pote [ pɔt ] n. ♦ Fam. Camarade, ami. C'est un bon, un vieux pote. ⇒ poteau (II). « T'es mon pote, pas vrai Starace, c'est mon petit pote, on s'aime, nous deux » (Sartre). — Loc. (1985) Touche pas à mon pote (slogan antiraciste).
● pote nom (abréviation de poteau) Populaire. Ami(e), fidèle camarade. ● pote nom féminin Faire la pote, en Suisse, bouder. ● pote (expressions) nom féminin Faire la pote, en Suisse, bouder.
pote
n. m. Fam. Camarade, ami.
I.
⇒POTE1, adj. fém.
Vx. [En parlant de la main] Qui est grosse, enflée, et rend maladroit. Il n'a pas les mains potes quand il faut recevoir de l'argent (Ac. 1798-1878).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. et homogr. pote2. Att. ds Ac. dep. 1694: main pote. Étymol. et Hist. 1. Ca 1198 [ms. XIIIe s.] main pote «main gauche» (ÉVRAT, Genèse, BN fr. 12457, fol. 11v° ds GDF.); 1313-16 id. (GEFFROI DE PARIS, Chron. métrique, éd. A. Diverrès, 867); 2. 1606 «enflé, engourdi» main pote (NICOT); 1775 la jambe potte et circonflexe (BEAUMARCHAIS, Barbier de Séville, II, 13). Orig. obsc.; peut-être empl. adj. du subst. a. fr. poë, pote «patte» (fin XIe s. judéo-fr. poe RASCHI Gl. éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, 852; déb. XIIe s. pode; poë BENEDEIT, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 942; 1014; cf. a. prov. pauta [1277 le dér. pautada «poignée» ds LEVY E. Prov.] 1417-24 Bibl. nat. 24940, anc. Gaignières 99, ds RAYN.), propr. «main-patte, main qui n'est qu'une patte». Poë, pote sont issus d'un étymon pauta, d'orig. discutée. D'apr. Th. FRINGS ds Z. rom. Philol. t. 56, p. 372, pauta, d'orig. pré-celt., serait à rapprocher de l'anthropon. Pauto relevé à l'époque gallo-romaine dans une inscription du territoire des Trévires où il aurait été importé, ayant par la suite été véhiculé en Gaule par les Francs, d'où l'a. fr. poë, pote, cette dernière forme pouvant s'expliquer par un redoublement expressif de la consonne. C'est, d'autre part, au m. néerl. pôte (néerl. poot) «patte» (le mot étant par la suite passé dans l'all. Pfote; v. KLUGE) qu'aurait été empr. l'a. fr. pote «patte» relevé dans des textes de Picardie et de Flandre (1240-80 au sens de «main» BAUDOUIN DE CONDÉ, Dits et contes, 165, 388 ds T.-L.; 1251-82 «patte» Couronnement de Renart, éd. L. Foulet, 934; cf. XIVe s. Renart, éd. M. Roques, 3310, var. ms. L, v. au gloss.), v. HAUST. Étymol., pp. 190-191; GESCHIÈRE, p. 212. —FEW t. 8, p. 77b. Cf. empoté.
II.
⇒POTE2, subst.
Arg., pop.
A. —Subst. masc. Ami, camarade. Un vieux pote à moi. —(...) On peut s'asseoir sans danger à ta table? —Ce sont de braves petits potes, dit Pierrot qui fit les présentations (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 173). Bande de vaches! Je vous dégotte de quoi boire et il ne reste pas un pote pour me donner un coup de main! Vous pourrez toujours vous brosser (CENDRARS, Main coupée, 1946, p. 89). Le meurtre du Niçois s'oublierait vite. Les poulets (...) colleraient leurs indics sur les endosses des potes du Niçois (...). Mais y se casseraient le tarin (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 30).
— En interj. [N'implique pas toujours une relation d'amitié] Les v'là tous, quoi... Bonjour les potes! (GENEVOIX, Nuits de guerre, 1917, p. 245). Celui-ci avait pris le jeune homme par le bras: «Où c'est que tu vas, mon pote?» Il y avait de la menace dans ce ton bonhomme, et la poigne était solide (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 496). «Mais dis donc, mon petit pote, comment que ça se fait que tu soyes ici, si t'as pas foutu le camp? (...)» «Je suis pas ton petit pote: je suis sergent et je pourrais être ton père (...)» (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 210).
— Empl. adj. Le jour du certif, (...) comme (...) je ne connaissais que dalle en calcul (...) je m'étais mis pote avec [T.] (...) qui réalisa (...) mes problèmes (TRIGNOL, Pantruche, 1946, p. 18). On s'est quittés très potes (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 64).
B. —Subst. fém. Amie. Synon. copine. Comme me disait une pote tapineuse de son état, le plus difficile, au début, est de vaincre la répugnance (TRIGNOL, Pantruche, 1946 p. 27). Lola et sa pote, elles jouaient un drôle de jeu (...). Elles me faisaient un contrecarre obscur (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953 p. 79).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. et homogr. pote1. Étymol. et Hist. 1898 subst. (arg. des voyous d'apr. ESN.). Issu par apocope de poteau au sens de «camarade». Fréq. abs. littér.:59.
1. pote [pɔt] adj. f.
ÉTYM. XIIe, de l'ancien subst. pote, poue « patte », d'un rad. supposé pautta, pauta (Bloch-Wartburg).
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♦ Vx. Grosse et enflée, gourde, maladroite (en parlant de la main).
0 Il ne sembla pas voir les gestes nerveux que lui faisait, de sa main pote, le secrétaire du club (…)
Henri Fauconnier, Malaisie, p. 10.
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DÉR. Potelé.
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2. pote [pɔt] n.
ÉTYM. 1898, in Esnault; abrév. de poteau, II.
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♦ Fam. Camarade, ami(e). || C'est un bon pote. ⇒ Poteau, II. ☑ Touche pas à mon pote (slogan et insigne antiracistes, 1985). — Par ext. (simple terme d'amitié). || Bonjour, mon petit pote (→ Petit père, vieille branche…).
1 Mario se penchait en avant, il serrait fortement la taille de Gros-Louis et se frottait la tête contre son estomac, il disait : « T'es mon pote, pas vrai Starace, c'est mon petit pote, on s'aime, nous deux ».
Sartre, le Sursis, p. 140.
♦ Au fém. (1935). || C'est sa pote. ⇒ Copine. — REM. Le féminin potesse n'est utilisé que plaisamment et rarement.
2 Antoine fier d'aimer sur cette banquette de velours la pote d'Ingrid Bergman.
René Fallet, le Triporteur, p. 89.
3 Lola et sa pote, elles jouaient un drôle de jeu, à ce qu'il semblait. Je devais plus les aborder, ces mistonnes, qu'avec grande prudence. Elles me faisaient un contrecarre obscur, que j'aimais pas.
Albert Simonin, Touchez pas au grisbi, p. 78.
4 Dès la promenade, je vais me mettre en quête de cette cruciverbiste : ces filles-là, en général, je m'en fais de bonnes potes.
A. Sarrazin, la Cavale, p. 340.
Encyclopédie Universelle. 2012.