raffiner [ rafine ] v. <conjug. : 1>
1 ♦ V. tr. Procéder au raffinage de. ⇒ épurer. Raffiner le sucre, le papier, le pétrole.
♢ (1604) Littér. Affiner. « Une haine qui raffinait sa sensibilité » (Flaubert).
2 ♦ V. intr. Rechercher la délicatesse ou la subtilité la plus grande. « pourquoi raffiner ? Le militant communiste ne doit pas s'embarrasser de tant de nuances » (Sartre). ⇒ subtiliser . — Raffiner sur l'élégance, sur la présentation (⇒ soigner) .
● raffiner verbe transitif (de affiner) Soumettre un produit brut (métal, corps gras, produit pétrolier, etc.) au raffinage. Littéraire. Orienter son comportement vers ce qui est plus délicat, plus subtil, plus rare : Raffiner ses manières. ● raffiner (difficultés) verbe transitif (de affiner) Sens et emploi Les deux verbes signifient « rendre plus fin », mais raffiner s'emploie surtout à propos d'opérations industrielles de purification. Cet écrivain a affiné sa pensée et son style. Raffiner du sucre, du pétrole. ● raffiner (synonymes) verbe transitif (de affiner) Littéraire. Orienter son comportement vers ce qui est plus délicat, plus...
Synonymes :
- affiner
- châtier
- ciseler
- épurer
- fignoler
- perler (vieux)
- policer
● raffiner
verbe transitif indirect
Littéraire. Pousser très loin ou trop loin la recherche de la qualité, de la délicatesse ou de la subtilité : Un homme qui raffine sur la toilette.
Rechercher le point de détail d'une manière excessive : Inutile de raffiner, l'essentiel est d'aller vite.
raffiner
v. tr. Soumettre (une matière brute) à une suite d'opérations ayant pour but de l'épurer ou de la transformer en un produit utilisable. Raffiner du sucre, du pétrole.
⇒RAFFINER, verbe trans.
A. — Empl. trans.
1. CHIM., INDUSTR. Rendre plus fin en débarrassant (une matière) de ses impuretés; opérer le raffinage (d'une matière). Synon. affiner, purifier. Raffiner le papier, le pétrole brut. Dans quelques années, j'espère que chacun d'eux [des érables] me donnera cinq livres de sucre. Déjà on commence à le raffiner (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 1, 1801, p. 281). Voici Bayonne, la ville bâtie par les Rockefeller pour raffiner leur pétrole (MORAND, New-York, 1930, p. 48).
2. Au fig.
a) Rendre plus délicat, plus subtil, plus recherché et élégant. Synon. affiner, fignoler (fam.), subtiliser (littér.). Raffiner qqn, son comportement. À force de pousser la science dans le sens des spécialités, de raffiner les détails (...), on arrive à une sorte de quintessence où tout se décompose (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 282). Aristide était un garçon dont l'éducation, un peu trop rustique, n'avait raffiné ni les manières ni le langage (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 5).
— Empl. pronom. Devenir plus délicat, plus cultivé. Du jour Où la société s'aiguise et se raffine Dans ses nombreux rapports, l'humanité décline Les actes violents (BARBIER, Satires, 1865, p. 114).
b) Absol. Rechercher dans quelque chose ce qui est le plus délicat, le plus subtil. Synon. subtiliser. Il s'appliqua, réfléchissant parfois sur une phrase, la tête entre les mains, raffinant, se riant à lui-même, quand il avait trouvé une expression tendre (ZOLA, Nana, 1880, p. 1304). Si l'on voulait raffiner, on pourrait dire... (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 186).
B. — Empl. trans. indir. Raffiner sur
1. Pousser à l'extrême le souci des détails, du soin et de l'élégance. Raffiner sur tout; raffiner sur l'honneur, sur l'hygiène, sur la propreté. En robe blanche d'infirmière, il n'est guère facile de raffiner sur la toilette (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 91). V. bourreler2 ex. 2.
— [Avec une autre prép.] L'on conçoit clairement que les mathématiques pourront raffiner autant qu'elles voudront dans leurs opérations (RUYER, Esq. philos. struct., 1930, p. 257). V. artificieux ex. 2.
2. Parfois péj. Pousser très loin, trop loin dans (un domaine donné). Synon. pinailler (fam.). Raffiner sur un détail. Cette inquiétude développait chez lui une tendance à raffiner sur la précision, à pousser trop loin ses recherches (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 160):
• À force de raffiner sur sa manière, de compliquer les choses, il [Corneille] en arrive à composer un pastiche de pastiche, comme si Héraclius n'était qu'une seconde mouture de Rodogune.
BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 253.
— [Avec une autre prép.] Quand on a l'honneur d'être, à un pareil degré, passionné et réfléchi, il faut soigner en soi une particularité aussi piquante. Raffinons soigneusement de sensibilité et d'analyse (BARRÈS, Homme libre, 1889, p. 13).
Prononc. et Orth.:[], (il) raffine []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Débarrasser (une substance) de ses impuretés 1. 1519 (Registre des Consaux 1519-1522, Arch. de Tournai, 3 janv. ds GDF. Compl.:a raffiné et rabillié les salpetres de ladicte ville); 2. 1669 métall. (WIDERHOLD Fr.-all.: rafiner [...] Expurgare metallum); 1671 (POMEY: raffiner de l'or); 1690 (FUR.: les metaux se raffinent); 3. 1680 sucr. (RICH.: rafiner le sucre [...] sucre rafiné); 4. 1690 fromage (FUR.: fromage raffiné); 5. 1765 papet. (Encyclop. t. 11, p. 836b, s.v. papeterie: rafiner [les chiffons sortant du dérompoir]); 6. 1890 pétrole (Lar. 19e Suppl., s.v. pétrole:le naphte est raffiné [...] pétrole raffiné); 1932 part. passé subst. « pétrole raffiné » (ROMAINS, Hommes de bonne volonté, t. 3, XVI, p. 208 ds ROB.). B. Rendre plus fin, plus délicat, plus subtil 1. a) 1600 (O. DE SERRES, Théâtre d'agriculture, lieu 6, chap. XXI, p. 656: l'art d'enter [...] raffiné par nouvelles additions); 1604 fig. (A. DE MONTCHRESTIEN, David, éd. L. Petit de Julleville, acte II, p. 212: Et purgez nos esprits et raffinez nos ames); 1608 (M. REGNIER, Satyre, IX, 51 ds Œuvres compl., éd. G. Raibaud, p. 95: leur experience A rafiné les vers fantastiques d'humeur Ainsi que les Gascons ont fait le point d'honneur); 1642 part. passé adj. (LA MOTHE LE VAYER, Vertu des païens, II, Avant-propos ds LITTRÉ: la plus raffinée perfection); 1853 part. passé subst. « caractère raffiné de quelque chose » (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, 2e éd., Paris, 1854, t. 7, p. 425: le raffiné des sentiments); b) 1666 absol. « rechercher la délicatesse, la subtilité » (BOILEAU, Satire, III, 125, éd. A. Cahen, p. 54: Quand on parle de sauce, il faut qu'on y raffine); 2. a) 1617 part. passé subst. les r'afinez, rafinez d'honneur « gentilshommes chatouilleux sur le point d'honneur » (D'AUBIGNÉ, Faeneste, l. I, chap. 8 et 9, éd. H. Weber, p. 689 [cf. la citat. de RÉGNIER, supra]); b) 1646 part. passé adj. et subst. « (personne) qui est d'une grande délicatesse, finesse, subtilité » (F. MAYNARD, Poésies, éd. F. Gohin, p. 73: Ces Catholiques rafinez; p. 21: la troupe des Rafinez); 1651 adj. (SCARRON, Roman comique, II, 19 ds Romanciers du XVIIe s., éd. A. Adam, p. 785: un Amant bien raffiné). C. 1660 absol. « pousser à l'extrême, exceller » (CORNEILLE, Suite du menteur, I, 6, vers 377: c'étoit en menterie un auteur très-célèbre, Qui sut y raffiner de si digne façon); av. 1704 part. passé adj. « qui témoigne d'une extrême recherche » (BOURDALOUE, Mystère Épiphanie, t. I, p. 127 ds LITTRÉ: du libertinage raffiné). Dér. de affiner; préf. r- (re-). Au sens A 3, cf. m. fr. refiner (1468, texte ds L. DE MAS LATRIE, Hist. de l'île de Chypre, t. III, p. 219 cité par R. ARVEILLER ds Mél. Horrent (J.), p. 11: pour le refiner [le sucre]). Fréq. abs. littér.:113.
raffiner [ʀafine] v.
ÉTYM. 1468, « raffiner le sucre »; comp. de re-, et affiner.
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I V. tr. (Concret); (correspond à raffinage, raffinerie). Débarrasser (une substance) de ses impuretés; diviser (un corps) en parties homogènes par des opérations effectuées au cours de la fabrication. ⇒ Affiner, épurer, purifier (vieilli). || Raffiner par sublimation, distillation, dissolution, cristallisation. || Raffiner le sucre, le pétrole (⇒ Raffinage; et aussi distiller). || Raffiner le papier (⇒ Raffineur).
REM. Pour les métaux, on dit plutôt affiner.
♦ Raffiner (ou affiner) le fromage : lui donner un goût plus fin par la fermentation (fromages affinés).
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II (Abstrait; correspond à raffinement).
1 (1650). Rendre plus fin, plus délicat, plus subtil. ⇒ Affiner. || Raffiner qqch. avec excès. ⇒ Alambiquer, subtiliser. || Raffiner son langage, son style (⇒ Fignoler), ses manières (⇒ Policer). || Une haine qui raffinait sa sensibilité (→ Essentiel, cit. 2). — Pron. || Se raffiner (→ Gastronomique, cit. 2).
1 (…) voyez (…) comme tout s'est raffiné sur notre Loire, et comme nous étions grossiers autrefois (…)
Mme de Sévigné, 807, 9 mai 1680.
2 (…) les femmes y sont (faubourg Saint-Germain) trop grandes dames pour, quand elles sont fines, y raffiner la finesse comme une actrice qui joue Marivaux.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Dessous de cartes… ».
2 V. intr. Rechercher la finesse, la délicatesse la plus grande (⇒ Raffinement). || Raffiner sur la propreté : mettre, porter un excès de recherche, de raffinement dans ce domaine (→ Passer, cit. 54). — Aller, pousser très loin (dans tel ou tel domaine).
3 (…) ils (…) raffinent sur le luxe et sur la dépense (…)
La Bruyère, les Caractères, VIII, 18.
4 (…) nous sommes en période de lutte, la situation est simple et les positions bien tranchées : pourquoi raffiner ? Le militant communiste ne doit pas s'embarrasser de tant de nuances.
Sartre, Situations III, p. 171.
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raffiné, ée p. p. adj.
1 (1690). Rendu plus pur par une opération de raffinage. ⇒ Affiné, fin. || Essence (cit. 21) raffinée. || Sucre raffiné. || La cassonade, sucre raffiné une seule fois. || Fromage raffiné (ou affiné), qui a subi une fermentation. — N. m. Produit pétrolier raffiné. || Du brut et du raffiné.
5 Favorisez le raffinage véritable (…) Mais obtenez que la douane ne se laisse pas passer sous le nez comme pétrole brut un raffiné astucieusement sali.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XVI, p. 208.
2 (1642). Qui est d'une extrême délicatesse, d'une grande finesse, d'une grande subtilité… ⇒ Délicat, subtil. || Une longue analyse raffinée (→ Captieux, cit. 3). — Le goût le plus raffiné (→ Exotique, cit. 7). || Fantaisie (cit. 37) raffinée. || Manières raffinées. ⇒ Élégant, gracieux. || Politesse, courtoisie raffinée. || Amusements cyniques et raffinés (→ Épicurisme, cit. 3). || Nourriture raffinée, cuisine, table raffinée. — Langage, style raffiné (⇒ Précieux), compliqué et raffiné. || L'art raffiné des grands rhétoriqueurs. || Les produits les plus raffinés de l'art (→ 2. Plante, cit. 7). || Architecture élégante et raffinée (→ Dentelle, cit. 5).
6 (Debussy) a le dédain aristocratique de ces orgies de sons, auxquelles l'art de Wagner nous a habitués; il est sobre et raffiné, comme une belle phrase classique de la fin du XVIIe siècle.
R. Rolland, Musiciens d'aujourd'hui, p. 204.
7 (Mallarmé) aima les mots pour leur sens possible plus que pour leur sens vrai et il les combina en des mosaïques d'une simplicité raffinée.
R. de Gourmont, le Livre des masques, p. 59.
♦ (Personnes). || Hommes raffinés (→ Incroyable, cit. 15). || Gourmet (cit. 4) raffiné. ⇒ Délicat, difficile. || Des sybarites raffinés. — Peuple raffiné. ⇒ Évolué, poli (1.). — Esprit raffiné et subtil. ⇒ aussi Adroit, fin, habile.
8 (…) les Français, si délicats en matière de goût, et si raffinés sur les plaisirs en tout genre (…)
d'Alembert, Éloge de Régnier-Desmarais, Œ. compl., t. II, p. 450.
♦ N. (Fin XVIe; au sens de « gentilhomme pointilleux sur l'honneur »). || Un, des raffinés : des personnes de mœurs raffinées, de goût raffiné. (→ Aristocrate, cit. 1; muguet, cit. 4).
9 Ses amis, d'ailleurs, étaient pareils à lui, des raffinés aussi, sans foi, sans prière, échangeant entre eux, à demi-mots légers, des pensées d'abîme…
Loti, Ramuntcho, I, I.
10 Voilà toute la pensée de ce raffiné de vertu (La Rochefoucauld), qui n'admet le bien dans l'homme, qu'à l'insu de l'homme (…)
Émile Faguet, Études littéraires, XVIIe s., p. 220.
REM. Certains dictionnaires distinguent une valeur péjorative, qui ne semble usuelle qu'avec le substantif.
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CONTR. (Du p. p.) Barbare, bestial, brut, campagnard, canaille, fruste, gros, grossier, lourd.
DÉR. Raffinage, raffinement, raffinerie, raffineur, raffinose.
Encyclopédie Universelle. 2012.