plutôt [ plyto ] adv. I ♦ Vx Plus tôt. « Édouard n'eut pas plutôt proféré ces paroles qu'il en sentit l'inconvenance » (A. Gide). II ♦ De préférence.
1 ♦ (Appliqué à une action) Les grandes misères frappent plutôt les faibles. « Pourquoi celle-là plutôt qu'une autre ? » (Musset). « Tout plutôt que l'abdication de la raison » (Martin du Gard). Loc. fam. Plutôt deux fois qu'une : très volontiers.
♢ Littér. (introduisant une proposition avec un verbe au subj.) « J'aime mieux tous les malheurs, plutôt que vous souffriez par ma faute » (R. Rolland). REM. Avec un v. de la principale suivi de que, contradiction des deux que :Je préfère qu'il accepte plutôt qu'il refuse; ou mieux : plutôt que de le voir refuser, plutôt que s'il refusait.
♢ (Avec un v. à l'inf.) « Plutôt que de me mépriser, ils feraient mieux de se regarder en face » (Duhamel). « Il se ferait plutôt hacher que de céder » (Zola). Plutôt mourir !
2 ♦ (Appliqué à une appréciation plus juste) ⇒ plus. Plutôt moins que trop. Ça a plutôt l'air d'une caserne que d'un hôtel. Pas méchant, plutôt grincheux (ou grincheux, plutôt).— (Suivi du ne explétif) « Je remplissais un devoir plutôt que je ne jouissais d'un plaisir » (Chateaubriand).
♢ OU PLUTÔT : pour être plus précis. « C'était se livrer à leurs juges, ou plutôt à leurs bourreaux » (Michelet).
♢ MAIS PLUTÔT. Il ne dormait pas, mais plutôt sommeillait. — BIEN PLUTÔT. Ce n'est pas lui, mais bien plutôt elle qui en porte la responsabilité.
3 ♦ Par ext. (fin XIXe) Passablement, assez. La vie est plutôt monotone. « C'est une fille brune et sèche, plutôt jolie » (Romains ).
♢ (Par euphém.) Fam. Très. Il est plutôt barbant, celui-là ! « Ça la fout mal, hein ? — Oui, plutôt » (Martin du Gard).
⊗ HOM. Plus tôt.
● plutôt adverbe (de plus et tôt) Indique la préférence, le choix, par rapport ou par opposition à quelqu'un, quelque chose d'autre : Je prendrai plutôt cette cravate-ci. Allons à la campagne plutôt que de rester à Paris. Introduit une correction, une rectification ou insiste sur le choix privilégié d'un terme par opposition à un autre : Il dort, ou plutôt il somnole. Devant un adjectif, indique un niveau, une intensité, un degré assez élevé : C'est plutôt gentil de leur part d'être venus. ● plutôt (difficultés) adverbe (de plus et tôt) Orthographe et emploi Ne pas confondre. 1. Plutôt (que), en un seul mot = de préférence (à) ; au lieu de. J'irai plutôt à la montagne. Il ferait mieux de profiter de la vie plutôt que de travailler sans arrêt. 2. Plus tôt (que), en deux mots = avant ; plus vite. Plus tôt implique une idée de temps et s'oppose à plus tard : il est parti plus tôt que prévu ; il n'eut pas plus tôt parlé qu'il regretta ses paroles. Construction 1. Plutôt que de (+ infinitif). Devant un infinitif employé comme second terme d'une comparaison, la préposition de est facultative : il se laisserait couper la langue plutôt que de se dédire ou que se dédire. 2. Plutôt que dans une comparaison où figurent deux verbes. Quand le verbe employé comme deuxième terme de la comparaison est conjugué, il est nécessairement précédé de ne : il crie plutôt qu'il ne chante (= il ne chante pas, il crie). Mais : cela s'appelle crier plutôt que chanter. Accord Plutôt que unissant deux sujets d'un même verbe. Lorsque plutôt que unit deux sujets d'un même verbe, celui-ci est au singulier : la rage, plutôt que le chagrin, la faisait sangloter. → plus. Emploi Plutôt = assez, passablement. Elle est plutôt jolie. Cet emploi naguère critiqué est aujourd'hui admis dans le registre courant.
plutôt
adv.
d1./d De préférence. Adressez-vous plutôt à ce guichet (qu'à un autre). Partons, plutôt que de perdre notre temps.
d2./d Plus exactement, plus précisément. Il est économe plutôt qu'avare.
d3./d Assez, passablement. Il est plutôt maigre.
⇒PLUTÔT, adv.
A. —1. Vx ou par abus. Plus tôt. Arriver plutôt ou plus tard.
2. Usuel. Pas plutôt + part. passé. À peine. Je ne suis pas plutôt relevé que s'amène le sultan de Mala avec une importante suite (GIDE, Retour Tchad, 1928, p.918). Gilbert n'eut pas plutôt regardé son voisin: —Philippe Décugis! (ARLAND, Ordre, 1929, p.111):
• 1. Pas plutôt Jaume parti, du bout de la ruelle j'ai vu arriver une forme noire, haute, mince, si mince que, d'abord, j'ai cru que je rêvais.
GIONO, Colline, 1929, p.100.
B. —[Marque la préférence]
1. [Dans un choix entre deux possibilités] De préférence (à quelqu'un ou quelque chose). Pour le physique, elle tire plutôt du côté de son père. Mais pour le caractère, c'est Zoé toute crachée (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 2e tabl., 4, p.82). M. le Proviseur reçoit demain toute la journée. Venez plutôt le matin. Venez plutôt vers huit heures (MALÈGUE, Augustin, t.1, 1933, p.152):
• 2. ... l'on n'était pas d'accord sur le choix de la pièce. M. Feuillet conseillait de toutes ses forces On ne badine pas... il disait: —Prenez donc plutôt Musset... C'est délicieux!
GYP, Souv. pte fille, 1928, p.226.
— Plutôt que + subst. ou pron. De préférence à. Choisir telle chose plutôt que telle autre. Envoyer Jacques dans un bon sanatorium: en Auvergne, ou dans les Pyrénées, plutôt qu'en Suisse (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p.757). Ceci me paraît tenir plutôt de la tératologie que de la danse (MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p.661):
• 3. J'ai dit à Robert que je le trouvais bien imprudent d'encourager ainsi un raté qu'il vaudrait mieux pousser à faire n'importe quoi plutôt que de la peinture...
GIDE, École femmes, 1929, p.1269.
♦En empl. emphatique. Plutôt la mort que le déshonneur. Ah! tout plutôt que cette insupportable femme! (MAUROIS, Disraëli, 1927, p.104). N'importe quoi, plutôt que cet enfouissement dans l'ennui (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p.10):
• 4. ... il ne peut plus supporter cette présence, ce mystère derrière la porte; plutôt la mort tout de suite, si c'est elle, que l'angoisse de l'inconnu... Il va ouvrir.
MONTHERL., Célibataires, 1934, p.786.
— Plutôt que (de) + inf. De préférence à ceci, à savoir de. Synon. au lieu de. Il est selon ma nature de détruire plutôt que de donner (BERNANOS, Imposture, 1927, p.521). Jupiter: (...) Est-il vrai que tu préférerais te tuer, plutôt que d'être infidèle à ton mari? (GIRAUDOUX, Amphitr. 38, 1929, II, 2, p.92):
• 5. Indolents, dès que l'ombre d'un sentiment apparaissait, plutôt que de nous fatiguer à lui mesurer sa part exacte, nous nous accordions le sentiment entier.
GIRAUDOUX, Simon, 1926, p.170.
♦Plus rare. [Sans de] Il fallait tout faire plutôt que partir (MALÈGUE, Augustin, t.2, 1933, p.142).
♦En empl. emphatique. Tout, plutôt que de trahir son secret! (MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p.1094). Plutôt coucher dehors que de rester une semaine de plus dans ta baraque! (AYMÉ, Jument, 1933, p.140).
— Absol. [Sans compl. de compar.] Sa détresse était telle qu'il n'eût pas trouvé la force de répondre à une nouvelle question, n'importe laquelle, plutôt mourir! (BERNANOS, Imposture, 1927, p.510).
2. [Appliqué à une assertion, sert à évaluer, à nuancer, à rectifier un jugement, une appellation] Souvent postposé. Plus exactement. J'y ai rencontré une jeune fille, une jeune femme, plutôt (COCTEAU, Parents, 1938, I, 4, p.206):
• 6. Juste à ce moment, le bruit d'un char vint d'en haut; de char, de charrette plutôt, et qui allait vite, cheval au grand trot.
GIONO, Baumugnes, 1929, p.16.
— Plutôt... (que). Cet enfant pas très semblable aux autres, réservé plutôt que timide (MALÈGUE, Augustin, t.1, 1933, p.67):
• 7. Il était plutôt vache le Poléon mais les hommes sont tous comme ça. Ils n'hésitent jamais à sacrifier une pauvre femme pour arriver aux honneurs.
QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p.17.
— Plutôt... que ne (explétif) + verbe à l'ind. Elle (...) s'accroupit plutôt qu'elle ne se baissa (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.340).
— Ou plutôt, loc. adv. rectificative. Ou plus exactement, pour mieux dire, en réalité. Introduit dans son cabinet ou, plutôt, y ayant pénétré de mon propre mouvement (BILLY, Introïbo, 1939, p.105). Il s'aperçut qu'il l'avait perdue [une lettre]; ou plutôt, qu'il l'avait oubliée chez Mounnezergues (QUENEAU, Pierrot, 1942, p.219):
• 8. —«Baissez-vous» (...) «Ou plutôt non: ramassez-moi quelque chose... votre soulier, par exemple».
MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p.1075.
— Mais (bien) plutôt (le plus souvent après une négation). En réalité. Il n'avait pas l'air d'être venu là du tout pour se plaindre lui, mais plutôt pour se donner un peu de distraction (CÉLINE, Voyage, 1932, p.193). Ses favoris? Ses enfants gâtés? Oui, peut-être... Mais bien plutôt ses victimes (MAURIAC, Journal 1, 1934, p.50):
• 9. Elle se sentait soudain libre de manière affreuse, non pas délivrée, mais bien plutôt désertée, vide, semblable à une brebis à qui l'on a enlevé une partie de la cervelle.
DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.91.
C. —P. ext. [Suivi d'un adj., d'un adv. ou d'un groupe équivalent, sans comparaison explicite]
1. Passablement. Synon. assez, pas mal (v. mal2 II A). Une personne plutôt jolie. Nos rapports étaient plutôt tendus (MALRAUX, Conquér., 1928, p.20). J'ai même pleuré, c'est plutôt rare (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p.1207). Une foule taciturne et plutôt triste (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.251):
• 10. —Et comment va la chaussette? demande des Cigales. —Plutôt bien, répond L'Aumône qui en fabrique et n'a pas de préjugés à cet égard.
QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p.28.
2. Par litote, fam. Très; beaucoup. —Faut-il tout prendre? —Prenez, prenez. —Mais il tient un cercle? C'est plutôt mal vu. —Plutôt, oui (RENARD, Journal, 1908, p.1149). Le 547e si je l'connais! Plutôt (BARBUSSE, Feu, 1916, p.318).
Prononc. et Orth.:[plyto]. Homon. plus tôt. Ac. 1694: plutost; 1718: plus tost; 1740: plustôt; 1762: plustôt: ,,on écrit communément plutôt``; 1798: plus tôt ou plutôt; dep. 1835: plutôt (s.v. plus). Étymol. et Hist.1. Loc. conj. ca 1274 plus tost... que «plus rapidement que, plus volontiers... que» (ADENET, Berte, éd. A. Henry, 927: eles me mengeront plus tost crue que cuite); 1461 plus tost... que ne (Les Menus propos, 437 ds R. gén. des Sotties, éd. E. Picot, t.1, p.102: Pourquoy dit on plus tost Collin, ou Gaultier, qu'on ne fait Guillot); 1549 ou plustost (N. DU FAIL, Les Baliverneries d'Eutrapel, éd. G. Milin, p.5: mais en usant de solution, ou plustost de diffuges à tes contraires); 1585 mais plustost (ID., Contes d'Eutrapel, II, p.266 ds IGLF: duquel [gentilhomme] il espere, mais plustost s'asseure qu'il luy fera un bon tour); 2. adv. 1563 «de préférence» (B. PALISSY, Disc. admin., p.300, ibid.: mais ils le font plustôt par ce que le sel est une semence qui ne végète point); 3. 1888 sans qu'il y ait comparaison explicite «passablement, pas mal» (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Portrait, p.627: sa conversation était plutôt reposante). Comp. de plus et de tôt. Fréq. abs. littér.:14044. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 18513, b) 17480; XXes.: a) 16645, b) 24556.
plutôt [plyto] adv.
ÉTYM. XVIIe; plustost, XIIIe; de plus, et tôt.
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I Vx. Plus tôt. ⇒ Tôt. || On n'est pas plutôt monté en voiture que l'on méprise les gens à pied (→ Inégalité, cit. 5). || « … il fallait, et plutôt que plus tard, / Attacher un grelot au cou de Rodilard » (La Fontaine, II., 2.). — REM. Cet emploi archaïque reste possible, notamment dans pas plutôt, en concurrence avec pas plus tôt.
1 Entre Sénèque et vous disputez-vous la gloire
À qui m'effacera plutôt de sa mémoire ?
Racine, Britannicus, I, 2.
2 (…) elle n'était pas plutôt partie, que je la rappelais de tous mes vœux.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 124.
3 Édouard n'eut pas plutôt proféré ces paroles qu'il en sentit l'inconvenance (…)
Gide, les Faux-monnayeurs, II, III.
3.1 Pas plutôt que j'ai dîné, je m'endors sur ma page sportive et j'ai beau me faire des reproches et me dire que le destin de la France est entre mes mains, c'est plus fort que moi.
M. Aymé, Travelingue, p. 256.
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II Par ext. (proprt : avant, plus, dans un ordre de préférence). De préférence.
1 (Appliqué à une action). || Les grandes misères (cit. 4) frappent plutôt les faibles. || Faisons mieux (cit. 34), fermons plutôt les yeux. || Plaignons plutôt ces gens (→ Accuser, cit. 4). — Plutôt… que. || Plutôt deux robes qu'une (→ Fourrer, cit. 2). || Elle appelle (cit. 13) les prêtres plutôt que les médecins. || Tout plutôt que l'abdication (cit. 1) de la raison. || Plutôt la mort que le déshonneur ! || Pencher d'un côté plutôt que d'un autre (→ Opinion, cit. 14). || Pourquoi celle-là plutôt qu'une autre (cit. 42) ? || Ce qui suscite cette image plutôt que telle autre (→ Association, cit. 16).
4 Dis-lui par quels exploits leurs noms ont éclaté,
Plutôt ce qu'ils ont fait que ce qu'ils ont été;
Racine, Andromaque, IV, 1.
5 — Plutôt la mort mille fois que son amitié ! j'ai tout son être, et jusqu'à son nom même, en haine (…)
A. de Vigny, Cinq-Mars, XI.
6 — Oui, plutôt en enfer sans elle qu'au ciel avec elle !
F. Mauriac, la Pharisienne, VI.
♦ ☑ Loc. fam. Plutôt deux, trois… fois qu'une : à plusieurs reprises; avec plaisir, enthousiasme. || Aller au cinéma avec toi ! Plutôt deux fois qu'une !
6.1 Hélène revoyait prudemment ses articles et plutôt six fois qu'une (…)
A. Robida, le Vingtième Siècle, p. 228 (1900).
♦ Littér. || Plutôt que… (Introduisant une proposition avec un verbe au subjonctif).
REM. Lorsque le verbe de la principale est suivi de que, comme aimer mieux que…, préférer que…, la subordonnée introduite par plutôt que commence par que (ex. : je préfère qu'il accepte plutôt que qu'il refuse, inus.). On a alors recours à l'haplologie (contraction des deux que) : je préfère qu'il accepte plutôt qu'il refuse, mais ce tour est peu satisfaisant, et il vaut mieux donner une équivalence : je préfère qu'il accepte plutôt que de le voir refuser, plutôt que s'il refusait.
7 Mais que plutôt le ciel à tes yeux me foudroie,
Qu'à des pensers si bas je puisse consentir.
Corneille, Polyeucte, III, 5.
8 (…) mais je me veux voir pendre
Plutôt que si ma main de sa nuque approchait.
A. de Musset, Premières poésies, « Marrons du feu », 5.
9 J'aime mieux tous les malheurs, plutôt que vous souffriez par ma faute (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, Nouv. journée, I, p. 1458.
♦ (En valeur optative, avec le subjonctif). || « Ah ! Plutôt qu'il ignorât tout ! » (Bourget, Détours du cœur, p. 77).
♦ (Avec un verbe à l'inf.). || « Plutôt souffrir que mourir, c'est la devise (cit. 3) des hommes ». || Plutôt mourir ! (cit. 36). || « Mourir plutôt que lui faire un faux bond » (cit. 9). — REM. Aujourd'hui on fait généralement suivre plutôt que de la préposition de : il se ferait plutôt hacher (cit. 8) que de céder. Plutôt que d'être mal loué, je préfère ne l'être point (→ Flatter, cit. 41).
10 Ils combattront plutôt et l'une et l'autre armée,
Et mourront par les mains qui leur font d'autres lois,
Que pas un d'eux renonce aux honneurs d'un tel choix.
Corneille, Horace, III, 2.
11 (…) il faut perdre fortune, et renoncer au jour,
Plutôt que de brûler des feux d'un autre amour;
Molière, les Femmes savantes, IV, 2.
12 Ceux-là, plutôt que de me mépriser, ils feraient mieux de se regarder en face avec sang-froid.
G. Duhamel, Salavin, I, II.
2 Plutôt… que… (Introduisant des adj. ou des v. Appliqué à une appellation, une appréciation plus juste, plus adéquate). D'une manière plus exacte; de telle manière qu'il faut choisir entre deux désignations. || Plutôt laide que jolie (→ Ingrat, cit. 12). || Plutôt mal que bien (→ Passable, cit. 1). || Plutôt moins (cit. 31) que trop. || Elle est à fuir (cit. 31) plutôt qu'à rechercher. || Elle a plutôt l'air d'une forteresse que d'un temple (→ Meurtrière, cit. 5). ⇒ Plus. || Des passions plutôt assoupies (cit. 21) qu'éteintes. || Vieilli plutôt que vieux (→ Dévaster, cit. 5). — Pas méchant, plutôt grincheux (cit. 1), ou grincheux, plutôt.
♦ Plutôt que… (Introduisant une proposition avec un v. à l'ind.). — REM. Dans ce cas plutôt que… est suivi du ne dit explétif. || Il foudroie les villes plutôt qu'il ne les assiège (cit. 1). || Elle donne plutôt qu'elle ne reçoit (→ Généreux, cit. 16). || Elle suggère plutôt qu'elle n'affirme (→ Insinuation, cit. 2).
13 Je donnai un dîner le jour de la Saint-Louis en l'honneur de Louis XVIII, et j'allai voir Hartwell en mémoire de l'exil de ce roi; je remplissais un devoir plutôt que je ne jouissais d'un plaisir.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 198.
♦ Ou plutôt : pour mieux dire, pour être plus précis. || Les esprits animaux (cit. 1) sont comme un vent subtil ou plutôt comme une flamme. || À leurs juges ou plutôt à leurs bourreaux (→ Livrer, cit. 20). || L'avocat ou plutôt le champion (→ Cause, cit. 51). || Couvert ou plutôt à demi couvert de genièvres (→ Bois, cit. 4). || Je consens, ou plutôt j'aspire (cit. 5) à…
♦ Mais plutôt, mais bien plutôt (généralement après une négation). || Aucunement populaire, mais plutôt académique (cit. 2). || Il ne dormait pas mais plutôt sommeillait. || Ce n'est pas lui, mais bien plutôt elle qui en porte la responsabilité (→ aussi Détacher, cit. 29; métamorphose, cit. 4).
14 — Sire, répond l'agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant
Plus de vingt pas au-dessous d'elle.
La Fontaine, Fables, I, 10.
3 Fin XIXe. Employé comme « intensif » (Nyrop) sans qu'il y ait comparaison explicite. Passablement, pas mal. || Ed. de Goncourt était plutôt méditatif (→ Étincelant, cit. 8). || La vie est plutôt monotone (cit. 6). || Le vent était plutôt à l'optimisme (cit. 5). || Il augurait (cit. 9) plutôt mal de l'aventure. || Maigrichonne (cit. 2), plutôt mal bâtie. || C'est plutôt réussi, plutôt bien.
15 La femme de chambre pénètre dans la pièce. C'est une fille brune et sèche, plutôt jolie.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, XI, p. 118.
4 (Par euphém.). Fam. Très (→ fam. Drôlement). || Il est plutôt barbant, celui-là ! (Cf. fam. Il est bien barbant). || Elle est plutôt moche, sa femme ! || C'est plutôt inattendu, comme nouvelle ! || « Ça la fout (1. foutre, cit. 6) mal. — Oui, plutôt ».
Encyclopédie Universelle. 2012.