin du XIXe siècle verra triompher l’interprétation pasteurienne de la contagion, et même si ce n’est pas Pasteur mais Koch qui isole le fameux bacille de la tuberculose, c’est au premier que tous les milieux scientifiques s’accordent à attribuer le rôle crucial. Il a en effet révélé que les «germes» sont des microbes, c’est-à-dire de microscopiques êtres vivants présents dans notre environnement.
Celui-ci est donc contaminant lorsqu’il est souillé, et il y a donc contagion par l’air qu’exhalent les malades, la toux qui les secoue, l’expectoration qu’ils rejettent, lorsque la maladie frappe leurs voies respiratoires. D’autres maladies sont transmises par les microbes présents dans les déjections et, ensuite, dans le sol ou dans l’eau. Il faut donc promouvoir une hygiène de la salubrité de l’environnement, bien sûr très onéreuse, mais impliquant aussi un changement complet des mentalités: pour l’homme moderne, la saleté ostentatoire des personnages du Caravage n’est-elle pas devenue provocante, inquiétante? Hélas, les épidémies d’origine environnementale restent bien vivantes partout où le «péril fécal» reste une forte réalité. C’est une préoccupation majeure pour les institutions sanitaires internationales, alors même qu’elles ont réussi l’exploit, grâce à la vaccination systématique de millions d’êtres humains, de faire disparaître le virus de la variole dans la biosphère. Mais sait-on que la mortalité infantile est restée scandaleusement élevée en Europe jusqu’au milieu du XXe siècle?
Notons pourtant que les microbes ne sont plus les seuls «facteurs de risque» et que la morbidité induite par les résidus industriels ou agrochimiques est si préoccupante que l’étude de leur nocivité fait l’objet d’une discipline neuve, l’écotoxicologie, qui cherche à évaluer l’impact des polluants dans les milieux naturels.
2. L’enjeu culturel
En s’efforçant de s’adapter à son environnement, l’homme n’a cessé, depuis la nuit des temps, d’ajuster son statut culturel à son vécu biologique. Il serait ici hors de propos de reprendre le débat sur le binôme nature et culture, qui fait l’objet d’un article dans cette encyclopédie. Par ailleurs, l’étude des faits culturels que présente l’ethnologie nous dispensera d’échafauder une quelconque démonstration, qui risquerait d’être fort scolastique. Indiquons quand même la fécondité de la voie suivie par les ethnosciences, en soulignant la relativité des savoirs dans les civilisations humaines, en matière d’histoire naturelle des plantes, des animaux, des minéraux.
Quelques remarques seront néanmoins utiles. Tout d’abord sur l’adaptabilité de l’espèce humaine, sa valence écologique, comme disent les spécialistes. Elle est attestée par l’étude des genres de vie des populations actuelles, mais aussi par les apports paléontologiques.
En reconstituant, grâce à des campagnes de fouille systématiques, non seulement la filiation des Hominidés, mais aussi les conditions environnementales dans lesquelles ils vivaient, la paléoanthropologie a démontré que l’évolution du rameau humain et de ses acquisitions culturelles, l’outil, puis le feu, allaient de pair avec son adaptation aux milieux graduellement conquis à partir des savanes de l’Est africain des origines.
Depuis un siècle, l’archéologie préhistorique ne cesse de parfaire cette démonstration en s’efforçant de reconstituer les paléoenvironnements.
Dans la caverne où il trouvait refuge, l’homme magdalénien, notamment, nous a laissé non seulement des vestiges de son industrie (au sens générique du terme), mais aussi des témoignages sur son environnement, qu’il avait souci de transcrire en ornementations pariétales. De même verrat-on les traces de ses préoccupations religieuses par le biais des rites funéraires qu’il accomplissait. Il nous a légué ainsi un double testament: le besoin de l’homme de survivre à la mort, et sa propension destructrice vis-à-vis de la nature, ici symbolisée par l’animal-roi, le mammouth, aujourd’hui exterminé. À certaines espèces, néanmoins, la domestication a offert le salut: pour les rennes, que les Lapons scandinaves ont su intégrer parfaitement à leur univers biologique et culturel, tout serait pour le mieux s’ils n’avaient pas subi, lors de la catastrophe de Tchernobyl, une forte contamination radioactive, consécutive à un caprice météorologique, qui a suffi à ruiner l’équilibre écologique plurimillénaire dont ils étaient garants.
Ordonner la nature pour des besoins esthétiques constitue une seconde caractéristique de l’activité que l’homme exerce sur l’environnement. Ce n’est pourtant pas un acte gratuit, car il s’agit toujours de dépenser beaucoup d’efforts et d’argent pour retirer de l’aménagement paysager, ou de l’art des jardins, la satisfaction attendue. Chez les Anciens, les jardins suspendus de Babylone, deuxième merveille du monde, ont acquis la dimension mythique. C’est en effet un avatar du lieu de tout repos, de toute quiétude, de ce lieu des bienfaits naturels prodigués sans labeur que l’Antiquité nous a légué sous le nom d’Éden.
L’Éden, autrement dit le paradis terrestre, n’a cessé de hanter l’imagination des hommes, avec de multiples variantes: la Colchide, le jardin des Hespérides, l’île de Circé, etc.
Le caractère magique du lieu n’échappe à personne. Mais cela nourrit l’insatiable curiosité qui pousse l’homme dans sa quête éperdue d’un bonheur surnaturel. Car le paradis terrestre existe, puisque les cartes médiévales le mentionnent, et Christophe Colomb va le rencontrer. Bien plus, l’ayant trouvé, il y retournera avec un acharnement exemplaire, bravant tout pour se conforter dans l’illusion qui le fait vivre. Il écrit qu’au delta de l’Orénoque «il y a de grands indices du paradis terrestre, car le site est conforme à l’opinion des saints et savants théologiens». Nous sommes alors en 1500!
La notion d’un espace enchanté relève non seulement de l’irrationnel, donc du sens poétique, mais même de l’onirique. Le mode de parcours en est la marche, dont la lenteur est seule propice à la méditation. D’où les tentatives du cloître bénédictin ou du jardin zen, qui localisent des univers essentiellement mentaux, et quasi ineffables.
Avec les moyens de translation rapides, le sens spatio-temporel humain change de registre, comme si l’on passait de l’intimisme d’un impromptu de Schubert à l’ouverture de Tannhäuser . L’œil apprécie mieux alors les amples ondulations des plans lointains que la netteté des premiers, et cette physiologie élémentaire informe tout autrement les structures cognitives du cerveau.
Mais, quel que soit le mode de transport, l’homme ne peut échapper au besoin d’explorer et de découvrir. Il peut se contenter pour cela, comme le fit Joseph de Maistre, des limites d’une chambre, ou se délecter, à la manière de Sterne, des étrangetés d’une brève escapade. Il peut aussi vouloir s’évader de son biotope et même de la biosphère pour conquérir l’espace.
3. L’enjeu éthologique
L’emprise de l’homme sur son environnement se fonde apparemment sur l’appât du gain, qui n’a aucun sens biologique sauf pour permettre à un sujet d’être socialement dominant, comme il en est dans beaucoup d’espèces animales. En revanche, ce qui pousse l’être humain à s’approprier la nature, c’est le besoin d’accaparer l’espace à son usage, même pour n’en rien faire, ce qui, dans le monde animal, constitue l’acte d’occuper un territoire.
La territorialité de l’espèce humaine est multiforme, donc difficile à évaluer, depuis l’acte de «marquage» qui consiste à planter un drapeau, jusqu’à la mainmise hégémonique sur des continents entiers. Les formes de cette territorialité dépendent donc de la structuration des sociétés humaines et de leur statut culturel. Elles relèvent enfin du régime démographique.
En beaucoup d’endroits, cependant, l’emprise territoriale paraît succéder au passage de l’état nomade à l’état sédentaire, qui permet une utilisation plus rationnelle des ressources naturelles grâce au travail du sol.
La tendance générale des civilisations agraires est en effet de parvenir à une répartition spatiale des ressources, que l’on appelle l’équilibre agro-sylvo-pastoral, qui restait, vers 1950, pour beaucoup de biologistes, synonyme de l’âge d’or. Historiquement, dans les civilisations agraires archaïques, les travaux de mise en valeur (irrigation, drainage) apparaissent, très tôt, en plaines souvent inondables, lieux par excellence fertiles. Le contrôle du territoire devait donc se faire d’en haut, grâce à des observatoires naturels ou artificiels. Ce fait n’est sans doute pas étranger au mythe de la montagne, siège des puissances visibles ou invisibles, que l’on retrouve dans maintes civilisations, du mont Sinaï ou de l’Ararat à l’Olympe, en passant par les monts sacrés de l’hindouisme ou du taoïsme.
Le Nouveau Testament relate, on le sait, que c’est en le transportant sur une haute montagne que le démon tente Jésus: il fait apparaître à ses pieds les mondes habités, lui offrant, par là, le règne temporel sur toute la Terre.
Exemple de durabilité de ce mythe, le site d’Angkor matérialise, d’une manière exemplaire, la façon dont s’opère une sorte de transcendance architecturale de l’environnement. Celui-ci se trouve là entièrement voué à la riziculture irriguée (conquise sur la forêt vierge) et à la dévotion aux dieux tutélaires, dont les temples concrétisent l’Univers.
Il est remarquable de constater que les territorialisations les mieux structurées n’ont jamais pu résister aux déséquilibres démographiques, facteur de perturbation profonde de l’environnement, entraînant des inadéquations socioculturelles et des flux migratoires puissants, sous la pression desquels les vieilles structures volent en éclats.
On ne doit pas oublier qu’à l’échelle locale des difficultés beaucoup plus prosaïques mais très quotidiennes naissent de la confrontation des exigences de modernisation et de remembrement avec celles du respect des droits de propriété.
4. Les enjeux technologiques
À la fin du XXe siècle, la pression démographique est devenue explosion démographique. La planète est peuplée de 5,4 milliards d’êtres humains, inégalement répartis il est vrai puisque la Chine et le sous-continent indien totalisent à eux seuls 2 milliards d’habitants.
On souligne souvent le décalage des conditions de vie et des niveaux de vie qui semble s’accentuer entre les pays économiquement forts, qui bénéficient d’une technologie très avancée, et les pays à économie fragile, voire précaire, qui sont technologiquement les plus en retard. La diffusion incessante d’images télévisuelles provenant du monde entier ne justifie pas complètement cette analyse. En réalité, le progrès technique n’a pas de frontières, sauf peut-être dans le domaine où celles-ci ne devraient pas être un obstacle, à savoir le domaine sanitaire.
Le phénomène qui témoigne à l’évidence de la mutation en cours d’accomplissement est le phénomène d’urbanisation. Pendant longtemps, les habitants des villes n’ont pas joui d’un confort plus grand que ceux des campagnes. L’adduction d’eau potable (dont ils ont été les premiers à bénéficier), la création d’un réseau d’énergie domestique, l’installation de communications téléphoniques sont des améliorations très récentes. Fruit de la croissance économique entretenue par l’activité industrielle et commerciale, l’amélioration des conditions de vie s’est imposée progressivement comme un modèle valable pour le plus grand nombre, attirant vers les villes un flux migratoire important. Chaque jour, à Mexico par exemple, on accueille des centaines d’arrivants. Autour de son centre historique, la ville s’étend à perte de vue, par monts et par vaux, sur plus de 25 kilomètres en largeur comme en longueur, tendant ainsi à rejoindre ses cités satellites. Elle compte maintenant plus de 25 millions d’habitants, contre seulement 4 millions en 1960. Ainsi sont nées des conurbations considérables dans de nombreux pays, riches ou pauvres.
Or l’urbs est un défi écologique à l’encontre du milieu rural. L’équilibre agro-sylvo-pastoral de nos pères est incapable d’assurer aux exploitants agricoles le même niveau de vie que celui des citadins. Pour y atteindre, tout en restant sur place, ils sont contraints de rentabiliser leurs exploitations grâce à l’accroissement des rendements de production. Cela passe par la mise en œuvre des techniques agro-chimiques modernes, par la mécanisation et par l’augmentation de la taille des exploitations. Le coût de cette agriculture industrielle, l’agressivité de ses sous-produits nocifs (pesticides, intrants fertilisants devenus polluants) limitent son développement, surtout face à la concurrence des produits provenant de territoires travaillés par une main-d’œuvre plus abondante et moins chère. D’où les menaces de déprise et de mise en friche de certaines zones agricoles d’Europe, alors même que les grandes zones de culture moderne ont cessé de donner au citadin l’image naïve de la campagne, qui subsiste encore dans les réserves et parcs naturels ou dans les écomusées.
L’activité démiurgique de l’homme ne se borne pas, bien entendu, au remodelage des paysages ruraux et à l’urbanisation sournoise dont ils sont souvent le théâtre, à la faveur d’une viabilisation progressive des terrains. Elle se manifeste bien davantage dans les grands aménagements industriels ou agro-industriels régionaux, qui bouleversent, sous l’action des puissantes machines qu’utilise le génie civil, des contrées entières. En témoignent en Égypte le bas Nil, après édification du barrage d’Assouan, en Israël le Néguev, irrigué, au Brésil la reconversion des terres arrachées à la sylve en plantations de canne à sucre destinée au plan Alcool, première tentative d’utilisation, à grande échelle, de la biomasse à des fins énergétiques.
À toutes les époques de son histoire, l’humanité a manifesté ainsi sa propension à bouleverser l’environnement par des travaux gigantesques. La pyramide de Chéops a été édifiée vers 漣 2500 avant J.-C., et en vingt années de travail selon Hérodote. Le chantier d’Itaipú, le grand barrage de Paraná, au Brésil, long de 8 kilomètres, haut de 195 mètres, a duré neuf ans et mobilisé en permanence 30 000 travailleurs. Avec une capacité de 12 600 mégawatts, il est six fois plus puissant que celui d’Assouan. Entre l’entreprise démesurée de la gloire d’un seul et l’immense chantier destiné à un bénéfice collectif, trois millénaires ont été franchis. Le mouvement ainsi accompli est maintenant irréversible. Il a connu certes des précédents, tels que les grandes entreprises de dérivation de cours d’eau (l’Adour par exemple sous Henri IV) ou d’asséchement de zones marécageuses (bonification des marais Pontins en Italie fasciste), ou de poldérisation (Pays-Bas et marais vendéen) et d’irrigation (Chine, Cambodge); mais aujourd’hui le phénomène change d’échelle: il se continentalise, car la multitude humaine pèse désormais de tout son poids.
Deux exemples méritent d’être étudiés, car ils impliquent des prouesses technologiques et d’autre part des transformations du paysage sur une échelle encore jamais atteinte.
Le premier se situe dans le nord du Québec, par 55 degrés de latitude nord, dans la taïga boréale, sur plus de 500 kilomètres, le long de la rivière La Grande, que devaient rejoindre artificiellement quatre autres rivières détournées de leur cours. Commencé en 1971, le chantier ne devait se terminer qu’en 1984; un fantastique escalier de barrages hydroélectriques fournissant plus de 10 000 mégawatts a finalement été réalisé. Mais le déroulement des travaux devait être fortement compromis par une procédure judiciaire intentée par les autochtones (7 000 personnes appartenant aux ethnies Cris et Inuit) en vue d’obtenir un droit de regard sur la gestion industrielle, et des compensations matérielles. Par ailleurs, les mouvements écologistes obtinrent de la Société de la baie James, promoteur, une entente avec l’institution Environnement-Canada. Cet accord permit la supervision des travaux sur le terrain par des équipes scientifiques comportant biologistes, botanistes, géologues, zoologues, ethnologues. Ayant dressé l’inventaire de l’état initial du milieu naturel, ils présidèrent à la remise en état des zones bouleversées, faisant planter dix millions de jeunes arbres pour réparer les plaies ouvertes dans le manteau végétal.
Le second exemple, c’est le plan Delta. Adopté en 1957 par le Parlement néerlandais, il avait pour but d’empêcher le retour de la grande inondation du 1er février 1953 qui avait submergé 200 000 hectares en Zélande et en Hollande méridionale. Dix barrages devaient être disposés en travers des bras fluviaux où s’enchevêtrent les cours de la Meuse et de l’Escaut. Cinq d’entre eux étaient côtiers, de façon à arrêter les hautes marées. L’Escaut occidental, qui donne accès à Anvers, devait rester libre. Quant à l’Escaut oriental, il devait être fermé par une digue imperméable aux marées; la vie des zones humides au cœur du delta était donc menacée, les paysages risquaient d’être transformés et on pouvait craindre que le milieu ne fût intoxiqué par les polluants. De 1974 à 1976, tout fut remis en question sous l’action des défenseurs de l’environnement. Les études furent reprises et un autre projet, laissant passer les marées normales, fut adopté par le Parlement: le barrage de l’Escaut oriental ou Oosterscheldedam serait un barrage «antitempêtes», le seul au monde, mais aussi coûteux à lui seul que l’ensemble des autres barrages déjà édifiés! Achevé en 1986, il comporte soixante-deux énormes vannes qu’il suffit d’une heure pour fermer et qui résistent à des pressions de l’ordre de 5 tonnes au mètre carré. Bien que chaque réalisation technique soit «unique», un tel ouvrage peut servir de modèle et au moins d’expérience, en vue de réalisations plus vastes, tel le barrage antimarées qui sera édifié au Bangladesh, dont les basses terres sont périodiquement ravagées par les eaux de la mer.
5. Aspect sémantique
Ces deux exemples conduisent à s’interroger sur le sens même du terme environnement, car ils concernent des interventions humaines organisées par et pour la collectivité au détriment d’équilibres écologiques préexistants. Dans les deux cas, ce sont bien des milieux naturels qui sont menacés. Dans les deux cas, c’est au nom de l’environnement, thème fortement teinté d’anthropocentrisme, que ces «sanctuaires écologiques» ont été défendus. Or, pour entraîner l’opinion publique, il faut une cause ou plus exactement un mobile collectif. La crainte de l’irrémédiable ne serait-elle pas ici le commencement de la sagesse?
En bon démiurge, l’homme aime autant faire que défaire, et remodeler ce qu’il a déjà modelé le rassure. Au contraire, un milieu vierge doit être façonné ex nihilo: comment ne pas se sentir alors apprenti sorcier? À cet égard, le mot «environnement» constitue un label assez confortable, impliquant un droit de regard et d’intervention que le mot «milieu», au sens écologique, n’a jamais impliqué – réserve faite de la curiosité scientifique, perçue comme sacralisante, dont il peut faire l’objet.
En somme, le terme d’environnement masque des intentions trop diverses pour qu’il ne paraisse pas nécessaire, en conclusion, de chercher à le mieux définir.
Une piste relativement simple consiste à se demander si un animal connaît son milieu, biotique et physicochimique, donc l’écosystème dans lequel il joue un rôle. La réponse est évidemment négative. Mais ce même animal perçoit bel et bien ce milieu où il vit comme constituant son environnement et il le marque du sceau territorial qui est sien. Toutefois, la manière dont il le perçoit diffère spécifiquement de la nôtre. Le point commun entre les différentes espèces animales, c’est que, dans tous les cas, leur environnement est perçu comme un «vécu relationnel» à dimension spatio-temporelle précise.
Transposant cette constatation au cas de l’homme, nous dirons qu’il perçoit son environnement à la fois comme milieu biotique et comme condition socioculturelle, avec ses composantes économiques et politiques. Dès lors, la notion d’environnement retrouve un sens géographique et se manifeste à nous de façon directement perceptible sous forme de paysage .
Pour le biologiste, les sapinières des Vosges et celles de la forêt de Joux, dans le Jura, sont analogues, alors qu’elles sont perçues comme différentes par le visiteur (il ne s’agit en l’occurrence que d’une question d’aménagement forestier). Inversement, bien qu’elle réunisse des écosystèmes variés (versants, falaises, cultures, bord des eaux et laisses), la vallée de la Dordogne compose un paysage harmonieux et cohérent, qui lui donne la valeur d’une unité biogéographique. On ne peut en dire autant de la vallée du Lot, pourtant voisine mais moins unificatrice.
D’une façon plus générale, la singularité environnementale que constitue une vallée fluviale a toujours constitué une réalité vivante pour l’humanité. Il est donc opportun de la prendre en compte dans son contexte, de façon intégrée, comme le font en France, pour des raisons hydrologiques, les agences de bassin, avec un plein succès.
L’aménagement du territoire devrait évidemment respecter, si possible, la personnalité des vallées. D’où l’inquiétude qui se manifeste non seulement en France, mais en Europe, à propos du projet Loire, qui vise à régulariser le débit du fleuve par des barrages situés sur le fleuve et sur son principal affluent, l’Allier, en amont de leur confluent – ce qui risque de noyer des zones d’intérêt écologique certain et de défigurer en aval le paysage actuel du fleuve, dont les sites revêtent un intérêt biogéographique de premier ordre.
Reste un problème sémantique, qu’il est bien difficile de trancher. On pourrait en définitive préférer le mot milieu quand il s’agit d’écosystèmes ou de biosphère, alors que le terme d’environnement pourrait caractériser plus spécifiquement l’anthroposphère. Mais n’est-il pas plus sage et plus réaliste de laisser faire l’usage, qui tend à mettre en synonymie ces deux termes, que tant de recoupements unissent? Seul le décloisonnement des spécialités permettra ici l’efficacité souhaitable dans le dialogue souvent difficile entre scientifiques, usagers et décideurs.
6. L’enjeu économique et social
Les rapports entre la croissance économique et la protection de l’environnement sont devenus un sujet majeur d’interrogation et de débats dans le monde contemporain.
Après les années de croissance rapide qui ont caractérisé la période d’après-guerre en Amérique du Nord, en Europe et plus encore au Japon, il était naturel que l’on s’interrogeât sur les limites de la croissance. Ces limites tiennent d’une part à l’épuisement des ressources naturelles du sol et du sous-sol (énergie et matières premières) dont beaucoup ne sont pas renouvelables, d’autre part des dommages causés à la nature et aux équilibres naturels par les activités humaines et la surpopulation.
Cette interrogation apparut sous une forme dramatique et sans doute exagérée dans le rapport publié par le Club de Rome à la fin des années soixante. Son titre français, Halte à la croissance , en résumait l’esprit et en révélait le caractère excessif, ou du moins prématuré.
La période de croissance ralentie que devait connaître le monde industrialisé à partir de 1973-1974 ne fut nullement désirée par les États et les peuples qui en subirent les conséquences, notamment celle d’un chômage dépassant souvent 10 p. 100 de la population active. Elle eut pour effet de reléguer à l’arrière-plan les préoccupations écologiques. Toutefois, l’idée suivant laquelle la croissance économique et démographique ne peut se poursuivre indéfiniment relève de l’évidence. Le débat porte sur le rythme, les limites et la répartition de la croissance. Jusqu’où peut-on aller? Jusqu’où est-il raisonnable d’aller? Comment corriger les déséquilibres qui ont tendance à s’aggraver entre les pays du nord de la planète et ceux du sud?
Du point de vue de l’environnement, le débat s’est déplacé, sous la triple influence de la crise, de certaines catastrophes écologiques et d’une meilleure connaissance des conditions permettant la poursuite d’une croissance économique durable (sustainable growth ). Cependant, la prise de conscience des exigences écologiques de la croissance et la mise en œuvre de politiques adéquates varient beaucoup suivant les pays.
En Europe, les préoccupations écologiques ont pris une importance exceptionnelle en Allemagne: l’opinion allemande, frappée par le phénomène du dépérissement des forêts, a fait de l’écologie, souvent associée au pacifisme, une de ses préoccupations majeures. Toutefois, un sondage effectué en 1986 pour la Commission européenne a révélé que d’autres pays européens, Italie et Grèce en tête, considéraient la protection de l’environnement comme un problème immédiat. La France partageait avec l’Irlande la dernière place dans ce sondage. Si le sentiment de l’urgence est moins fort en France, cela tient sans doute à une certaine irresponsabilité de l’opinion, mais aussi à la situation meilleure qui résulte d’une moindre densité de population et, paradoxalement, d’une moindre pollution atmosphérique, due à la substitution des centrales nucléaires aux centrales électriques utilisant le charbon ou le fioul. C’est l’attitude à l’égard du nucléaire, civil ou militaire, qui fait apparaître le contraste le plus net entre l’évolution de l’opinion en France et en Allemagne, où, comme dans plusieurs autres pays européens, telle l’Italie, l’hostilité au nucléaire n’a cessé de se renforcer.
Néanmoins, dans l’Acte unique européen, qui a révisé et complété le traité de Rome et qui est entré en vigueur en 1987, des dispositions faisant de la protection de l’environnement l’un des objectifs de la Communauté européenne ont été introduites: l’Agence européenne de l’environnement a été créée en 1990 pour recueillir des informations sur la situation de l’environnement et en contrôler la législation.
Sur le plan mondial, on observe également un renouveau d’intérêt pour les problèmes d’environnement à la suite de la prise de conscience des menaces que font peser sur l’ensemble de la planète la destruction de la couche d’ozone, l’effet de serre entraînant un réchauffement général de la température, la destruction accélérée des forêts dans la zone équatoriale-tropicale, l’extension du désert dans le Sahel en Afrique, le gaspillage des ressources et la destruction des sols dans de nombreuses régions du monde, enfin la menace de disparition de nombreuses espèces animales ou végétales, par suite de la destruction de leurs biotopes naturels. La Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement (C.N.U.E.D.) qui s’est tenue à Rio en juin 1992 a abordé ces diverses questions, rédigé une Charte de la Terre et défini un programme de travail pour le début du siècle suivant.
Les anciens pays communistes, longtemps portés à la négligence écologique par leur doctrine de maîtrise de la nature par l’homme, ressentent les conséquences de leur imprévoyance: l’ex-U.R.S.S. et les pays d’Europe centrale et orientale attendent le concours de la technologie et des crédits occidentaux pour remédier à leur situation écologique désastreuse, encore aggravée par la catastrophe de Tchernobyl.
environnement [ ɑ̃virɔnmɑ̃ ] n. m.
• 1300 « contour »; de environner
1 ♦ Rare Action d'environner; son résultat.
2 ♦ Vx Enceinte; environs d'un lieu.
3 ♦ Ling. Contexte immédiat. L'environnement d'un mot (⇒ collocation) .
4 ♦ (1964; d'apr. l'angl. amér. environment) Ensemble des conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) dans lesquelles les organismes vivants (en particulier l'homme) se développent. ⇒ ambiance, atmosphère, entourage, habitat, milieu. Environnement rural, urbain. Protection, qualité de l'environnement. ⇒ écologie; écotaxe. Ministère de l'Environnement, chargé de la protection de la nature et de la défense contre la pollution et les nuisances. « le nouveau gouvernement européen devra résoudre rapidement les problèmes de l'environnement, l'asphyxie des villes, la destruction des forêts, la pollution de la nappe phréatique » (Le Clézio). — Didact. Espèces animales et végétales partageant le même environnement. ⇒ biocénose, biotope. Environnement spatial, acoustique, thermique.
♢ Par ext. Conditions extérieures susceptibles d'agir sur le fonctionnement d'un système, d'une entreprise, de l'économie nationale. Environnement international. ⇒ conjoncture.
5 ♦ Inform. Configuration matérielle et logicielle propre à un type d'ordinateur.
● environnement nom masculin (de environner) Ce qui entoure de tous côtés ; voisinage : Un village dans son environnement de montagnes. Ensemble des éléments (biotiques ou abiotiques) qui entourent un individu ou une espèce et dont certains contribuent directement à subvenir à ses besoins. Ensemble des éléments objectifs (qualité de l'air, bruit, etc.) et subjectifs (beauté d'un paysage, qualité d'un site, etc.) constituant le cadre de vie d'un individu. Atmosphère, ambiance, climat dans lequel on se trouve ; contexte psychologique, social : Un environnement politique particulièrement hostile. En art, œuvre constituée d'éléments assemblés quelconques, disposés dans un espace que l'on peut parcourir. (Mode d'expression usité dans le surréalisme, le nouveau réalisme, l'art cinétique, l'art pauvre, le land art, voire l'art corporel, l'art vidéo, etc.) En linguistique, synonyme de contexte. ● environnement (expressions) nom masculin (de environner) Environnement économique, ensemble de facteurs extérieurs à l'entreprise, exerçant une influence sur son activité. ● environnement (synonymes) nom masculin (de environner) Ce qui entoure de tous côtés ; voisinage
Synonymes :
- cadre
Atmosphère, ambiance, climat dans lequel on se trouve ; contexte psychologique...
Synonymes :
- contexte
- milieu
Synonymes :
- contexte
environnement
n. m.
d1./d Ensemble des éléments constitutifs du milieu d'un être vivant. Syn. milieu.
|| Spécial. Ensemble des facteurs naturels ou dus à l'action de l'homme (physiques, chimiques, biologiques, sociologiques) qui constituent le milieu dans lequel, en un lieu et un moment donnés, vit l'homme ou une espèce animale ou végétale. Défense, protection, gestion de l'environnement: V. écologie.
d2./d Domaine pluridisciplinaire de l'étude de l'environnement. Institut de l'environnement.
— Droit de l'environnement.
d3./d Cadre de vie.
Encycl. Aujourd'hui, l'environnement n'est plus confondu avec le milieu naturel mais englobe le cadre de vie complexe que l'homme a façonné depuis ses origines, et l'on projette de gérer l'environnement plutôt que de le protéger. La Conférence mondiale de Rio de Janeiro (1992) a consacré le lien unissant environnement et développement. à cette occasion, et depuis lors, des divergences sont apparues entre les pays industrialisés et les pays du tiers monde. Les premiers ont un point de vue plutôt biologique et veulent réduire les agressions dues aux nuisances résultant des activités industrielles; les seconds, dans une perspective plutôt culturelle, mettent l'accent sur les aléas naturels et sur les méfaits de la croissance démographique, du sous-développement et de la pauvreté.
⇒ENVIRONNEMENT, subst. masc.
A.— Rare. Ensemble des choses qui se trouvent aux environs, autour de quelque chose. Qu'est-ce que cela [un palais] fait ici à Recanati, au lieu d'être dans son environnement naturel : Bologne, Milan ou même Rome? (LARBAUD, Jaune, 1927, p. 60).
— LING. Contexte, en particulier contexte immédiat. En linguistique distributionnelle (...) la distribution est définie comme l'ensemble des environnements dans lesquels une forme donnée peut figurer (MOUNIN 1974) :
• 1. ... les mots ne sont pas isolés, ils admettent entre eux des relations systématiques (...). La signification du mot est liée à son environnement sémantique et la forme du mot nous renvoie aux étages morphologique et phonologique de la langue.
Traité de sociol., 1968, p. 271.
B.— P. ext. Ensemble des éléments et des phénomènes physiques qui environnent un organisme vivant, se trouvent autour de lui (cf. milieu). Une intéressante classification de type écologique, fondée sur l'habitat : (...) environnement émergé et environnement aquatique, 25 classes de plantes selon les milieux (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 776) :
• 2. ... les animaux (...) et l'homme (...) sont mieux armés que la plante pour réagir contre les milieux ambiants. Mais, si l'on réfléchit à tout ce qu'implique ce mot de milieu ou « d'environnement » suivant l'expression anglaise, à tous les fils insoupçonnés dont est tissée la trame qui nous enlace, quel organisme vivant pourrait s'y soustraire?
VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géogr. hum., 1921, p. 7.
— En partic. Ensemble des conditions matérielles et des personnes qui environnent un être humain, qui se trouvent autour de lui. Environnement social, culturel. Un de ces garçons maladifs, sensitifs, (...) aussi démunis que des aveugles dès que leur manque l'environnement maternel (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 54) :
• 3. ... la nation est une combinaison de pôles de croissance, c'est-à-dire d'unités motrices avec leurs environnements, disons : avec les milieux de propagation de leurs effets.
PERROUX, L'Écon. du XXe s., 1964, p. 278.
Prononc. :[]. Enq. : //. Étymol. et Hist. 1. Ca 1265 environemenz « circuit, contour » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. P. Chabaille, 112); 2. 1487 « action d'environner » (Garbin ds FEW t. 14, p. 389a); 3. 1921 géogr. hum. supra ex. 2). Dér. du rad. de environner; suff. -(e)ment1; 3 empr. à l'angl. environment (1827 même acception ds NED). Fréq. abs. littér. :156. Bbg. DUBUC (R.). La Planification à long terme ds l'entr. Meta. 1974, t. 19, n° 4, p. 211. — GRANDJOUAN (J. O.). S'environner d'un confortable flottement. Vie Lang. 1974, pp. 47-48. — LÉCROUART (C.). De la Variété lex. en trad. Actual. terminol. 1975, t. 8, n° 6, pp. 1-3.
environnement [ɑ̃viʀɔnmɑ̃] n. m.
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1 Rare. Action d'environner; son résultat. Vx. || L'environnement d'une place forte par des remparts, par des troupes. — L'environnement des terres par les océans. — Mod. || L'environnement par les dangers.
2 Didact. Environs (d'un lieu, de qqch.) ⇒ Cadre, milieu. || Environnement naturel. || Environnement social, familial (de qqn).
1 Un environnement musical continu sert de liaison entre les plages, l'ensemble est lyrique, sincère, un peu sophistiqué (…)
2 Dans un environnement de béton où les seuls animaux dont il (l'homme) accepte la présence seraient les animaux domestiques (…)
Emmanuel Berl, le Virage, p. 162.
♦ Spécialt. Ling. Contexte immédiat.
3 (1921, techn.; répandu v. 1960; d'après l'angl. environment). Absolt. Ensemble des conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) susceptibles d'agir sur les organismes vivants et les activités humaines. ⇒ Ambiance, atmosphère, entourage, milieu; → Cadre de vie. || Protection, politique, qualité de l'environnement. ⇒ Écologie. || Environnement rural, urbain. — L'environnement spatial, acoustique, thermique. || Environnement et qualité de la vie, et défense contre la pollution, les nuisances. || « Le milieu de vie terrestre ou “biosphère”, ce que l'homme nomme son “environnement”, mince couche limitée à la zone de fonction entre la lithosphère et l'atmosphère, bien que très résistant à l'état naturel grâce à l'autorégulation des équilibres écologiques, devient étonnamment fragile dès que cessent d'y jouer librement les processus compensateurs inhérents à la vie » (Science et Vie, Spécial environnement, no 106 hors-série, 1974, p. 42).
3 Figurez-vous qu'il y a quelque temps, je reçois un coup de téléphone du ministère de l'Environnement : — Allô Devos ? Ici, le ministre de la Qualité de la vie. Alors, sur le plan de la pollution, où en êtes-vous ?
Raymond Devos, Sens dessus dessous, « l'État de poussière », p. 155.
♦ Par ext. Conditions extérieures susceptibles d'agir sur le fonctionnement d'un système, d'un dispositif.
4 Inform. (Réempr. à l'angl., fig. du sens 3.). || Environnement système ou, absolt, environnement : configuration matérielle et logicielle propre à un type d'ordinateur.
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DÉR. Environnemental, environnementalisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.