pondre [ pɔ̃dr ] v. tr. <conjug. : 41>
1 ♦ Déposer, faire (ses œufs), en parlant d'une femelle d'ovipare. Les oiseaux, les reptiles, les batraciens, les poissons, les insectes pondent des œufs. Absolt Époque où les oiseaux pondent. ⇒ pondaison, 1. ponte. — P. p. adj. Un œuf frais pondu.
2 ♦ (1698) Péj. et fam. Accoucher de, avoir (un enfant). « Elle pondait un enfant tous les ans » (Barbusse).
3 ♦ (v. 1845) Fig. et fam. (souvent péj.) Écrire, produire (une œuvre, un texte, etc.). Il a pondu plusieurs projets. J'ai déjà pondu cent pages ! « Jamais je n'aurais cru Gisèle capable de pondre un devoir pareil » (Proust).
● Pondre le mettre au monde.
pondre
v. tr.
d1./d Expulser, donner (un, des oeufs), en parlant des femelles des animaux ovipares.
|| Absol. Cette poule pond tous les jours.
d2./d Fig., Fam. Produire (un texte écrit). Pondre une lettre.
⇒PONDRE, verbe trans.
A. — 1. [Le suj. désigne une femelle ovipare] Faire, déposer (un ou des oeufs). N'est-ce pas un contraste aussi miraculeux que touchant, de voir ce crocodile bâtir un nid et pondre un oeuf comme une poule, et un petit monstre sortir d'une coquille comme un poussin? (CHATEAUBR., Génie, t.1, 1803, p.203).
— Empl. abs. Il faut donc que la reine en pondant ait la faculté de reconnaître ou de déterminer le sexe de l'oeuf qu'elle dépose (MAETERL., Vie abeilles, 1901, p.160):
• 1. Miss Elvin, l'une des deux pensionnaires anglaises, à qui le roucoulis tapait particulièrement sur les nerfs, me persuada de leur donner un nid. Ce que je n'eus pas plus tôt fait, que la femelle se mit à pondre, et que les roucoulements s'espacèrent.
GIDE, Si le grain, 1924, p.446.
— Expr., vieilli. [Le suj. désigne une pers.] Pondre sur ses oeufs. ,,Être riche ou fort à son aise, et jouir tranquillement de son bien`` (Ac. 1835, 1878).
— Empl. adj. du part. passé. OEuf tout frais pondu; oeuf pondu du jour. Elle allait en robe de chambre donner à manger à ses paons, chercher les oeufs pondus, et cueillir des zinnias ou des roses (PROUST, Sodome, 1922, p.813).
♦P. métaph. Quel aimable petit académicien tout frais pondu, gras, heureux, souriant (A. DAUDET, Femmes d'artistes, 1874, p.229).
2. P. anal., pop. et péj. [Le suj. désigne une femme] Faire, mettre au monde (un enfant). C'était elle! cette grosse femme commune, elle? Et elle avait pondu ces quatre filles depuis que je ne l'avais vue (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Adieu, 1884, p.948). L'enfant pondu, elle ne tarde guère à le confier aux soins capricieux d'une grande de sept ou huit ans (COLETTE, Pays. et portr., 1954, p.19).
— Empl. abs. Les Parisiens marient tout de même leurs filles après qu'elles ont pondu (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p.225).
B. —Au fig., fam. [Le suj. désigne une pers., le compl. d'obj. dir. une production de l'esprit] Rédiger, écrire. Pondre un papier, des vers. Cette merveille à la Sévigné une fois pondue, voilà que nous nous disputons: Ah! ne mets pas ceci, ne mets pas cela (ESTAUNIÉ, Bonne dame, 1891, p.228):
• 2. —(...) Ce matin, c'était le français. —Content? —Moi, oui. Mais je ne sais pas si ce que j'ai pondu sera du goût des examinateurs.
GIDE, Faux-monn., 1925, p.1142.
— Rare. Pondre qqc. à qqn. Tu écriras; à ce moment, tu auras la tranquillité nécessaire pour me pondre des chefs-d'oeuvre (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p.116).
— Empl. abs. Il faut, pour pondre, une retraite et comme une nuit à l'esprit (GONCOURT, Journal, 1858, p.451).
— Souvent péj. [Avec une idée de quantité ou des réserves sur la qualité] C'est encore une cinquantaine de colonnes qu'il faut avoir pondues pour la fin du mois (BALZAC, Lettres Étr., 1837, p.428):
• 3. ... ils se laissent aveugler par un apparent «devoir immédiat»; et, pour pondre des articles utilitaires dont il ne restera rien, ils négligent leur vrai devoir, qui, semble-t-il, serait de poursuivre leur oeuvre d'écrivains.
MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p.CXXVIII.
REM. Pondant, -ante, part. prés. en empl. adj. [En parlant d'une femelle ovipare] Qui pond. Le pigeon amoureux se percha sur son toit, et la poule pondante, sur son fumier (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.133).
Prononc. et Orth.:[], (elle) pond []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1121-34 «(en parlant d'une femelle ovipare) déposer un oeuf» empl. abs. et trans. pundre; pundre ses os (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1257; 1266); 1547 oeufz fraictz ponnuz (G. HAUDENT, Apologues, I, 99 ds HUG.); id. poule ponnante (ID., op. cit., I, 109, ibid.); 2. av. 1701 «(en parlant d'une femme) mettre au monde un enfant» (E. BOURSAULT, Lettres nouv., t.3 [Lettres de Babet] A Babet, Paris, N. Le Breton, 1738, p.199). B. 1. 1er quart XIIIes. fig. «produire, engendrer» (RENCLUS DE MOLLIENS, Miserere, 125, 3 ds T.-L.: Covoitise tous maus pont); 1798 p.iron., en parlant d'une chose mal faite Voilà qui est bien pondu (Ac.); 1874 tout frais pondu (A. DAUDET, loc. cit.); 2. spéc. 1837 à propos d'un écrit (BALZAC, loc. cit.). Du lat. ponere «poser», spéc. ponere ova «déposer ses oeufs, pondre» (OVIDE, Métamorphoses, VIII, 258), seul sens conservé dans le domaine gallo-rom. (cf. ital. porre, esp. poner, port. pôr «poser»). Fréq. abs. littér.:221. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 183, b) 285; XXes.: a) 430, b) 369.
DÉR. 1. Pondaison, subst. fém., rare. Époque de la ponte, chez les oiseaux. (Dict.XIXe et XXes.). — [], [-e-]. — 1re attest. 1842 ponte des oeufs; «époque de la ponte» (Ac. Compl.); de pondre, suff. -aison. 2. Pondoir, subst. masc. Lieu, contenant (panier, case de bois ou de métal) où les poules viennent déposer leurs oeufs. Petit-Jean promit des oeufs, qu'il chiperait dans les pondoirs (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.126). V. juchoir ex. de Goncourt. — []. — 1re attest. 1806 «lieu où pondent les poules» (PARMENTIER ds Instit. Mém. scienc., 2e sem., p.43 ds LITTRÉ); de pondre, suff. -oir.
BBG. —DAUZAT Ling. fr. 1946, p.157. — LANLY (A.) Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.261-262. — QUEM. DDL t.17 (s.v. pondaison).
pondre [pɔ̃dʀ] v. tr. [CONJUG. rendre.]
ÉTYM. XIe; lat. ponere « poser, déposer ».
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1 Déposer, faire (ses œufs), en parlant d'une femelle d'ovipare. ⇒ Œuf. || Les oiseaux (cit. 1), les reptiles, les batraciens, les poissons…, les insectes pondent des œufs, et, absolt, pondent (→ Fécond, cit. 4; frai, cit. 2; génération, cit. 1). || Les tortues de mer viennent à terre (⇒ Terrir) pour pondre leurs œufs. — Spécialt. (Oiseaux). || Poule qui pond un œuf. — Absolt. || La poule glousse, chante en pondant. ⇒ Caqueter, claqueter, crételer. || Époque où les oiseaux pondent. ⇒ Pondaison, ponte (→ Couver, cit. 1). — Au p. p. || Un œuf pondu de la veille, du jour; œuf frais pondu.
1 Que celui dont la poule, à ce que dit la fable,
Pondait tous les jours un œuf d'or (…)
La Fontaine, Fables, V, 13.
2 Je ne repensai jamais à cette page, mais à ce moment-là, quand (…) j'eus fini de l'écrire, je me trouvai si heureux (…) que, comme si j'avais été moi-même une poule et si je venais de pondre un œuf, je me mis à chanter à tue-tête.
Proust, Du côté de chez Swann, Pl., t. I, p. 182.
♦ ☑ Loc. fig. (par allus. à la femelle du coucou qui pond ses œufs dans le nid d'autres oiseaux). Pondre au nid de qqn : avoir des relations d'adultère avec qqn.
2 (1698). Fig. et fam. Accoucher de, avoir (un enfant).
3 (…) la femme qui vous a pondu n'a pas perdu son temps.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 367.
4 Elle pondait un enfant tous les ans. Réglé, recta : une vraie mitrailleuse à gosses !
H. Barbusse, le Feu, t. I, XII.
3 (1845; cf. « voilà qui est bien pondu : voilà qui est mal fait », Académie, 1798). Fam. Écrire, produire (une œuvre ou un travail écrit). || Il pond un article tous les jours, un roman par an… — REM. Cet emploi n'est pas toujours péjoratif (→ ci-dessous, cit. 7).
5 J'admets que vous soyez un grand poète, serez-vous fécond ? Pondrez-vous régulièrement des sonnets ?
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 772.
6 Ils pondaient, pondaient, pondaient, n'ayant plus rien à dire, se torturant le cerveau pour en faire sortir quelque chose de nouveau, saugrenu, incongru (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, Foire sur la place, I, p. 704.
7 C'est à croire qu'elle a copié cela, s'écria-t-elle (…) Jamais je n'aurais cru Gisèle capable de pondre un devoir pareil.
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Pl., t. I, p. 912.
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DÉR. Pondaison, pondeur, pondoir, 1. ponte.
Encyclopédie Universelle. 2012.