renommée [ r(ə)nɔme ] n. f.
• renumée 1125; de renommer
1 ♦ Littér. Opinion publique exprimée et répandue sur qqn, sur qqch. ⇒ bruit. « La vérité s'accorde avec la renommée » (Racine). Apprendre qqch. par la renommée. — (1690) Dr. Preuve par commune renommée : mode de preuve exceptionnellement admise par la loi, dans laquelle les témoins déposent sur l'opinion commune (des voisins, du milieu).
♢ La Renommée : personnage allégorique (femme ailée, embouchant une trompette ou décrite avec cent bouches).
2 ♦ Cour. Connaissance (d'un nom, d'une personne, d'une chose) parmi un public étendu (plutôt laudatif).⇒ célébrité, considération, gloire, notoriété, popularité, renom, réputation. La renommée d'une grande marque. La renommée de qqn. Édifier, étendre sa renommée. « Et sur de grands exploits bâtir sa renommée » (P. Corneille). La renommée dont il jouit. — PROV. Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée.
● renommée nom féminin (de renommer) Littéraire. Opinion publique : Avoir une bonne renommée. Opinion favorable d'un large public sur quelqu'un, quelque chose : La renommée des vins de France. ● renommée (citations) nom féminin (de renommer) Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Je ne dois qu'à moi seul toute ma renommée, Et pense toutefois n'avoir point de rival À qui je fasse tort en le traitant d'égal. Poésies diverses, Excuse à Ariste Virgile, en latin Publius Vergilius Maro Andes, aujourd'hui Pietole, près de Mantoue, 70 avant J.-C.-Brindes 19 avant J.-C. [La Renommée] acquiert des forces dans sa course. Vires acquirit eundo. L'Énéide, IV, 175 Jacob Wimpfeling 1450-1528 Une bonne renommée est un second héritage. Honestus rumor alterum est patrimonium. La Jeunesse de Jacob ● renommée (expressions) nom féminin (de renommer) Preuve par commune renommée, mode de preuve qui consiste à faire déposer des témoins non sur des faits dont ils ont eu personnellement connaissance mais sur une opinion répandue dans le voisinage. ● renommée (synonymes) nom féminin (de renommer) Opinion favorable d'un large public sur quelqu'un, quelque chose
Synonymes :
- célébrité
- cote
- crédit
- gloire
- notoriété
- popularité
- renommée
- vogue
Contraires :
- obscurité
- ombre
- oubli
renommée
n. f. Renom. La renommée d'un écrivain.
|| DR Preuve par commune renommée, qui consiste à recueillir les déclarations de témoins qui déposent, non sur des faits, mais sur une opinion commune.
⇒RENOMMÉE, subst. fém.
A. — Rumeur que répand l'opinion publique à propos d'une personne ou d'une chose. Je résolus de faire la route à pied, et d'aller assez vite pour devancer la renommée des mauvaises nouvelles, qui marche si rapidement (BALZAC, Message, 1832, p. 209):
• Enfin, comme les envahisseurs (...) n'avaient accompli aucune des horreurs que la renommée leur faisait commettre tout le long de leur marche triomphale, on s'enhardit, et le besoin du négoce travailla de nouveau le cœur des commerçants du pays.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Boule de suif, 1880, p. 118.
— Personnage allégorique représenté généralement sous la forme d'une femme ailée embouchant une trompette. Les marchands d'eau en détail (...) tiennent des comptoirs enluminés et surmontés de Renommées en cuivre jaune avec des drapeaux qui ne le cèdent en rien aux magnificences des marchands de coco de Paris (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 95).
— DR. Enquête, preuve par commune renommée. Enquête, preuve fondée non sur les faits mais sur des témoignages relevant de l'opinion commune (voisins, milieu...). (Dict. XIXe et XXe s.).
B. — Considération élogieuse largement répandue dans le public et qui s'attache au nom d'une personne ou d'une chose. Synon. célébrité, gloire, notoriété, renom, réputation. [L'auteur] était du petit nombre de ces écrivains discrets (...) dont le nom entre dans la renommée sans que leur personne sorte de l'ombre (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 32). Les grandes renommées, même les plus solides, les plus « justes », sont toujours faites de circonstances et jamais les produits purs de l'acte (VALÉRY, Mauv. pens., 1942, p. 69).
— P. méton. Personne jouissant de cette considération. Le reste de la conversation se passa en feu roulant d'épigrammes lancées avec une verve intarissable sur d'autres renommées politiques et littéraires. Jamais Rivarol ne justifia mieux son surnom de saint Georges de l'épigramme (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1822, p. 116).
— Proverbe. Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée. ,,Il vaut mieux avoir l'estime publique que d'être riche`` (Ac. 1835-1935).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1121-34 « voix publique qui annonce quelque action remarquable » (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, éd. E. Walberg, 554); b) ca 1165 « personnage allégorique » (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 4315); c) 1690 dr. commune renommée (FUR.); 2. ca 1150 « réputation bonne ou mauvaise parmi un public étendu » (WACE, Vie de Saint Nicolas, éd. E. Ronsjö, 193); 3. 1615 proverbe bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée (PASQUIER, Rech., p. 678 ds LA CURNE). Part. passé fém. pris subst. de renommer. Fréq. abs. littér.:818. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 436, b) 889; XXe s.: a) 742, b) 480.
renommée [ʀ(ə)nɔme] n. f.
ÉTYM. 1125, renumée; de renommer. → Renom.
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1 Littér. Opinion publique exprimée et répandue sur qqn, sur qqch. ⇒ Bruit (infra cit. 24), voix (publique). || « La vérité s'accorde avec la renommée » (Racine, Bajazet, I, 2). || La vérité passe (cit. 112) la renommée. || Croire la renommée; apprendre, être instruit de quelque chose par la renommée. || Le bruit (→ Bonheur, cit. 15), les récits de la renommée (→ Étonnant, cit. 2). || Succès grossis par la renommée (→ Essaim, cit. 6).
1 — Votre précepteur, soit ! — Voilà pas un compagnon dédommageant, — et qui doit être gai, les soirs d'hiver, si j'en crois la renommée !
Villiers de L'Isle-Adam, Axël, II, 10.
♦ La Renommée : personnage allégorique, divinité mythologique (femme ailée, représentée souvent à cheval [→ Poil, cit. 4], embouchant une trompette ou décrite avec cent bouches…). || Le temple de la Renommée, à Athènes. — Poét. || Les ailes, le vol de la renommée. || Les trompettes, les cent voix de la renommée (→ Clabauderie, cit. 1; emboucher, cit. 3).
2 Se plante à son tombeau la vive Renommée
Ayant la trompe en bouche et l'échine emplumée,
Cent oreilles, cent yeux, cent langues et cent voix
Pour chanter tous les jours, tous les ans, tous les mois,
De la morte au passant la gloire et le mérite (…)
Ronsard, Épitaphes, « Tombeau de Marguerite de France ».
3 M. le duc de Chabot ayant fait peindre une Renommée sur son carrosse, on lui appliqua ces vers :
Votre prudence est endormie
De loger magnifiquement
Et de traiter superbement
Votre plus cruelle ennemie.
Chamfort, Caractères et anecdotes, La Renommée et le duc de Chabot.
REM. Il s'agit du sonnet de l'abbé Cotin (sonnet à Mlle de Longueville… sur sa fièvre quarte), repris par Molière, qui le prête à son Trissotin (les Femmes savantes, III, 2).
♦ Dr. || Preuve par commune renommée : preuve testimoniale, dans laquelle les témoins déposent sur l'opinion commune (de voisins, du milieu…).
4 Si nous avons une liquidation précédée d'un bout d'inventaire fait par commune renommée, remerciez-en notre subrogé-tuteur, qui nous a forcée d'établir une situation (…)
Balzac, le Contrat de mariage, Pl., t. III, p. 118.
2 Cour. Connaissance (d'un nom, d'une personne) parmi un public étendu. ⇒ Célébrité, considération, gloire, nom (spécialt), notoriété, popularité, publicité, renom, réputation (→ Atteindre, cit. 26; devoir, cit. 4., Corneille; fumée, cit. 16; idée, cit. 19). REM. Renommée insiste surtout sur l'étendue de la connaissance publique, à la différence de considération (cit. 6), de réputation; le mot peut être péjoratif, mais, dans l'usage, mauvaise renommée est plus rare que mauvais renom ou mauvaise réputation; en outre renommée est moins fort que célébrité et gloire (cit. 22). — La renommée de qqn, sa renommée. || Édifier, étendre (→ Entasser, cit. 7) sa renommée. || « Et sur de grands exploits bâtir (cit. 27) sa renommée ». || Faire (cit. 19) les renommées, détruire les renommées. || La renommée dont il jouit. || Sa renommée lui avait valu le surnom d'illustre (cit. 5). — Ma renommée de bienfaisance (→ Manteau, cit. 13). — Renommée posthume. ⇒ Mémoire (infra cit. 34); postérité. — ☑ Prov. Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée. — Absolt. (→ cit. 6).
5 On a dit que bonne renommée valait mieux que ceinture dorée; cependant qui a bonne renommée n'a pas ceinture dorée, et je vois qu'aujourd'hui, qui a ceinture dorée ne manque guère de renommée. Il faut, autant qu'il est possible, avoir le renom et la ceinture (…)
Diderot, le Neveu de Rameau, Pl., p. 450.
6 (…) il y a beaucoup de songes dans le premier enivrement de la renommée, et les yeux se remplissent d'abord avec délices de la lumière qui se lève; mais que cette lumière s'éteigne, elle vous laisse dans l'obscurité; si elle dure, l'habitude de la voir vous y rend bientôt insensible.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 222.
7 La plus immense des renommées est un bien que nulle puissance autre que celle du génie ne saurait créer.
Balzac, Louis Lambert, Pl., t. X, p. 428.
8 Cent victoires jetaient au vent cent renommées.
On voyait surgir les géants !
Hugo, les Châtiments, I, II, I.
9 (…) luttes obscures, travaux dans l'ombre, souffrances courageusement dévorées, renommée discutée d'abord, reconnue enfin, plus ou moins récompensée (…)
Th. Gautier, Portraits contemporains, « Ingres ».
10 — De quoi est faite très souvent la renommée d'un homme politique ? — de grandes fautes sur un grand théâtre !
Ed et J. de Goncourt, Journal, 1er janv. 1862, t. II, p. 5.
♦ La renommée de quelque chose.
11 Rien ne me gêne autant que la renommée d'un paysage (pour l'œuvre d'art, il n'en va pas de même : l'admiration l'étoffe et l'épaissit…)
Gide, Journal, 21 janv. 1946.
Encyclopédie Universelle. 2012.