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saignée

saignée [ seɲe ] n. f.
sainie 1190; de saigner
1Évacuation provoquée d'une certaine quantité de sang. Saignée générale, par ouverture d'une veine ( phlébotomie) , ou d'une artère ( artériotomie) . Saignée locale, des petits vaisseaux superficiels (sangsues, ventouses scarifiées). Ordonner, pratiquer une saignée ( lancette) . L'émission sanguine ainsi provoquée. Saignée copieuse.
Fig. Perte de substance. « Les saignées que j'avais faites au coffre-fort » (Lesage). Pertes d'hommes, par la guerre, l'émigration, etc. hémorragie. « La France a subi deux terribles saignées en cent ans, une au temps des guerres de l'Empire, l'autre en 1914 » (Sartre).
2Pli entre le bras et l'avant-bras où se fait souvent la saignée. La saignée du bras. « mon pot de fleurs coincé à la saignée d'un bras » (Blondin).
3Fig. Rigole, petit canal creusé pour tirer de l'eau (pour le drainage, l'irrigation). « la branche de Rosette [du Nil] n'est qu'une large saignée » ( Nerval).

saignée nom féminin (de saigner) Évacuation de sang provoquée à des fins médicales ; quantité de sang ainsi évacuée. (Elle est obtenue par introduction d'une aiguille dans une veine du pli du coude.) Littéraire. Pertes humaines importantes au cours d'une guerre : La terrible saignée de 1914. Dépenses qui font un trou dans le budget : Une saignée dans le Trésor public. Mines Sillon creusé dans une veine de minerai par un outil de machine d'abattage. Sylviculture Entaille faite dans le fût d'un arbre sur pied pour en extraire un liquide (résine, latex). Technique Entaille profonde et de faible largeur faite à l'aide d'un outil tranchant. Travaux publics Petit canal ménagé dans l'accotement d'une route, pour évacuer les eaux collectées sur la rive de la chaussée. Usinage Opération de tournage consistant à détacher une pièce terminée par une coupe perpendiculaire à l'axe de la rotation.

saignée
n. f.
d1./d Opération ayant pour objet d'extraire des vaisseaux une certaine quantité de sang.
d2./d Pli formé par le bras et l'avant-bras, où se pratique la saignée.
d3./d Fig. Prélèvement abondant. Saignée fiscale.
|| Grande perte d'hommes. L'effroyable saignée de la guerre de 1914-1918.
d4./d TECH Rigole, tranchée pratiquée pour établir un drainage, une irrigation.
|| Longue entaille. La saignée dans le mur recevra une canalisation.

⇒SAIGNÉE, subst. fém.
A. — MÉD., ART VÉTÉR.
1. MÉD. Évacuation d'une certaine quantité de sang (par ponction ou section d'une veine, généralement au pli du coude), notamment à des fins thérapeutiques. Arrêter une saignée; saignée faite à propos, formellement contre-indiquée; saignée thérapeutique; saignée générale; saignée par ouverture d'une veine (ou phlébotomie), d'une artère (ou artériotomie); saignée locale, capillaire (des petits vaisseaux capillaires à l'aide de ventouses scarifiées ou de sangsues). Il se trouve que le sang, dans les membranes du nez et des yeux, se filtre en quelque sorte par la pression qu'il exerce, ce qui délivre les poumons et le cœur à la manière d'une saignée naturelle (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 154). Dans les deux cas la pratique de la méthode de respiration artificielle de Schoeffer s'impose, avec, comme complément, dans le cas du noyé cyanosé, la saignée par coupure au lobe de l'oreille (R. VUILLEMIN, Éduc. phys., 1941, p. 161).
BIOL. Saignée de laboratoire. Saignée visant à prélever sur un animal donneur une quantité de sang dont le sérum possède des propriétés spéciales (immunigènes ou hémostatiques) sans pour cela provoquer la mort du donneur (d'apr. VILLEMIN 1975).
2. ART VÉTÉR. Saignée (thérapeutique). Saignée consistant à soustraire à des fins thérapeutiques une partie du sang de l'animal, de manière à décongestionner tel ou tel organe ou appareil. Les accidents de la saignée sont la piqûre de la carotide et la phlébite (Lar. encyclop.).
3. Domaine relig. [P. réf. aux relig. juive et musulmane] Saignée rituelle. Méthode de sacrifice des animaux de boucherie (Lar. encyclop.).
B. — 1. P. méton.
a) Pli formé par le bras et l'avant-bras où se pratique souvent la saignée; ouverture par laquelle se faisait cette dernière. Pratiquer une saignée, (recevoir) un coup sur la saignée. L'homme se détacha de sa compagnie (...) et s'arrêta devant l'Empereur, l'arme à la saignée (D'ESPARBÈS, Grogne, 1905, p. 6). Parade: prendre appui à la saignée des bras de l'adversaire et le repousser en arrière (R. VUILLEMIN, Éduc. phys., 1941p. 174).
b) Quantité de sang ainsi retirée. Une grande saignée; saignée abondante, copieuse, légère; juger la saignée suffisante. La sœur Julie: Me saigner encore? Merci! La sœur Flavie: Quoi! Une petite saignée vous fait peur,quand Jésus-Christ a donné tant de son sang pour vous? (MONTHERL., Port-Royal, 1954, p. 994).
2. P. métaph. ou au fig.
a) Pertes, sacrifices financiers consentis ou imposés. Nombreuses saignées dans le porte-monnaie; une rude saignée à la bourse (de qqn), à son coffre fort. Un malheureux million! Joseph était assez fort pour supporter cette petite saignée sans dommage (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 193). En Espagne au moment de la conquête de l'Amérique, quand les doublons de Ferdinand le Catholique et d'Isabelle sont exportés à l'étranger en dépit de toutes les mesures par lesquelles on cherche à tarir cette saignée (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 348).
Saignée économique, fiscale. Une nouvelle envolée [de l'essor de l'automobile] suivra la victoire [après la 2e Guerre mondiale], mais en traduisant, d'une façon générale, les pénuries dues à la terrible saignée économique que représentent cinq ans de conflit (TINARD, Automob., 1951, p. 336). Faire une saignée fiscale sur le bénéfice d'une entreprise (QUILLET 1965).
b) Grande perte d'hommes du fait d'une guerre, de l'émigration. L'effroyable saignée de la Première guerre mondiale; (provinces) soumise(s) à une épuisante saignée. Si les catholiques étaient des hommes, des fils pieux et charitables, ils recommenceraient, d'une façon beaucoup plus sérieuse, la saignée qui fut si bénigne en 1572 (BLOY, Journal, 1902, p. 113).
c) [Dans un domaine affectif, psychol.] Étranges cures modernes de la neurasthénie, qui substituent à une maladie du moi une autre maladie, l'hypertrophie du moi! Que ne pratiquez-vous une saignée à leur égoïsme, ou, par quelque réactif moral, que ne ramenez-vous leur sang, s'ils n'en ont pas de trop, de leur tête à leur cœur! (ROLLAND, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1210).
C. — Empl. spéc.
1. [Avec idée d'écoulement]
a) ARBORIC. Extraction par incision, de divers sucs végétaux circulant dans certains organes de plantes (latex, résine, jus sucrés). Les saignées [des hévéas] doivent être arrêtées dès que l'on constate que la proportion de gomme contenue dans le latex diminue (GRAFFIGNY, Industr. caoutch., 1928, p. 30). Les matières sucrées du commerce sont extraites des sucs de quelques plantes seulement, par pression, par diffusion ou même par incision ou saignée de la plante: canne à sucre, betterave à sucre, érable, sorgho, palmier (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 23).
P. méton. L'incision faite à cet effet. Les gemmeurs des Landes pratiquent la saignée dans le tronc du pin à hauteur d'homme (Lar. Lang. fr.).
b) Rigole pratiquée pour tirer de l'eau ou la faire écouler. Faire une saignée dans un étang, dans un cours d'eau (ruisseau, rivière), au travers d'un accotement (surélevé par rapport à la chaussée), dans une canalisation; assainir au moyen de saignées; faire des saignées pour dessécher un marais. On (...) [dirige] les eaux [de la cour à marchandises] (...) en plaçant (...) un caniveau (...) avec saignées transversales à travers la voie (BRICKA, Cours ch. de fer, t. 1, 1894, p. 268). Le renard se régale encore de vers blancs. Les gros vers à peau tendue, que l'on voit cheminer en ondulant, après les semailles, le long des saignées (...) c'est là qu'on le chasse (...). Il arrive, suit la saignée, et absorbé par les vers, marche dans le piège et s'y prend (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 140).
2. [Sans idée d'écoulement]
a) Gorge, gouttière pratiquée dans un objet. Aussi leur préfère-t-on [aux fleurets creux] souvent les fleurets hélicoïdes qui portent une saignée hélicoïdale (BRESSON, Manuel prospect., 1923, p. 266).
b) Entaille plus ou moins longue.
) CARR. [Gén. en forme de triangle et de peu de profondeur, pratiquée dans la masse pour amorcer une encoignure ou une tranche] Ces saignées [faites sur les deux faces des gradins d'une carrière] sont tracées d'abord sur la partie supérieure jusqu'à rencontrer une fente naturelle de la roche (J. CAHEN, BRUET, Carrières, 1926, p. 71).
) CONSTR. [Dans une maçonn. pour dégager une pièce de charpente ou de menuiserie, pour amorcer un sondage ou encore pour encastrer des tuyaux, des fils électriques, etc.] [Dans le chauffage indirect par l'eau chaude] les conduites de distribution formant en même temps surfaces chauffantes sont disposées dans des sortes de saignées verticales pratiquées dans les murs (SER, Phys. industr., 1890, p. 872).
Prononc. et Orth.: [], [se-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 « coup qui fait saigner » (Enéas, 3650 ds T.-L.); 2. 1216 sainnïe « ouverture d'une veine pour tirer le sang » (GUILLAUME LE CLERC, Fergus, 66, 3, ibid.); p. métaph. et fig. 1660 « ce que l'on tire comme le sang » (MOLIÈRE, Précieuses, 12); 1694 c'est une rude saignée qu'on lui a faite « on a tiré de lui beaucoup d'argent » (Ac.); 3. XIIIe s. sainée « partie interne du bras où se fait la saignée » (Gaufrey, éd. F. Guessard et P. Chabaille, 5721); 4. 1555, 8 mars fig. « rigole » (Journal du Sieur de Gouberville ds POPPE 1936, p. 40); 5. 1796 « incision faite à un arbre » (Encyclop. méthod., Art aratoire et du jard.). Part. passé subst. de saigner.

saignée [seɲe; sɛɲe] n. f.
ÉTYM. 1560; sainie, v. 1190; sainiee, saigniee, v. 1130; de saigner.
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I
1 Évacuation provoquée d'une certaine quantité de sang. || Saignée par ouverture d'une veine ( Phlébotomie), d'une artère (saignée générale), par soustraction de sang des capillaires (saignée locale : ventouses scarifiées, sangsues). || Ordonner, pratiquer une saignée. Lancette (cit. 2), palette. → Beau, cit. 81. || Traitement de la congestion, de l'inflammation (antiphlogistique) par la saignée. || Saignée dérivative ( Dérivation).Par ext. L'émission sanguine ainsi provoquée. || Une saignée copieuse, de plus d'un litre.
tableau Lexique de la chirurgie.
2 (1659, Molière). Par métaphore ou fig. Perte de substance. || Les saignées que j'avais faites au coffre-fort (→ Expédient, cit. 10).
1 Si le malheur voulait que les Juifs fussent chassés d'Europe, elle en resterait appauvrie d'intelligence et d'action, jusqu'au risque de la faillite complète. Chez nous particulièrement, dans l'état de la vitalité française, leur expulsion serait pour la nation une saignée plus meurtrière encore que l'expulsion des protestants au XVIIe siècle.
R. Rolland, Jean-Christophe, Dans la maison, II, p. 1007.
Pertes d'hommes, par la guerre, l'émigration, etc.
2 La France a subi deux terribles saignées en cent ans, une au temps des guerres de l'Empire, l'autre en 1914 (…)
Sartre, le Sursis, p. 90.
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II Par métonymie.
1 (XIIIe, sainée.) Pli entre le bras et l'avant-bras où se fait souvent la saignée. Coude (pli du coude). || La saignée du bras (→ Grain, cit. 20). || À la saignée (→ Labourer, cit. 8).
3 (Mme Dandillot) glissa la main sous le bras de sa fille; tâta la saignée, où la sueur nocturne des affaiblis (qui avait traversé la chemisette) stagnait, comme l'humidité dans un repli de terrain où le soleil ne pénètre jamais (…)
Montherlant, les Lépreuses, II, XVI.
2 (1555). Rigole, petit canal creusé pour tirer de l'eau (pour le drainage, l'irrigation). Par comparaison :
4 (…) car la branche de Rosette (bras occidental du Nil), plus fréquentée des voyageurs d'Europe, n'est qu'une large saignée qui se perd à l'occident.
Nerval, Voyage en Orient, Femmes du Caire, V, VI.
(XXe). Par ext. Entaille longitudinale. || Pratiquer une saignée dans un mur pour y loger des fils électriques, dans un arbre pour recueillir la sève.

Encyclopédie Universelle. 2012.