soi-disant [ swadizɑ̃ ] adj. inv. et adv.
1 ♦ (Personnes) Qui se dit, qui prétend être tel. « la soi-disant comtesse » (A. Daudet). Le soi-disant plombier était un cambrioleur.
2 ♦ (Emploi critiqué) Qui n'est pas ce qu'on en dit, qui n'est pas vraiment. ⇒ prétendu; présumé. Le soi-disant escroc était un honorable diplomate. « La soi-disant liberté de pensée reste parfaitement illusoire » (A. Gide). Une soi-disant consultation populaire (⇒ parodie) .
3 ♦ Adv. (1790) Prétendument, d'une manière apparente, présumée. « Notre père venu à Paris, soi-disant pour affaires » (H. Bordeaux). — Loc. conj., Pop. Soi-disant que (et indic.) :il paraîtrait que. « Soi-disant qu'il serait trop jeune pour avoir une femme » (Aymé).
● soi-disant adjectif invariable (de soi et disant) Qui prétend être tel : Untel, soi-disant héritier. Qu'on prétend tel ; prétendu (emploi critiqué par quelques puristes) : Cette soi-disant liberté d'expression. ● soi-disant (difficultés) adjectif invariable (de soi et disant) Orthographe Sanst à soi (ne pas confondre avec soit), et avec un trait d'union. - Invariable (une soi-disante, des soi-disant[e]s sont des formes incorrectes). Emploi 1. Comme adjectif, soi-disant s'emploie en parlant des personnes : des soi-disant médecins ; une soi-disant princesse. En parlant de choses, il est préférable, dans l'expression soignée, d'employer son équivalent prétendu : des prétendus diamants ; une prétendue originalité. Dans l'expression courante, en particulier l'expression orale, l'usage admet l'emploi de soi-disant : une soi-disant liberté ; elle est chère, ta soi-disant bonne affaire ! Remarque Soi-disant est la forme archaïque du participe présent du verbe se dire où la forme forte soi pouvait être complément direct. Soi-disant signifie ainsi exactement « qui se prétend, qui se dit tel ou telle » et ne peut donc en principe se rapporter qu'à des personnes : une chose ne peut pas prétendre avoir une qualité. 2. L'emploi adverbial de soi-disant (= à ce qu'on prétend, prétendument, censément) avec un verbe est aujourd'hui admis : il est venu soi-disant pour m'aider. Remarque L'emploi adverbial avec un adjectif peut conduire à des phrases équivoques et parfois cocasses : « La belle et soi-disant infâme Mme de Vaubadon »(Barbey d'Aurevilly). Un soi-disant suicidé. Registre Soi-disant que appartient à la langue familière. Recommandation Dans l'expression soignée, préférer les équivalents sous prétexte que, il paraît que. ● soi-disant (synonymes) adjectif invariable (de soi et disant) Qui prétend être tel
Synonymes :
- présumé
- supposé
Qu'on prétend tel ; prétendu (emploi critiqué par quelques puristes)
Synonymes :
- prétendu
● soi-disant
adverbe
À ce que prétend Untel, à ce qu'on prétend : Il est venu soi-disant pour te parler.
soi-disant
adj. inv.
d1./d Qui se dit tel ou telle. Des soi-disant savants.
— Par ext. (Emploi critiqué.) Prétendu. Un soi-disant empêchement de dernière heure.
d2./d Loc. adv. Prétendument. Il venait soi-disant pour la distraire.
⇒SOI-DISANT, adj. inv., adv. et loc. conj.
I. — Adj. inv. Qui passe pour ce qu'il n'est pas. Synon. apparent, censé, présumé, prétendu.
A. — [En parlant d'une pers.] Qui se dit à tort être tel ou tel. Quand les soi-disant amis du père Grandet venaient faire la partie le soir, elle était gaie, elle dissimulait (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 186). Ce soi-disant parvenu est un jeune prince qui rentre en conquérant dans son royaume et le rajeunit par son activité (DU BOS, Journal, 1924, p. 106).
B. — [En parlant d'une chose (empl. critiqué)] Je vous préviens, madame, que je vous renvoie, en port payé, tous les soi-disant cadeaux que vous m'avez faits (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 53):
• Mais il faut se résigner à ne rien apprendre d'elle [l'histoire] si l'on ne se décide à chercher dans son déroulement une action, (...) et qu'au lieu de la considérer selon ses soi-disant progrès, ses soi-disant reculs, ses prétendues intentions ou nos prétendus intérêts, on y cherche résolument ce rythme où l'esprit tantôt déterminé par ses événements, tantôt réagissant pour les organiser, ne joue qu'un rôle de régulateur, mais de régulateur unique.
FAURE, Espr. formes, 1927, p. 18.
Rem. 1. ,,Au départ, soi-disant ne pouvait se dire que des êtres doués de la parole et ne pouvait s'appliquer qu'à une qualité qu'ils s'attribuaient eux-mêmes: De soi-disant docteurs. Une soi-disant marquise. Les soi-disant héritiers. Si l'on s'en tient à ce sens premier, il est absurde d'appliquer soi-disant à des choses ou à des défauts: Une soi-disant expérience. Une soi-disant escroquerie. À cela on peut opposer l'évolution sémantique qui, pour bien des mots, les éloigne de leur sens premier (...) L'Académie elle-même a défini Empirique: Qui s'appuie sur une soi-disant expérience`` (HANSE Nouv. 1983, pp. 873-874). 2. Soi-disant reste inv. parce que disant est dans cette expr. un part. prés. ayant pour objet dir. soi (d'apr. GREV. 1986, § 641). On peut noter néanmoins dans l'usage mod. qq. ex. d'accords. Tous ces soi-disans modes optatif, impératif, interrogatif, dubitatif, ne sont que des locutions abrégées (DESTUTT DE TR., Idéol. 2, 1803, p. 197). Je n'accepterai en aucun cas qu'une soi-disante souveraineté extérieure vienne m'obliger à accepter une interprétation de la norme ou d'une norme nouvelle (SCELLE, Fédéralisme eur., 1952, p. 5). L'améthyste dans les mêmes conditions tourne au jaune d'or et devient une soi-disante « topaze dorée » (METTA, Pierres préc., 1960, p. 109).
II. — Adv. Censément, prétendument.
A. — [Modifiant un adj.] Ces sectes soi-disant universelles du chrétien et du musulman (VOLNEY, Ruines, 1791, p. 89). La langue soi-disant savante de ces prétendus adeptes (DESTUTT DE TR., Idéol. 2, 1803, p. 299).
B. — [Modifiant un adv. ou un compl. circ.] Je me rappelle qu'on fusillait presque tous les matins, derrière le bastion saint-Jean, deux ou trois maraudeurs, soi-disant pour le bon exemple (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 106). [Il] travaille arbitrairement s'érigeant pour soi-même et soi-disant généreusement en l'honneur des travailleurs du bâtiment un auto-monument (PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 255).
C. — [Modifiant une prop.] Tout cela parce que, soi-disant, il aurait vu passer deux ombres sur la transparence d'un rideau! (COURTELINE, Boubouroche, 1893, II, 2, p. 63).
III. — Loc. conj. avec valeur d'adv. de phrase, fam. Soi-disant que. Prétendument. Soi-disant qu'elle ne pouvait pas rester sans Jimmy plus que huit jours et c'est déjà un mois que vous êtes là! (BOURDET, Sexe faible, 1931, II, p. 334).
Prononc. et Orth.:[]. Inv. en genre et nombre dans les dict. mod. ,,parce que disant est (...) un participe présent ayant pour objet direct soi`` (GREV. 1980, § 1894); mais variable autrefois: fém. soi-disante ds DG (v. aussi SCELLE, loc. cit. et METTA, loc. cit.), masc. plur. soi-disants (RENAN, Drames philos., Eau jouvence, 1881, V, 5, p. 518; POURRAT, Gaspard, 1925, p. 263), soi-disans (DESTUTT DE TR., op. cit., p. 197), fém. plur. soi-disantes (CONSTANT, Journaux, 1805, p. 220). Prop. CATACH-GOLF. Orth. Lexicogr. Mots comp. 1981, p. 273: soidisant. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1470 « [d'une personne] qui prétend être telle » (G. CHASTELLAIN, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 2, p. 9: duc de Bethfort, régent soy-disant de France); fin XVe s. (Mistere du siege d'Orleans, éd. V. L. Hamblin, 810: Charles, soy disant roy de France); av. 1659 accordé avec le subst. (TALLEMANT DES RÉAULX, Historiettes, éd. A. Adam, t. 2, p. 441: toutes les honnetes femmes, ou soy-disantes, abandonnerent Ninon); 1668 inv. (RACINE, Plaideurs, II, 5: sa fille, au moins soi-disant telle); cf. 1690 (FUR.: Se dit au Palais quand on ne veut pas demeurer d'accord de la qualité de la partie adverse); b) 1765-70 « qui n'est pas ce qu'il semble être » (J.-J. ROUSSEAU, Confessions, VIII ds Œuvres, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t. 1, p. 362: la tourbe vulgaire des soi-disans grands et des soi-disans sages); 2. 1735-36 « [d'une chose] id. » (MARIVAUX, Paysan parvenu ds Romans, éd. M. Arland, p. 611: Tels étaient les agréments, soi-disant innocents de cet ecclésiastique); 3. ca 1830 loc. adv. (BÉRANGER, La Bonne fille ds Œuvres, Paris, Perrotin, t. 1, 1834, p. 41: Je sais fort bien... Que soi disant J'ai le ton trop plaisant). Comp. de soi et de disant, part. prés. de dire. Fréq. abs. littér.:498. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 453, b) 579; XXe s.: a) 777, b) 952. Bbg. QUEM. DDL t. 32.
soi-disant [swadizɑ̃] adj. invar.
ÉTYM. V. 1435; de soi, et disant, reste de la syntaxe du moyen français où soi pouvait être complément d'objet.
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1 (Personnes). Qui dit, qui prétend être telle ou telle chose (→ Se dire, se prétendre). || Les soi-disant gastronomes (cit. 1), astrologues (→ 1. Mage, cit. 5).
REM. Soi-disant, formé avec un participe présent ayant pour objet direct soi, est normalement invariable. On l'a accordé au XVIIe s. (cf. Tallemant, Mme de Sévigné, in Littré : « ces sorcières ou soi-disantes »), et encore au XVIIIe s. :
1 Enfin madame Goëzman fut si longtemps à chercher, répétant toujours la soi-disante audience (…) le greffier la plume en l'air, et nos six yeux fixés sur elle, que M. de Chazal, commissaire, lui dit avec douceur : « Eh bien ! madame, qu'entendez-vous par la soi-disante audience ? »
Beaumarchais, Mémoires… dans l'affaire Goëzman, p. 62.
2 (XVIIIe). Personnes et choses. Qui n'est pas ce qu'il semble être, qui n'est pas vraiment… ⇒ Prétendu; censé, présumé.
REM. Cette extension de sens justifie non seulement l'emploi de soi-disant en parlant des choses, emploi combattu par les puristes et abondamment illustré (cf. Marivaux, Flaubert, Fromentin, Montherlant, Barrès…, in Grevisse); mais aussi celui de soi-disant en parlant des personnes à qui l'on conteste un caractère qu'elles n'affirment pas elles-mêmes : « les caillettes et les cafards, ou soi-disant tels, que le Conseil mettait en avant » (→ Cabaler, cit. 2, Rousseau). « Le soi-disant escroc était un honorable diplomate » (phrase qualifiée d'« ineptie », de « faute… primaire » par A. Thérive, Querelles de langage, I, p. 128).
2 (…) les soi-disant fanatiques de l'antiquité, qui ne sont pas capables de discerner une statue grecque d'une statue romaine.
Th. Gautier, Portraits contemporains, « Simart ».
3 J'ajoute que, dans l'immense majorité des cas, la soi-disant liberté de pensée reste parfaitement illusoire.
Gide, Journal, 29 août 1933.
4 (Cette locution) n'est donc tout à fait en situation qu'appliquée à un nom de personne : « Plus, sa fille, au moins soi-disant telle, … » Rac., Plaid., 452-53; « La soi-disant comtesse » Daudet, Jack (la personne qui se dit comtesse). Par analogie on a appliqué l'expression aux choses; avant tout à celles que l'on peut présenter comme personnifiées : « La bureaucratie soi-disant militaire » M. Prévost, L'homme vierge, I, 57; « … Des liaisons soi-disant indestructibles » Fromentin, Domin., II; … et, semblablement, même à plus d'une autre chose dont la personnification n'est guère concevable : (Il étala) « des bronzes antiques ou soi-disant tels » (prétendus tels) Th. Gautier, Le pied de momie.
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §266.
3 ☑ (Av. 1834, Béranger). Loc. adv. Prétendument, d'une manière apparente, présumée… Soi-disant pour… parce que… || Il aurait soi-disant démissionné.
5 Flore poussa un cri de joie en acceptant ce charmant souvenir, qu'elle épingla vite à sa ceinture; il fut convenu que, vis-à-vis de Lécurou, elle se serait soi-disant payé elle-même cette fantaisie.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 274.
4 ☑ (XXe). Loc. conj. Fam. Soi disant que : on prétend, il paraîtrait que.
6 Un petit môme que j'ai dessalé, que j'ai pris la peine d'éduquer et qui se permet d'être incorrect, qui prétend m'envoyer rebondir du jour au lendemain, soi-disant qu'il serait trop jeune pour avoir une femme.
M. Aymé, le Chemin des écoliers, VII, (1946).
Encyclopédie Universelle. 2012.