préjugé [ preʒyʒe ] n. m.
• 1579 « opinion qu'on se forme au sujet d'un événement futur »; de préjuger
1 ♦ Indice qui permet de se faire une opinion provisoire (⇒ préjuger). Elle bénéficie d'un préjugé favorable.
2 ♦ Croyance, opinion préconçue souvent imposée par le milieu, l'époque, l'éducation; parti pris, idée toute faite. Des préjugés petits-bourgeois. Préjugé indéracinable, tenace. « Ses préjugés d'enfance s'opposèrent à la complète émancipation de son intelligence » (Balzac). Des préjugés contre qqn, qqch. Combattre, braver les préjugés. Attitude qui heurte les préjugés. Galilée fut victime des préjugés de son époque.
● préjugé nom masculin (de préjuger) Jugement sur quelqu'un, quelque chose, qui est formé à l'avance selon certains critères personnels et qui oriente en bien ou en mal les dispositions d'esprit à l'égard de cette personne, de cette chose : Avoir un préjugé contre quelqu'un. Opinion adoptée sans examen, souvent imposée par le milieu, l'éducation : Avoir les préjugés de sa caste. ● préjugé (citations) nom masculin (de préjuger) Jacques Boutelleau, dit Jacques Chardonne Barbezieux 1884-La Frette-sur-Seine 1968 L'originalité est souvent un bloc de préjugés. Propos comme ça Grasset Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 Les passions détruisent plus de préjugés que la philosophie. Discours sur la poésie dramatique Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 On est dédommagé de la perte de son innocence par celle de ses préjugés. Le Neveu de Rameau Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Les plus petits animaux ont les plus grosses vermines et les plus petits esprits ont les plus gros préjugés. Tas de pierres Éditions Milieu du monde Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 Il faut bien connaître les préjugés de son siècle, afin de ne les choquer pas trop, ni trop les suivre. Mes pensées Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 Les paradoxes d'aujourd'hui sont les préjugés de demain. Les Plaisirs et les Jours Gallimard ● préjugé (synonymes) nom masculin (de préjuger) Jugement sur quelqu'un, quelque chose, qui est formé à l'avance selon...
Synonymes :
- idée préconçue
- prévention
préjugé
n. m.
d1./d élément qui permet de porter, provisoirement, un jugement. Préjugé en faveur, en défaveur de qqn.
d2./d Opinion, idée préconçue, adoptée sans examen.
⇒PRÉJUGÉ, subst. masc.
A. —Vx. ,,Ce qui a été jugé dans un cas semblable ou analogue. Cet arrêt est un préjugé pour notre cause`` (Ac.).
B. —1. Opinion a priori favorable ou défavorable qu'on se fait sur quelqu'un ou quelque chose en fonction de critères personnels ou d'apparences. Avoir un préjugé contre qqn, qqc., en faveur de qqn, de qqc. Quand il sera prouvé que tout ce que nous connaissons est bon, il en résultera tout au plus un préjugé pour la bonté de tout le reste (J. SIMON, Relig. natur., 1856, p.133). Il n'en était pas moins resté un préjugé favorable dans le pays sur l'extraction du père de Camille (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p.31). On pourrait aussi déplorer que le public français ait un tel préjugé défavorable à l'égard de l'hôpital qui devrait être la maison de santé de tous (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p.2, col. 3).
2. Péj., souvent au plur. Opinion hâtive et préconçue souvent imposée par le milieu, l'époque, l'éducation, ou due à la généralisation d'une expérience personnelle ou d'un cas particulier. Synon. parti-pris. Préjugé aristocratique, catholique, classique, héréditaire, moral, national, populaire, religieux; préjugés racistes, sexistes; préjugé étroit, grossier, tenace; préjugé de caste, de classe; braver, combattre les préjugés; être victime des préjugés. Aucun préjugé n'est coupable, ni aucune tradition. C'est la vie générale qui marche d'un tel pas qu'il est absolument hors de ses moyens de la suivre (MAURRAS, Avenir intellig., 1905, p.55). Tous les adhérents de la nouvelle école savent qu'il leur a fallu de sérieux efforts pour combattre les préjugés de leur éducation (SOREL, Réflex. violence, 1908, p.204):
• ♦ Il passa par tout un long rêve entrecoupé d'inquiétudes et de folies, où l'amour tenait la première place, l'amour comme chez les poètes, l'amour tyrannique et souverain, au-dessus de toutes les contingences, des morales périmées, des préjugés bourgeois.
ARAGON, Beaux quart., 1936, p.405.
— PSYCHOSOCIOL. Préjugé racial. ,,Opinions et sentiments péjoratifs établis sur des éléments d'appréciation sommaires à l'égard des représentants d'une autre race considérée comme inférieure`` (THINÈS-LEMP. 1975).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist.1. 1579 «ce qui détermine un fait, une opinion» (ESTIENNE, Precellence, Au lecteur, p.14 ds HUG.); 2. 1584 «indice, signe» (J. DE BARRAUD, trad. GUEVARRE, Epistres dorees, IV, 120a, d'apr. H. VAGANAY ds Rom. Forsch., t.32, p.132); 3. 1587 «opinion (bonne ou mauvaise) que l'on se fait à l'avance» (LANOUE, Discours pol. et milit., 436 ds LITTRÉ); 4. ca 1590 «opinion adoptée sans examen, imposée par un milieu, une éducation» (MONTAIGNE, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.506). Part. passé subst. de préjuger. Fréq. abs. littér.:2067. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 4848, b) 2445; XXes.: a) 2240, b) 1995. Bbg. O'BRIEN (D.). La Taille et la forme des atomes ds les syst. de Démocrite et d'Épicure: préjugé et présupposé en hist. de la philos. R. philos. 1982, n° 2, pp.187-188, 195-196. —SCHALK (F.). Praejudicium im Romanischen. Frankfurt/Main, 1971, pp.8-39.
préjugé [pʀeʒyʒe] n. m.
ÉTYM. 1584; de préjuger.
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1 Vx. Opinion formée au sujet d'un événement futur.
2 (1636). Vx. Ce qui a été jugé auparavant dans un cas analogue et qui peut servir de précédent. || « Cet arrêt est un préjugé pour notre cause » (Académie).
3 (Déb. XVIIe). Didact. Indice qui permet de se faire une opinion provisoire au sujet de qqn ou de qqch. en attendant un examen plus approfondi. || C'est un préjugé en sa faveur. || Voilà qui constitue un préjugé favorable.
4 (Fin XVIe). Cour. Croyance, opinion préconçue, souvent imposée par le milieu, l'époque, l'éducation. ⇒ Erreur, idée (toute faite), jugement (préconçu), parti (parti pris), préconception, préoccupation, prévention, a priori (idée a priori). || Préjugé de race et de secte (→ Enraciner, cit. 14). || Préjugés bourgeois, aristocratiques (→ Fossile, cit. 3). || Préjugé indéracinable (→ Écrivain, cit. 9), tenace, vivace. || Préjugés contre les étrangers (→ Corroborer, cit. 2). || Être aveuglé par un préjugé. — (1893). || Avoir un préjugé contre qqn, contre qqch. : être hostile à (qqn, qqch.) dès l'abord et sans examen. || Il n'est pas capable de se libérer de ses préjugés. || Un homme à préjugés. (→ Paradoxe, cit. 1, Rousseau). || Être encroûté, imbu de préjugés. || Être sans préjugés (→ Bonifacement, cit.; majorité, cit. 3). || Heurter (cit. 14), braver les préjugés (→ 2. Outre, cit. 11). || Passer par-dessus les préjugés. — Être victime des préjugés de son époque. — Le Préjugé à la mode, comédie de Nivelle de La Chaussée (1735).
0.1 Si donc, il existe des êtres dans le monde dont les goûts choquent tous les préjugés admis (…) il faut les servir, les contenter (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 190 (1791).
1 (…) si quelquefois les savants ont moins de préjugés que les autres hommes, ils tiennent, en revanche, encore plus fortement à ceux qu'ils ont.
Rousseau, les Confessions, VII.
2 Ses idées religieuses et ses préjugés d'enfance s'opposèrent à la complète émancipation de son intelligence.
Balzac, la Maison du Chat-qui-pelote, Pl., t. I, p. 55.
Encyclopédie Universelle. 2012.