Akademik

poncif

poncif [ pɔ̃sif ] n. m.
ponsif 1551; de poncer
1Techn. Feuille de papier portant un dessin piqué qu'on applique sur une autre feuille de papier, sur une étoffe, etc., et sur laquelle on passe une ponce de manière à reproduire en pointillé le contour du dessin. Reproduire un dessin avec un poncif. poncer (2o).
2(1828 « mauvais dessin fait de routine ») Fig. et cour. Thème, expression littéraire ou artistique dénués d'originalité. banalité, cliché, 1. lieu (commun), stéréotype. Les poncifs académiques, romantiques.

poncif nom masculin (de poncer) Formule rabâchée, qui a perdu toute originalité ; cliché. Autrefois, esquisse ou modèle dessiné piqué de trous sur ses lignes principales et destiné à être reporté sur un support (celui de l'œuvre à exécuter) au moyen d'une ponce. (La poudre, en passant par les trous, reproduisait en pointillé les contours du dessin.) Motif figuratif ou décoratif maintes fois reproduit. En cartographie, structure de surface constituée par la répétition plus ou moins régulière d'un élément graphique ou d'un symbole. Poudre dont on enduit l'intérieur d'un moule de fonderie pour empêcher l'adhérence du métal que l'on y coule. ● poncif (citations) nom masculin (de poncer) Jean, dit Jean-Richard Bloch Paris 1884-Paris 1947 Le public aspire au poncif, inlassablement. Naissance d'une culture Riederponcif (synonymes) nom masculin (de poncer) Formule rabâchée, qui a perdu toute originalité ; cliché.
Synonymes :
- banalité
- cliché
- lieu commun

poncif
n. m.
d1./d TECH Dessin dont le contour est piqué de multiples trous et que l'on peut reproduire en l'appliquant sur une surface quelconque et en y passant une ponce (sens 2).
d2./d Fig. Idée conventionnelle, rebattue; lieu commun, cliché.

⇒PONCIF, subst. masc.
A.BEAUX-ARTS, BROD., INDUSTR. TEXT. Feuille de papier comportant un dessin piqué de multiples trous que l'on reproduit en pointillé (sur une surface quelconque) en passant une ponce sur le tracé. À Saint-Savin, ces plis [des draperies] semblent tracés au moyen d'un poncif, tant leur disposition est constante dans la plupart des figures (MÉRIMÉE, Ét. arts Moy. Âge, 1870, p.165). Il connut les chemins de croix bâclés au rabais (...), les stores dessinés d'après des poncifs, toutes les besognes basses encanaillant la peinture dans une imagerie bête et sans naïveté (ZOLA, L'OEuvre, 1886, p.271).
B.P. ext., vieilli, péj. Dessin conventionnel dans le choix du sujet, la composition, les procédés. Les motifs convenus de la peinture actuelle, et les poncifs qui traînent dans tous les jeunes ateliers (BAUDEL., Salon, 1845, p.36).
C.Au fig., péj. Expression ou oeuvre (littéraire, artistique, etc.), banale, de routine, copiant manifestement un modèle et dépourvue de toute originalité. Synon. cliché, stéréotype, lieu commun. Roman rempli de poncifs; donner, tomber dans les poncifs. La Normandie est le pays de tous les poncifs: l'architecture gothique, le port de mer, les bateaux, la ferme rustique avec de la mousse sur le toit (GONCOURT, Journal, 1866, p.236):
♦ Toute nouveauté ayant pour condition l'élimination préalable du poncif auquel nous étions habitués et qui nous semblait la réalité même.
PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.552.
P. méton. Véritable poncif de piété, il émaillait son discours de clichés sacerdotaux. Le bienheureux saint Joseph. Le vénérable curé d'Ars. La très sainte Vierge (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.98).
REM. 1. Poncif, -ive, adj. (rare au fém., parfois inv. au plur.). Qui reprend des idées, des modèles déjà utilisés; qui fait preuve de la plus grande banalité. Style poncif; expressions poncives. Il y a des colères poncif, des étonnements poncif, par exemple l'étonnement exprimé par un bras horizontal avec le pouce écarquillé. Il y a dans la vie et dans la nature des choses et des êtres poncif, c'est-à-dire qui sont le résumé des idées vulgaires et banales qu'on se fait de ces choses et de ces êtres: aussi les grands artistes en ont horreur (BAUDEL., Salon, 1846, p.164). C'était un ramassis de vulgarités et de prétentions, une élégie dithyrambique encadrée dans une forme poncive et écrite dans un style médiocre (MURGER, Scènes vie jeun., 1851, p.236). Cela devient par trop poncif et ridicule, sous prétexte qu'on est des amants un peu fins, d'écrire Amour et Coeur avec des majuscules (GÉRALDY, Toi et Moi, 1913, p.23). 2. Poncis, subst. masc., synon. vieilli (supra A). Le poncis général est à ce moment employé par morceaux qui se raccordent entre eux (MOREAU-VAUTHIER, Peint., 1933, p.122). V. poncette dér. s.v. ponce ex. de Adeline 3. Poncivement, adv., hapax. À la manière d'un poncif. Un homme admirable, après tout, ce Paul de Kock, pour avoir appris de la Révolution à la masse du public tout ce qu'il en pense et tout ce qu'il en sait. Admirable pour avoir immortalisé poncivement tous ces types consacrés, qui traînent dans la mémoire du peuple, toutes ces vieilles connaissances du préjugé populaire (GONCOURT, Journal, 1857, p.395). 4. Poncivité, subst. fém., rare. Fait d'user, dans une oeuvre littéraire, artistique, de poncifs, de lieux communs. Contre la poncivité de l'École, ce groupe [les peintres de 1740] a protesté en aimant la vie, le familier, le hasard des mouvements (MAUCLAIR, De Watteau à Whistler, 1905, p.44). Je me rappelle le désappointement que me procura ma première lecture d'Atala (...) dont la redondante poncivité sauta au nez de mes quinze ans (L. DAUDET, Stup. XIXes., 1922, p.90).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694-1835: poncis; 1878: poncis ou poncif, id. ds LITTRÉ: poncis ,,on dit aussi, par corruption, poncif`` et ds DG: poncif ,,et vieilli, poncis``; 1935: poncif. Même confusion entre -is et -it que dans adventif, massif, pendentif, plumitif. Étymol. et Hist. 1. 1551 ponsif, beaux-arts, brod., industr. text. (Doc. in Mém. de la Sté des antiquaires de France, 7e série, t.10, p.338); 1621 [éd.] poncis «id.» (E. BINET, Essay des Merveilles de la nature, p.201); 2. a) ) 1828 «mauvais dessin fait de routine» (MONTABERT, Traité complet de peinture, I, p.203 ds Fr. mod. t.17, p.300); ) 1828 faire ponsif «peindre sans originalité» (DELÉCLUZE, Précis de traité de peinture, pp.247-248, ibid., p.301); b) ) 1833 «banal, démuni d'originalité» (GAUTIER, Jeunes-France, p.177 ds MAT. Louis-Philippe, p.239: jette-toi dans les latrines [...] si tu trouves les autres genres de mort que je viens de te proposer trop poncifs et trop académiques); ) subst. «idée qui a été exprimée mainte et mainte fois et qui a perdu toute originalité» (BALZAC, OEuvres div., t.1, p.405). Dér. de poncer; suff. -if. Fréq. abs. littér.:106.

poncif [pɔ̃sif] n. m.
ÉTYM. 1690; ponsif, 1551; de poncer.
1 Techn. Feuille de papier portant un dessin piqué qu'on applique sur une autre feuille de papier, sur une étoffe, sur une surface… et sur laquelle on passe une ponce de manière à reproduire en pointillé le contour du dessin.Reproduire un dessin avec un poncif. Poncer. || Utilisation du poncif dans l'art de la fresque, en décoration, en broderie.
2 (1832). Hist. de la peint. Dessin fait de routine, selon un type et des procédés conventionnels.
3 Cour. Thème littéraire ou artistique, mode d'expression qui, par l'effet de l'imitation, a perdu toute originalité. Banalité, cliché, lieu (commun). || Les poncifs romantiques.
1 Plus tard, Jean eût compris de quel prix pour l'intelligence sont ces exercices qui, en l'obligeant à dévêtir une pensée de toutes les formules convenues, de toutes les élégances apprises, de tout le poncif ambiant à travers lesquels nous les apercevons involontairement, nous forcent à en saisir la réalité même et qui d'autre part, en faisant remonter si haut ses origines, nous font connaître, pour la mieux respecter un jour, l'antique noblesse de notre langue.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 238.
2 Pour que nous consentions à les recevoir (les récits d'explorateurs), il faut (…) trier et tamiser les souvenirs et substituer le poncif au vécu.
Cl. Lévi-Strauss, Tristes tropiques, p. 27.
Adj. (1832). Vx. Banal. || Le dénouement de cette comédie est bien poncif.REM. Poncif, employé adjectivement, ne s'accorde pas en genre et peut s'accorder ou non en nombre. || Des comédies poncif(s).
3 Il y a des colères poncif, des étonnements poncif, par exemple l'étonnement exprimé par un bras horizontal avec le pouce écarquillé. Il y a dans la vie et dans la nature des choses et des êtres poncif, c'est-à-dire qui sont le résumé des idées vulgaires et banales qu'on se fait de ces choses et de ces êtres; aussi les grands artistes en ont horreur. Tout ce qui est conventionnel et traditionnel relève du chic et du poncif. Quand un chanteur met la main sur son cœur, cela veut dire d'ordinaire : je l'aimerai toujours ! — Serre-t-il les poings en regardant le souffleur ou les planches, cela signifie : il mourra, le traître ! — Voilà le poncif.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, « Salon de 1846 ».
Par métonymie. Peintre, écrivain auteur de poncifs.
4 Sans compliquer en parlant de David qu'elle connaissait peu, toute jeune elle avait cru M. Ingres le plus ennuyeux des poncifs, puis brusquement le plus savoureux des maîtres de l'Art nouveau, jusqu'à détester Delacroix.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 1025.
CONTR. Original, personnel.

Encyclopédie Universelle. 2012.