venger [ vɑ̃ʒe ] v. tr. <conjug. : 3>
• 1080; vengiar 980; lat. vindicare « réclamer en justice »
1 ♦ Dédommager moralement (qqn) en punissant son offenseur, la personne qui lui a nui. Venger qqn d'un affront. Personne ne le vengera. « Va, cours, vole et nous venge » (P. Corneille). — Par ext. Venger son honneur, la mémoire d'un ami.
♢ (Sujet chose) Constituer une vengeance ou une compensation pour. « Ça me vengerait de tous mes puants d'officiers ! » (Balzac).
2 ♦ Réparer (une offense) en punissant l'offenseur. Venger un affront dans le sang. ⇒ laver.
3 ♦ SE VENGER v. pron. Rendre une offense (à qqn) pour se dédommager moralement. Se venger de qqn, d'une insulte. — Absolt Je me vengerai ! « Elle songea à se venger, mais à se venger d'une manière cruelle » (Diderot). Il se vengea du père sur le fils, en punissant le fils.
♢ Se dédommager (d'une offense) en punissant son auteur. Se venger d'une insulte, d'une injure. — Par ext. Trouver une compensation à (une humiliation, une contrainte). M. Godeau « se vengeait par sa morgue du tort de sa naissance » (Musset).
● venger verbe transitif (latin vindicare) Procurer réparation d'une offense, d'un préjudice en en punissant l'auteur : Venger ses parents. Il vengera cette insulte. Constituer le dédommagement, la compensation d'un préjudice subi : Ce succès le vengeait de ses échecs passés. ● venger (citations) verbe transitif (latin vindicare) Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 À qui venge son père, il n'est rien d'impossible. Ton bras est invaincu, mais non pas invincible. Le Cid, II, 2, Rodrigue ● venger (difficultés) verbe transitif (latin vindicare) Conjugaison Le g devient -ge- devant a et o : je venge, nous vengeons ; il vengea. ● venger (homonymes) verbe transitif (latin vindicare) ● venger (synonymes) verbe transitif (latin vindicare) Procurer réparation d'une offense, d'un préjudice en en punissant l'auteur
Synonymes :
- se laver de
Contraires :
- absoudre
- remettre
venger
v.
rI./r v. tr.
d1./d Donner à (qqn) une compensation morale pour l'offense qu'il a subie, pour le mal qu'on lui a fait, en châtiant l'offenseur, l'auteur du mal. Venger un mort.
|| (Sujet n. de chose.) Cela nous vengera.
d2./d Effacer, réparer (une offense) en châtiant son auteur. Venger un affront.
rII./r v. Pron. Se venger de.
d1./d Châtier (qqn) en lui rendant l'offense, le mal qu'il a fait. Se venger de qqn.
d2./d Réparer moralement (un affront, un acte nuisible) en châtiant son auteur. Se venger d'une humiliation.
⇒VENGER, verbe
I. — Empl. trans.
A. — 1. Qqn ou qqc. venge qqn. Dédommager moralement quelqu'un d'un affront ou d'un tort en punissant celui qui lui a nui.
a) Qqn venge qqn (de qqc.). Venger un ami, un innocent, sa patrie, la société, une victime. Mr Fogg ne laissera à personne le soin de le venger. Il est homme, il l'a dit, à revenir en Amérique pour retrouver cet insulteur (VERNE, Tour monde, 1873, p. 162). En 1918, il s'est engagé pour venger son frère, tué un an plus tôt (GREEN, Journal, 1950, p. 336).
— [P. méton. de l'obj.] Venger son autorité, l'autorité de qqn, son honneur, sa mémoire, sa réputation; venger la justice, la morale. Ma mémoire sera suffisamment vengée de l'injustice faite à ma personne (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 211).
— [P. méton. du suj.] Pauvre femme endormie depuis tant d'années, et dont le souvenir ne survit plus que dans le cœur exténué du vieillard que je suis, — qu'elle aurait souffert, si elle avait prévu comme le destin la vengerait! (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 33).
b) Qqn venge qqn (de qqn). [P. méton. du suj.] Il la pressa sur son cœur:— Chère victime de la corruption monarchique, mon amour te vengera de cet infâme (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 64).
2. Qqc. venge qqn (de qqc.). Constituer une vengeance, une réparation pour quelqu'un. La société est assez vengée par la condamnation lorsque le coupable est privé de ses biens (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 597). Wilfred ne l'écoutait pas [M. Schoenhals]. Il pensait à la phrase qu'il allait dire quand M. Schoenhals se serait tu, une phrase qu'il savourait d'avance, parce qu'elle le vengerait de longs mois d'ennui (GREEN, Chaque homme, 1960, p. 286).
B. — Qqn venge qqc. (sur qqn). Réparer un affront ou un tort causé à quelqu'un en punissant celui qui lui a nui. Venger la mort de qqn; venger une déception, une injure, une offense, un tort; venger un affront dans le sang; avoir un affront à venger; venger qqc. sur qqn. Ce terrible préjugé corse qui force à venger toute injure sur la personne qui l'a faite, sur ses descendants et ses proches (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Main, 1883, p. 889).
II. — Empl. pronom.
A. — Qqn se venge de qqn. Rendre une offense, une injure, un mal à celui qui a nui pour se dédommager moralement. Expr. synon. fam. garder, réserver un chien de sa chienne à qqn (v. chien1). Se venger d'un adversaire, d'un ennemi. Venez vous venger de moi avec malignité comme le savent les femmes haineuses (CLAUDEL, Tête d'Or, 1901, 3e part., p. 289).
— Littér. [Le suj. désigne un inanimé] La nature se venge de l'homme. L'amour, qu'il n'avoit jamais traité sérieusement, se vengea cruellement de lui (GENLIS, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 232). La vie est sainte et l'homme est mauvais; et la vie se venge de l'homme (MILOSZ, Amour. init., 1910, p. 113).
B. — Qqn se venge de qqc.
1. Obtenir réparation d'une offense ou de ce qu'on considère comme tel. Se venger d'une injure, d'une injustice, d'un mal. Il faut que je me venge de ce que ces canailles ont dit dans mon procès avec Granier (GONCOURT, Journal, 1864, p. 9). Je m'étais vu, soudain, en face d'une grande personne qui, après réflexion, se venge, d'un seul mot, de toutes les blessures à son amour-propre (LARBAUD, Journal, 1934, p. 309).
2. Prendre sa revanche sur, trouver une compensation à. Se venger de ses déboires, de ses échecs. [Pontchartrain] comme bien d'autres, se vengeait du ridicule par la terreur (NERVAL, Filles feu, Angélique, 1854, p. 518). La littérature permet de se venger de la réalité en l'asservissant à la fiction (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 37).
C. — 1. Qqn se venge. Exercer sa vengeance ou son désir de vengeance. Elle avait trompé le marquis pour se venger, rien que pour se venger (...) parce qu'il était vraiment trop bête et trop jaloux (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Sauvée, 1885, p. 1041). Ce n'est pas la même chose [de tromper sa fille], c'est pire. Mais je me vengerai. Je me sauverai à Paris, je me déshonorerai, je lui écrirai: « Voilà ce que vous avez fait de moi! Et il souffrira ce que j'ai souffert! » (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1136).
2. Qqn se venge (de qqc. ou de qqn) sur qqn/qqc. Exercer sa vengeance ou son désir de vengeance sur. Se venger sur un innocent; se venger du père sur les enfants. Pendant quelques minutes, la colère lui enleva la faculté de s'expliquer, et il semblait vouloir s'en venger sur une pile d'assiettes qui se trouvait malheureusement à sa portée (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 249). Il était de mauvaise humeur, et se vengeait sur sa petite élève, en relevant impatiemment les fautes de son jeu (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 786).
— [Le 1er compl. prép. est une prop. inf.] Il revoyait soudain le visage de Laforgue, de Rosenthal, de Daniel avec de profonds élans de haine, il se vengeait déjà sur eux de les avoir trahis (NIZAN, Conspir., 1938, p. 213).
3. Qqn se venge (de qqc. ou de qqn) par qqc. Exercer sa vengeance de telle ou telle façon. Se venger par la calomnie, par une dénonciation. L'insolence du concierge à qui l'on a retiré le ménage et qui se venge par mille tracasseries (HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 63). Les maquis engagent en détail la lutte contre l'occupant, qui se venge par des fusillades, des incendies, des arrestations d'otages, des amendes (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 170).
Prononc. et Orth.:[], (il) venge []. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. prend un e devant a et o: vengeant, vengeons. Étymol. et Hist. Ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 213). Du lat. vindicare « revendiquer en justice » d'où « venger, punir », dér. de vindex, -ici « répondant » d'où « vengeur ». Fréq. abs. littér.:2 670. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 5 356, b) 4 389; XXe s.: a) 3 618, b) 2 254.
venger [vɑ̃ʒe] v. tr. [CONJUG. bouger.]
ÉTYM. 1080; vengiar, v. 980; lat. vindicare « réclamer en justice, revendiquer ».
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1 Dédommager moralement (qqn) en punissant son offenseur, la personne qui lui a nui. || « Il faut venger un père et perdre une maîtresse » (→ Animer, cit. 20). || « Va, cours, vole et nous venge » (→ Ranger, cit. 10). || Venger un mort. || « Nous aurons le sublime orgueil (cit. 24) De les venger ou de les suivre ! » (la Marseillaise). — Venger qqn de qqch., au sujet de, pour (un affront, un tort subi). → Soufflet, cit. 3.
0.1 (…) vous imaginez-vous que la justice de Dieu n'attende pas ce malhonnête homme dans un autre monde pour venger celui-ci. Ah ! ne croyez pas le contraire, Monsieur, ne le croyez pas, ajoutai-je avec des larmes, c'est la seule consolation de l'infortuné, ne nous l'enlevez pas; dès que les hommes nous délaissent, qui nous vengera si ce n'est Dieu ?
Sade, Justine…, t. I, p. 54.
1 La Bourdonnais vengea le pavillon français en Asie (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 315.
♦ (Compl. n. de chose, abstraite et humaine). || Venger son honneur (→ Faire, cit. 56; humain, cit. 22). || Venger son autorité méconnue (→ Implacable, cit. 5). || Venger la mémoire d'un ami. || La satire… « Va venger la raison des attentats (cit. 11) d'un sot. »
♦ (Sujet n. de chose). Constituer une vengeance ou une compensation pour (qqn). || Une haine impuissante (cit. 16) qui ne nous venge point de leur élévation. || Ça nous vengerait d'eux (→ Pruneau, cit. 3).
2 Réparer (une offense) en punissant l'offenseur. || Venger un affront, un outrage (→ Armer, cit. 2; solidarité, cit. 1). || Venger une insulte dans le sang. ⇒ Laver. || Je vengerai l'injure qu'on lui a faite. — Venger (qqch.) sur (qqn). || Venger une offense sur son auteur, sur un tiers. || Le Dieu qui venge l'iniquité des pères sur les enfants (→ Génération, cit. 14).
2 (L'aigle) Remplit le ciel de cris, et, pour comble de rage,
Ne sait sur qui venger le tort qu'elle a souffert.
La Fontaine, Fables, II, 8.
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se venger v. pron.
ÉTYM. (1080).
♦ Plus cour.
1 a Rendre une offense (à qqn) pour se dédommager moralement (cf. Se faire justice, exercer des représailles, rendre le mal pour le mal… ⇒ Talion). || Se venger de qqn (→ Bon, cit. 68), d'un ennemi (cit. 2). || Je me vengerai de lui. → Je lui garde un chien de ma chienne, il ne l'emportera pas au paradis, je lui revaudrai ça, il me le paiera… — Absolt. || Le besoin de se venger (⇒ Ressentiment; vindicatif). || Quand j'ai à me plaindre de qqn je me venge (→ Manière, cit. 15). || Je me vengerai. || La société ne doit pas punir (cit. 7) pour se venger, elle doit corriger pour améliorer.
3 Tombe sur moi le ciel, pourvu que je me venge !
Corneille, Rodogune, V, 1.
4 Il n'y a point d'injure qu'on ne pardonne quand on s'est vengé.
Vauvenargues, Réflexions et maximes, DLXXIII.
5 Lorsque les premières fureurs furent calmées, et qu'elle jouit de toute la tranquillité de son indignation, elle songea à se venger, mais à se venger d'une manière cruelle (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 604.
♦ Se dédommager (d'une offense ou de ce qui est considéré comme tel) en punissant son auteur. || Se venger d'une insulte, d'une injure. || Je me vengerais de son impertinence (→ Médecin, cit. 2). || Se venger d'un bon mot par un autre bon mot (→ Épigramme, cit. 10).
♦ Se venger sur… : exercer sa vengeance sur… || Se venger de (qqn, qqch.) sur qqn : lui faire payer les torts d'un autre (→ Cyclope, cit. 1). || Se venger de son conjoint sur ses enfants.
b Trouver une compensation à (une humiliation, une contrainte, un ennui…). ⇒ Compenser. || Se venger de qqch.; absolt, se venger. || Ne pouvant avilir l'esprit, on se venge en le maltraitant (cit. 7). || Ils bouffonnent (cit.) pour se venger de leur sérieux.
6 (…) les hommes méconnus se vengent de l'humilité de leur position par la hauteur de leur coup d'œil.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 486.
7 M. Godeau, dont le nom, tant soit peu commun, soutenait mal une immense fortune, se vengeait par sa morgue du tort de sa naissance, et se montrait, en toute occasion, énormément et impitoyablement riche.
A. de Musset, Nouvelles, « Croisilles », I.
♦ Vx. || Se venger par (et inf.). || « N'ayant jamais pu réussir dans le monde, il se vengeait par en médire. » → Envieux, cit. 8, Voltaire.
2 (Passif). Être, devoir être vengé. || Une insulte se venge. || Cela se venge comme les assassinats (→ Irrémissible, cit. 1).
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DÉR. Vengeance. — V. Vengeur.
COMP. V. Revancher.
Encyclopédie Universelle. 2012.