sermon [ sɛrmɔ̃ ] n. m.
1 ♦ Discours prononcé en chaire par un prédicateur (en particulier, catholique). ⇒ homélie, prêche, 1. prédication. « Le sujet de son sermon était la charité » (Hugo). Les sermons de Bossuet.
♢ Le Sermon sur la montagne, au cours duquel Jésus énuméra à ses disciples les huit béatitudes.
2 ♦ (1608) Péj. Discours moralisateur généralement long et ennuyeux. ⇒ prêchi-prêcha, remontrance (cf. Leçon de morale). « Il prenait la défense des petits, faisait des sermons aux grands » (Proust). ⇒ sermonner.
● sermon nom masculin (latin sermo, -onis, discours) Prédication faite au cours de la messe. Remontrance importune, discours moralisateur et ennuyeux. ● sermon (citations) nom masculin (latin sermo, -onis, discours) Alfred de Musset Paris 1810-Paris 1857 Un jeune curé fait les meilleurs sermons. Un caprice, 8, Chavigny ● sermon (synonymes) nom masculin (latin sermo, -onis, discours) Prédication faite au cours de la messe.
Synonymes :
- homélie
- prêche
- prédication
- prône
sermon
n. m.
d1./d Discours prononcé en chaire pour instruire et exhorter les fidèles. Les sermons de Bossuet.
d2./d Péjor. Discours ennuyeux et moralisateur; remontrance.
⇒SERMON, subst. masc.
A. — RELIG. Discours prononcé par un prédicateur, généralement un prêtre catholique, pour instruire ou pour exhorter les fidèles. Synon. homélie, prédication, prêche. J'aime mieux le prône de Saint-Louis que le sermon de Saint-Roch (E. DE GUÉRIN, Lettres, 1838, p. 201). Le style de ses allocutions et de ses sermons avait les larges inflexions, les amples courbes, les mouvements de draperie de celui de Bossuet (BILLY, Introïbo, 1939, p. 67).
♦ P. méton., vieilli. Aller au sermon. Aller à l'église écouter le sermon. Tu vas au cabaret plus souvent qu'au sermon (HUGO, Roi s'amuse, 1832, p. 449).
SYNT. Long sermon; sermon édifiant; sermon du curé, du pasteur, du prédicateur; sermon du dimanche; sermon du Carême, de l'Avent; sermon en deux, trois points; canevas, thème, sujet d'un sermon; composer un sermon; écouter, entendre un sermon.
Rem. Prêche s'emploie surtout pour une prédication faite par un ministre protestant; par ailleurs, le sermon est le plus souvent de nos jours une homélie (v. ce mot ex. 2).
— LITT. Genre littéraire, à son apogée au XVIIe s. Sermon sur l'Église, sur la mort, sur la parole de Dieu; sermons de Bossuet, de Fléchier, de Massillon. On trouve souvent scolastique et artificielle la division, au XVIIe siècle du sermon en trois points. En réalité elle lui est aussi nécessaire, aussi consubstantielle, que les cinq actes le sont au poème dramatique (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 54).
— P. anal. [P. allus. à Matth. V-VII inclus et Luc VI, 17-49] Sermon sur la montagne. Paroles du Christ prononcées au début de sa vie publique sur une hauteur dominant le lac de Tibériade et révélant à ses disciples et à la foule son message messianique, l'idéal nouveau de l'Évangile et les Béatitudes. Ceux qui sont allés jusqu'à nier l'existence de Jésus n'empêcheront pas le Sermon sur la montagne de figurer dans l'Évangile (BERGSON, Deux sources, 1932, p. 254). V. montagne I A 2 ex. de Du Bos.
B. — Souvent péj. Discours moralisateur, généralement long et ennuyeux, adressé à une personne pour l'exhorter, lui reprocher sa conduite, l'engager à la modifier. Synon. reproches, réprimande, savon (fam.), semonce. Débiter, subir un sermon. Mon père adoptif me fit un long sermon pour me démontrer les avantages du travail, et m'envoya le jour même à l'école (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 51). La mère de Pouthier, reprochant à son fils de n'avoir encore ni une situation ni une carrière ni un gagne-pain, terminait son sermon maternel par cette phrase admirable: « À ton âge, j'étais déjà mère! » (GONCOURT, Journal, 1856, p. 266).
REM. Sermonnade, subst. fém.; sermonnement, subst. masc., rare, fam., synon. (supra B). Si ma mère la surprenait, perchée comme moi sur un prunier, quelle sermonnade! Je l'entends d'ici dire: Fi donc! mademoiselle! (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 59). Tout de suite, la grosse nonne fila doux. Elle joignit les mains et, tête baissée, écouta un long sermonnement à voix basse (GIONO, Hussard, 1951, p. 169).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Éty-mol. et Hist. 1. a) 2e moit. Xe s. « exhortation, discours fait aux fidèles par un prêtre » (St Léger, éd. J. Linskill, 35: Et in raizons bels oth sermons [Lethgiers]; v. note de l'éd.); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 2243); cf. fin XIIe s. (Sermons St Bernard, 1 ds T.-L.: Ci encomencent li sermon saint Bernart); b) fin Xe s. désigne le discours fait par le Christ après la Cène (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 109: a cel sopar un sermon fiz); 2. 1121-34 « langue, idiome » sermun latin (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, 2337 ds T.-L.); 3. 1119 « propos, discours [prolixe] » ne plus faire sermun (ID., Comput, 2034 ibid.); ca 1165 faire lons sermons (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 19467, ibid.); 4. ca 1180 « récit aboutissant à une moralité, fable » (MARIE DE FRANCE, Fables, 52, 29, ibid.); ca 1210 traire a sermon [aucune rien a aucun] « faire des remontrances à quelqu'un » (HERBERT DE DAMMARTIN, Fouque de Candie, 10790, ibid.); 1608 « remontrance importune » faire un sermon (M. REGNIER, Satires, XII, 292 ds Œuvres, éd. G. Raibaud, p. 164). Empr. au lat. sermo, -onis, dans la lang. class. « paroles échangées, entretien, propos; langage familier; langue, idiome [latinus, graecus sermo]; manière de s'exprimer, style »; dans la lang. chrét. « sermon familier, homélie, prédication » (2e moit. IVe s. ST AMBROISE ds BLAISE Lat. chrét.). Le sens 4, peut-être sous l'infl. de sermonner (FEW t. 11, p. 516a). Fréq. abs. littér.: 863. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 529, b) 1 071; XXe s.: a) 897, b) 1 250. Bbg. RICHARD Kirchenterminologie 1959, pp. 85-86, 88, 114.
sermon [sɛʀmɔ̃] n. m.
ÉTYM. 1080; « discours » (du Christ sur la terre), v. 980; lat. sermo « conversation », puis « discours, sermon ».
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1 Discours prononcé en chaire par un prédicateur (en partic. catholique). ⇒ Homélie, prédication, prône. || Sermon catholique et prêche protestant. || Faire un sermon. ⇒ Prêcher (cit. 3), prédicateur; prêtre. || Sermon sur un passage, un verset de l'Écriture (⇒ Texte), prononcé à la messe, après l'Évangile. || Sujet d'un sermon (→ Gagner, cit. 28). || Suite des sermons de l'Avent, du carême (⇒ Station). || Sermon dominical. || Sermon banal, plat (⇒ Capucinade, vx), édifiant, onctueux; plein d'onction… — En plein sermon (→ Modèle, cit. 1). — Genre littéraire du sermon (éloquence de la chaire). || Sermons de Bossuet (sur la parole de Dieu, sur la mort…), de Bourdaloue, de Massillon, de Fléchier…
1 Nous entendîmes, après dîner, le sermon du Bourdaloue, qui frappe toujours comme un sourd, disant des vérités à bride abattue (…)
Mme de Sévigné, 794, 29 mars 1680.
2 (…) Ursus, adroit, désarma Sa Grâce en lui récitant un sermon de lui, Ursus, sur le saint jour de Christmas, que l'archevêque, charmé, apprit par cœur, débita en chaire et publia, comme de lui archevêque.
Hugo, l'Homme qui rit, I, I, Chap. prélim., I.
♦ Par anal. || Le sermon sur la montagne, au cours duquel Jésus énuméra les huit béatitudes (Évangile selon saint Matthieu, V, 7; Évangile selon saint Luc, VI, 20). — Les sermons prononcés par Bouddha.
2 (V. 1131). Péj. ou iron. Discours moralisant, généralement long et ennuyeux. ⇒ Catéchisme (fig.), exhortation, harangue, remontrance; sermonner (→ Assommant, cit. 2; exhorter, cit. 1; laïus, cit. 2). || Un sermon en trois points (cit. 80).
3 (…) je te dirai encore, ma jolie prêcheuse, qu'il est inutile de vouloir donner le change à mes droits, et qu'un amour affamé ne se nourrit point de sermons.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, I, XLV.
4 — C'est l'usage des pères, lorsque leurs enfants partent pour la capitale, de leur faire un petit sermon. Ne fréquentez point mauvaise compagnie; rendez-vous agréable à vos supérieurs, par de l'exactitude à remplir vos devoirs; conservez votre religion; fuyez les filles de mauvaise vie, les chevaliers d'industrie, et surtout ne signez jamais de lettres de change.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 696.
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DÉR. Sermonnaire, sermonner.
Encyclopédie Universelle. 2012.