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revancher

revancher (se) [ r(ə)vɑ̃ʃe ] v. pron. <conjug. : 1>
• 1265 ; soi revengier XIIe; de re- et vengier, venchier venger
Vx ou littér. Prendre sa revanche, rendre la pareille, reprendre le dessus. Vulvain « avait à se revancher d'une mère qui l'avait créé aussi laid » (Henriot).

⇒REVANCHER, verbe trans.
Vieilli ou littér.
A. — Empl. trans. Donner à quelqu'un ou à quelque chose la possibilité, les moyens de racheter une défaite par une victoire. Quelle occasion de revancher sa grand'mère, sa mère, elle-même, d'assouvir cette rancune coriace! (ARNOUX, Rossignol napol., 1937, p. 100). Elle est tombée, Babylone la Grande! Et toi, ô ciel, réjouis-toi sur elle! Martyrs, poussez des cris de joie sur elle parce que Dieu sur elle a revanché votre cause! Elle a péri, Babylone la Grande! (CLAUDEL, Poés. div., 1952, p. 844).
B. — Empl. pronom. Prendre sa revanche, rendre la pareille, reprendre le dessus. On escompte que, blessé, je voudrai blesser; que, souris ici, pour me revancher je me ferai matou là (MONTHERL., Reine morte, 1942, III, 6, p. 216).
Se revancher + constr. prép. de, sur. Le malheur le rendait injuste. Il se revanchait sur ceux qui ne lui voulaient pas de mal et quelquefois sur de plus faibles que lui (A. FRANCE, Crainquebille, 1904, p. 46). Les extrémistes de gauche veulent se revancher de l'espèce de « victoire » (plutôt par le martyre que par la violence) des émeutiers de droite (LARBAUD, Journal, 1934, p. 286).
REM. Revancheur, -euse, subst. Personne qui venge quelqu'un. (Dict. XIXe s.).
Prononc. et Orth.:[], (il) revanche [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1165 « se venger » (Troie, 24326 ds T.-L.: se rest ... vengiez); 1269-1278 soi revanchier « id. » (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 5175); b) 1345 revengier « se défendre contre une attaque » (Miracles N.D. par personnages, éd. G. Paris et U. Robert, VII, 745); c) 1690 se revencher sur qqc. « se dédommager au moyen de » (FUR.); 2. a) ca 1175 revengier « venger » (Horn, éd. M. K. Pope, 2744); b) 1488 revancher « tirer vengeance de » (Lettres de Charles VIII, éd. P. Pélicier, t. 1, p. 332); c) 1669 « secourir et défendre quelqu'un qui est attaqué » (WIDERHOLD Fr.-All.). Formé de re- et de vengier ou de sa var. venchier (venger).

revancher [ʀ(ə)vɑ̃ʃe] v. tr.
ÉTYM. Fin XIIe, revengier « venger »; de re-, et vengier, var. anc. de venger, d'après revanche.
(1669). Vx ou régional. Soutenir (qqn) dans sa revanche, aider (qqn) à prendre sa revanche.
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se revancher v. pron.
ÉTYM. (V. 1265; soi revengier, v. 1175).
Vx ou littér. Prendre sa revanche; rendre la pareille, reprendre le dessus. || Se revancher après une défaite. || Se revancher de qqch., de qqn : tirer vengeance de qqch., se venger de qqn. || Se revancher d'un ennemi.
1 Pour vous en revancher conservez ma mémoire (…)
Corneille, le Cid, V, 7.
2 (…) il y a un moment, je ne puis que le redire, où la nature des choses (y compris la conscience des peuples), trop méconnue, se soulève et se revanche, où l'univers, qu'on voudrait étreindre, reprend le dessus (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 3 déc. 1849.
3 (…) Vulcain s'acquitta avec plaisir de la mission. Il avait à se revancher d'une mère qui l'avait créé aussi laid.
Émile Henriot, Mythologie légère, p. 84.
DÉR. Revanche.

Encyclopédie Universelle. 2012.