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propriétaire

propriétaire [ prɔprijetɛr ] n.
• 1263; lat. proprietarius, de proprietas « propriété »
1Personne qui possède en propriété, exerce à son profit exclusif le droit de propriété. Le possesseur d'un bien en est souvent le propriétaire. Propriétaire de biens meubles et immeubles. Le propriétaire d'une auto, d'un chien. Devenir propriétaire de qqch. acquérir. Remettre une chose à son propriétaire. Propriétaire de domaines, de forêts. Propriétaire d'actions.
2Spécialt (sans compl.) Personne qui possède en propriété des biens immeubles. Propriétaire foncier. Propriétaire terrien. Les grands, les petits propriétaires. Propriétaire exploitant, récoltant. « Ils étaient devenus propriétaires, un arpent, deux peut-être, achetés au seigneur dans l'embarras » (Zola). « Un pays où le plus pauvre est propriétaire, n'aspire qu'à l'être davantage » (F. Mauriac). Loc. Faire le tour du propriétaire : visiter sa maison, son domaine. « je te ferai faire le tour du propriétaire. Tu verras toute notre nouvelle installation » (Martin du Gard).
3Spécialt Personne qui possède un immeuble en propriété et le loue. fam. proprio; bailleur. Propriétaire et locataire. Loyer dû au propriétaire. Réparation à la charge du propriétaire. « Elle la rencontra devant sa maison, jetée elle aussi sur le pavé par son propriétaire » (Zola).

propriétaire nom (bas latin proprietarius) Personne qui possède un bien, un animal, etc. : Le propriétaire de la voiture est prié de la retirer. Titulaire d'un droit de propriété. Bailleur d'immeuble, par opposition au locataire. (Abréviation populaire : proprio.)

propriétaire
n. et adj.
d1./d Personne à qui une chose appartient en propriété. Le propriétaire de la voiture a pris la fuite.
|| adj. être propriétaire de sa maison.
d2./d Personne qui possède un bien-fonds. Un riche propriétaire.
d3./d Personne à qui appartient un immeuble loué à des locataires.

⇒PROPRIÉTAIRE, subst. et adj.
I.Subst. Celui, celle qui possède en propriété un bien acquis légalement.
A. —[Sans compl.]
1. Possesseur d'un bien, et plus particulièrement d'un bien immeuble ou d'un bien-fonds. Durant notre révolution, les propriétaires ont, il est vrai, concouru avec les non-propriétaires à faire des lois absurdes et spoliatrices (CONSTANT, Princ. pol., 1815, p.56). Il s'écriait en fronçant le sourcil et épanouissant le front, de l'air important d'un gros propriétaire: «Quel beau temps pour les foins!» (STENDHAL, L. Leuwen, t.2, 1836, p.14):
1. ... le marquis se présenta avec un bail de trois ans, elle le lui jeta au nez: «Je veux être propriétaire!» Et elle le battit. «Dis merci», fit-elle. Il dit merci. «Et maintenant ne reviens qu'avec l'acte d'achat en mon nom» (...). Quand l'hôtel fut acheté: «Meuble, mon chéri, et vieux style». Il meubla. Enfin, radieux, il lui remit les clefs avec une certaine grâce.
PÉLADAN, Vice supr., 1884, p.148.
SYNT. Propriétaire foncier, forestier, légitime, paysan, riverain, rural, terrien; grand, gros, petit, riche propriétaire; devenir propriétaire; changer, changement de propriétaire; la classe des propriétaires; propriétaire et usufruitier.
P. exagér. [L'obj. de la possession est une pers.] De Montègre, un innocent qui accepte l'amour pur, a la bonté de servir de dupe et de restituer la femme à son propriétaire (TAINE, Notes Paris, 1867, p.223).
Faire le tour du propriétaire. Visiter sa propriété, sa maison et/ou ses dépendances:
2. ... le chrétien, qui était de joyeuse humeur, frappa sur l'épaule de son hôte et l'obligea, en quelque sorte, de faire ce que nous appellerions le tour du propriétaire. Il le promena d'abord dans la maison principale, puis, à travers les jardins, dans une autre maison...
BARRÈS, Cahiers, t.4, 1906, p.260.
En partic., MODE. Redingote à la propriétaire. Manteau en usage au XIXes. qui consistait en une longue veste croisée à basques tombant jusqu'aux talons. Une figure flasque, de longs cheveux de savant et une cravate blanche sous une redingote à la propriétaire (GONCOURT, Journal, 1875, p.1060).
En compos. Co-propriétaire. Multi-propriétaire. V. multi- I D 1 a.
2. Possesseur d'un immeuble (maison, appartement, local) loué à un locataire. Charges du propriétaire; assemblée, syndicat de(s) propriétaires. Des soucis, Quinette en avait, qui provenaient des difficultés de sa petite industrie, et de la charge d'un loyer déjà trop lourd, que le propriétaire menaçait d'augmenter (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p.82).
B. —[Suivi d'un compl. déterminant la nature de la possession]
1. [L'obj. de la possession est]
a) [un bien corporel, meuble ou bien-fonds] [La mort] de mon père me fit propriétaire d'une fortune considérable (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p.1781). Le père, un employé. Pourtant ils étaient propriétaires de la maison qu'ils habitaient sur le quai au Havre (BARRÈS, Cahiers, t.10, 1913, p.18). Chaque colon n'est rien que le fermier d'Israël. Le peuple juif demeure le seul propriétaire du sol (THARAUD, An prochain, 1924, p.159).
SYNT. Propriétaire d'un appartement, d'un château, d'un champ, d'un domaine, d'une entreprise, d'une ferme, d'un fonds, d'un hôtel, d'un immeuble, d'une maison, du sol, de terres, de vignobles, d'une ville; propriétaire d'un bijou, d'un cheval, d'un animal, de biens, de titres.
b) [un bien incorporel] Je suis en effet propriétaire absolu de mes oeuvres, sauf les stipulations nécessaires pour les exploitations que je concède (BALZAC, Corresp., 1841, p.280).
c) [une pers. ou un groupe de pers., dans le cont. de l'esclavage] Il y a dans les États-Unis du sud des prêtres chrétiens et peut-être de bons prêtres (propriétaires d'esclaves pourtant) qui prêchent en chaire des doctrines qui, sans doute, sont analogues aux vôtres (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Gobineau], 1857, p.277).
2. P. ext. ou exagér.
a) [L'obj. de la possession est une pers. différente du suj.] Celui qui a loué ses enfants dans une ferme. Il reste le propriétaire de ses enfants. Et c'est le fermier qui en devient le locataire (PÉGUY, Porche Myst., 1911, p.200). La propriété privée apparaît: maître des esclaves et de la terre, l'homme devient aussi propriétaire de la femme (BEAUVOIR, Deux. sexe, t.1, 1949, p.97).
b) [L'obj. de la possession est identique ou inhérente au suj.] Je suis propriétaire de mon corps, de ma santé, de mon honneur, de ma réputation, au même titre et de la même manière que des choses matérielles qui me sont soumises (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p.88). Il balance le ventre florissant dont il est propriétaire, et déambulant sur ses jambes arquées comme deux anses, crache tout autour de lui, abondamment, richement (BARBUSSE, Feu, 1916, p.97).
c) Au fig. Être propriétaire du temps. Maîtriser le temps, en disposer à son gré. On est exempts de tout travail jusqu'au soir, on est libres, on est propriétaires de son temps (BARBUSSE, Feu, 1916, p.323).
II.Adjectif
A. —Qui possède des biens en propre. La classe capitaliste et propriétaire, usant de sa puissance, fait payer à la classe prolétarienne une large redevance (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p.125).
B. —Qui est propre aux possesseurs de biens. L'instinct propriétaire. Tout ceci, je le sais bien, n'est qu'un rêve de socialiste, une utopie contredite par la routine propriétaire (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t.2, 1846, p.67).
THÉOL. CATH., vx. Âme propriétaire. Personne qui vit sa religion d'une manière non désintéressée, mais plutôt dans l'espoir d'une récompense divine. Âmes propriétaires. Cette expression est du Père Surin qui désigne par là les âmes éprises d'elles-mêmes et de leurs vertus (GREEN, Journal, 1957, p.289).
REM. Propriétairement, adv., peu us. En (qualité de) propriétaire, à la façon d'un propriétaire. Et j'eus, de mon côté, l'intention d'être aimable pour celle de ces demoiselles qui vint prendre mon bras, tout aussi propriétairement que si elle eût été ma femme (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p.84). Qu'est-ce que consommer propriétairement? C'est consommer sans travailler, consommer sans reproduire (PROUDHON, Propriété, 1840, p.287).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: -prie-; dep. 1740: -prié-. Étymol. et Hist.1. Subst. a) 1263 «celui qui possède quelque chose en propre» (Constit. de la maison Dieu de Troyes, LXXV, A. Aube ds GDF. Compl.); b) 1315 «celui qui possède un immeuble» (A.N. S 1522b, pièce 34, ibid.); c) 1690 «celui qui possède un immeuble occupé par un ou des locataires» (FUR.); d) ca 1538 [éd.] «patrimoine» (Mistère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, t.2, p.353, var.); 2. adj. a) 1317 «qui concerne la propriété» (Texte cité ds ESPINAS, Vie urbaine de Douai au M.-A., t.4, p.100) —XVIes. (v. GDF.); b) av. 1704 âme propriétaire (BOSSUET, Lett. quiét., 12 ds LITTRÉ). Empr. au b. lat. des juristes proprietarius «appartenant à quelqu'un» et subst. «celui qui possède (un bien)», de proprietas «propriété». Fréq. abs. littér.:3306. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 6956, b) 4906; XXes.: a) 4855, b) 2573. Bbg. DUB. Pol. 1962, pp.390-391. —GOHIN 1903, p.253 (s.v. propriétairement). —LALANDE (J.-N.). Ét. lexico-sém. du mot propriété... Grammatica. 1979, n° 7, pp.21-23. — VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], pp.295-296.

1. propriétaire [pʀɔpʀijetɛʀ] n.
ÉTYM. 1263; bas lat. proprietarius, même sens, de proprietas « propriété », de proprius « propre ».
1 (Le propriétaire de qqch.). Personne qui possède en propriété, exerce à son profit exclusif le droit de propriété. || Le possesseur d'un bien en est souvent le propriétaire. || Devenir propriétaire de qqch., le propriétaire de qqch. Acquérir. || Propriétaire de biens meubles et immeubles. || Le propriétaire d'un bateau, d'une auto (→ Numéro, cit. 3), d'un chien (→ Collier, cit. 11; fourrière, cit.). || Remettre une chose à son propriétaire. || Objets trouvés ( Épave) rendus à leurs propriétaires. || Un propriétaire de capitaux ( Capitaliste, cit. 2), d'actions ( Actionnaire). || Le propriétaire d'une maison (→ Encorbellement, cit. 1). || La villa dont elle était seule propriétaire (→ Emprunt, cit. 4). || Propriétaire de domaines, de forêts (→ Forestier, cit. 3), d'une métairie (cit. 1). || Propriétaire d'un fonds de commerce qui le met en gérance (cit.). || Nu-propriétaire. Nu.
Adj. (Rare). || Instinct propriétaire.
1 M. de Trémeur me rappelle mon mari par la façon propriétaire qu'il a d'articuler : « Ma femme ».
Paul Hervieu, Peints par eux-mêmes, II.
2 Spécialt (sans complément). Personne qui possède en propriété des biens immeubles. || Propriétaire foncier. || Propriétaire terrien. || Les grands (→ Plèbe, cit. 1), les petits propriétaires (→ Expliquer, cit. 14). || Un pays où le plus pauvre est propriétaire (→ Classe, cit. 8).
Propriétaires mitoyens. || Les alluvions (cit. 2) et atterrissements (cit. 2) profitent au propriétaire riverain. || Propriétaire qui fait valoir son domaine par un exploitant (→ Exploitation, cit. 4), qui donne à bail (cit. 2). Locateur (vx). || Propriétaire exploitant. || Propriétaire qui loue sa maison (→ ci-dessous, 3.).(Attribut). || Être, devenir propriétaire. || Le paysan veut mourir propriétaire (→ 1. Mire, cit. 2).
2 (…) ils étaient devenus propriétaires, un arpent, deux peut-être, achetés au seigneur dans l'embarras, payés de sueur et de sang dix fois leur prix.
Zola, la Terre, I, III.
Faire le tour du propriétaire : visiter sa maison, son domaine.Faire faire le tour du propriétaire à qqn, lui faire visiter (un lieu quelconque).
3 (…) je te ferai faire le tour du propriétaire. Tu verras toute notre nouvelle installation (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 168.
Adj. || Le paysan (→ Anachronique, cit. 1), la bourgeoisie propriétaire (→ Particule, cit. 2).
3 (Déb. XIVe). Personne qui possède une maison en propriété et la loue (par rapport à ses locataires). Hôte (vx.); fam. proprio, probloque. || Propriétaire et locataire. || Loyer (cit. 3) dû au propriétaire (→ Menacer, cit. 6). || Effets mobiliers à perpétuelle demeure (cit. 15) d'un propriétaire. || Obligations du propriétaire (→ Égout, cit. 1; impense, cit.). || Réparation à la charge du propriétaire. || Le propriétaire refuse d'installer (cit. 5) l'électricité. || Propriétaire qui donne congé, jette qqn sur le pavé (→ Meuble, cit. 8). || Le propriétaire de qqn, le propriétaire du logement dont cette personne est locataire. || Il faut que j'en discute avec mon propriétaire.
4 Vers neuf heures, il eut la visite de M. Gorgerin, son meilleur client. C'était un gros propriétaire possédant quarante-deux immeubles dans la ville et que le défaut d'argent de certains de ses locataires obligeait à recourir très souvent au ministère de Malicorne. Cette fois, il venait l'entretenir d'une famille besogneuse qui était en retard de deux termes.
M. Aymé, le Passe-muraille, « L'huissier », p. 236.
5 — Décampez ! répéta Malicorne.
— Voyons, vous perdez la tête. Je suis le propriétaire.
Effectivement, Malicorne perdait la tête, car il se rua sur Gorgerin et le jeta hors du logis en vociférant :
— Un sale cochon de propriétaire, oui. A bas les propriétaires ! A bas les propriétaires !
M. Aymé, le Passe-muraille, « L'huissier », p. 244-245.
CONTR. Locataire.
COMP. Copropriétaire.
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2. propriétaire [pʀɔpʀijetɛʀ] adj.
ÉTYM. Fin XIVe; du bas lat. proprietarius « qui appartient en propre à qqn »; même mot que 1. propriétaire.
Vieux (langue classique).
1 Qui appartient en propre à qqn. || Rendre la couronne « propriétaire en faveur du roi » (Guez de Balzac).
2 (1403). Attaché à son intérêt personnel.

Encyclopédie Universelle. 2012.